Histoire de Lyon, France

Lyon est une ville du sud de la France. La région est habitée depuis la préhistoire et était l’une des villes les plus importantes de l’Empire romain, Lugdunum. Après la bataille de Lugdunum (197), la ville ne s’est jamais complètement rétablie et Lyon a été construite à partir de ses cendres pour devenir une partie du royaume des Bourguignons.

Si le lieu semble habité depuis la préhistoire, la première ville, Lugdunum, date de 43 av. AD Sous l’Empire romain, Lyon est devenue une ville puissante, capitale de la Gaule romaine. La chute de l’Empire romain le relègue à un rôle secondaire dans l’espace européen en raison de son éloignement des centres de pouvoir. Puis la division de l’Empire carolingien la place en position de ville frontalière. Jusqu’au 14 e siècle, le pouvoir politique est entièrement entre les mains de l’archevêque, qui protège jalousement l’autonomie de sa ville. Il faudra attendre 1312-1320 pour voir l’institution consulaire contrebalancer son pouvoir, au moment même où la ville intègre définitivement le royaume de France.

A la Renaissance, Lyon se développe considérablement et devient une grande ville commerciale européenne. Ce deuxième âge d’or est fauché par les guerres de religion. Sous la monarchie absolue, Lyon reste une ville française moyenne, dont la principale richesse est le travail de la soie. La Révolution a dévasté la ville qui, en 1793, s’est opposée à la Convention. Pris militairement, il a été sévèrement réprimé et est sorti de la tourmente révolutionnaire très affaibli.

Napoléon aide à sa récupération en soutenant les soies, qui intervient en même temps que le développement du métier Jacquard. Ce fut le point de départ d’un boom économique et industriel qui dura jusqu’à la Première Guerre mondiale. Au XIXe siècle, Lyon est une ville canutée et connaît en 1831 et 1834 de violentes révoltes ouvrières. La Belle Époque marque la fin de la domination de la soie lyonnaise et l’essor de nombreuses autres industries (automobile, chimie, électricité). La commune, de son côté, retrouve ses pouvoirs avec la IIIe République et s’engage dans un long siècle de radicalisme, qui s’achève avec Édouard Herriot en 1957. La Seconde Guerre mondiale voit Lyon, l’une des principales villes de la zone libre, être la centre des plus grands réseaux de Résistance. Jean Moulin, en particulier, les unifie au sein des mouvements de résistance unis.

A la fin de la guerre, Lyon se redresse rapidement et connaît un développement urbain vigoureux, avec la construction d’un grand nombre de quartiers résidentiels. Avec des industries puissantes et un secteur tertiaire en plein essor, la ville tient son rang de grande métropole française et européenne.

Une citation de l’historien Fernand Braudel présente la richesse et la complétude de l’histoire de Lyon:
«Le sort de Lyon n’est pas plus simple que celui du fleuve. Toute ville, sans doute, est un être compliqué, Lyon plus qu’un autre, qui frappe l’historien par sa richesse, ses transformations soudaines, ses originalités, voire ses bizarreries. C’est pas le même d’un siècle à l’autre et, plus contraint que d’aller de lui-même, il passe sans cesse d’une originalité à l’autre. C’est, en soi, un problème difficile pour l’historien de la France, peut-être le problème clé, sûrement l’indicateur clé.  »

Préhistoire et temps précédant la conquête romaine
La présence d’une population de la préhistoire est attestée. De nombreux objets datant, pour les plus anciens, du Mésolithique, ont été retrouvés sur le site de Vaise. Les nombreuses traces d’habitats et découvertes de céramiques datant du début de l’âge du fer (VI siècle avant JC. Là) prouvent l’existence des routes commerciales entre la côte méditerranéenne et le nord de l’Europe en passant par le site, sans pouvoir parler de lieu urbanisé.

Les traces des occupations humaines du deuxième âge du fer ne montrent pas de sédentarisation avant l’époque romaine, mais elles attestent que le site de Fourvière est utilisé par les peuples environnants comme un site sacré. Les indices archéologiques tendent à démontrer la place des grands rassemblements gaulois et la place d’un magasin. Cela sert de lieu d’échange entre les Romains et les peuples Ségusien et Aedui.

Antiquité
Créée par la volonté de Rome, Lugdunum devient, grâce à sa position stratégique, la capitale des Gaules. Centre politique, religieux et commercial important, la ville s’est considérablement développée pour devenir une ville cosmopolite. Sa christianisation a eu lieu au IIe siècle.

Fondation Lugdunum
Lugdunum aurait été fondé dans le cadre d’une politique de création de colonies initiée par Jules César, avec Vienne, Nyon ou Augst, visant à assurer la stabilité des peuples nouvellement conquis et à récompenser les légionnaires vétérans en leur fournissant des terres et des droits. Dans le cas de Lugdunum, ce serait de regarder les Allobroges.

Site avant la fondation
Le site de Lyon présente de nombreuses traces d’occupation gauloise avant la fondation; surtout dans le quartier Saint-Vincent, à Vaise ou à Fourvière. Le toponyme de Lugdunum désigne plus particulièrement la colonie de Fourvière, les pentes de Cro9-Rousse étant Condate et les plaines proches de la rivière la canabae. Avant la fondation, la confluence entre le Rhône et la Saône a une physionomie très différente de l’actuelle. La Saône coule au pied de la colline; Ce n’est qu’au cours des premiers siècles de notre ère qu’un deuxième bras de rivière se forme, et que par remplissage progressif, un espace se dégage à la place de l’actuel Vieux Lyon.

Il est possible que les Romains de Vienne se soient installés plus tôt et aient fourni un noyau de population initial pour la colonie, mais cette question est débattue par les historiens.

Fondation de la colonie
Ancien officier de Jules César, proconsul de la Gaule velue, Lucius Munatius Plancus procède à la fondation en 43 av. AD, le jour exact discuté par les historiens. Aucune certitude n’est exprimée sur l’origine des colons et leur position sociale. Les spécialistes suggèrent qu’ils proviennent en partie de la colonie de Vienne et en partie des légions de Munatius Plancus.

La colonie n’est pas solidement fortifiée, a à peine des digues de terre et des palissades en bois. De petite taille, il ne possède pas de forum. Nommé par son fondateur « Colonia Copia Fel9 Munatia Lugdunum », il perd sous l’empereur Claude la référence à Munatius Plancus pour devenir « Colonia Copia Claudia Augusta Lugdunensium ». Les habitants sont des citoyens romains, ceux de naissance libre sont placés dans la tribu Galeria, les affranchis dans la tribu Palatina.

Origine du nom Lugdunum
Il y a débat sur la signification exacte du toponyme « Lugdunum ». Le terme Dunum désigne en celtique une hauteur, une colline ou une citadelle. Mais celui de Lug est moins évident. Certains suggèrent la possibilité d’une référence au dieu celtique Lug. Cependant, les archéologues n’ont pas retrouvé de traces de culte sur place, mais à Condate ou à Vaise. Il serait alors possible de rapprocher la patte de la racine lux, c’est-à-dire la lumière. Enfin, d’autres proposent un extrait de l’oeuvre De Fluviis du pseudo-Plutarque qui donne au lieu le nom de Lougoudounon, avec Lougos signifiantraven.

Lyon, capitale des Gaules
Située sur un point stratégique, la colonie est rapidement devenue la capitale des Gaules par la volonté d’Auguste. Trois facteurs contribuent à ce choix. Tout d’abord, l’ambition d’Auguste, dans les années 20 av. AD, pour conquérir la Germanie. Lugdunum est idéalement situé et un réseau de routes est rapidement tracé depuis la ville. Elle se trouve ainsi au centre des communications en Gaule, et constitue le point de départ des opérations vers les territoires du nord. Deuxièmement, pendant les premières décennies de sa fondation, l’organisation administrative de la Gaule n’était pas encore établie et les gouverneurs généraux en assurent le suivi et la gestion depuis cette ville. Enfin, et même si cela n’a pas lieu à proprement parler sur le territoire de la colonie, la rencontre annuelle des notables gaulois au confluent à partir de 12 av. AD renforce sa position politique.

Développement urbain
Grâce à son emplacement et à son influence, la ville grandit et s’enrichit rapidement. Des aqueducs sont construits, avec des dates délicates à estimer, peut-être 20 av. AD et 10 BC. UN D. De nombreux monuments sont rapidement construits. Le premier est le théâtre, le plus ancien de Gaule, inauguré entre 16 av. AD et 14 avant JC. AD sous l’empereur Auguste, avec une capacité de 10700 places. Le 19 avr. AD est inauguré l’amphithéâtre des Trois Gaulois, agrandi vers 130-136. Dans le même temps, l’autel du sanctuaire fédéral des Trois Gaulois est rénové.

Au sommet de la colline de Fourvière, à l’emplacement de l’actuelle basilique, qui est le cœur de la ville à son apogée, des vestiges monumentaux ont été interprétés par A. Audin comme le forum, un temple du Capitole, la curie et la basilique, identifications remises en question depuis.

Au IIe siècle, un cirque est construit, dont l’emplacement est incertain, connu en grande partie grâce à un représentant en mosaïque. Antonin, vers 160, procède à l’ajout au théâtre d’un odeon de 3000 places.

Au-delà des monuments prestigieux, ce sont tous les noyaux urbains de l’agglomération qui se développent. Les communautés de commerçants prospèrent: nautes, cavistes, utriculaires, stuciers, potiers, etc. Chaque communauté est organisée hiérarchiquement, avec un conseil et des dignitaires qui structurent la profession et la représentent auprès des autorités. Certains ont également leur propre cimetière.

La population mondiale est estimée par Amable Audin à 35 000 habitants, par Pelletier à 40 000 et par Bruno Benoit entre 50 000 et 60 000 habitants. Grande ville de la Gaule, Lyon est une ville cosmopolite, avec de nombreuses personnes portant des noms grecs, probablement plus d’un quart de la population.

Fonctionnement et intégration dans l’empire
Dès sa fondation, la colonie lyonnaise bénéficie du statut de colonie romaine à part entière (optimo iure), ses citoyens bénéficient de tous les avantages politiques et civiques des Romains, mais paient plusieurs impôts directs. Au IIIe siècle, il a alors les bons italiques, fournissant à ses résidents des impôts directs. Il s’administre, mais aucun texte sur les lois municipales ne subsiste. En revanche, les nombreuses inscriptions latines (plus de trois mille) renseignent sur ses habitants et leurs fonctions.

Les institutions lyonnaises ont deux groupes: les magistrats et le sénat. Les magistrats sont organisés en trois niveaux: le bureau du commissaire, l’administration municipale et le duovirat. Le fonctionnement normal est qu’un notable occupe chaque fonction l’une après l’autre, même si nous avons un exemple de citoyen qui est devenu duumvir directement après avoir été questeur. Les questeurs sont chargés de collecter les fonds municipaux, sous la supervision des duumvirs. Les conseillers municipaux sont responsables de l’entretien des routes, des thermes, des marchés, des bâtiments publics, des fournitures. Les duumvirs semblent avoir des fonctions judiciaires. On les voit ainsi interroger les chrétiens en 177. Ils sont également chargés des opérations électorales ou de la convocation du conseil des décurions.

En tant que capitale des Trois Gaulois, Lugdunum possède plusieurs attributs politiques et spirituels importants. Le légat de la Gaule romaine y réside et il gère les trois provinces qui la constituent: la Gaule belge, la Gallia Aquitania et la Gaule lyonnaise. Dès le départ, la ville a organisé un atelier monétaire. Cela a été promu au rang d’atelier monétaire impérial en 15 av. AD par Auguste pour le financement de ses campagnes militaires, un privilège unique dans tout l’Empire. Après de nombreux aléas, l’atelier a été dévalorisé comme un simple auxiliaire en 294, lorsque celui des Turcs prend ses fonctions; il resta en activité, avec quelques instants de forte production, jusqu’en 413. Lyon concentre également plusieurs administrations impériales dirigeant les trois Gaulois: les douanes, le bureau des mines de fer, les domaines, la poste.

Le sacerdoce du culte fédéral est la plus haute fonction administrative à laquelle les citoyens romains gaulois peuvent aspirer en Gaule. Il se tient à Lyon, dans un temple dont il n’y a aucune trace archéologique. Élus par leurs villes, les prêtres officient toute l’année, le point culminant étant une cérémonie en août, au cours de laquelle des délégués de toute la Gaule viennent adorer l’empereur. Les réunions des délégués n’ont pas seulement une fonction sacramentelle. Des gens sont nommés parmi eux pour former le Conseil des Trois Gaulois. Doté de moyens financiers conséquents, son rôle est mal connu, mais devait servir de relais entre l’élite gauloise et les empereurs.

Lugdunum, ville impériale
En raison de sa situation stratégique et de son influence politique, Lugdunum, tout au long de l’Antiquité, a participé à certains événements majeurs affectant l’empire et a reçu la visite de nombreux empereurs.

Auguste y vint trois fois entre 39 et 8 av. AD, pour mener la répression des rébellions en Germanie et en Hispanie. Il ordonna à Agrippa de construire les voies romaines en Gaule et donna à la ville une importance significative en y installant l’atelier monétaire impérial en 15 av. AD pour financer ses campagnes. En 12 av JC J.-C., le sanctuaire de la confluence est inauguré. Caligula s’y rendit une fois, en 39-40 après JC. AD avec son cousin Ptolémée de Maurétanie. De magnifiques spectacles sont organisés en leur honneur. Claud est né à Lyon, en 10 avant JC. J.-C., et y revint régulièrement, notamment lors de sa conquête de la Bretagne entre le 43 et le 47 avril. Outre plusieurs traces archéologiques de son passage, on conserve de cet empereur son discours soutenant l’entrée des Gaulois au Sénat, retranscrit sur la table claudienne. Son nom entre, peut-être à partir de cette époque,

Sous Néron, en 64, les Lyonnais soutiennent les Romains victimes de l’incendie de Rome en envoyant la somme de quatre millions de sesterces. L’année suivante, ils sont eux-mêmes victimes d’une catastrophe et Néron leur envoie la même somme pour reconstruire la ville. Cet incendie, connu uniquement par un texte de Sénèque et Tacite, n’a jamais été corroboré par des traces archéologiques.

En 68, le légat de la Gaule Lyonnaise Vindex s’est soulevé contre le pouvoir de Néron, avec une partie de la Gaule. Durant ce conflit, les Viennois assiègent Lyon, mais doivent quitter le champ de combat après la défaite de Vindex. Cependant, Galba, le nouvel et bref empereur, punit les Lyonnais pour leur soutien à Néron. Mais, dans l’épisode de désordre de l’année des quatre empereurs, les Lyonnais trouvent les faveurs du nouveau maître Vitellius, qui châtie les Viennois. Puis, il se rend à Lyon pour y tenir une réunion impériale, au cours de laquelle de grands festivals sont organisés.

En 160, une inscription porte la mention de ce qui serait la première tauromachie célébrée dans l’empire, manifestation religieuse des cultes orientaux en l’honneur de Cybèle. Nous en avons une trace grâce à l’autel taurobolique retrouvé en 1704. En 177, Lyon fut le théâtre de la première persécution des chrétiens en Gaule, et même de la première mention de l’existence des chrétiens dans le pays.

Après la mort de l’empereur Commode, la guerre civile a vu s’affronter plusieurs prétendants à la tête de l’Empire romain. En Bretagne, Clodius Albinus prend le pouvoir. Lorsque Septime Sévère, après avoir vaincu Pescennius Niger, déclare Clodius Albinus ennemi de l’empire, il vient en Gaule, s’installe à Lyon et prend également possession de l’Hispanie. En 197, Septime Sévère le confronte, le bat à Tournus et lors de la bataille de Lugdunum, puis laisse ses soldats piller la ville qui l’avait soutenu.

Septime Sévère, cependant, connaissait bien Lugdunum, ayant été légat là-bas, Caracalla et Geta y sont nés. C’est également au cours de cet épisode que l’atelier monétaire impérial a été fermé. En 212, Caracalla, né à Lyon en 186, proclame sa constitutio antoniniana, qui accorde la citoyenneté aux pèlerins lyonnais, mais pas la capacité de participer à la vie politique locale, prérogative des Lyonnais d’origine. La crise du IIIe siècle ne semble cependant pas avoir affecté la ville elle-même, qui n’a pas été envahie. En particulier, il n’y a aucune trace de l’action des Lyonnais sous l’Empire des Gaules.

A la fin du IIIe siècle lors de la réorganisation de la Tétrarchie, Lugdunum perd son rang de capitale des Gaules au profit de Trèves, plus proche de la frontière du Rhin. La ville n’est rien de plus que le siège administratif de la petite province de Lyonnaise I, qui ne comprend que Lyon, Langres et Autun. Cette crise affecte profondément la ville. La colline de Fourvière est abandonnée, les habitants se regroupant sur la rive droite de la Saône. Les échanges commerciaux suivent d’autres voies et la ville n’est plus liée aux grands événements. Il n’y a d’ailleurs plus trace d’activité du Conseil des Trois Gaulois. Une révolte des Lyonnais contre Aurélien en 274 a des causes inconnues, mais n’empêche pas l’empereur de restaurer l’atelier monétaire impérial. En 353, l’usurpateur Magnence s’est suicidé à Lyon après sa défaite en Croatie contre Constance II et un vol de deux ans. En 383, le jeune empereur Gratien est assassiné à Lyon sur ordre de Ma11me. En 392, Eugène, rhéteur, est proclamé empereur contre Théodose I.

Religion et christianisation de Lugdunum
Comme toutes les villes romaines, Lyon, aux premiers jours de son existence, connaissait les cultes officiels de la ville et de l’empereur. Contrairement à d’autres, le culte impérial semble avoir ici une importance bien plus grande que les autres formes de culte. Au cours du IIe siècle, on mentionne soixante-dix sévirs augustaux qui forment même un «Fratres Augustales» et cinq flamens, tous de hauts personnages locaux. Les Sévirs jouissent d’une position sociale prestigieuse à Lyon, au même rang que les chevaliers, juste après les décurions Le culte impérial est attesté très tôt, à partir de Tibère, avec le temple dit du «Clos du Verbe incarnné», rare collection de ce type connu.

Les premières implantations du christianisme en Gaule nous sont connues par une lettre attribuée à Mgr Irénée, l’un des premiers Pères de l’Église, transcrite par Eusèbe de Césarée dans son Histoire ecclésiastique. Elle daterait l’arrivée de la religion du Christ dans la ville au milieu du IIe siècle.

Lyon est un bon endroit pour terminer cela par sa situation centrale dans les courants du commerce européen et la forte proportion d’étrangers qui voyagent et s’installent dans la ville, y compris les juifs. Cependant, ces étrangers apportent avec eux leur culte, comme ceux de Mithra, Isis ou Cybèle. Les premiers chrétiens sont donc d’origine orientale, notamment de Phrygie, comme une partie de la population de la ville. Le culte est présent dans toutes les classes sociales. Pour la première fois, au IIIe siècle, Lyon semble être la seule ville à avoir un évêque gaulois.

L’épisode le plus connu de cette période est détaillé dans la lettre d’Irénée à Eusèbe de Césarée; il s’agit du martyre de nombreux chrétiens en 177. De nombreux personnages apparaissent, dont le premier évêque de Lyon, Pothin. Si le texte ne nous donne aucun élément pour expliquer la persécution, les historiens ont proposé plusieurs hypothèses: hostilité traditionnelle des Romains envers les chrétiens, compétition entre religions ou attitude extrémiste de certains chrétiens influencés par le montanisme. Les chrétiens fuient la persécution en se réfugiant dans notamment sur l’île Barbe.

C’est au IVe siècle que la ville ferme ses temples païens et réorganise sa vie sociale autour de son évêque et du calendrier de l’église. Lyon est devenu l’un des centres intellectuels de la chrétienté, montré au V siècle par Sidonius. L’Abbey Island Beard est fondée au V siècle.

Haut Moyen Âge
Au cours des premiers siècles du Moyen Âge, Lyon passa sous la domination bourguignonne, puis franque, tout en restant, en fait, très autonome. A partir de ce moment, le véritable maître de la ville est devenu l’archevêque. Cette période est mal connue, les sources disponibles étant incomplètes.

Une ville repliée sur la Saône
Avec l’effondrement de l’Empire romain, les habitants de Lugdunum ont progressivement quitté la ville haute pour s’installer sur les deux rives de la Saône. Les textes et fouilles archéologiques ne donnent pas une vision générale de l’urbanisation de cette période, seuls les édifices religieux sont assez connus. Ils comprennent un ensemble cathédral avec deux églises (Saint-Jean et Sainte-Cro9) et un baptistère (Saint-Étienne), des basiliques cimetières (Saint-Just et Saint-Irénée) et des couvents de moines avec différentes formes de vie monastique.

D’une domination à l’autre
En 437, des tribus bourguignonnes germaniques furent installées comme fédérées en Sapaudia par le général romain Aetius après la victoire de ce dernier contre leur roi Gondicaire et la destruction de leur royaume situé près du Rhin. Ces Bourguignons étendent leur domination lors de la désintégration de l’Empire d’Occident et, dans les années 470-474, font de Lyon l’une des capitales de leur royaume avec Genève et Vienne. Peu nombreux, ils sont rapidement assimilés par la noblesse gallo-romaine de Lyon, à travers de nombreux mariages.Ariens, ils construisent une cathédrale dédiée à leur culte, mais entretiennent de bonnes relations avec les autres chrétiens. Un certain nombre sont également convertis au christianisme nicéen. Ils gardent pour eux leur propre loi, la loi de la gombette.

En 534, les fils de Clovis intègrent facilement ce royaume sous domination franque, les Bourguignons étant trop peu nombreux et divisés pour résister. Les rois francs suivants se disputent le royaume de Bourgogne. Lyon se trouve le plus souvent en possession du roi de Neustrie. Lyon ne semble pas avoir subi de lourds dommages de ces prises de pouvoir, mais la ville perd tout pouvoir politique direct. La capitale du duché est à Chalon-sur-Saône. La ville du Rhône conserve cependant un grand prestige religieux.

La dernière période, pendant la domination franque, est très mal comprise. Les quelques textes des VI et VII siècles qui ont survécu sont essentiellement religieux. De plus, la période centrale du VIIIe siècle ne nous a laissé aucune information sur les évêques, dont nous avons les noms.

Compagnie lyonnaise au Haut Moyen Âge
En ces temps troublés, les institutions ecclésiastiques compensent la disparition de l’administration impériale. De nombreux évêques sont issus de la noblesse gallo-romaine, qui a longtemps gardé une culture ancienne. Les plus connus sont Rusticus, évêque de Lyon de 494 à 501, son frère Saint Viventiolus, Sacerdos, fils de Rusticus et évêque de 549 à 552, qui désigne son neveu Saint Nizier pour lui succéder. Ce dernier est enterré dans l’église qui porte son nom. L’influence de l’évêque de Lyon est très forte dans la région, et il conserve une aura positive dans la chrétienté. Il a été appelé «patriarche» lors du concile de Mâconof 585. Il a autorité sur les diocèses d’Autun, Mâcon, Chalon-sur-Saône et Langres. D’autres exemples de cette influence peuvent être vus avec l’envoi d’une ambassade en Espagne dirigée par Arigius (602-614?),

On sait peu de choses sur la vie intellectuelle de cette période. Les quelques Lyonnais qui nous ont transmis une œuvre remarquable sont Sidoine Apollinaire, Eucher ou Viventiole. Le premier est l’auteur de lettres et de panégyriques qui nous parlent de l’évolution du monde gallo-romain au V siècle sous la domination des peuples germaniques. Eucher a écrit de nombreux ouvrages sur la foi chrétienne et des lettres. Enfin, de Viventiole nous avons reçu une Vie des Pères du Jura, qui décrit les débuts du monachisme dans la région. Notons cependant que ces textes datent de la totalité du V siècle ou du VI siècle, très peu de textes proviennent de la période suivante.

Temps carolingien à mille
La ville est un centre de la renaissance carolingienne, sous l’impulsion de son archevêque Leidrade (ami d’Alcuin), le diacre Florus, puis d’Agobard. Après le traité de Verdun et la succession de Charlemagne, la ville est officiellement divisée entre deux de ses petits-fils. La rive droite de la Saône appartient à Charles le Chauve, la presqu’île de Lothaire. Cependant, en pratique, cette division ne survit pas à l’influence de l’archevêque, qui unit effectivement les deux rives sous sa seigneurie, sous la souveraineté de l’empereur Lothair. Après la courte période carolingienne, un voile d’ombre, causé par la rareté des sources disponibles, obscurcit à nouveau l’histoire de Lyon.

Visage de Lyon
Pendant cette période, Lyon n’a guère changé topographiquement par rapport aux siècles précédents. Le principal centre urbain reste la rive droite de la Saône, entre Saint-Laurent de Choulans au sud et Saint-Paul au nord. Il existe également des îles d’habitants autour de Saint-Just et Saint-Irénée, sur la colline de Fourvière, ainsi que sur la presqu’île. Sans documentation, il est impossible de quantifier la population à ce moment-là.

Renaissance carolingienne à Lyon
Si les limites de la ville ne bougent pas, cela change. Ainsi, Leidrade crée deux écoles pour élever le niveau intellectuel et moral des clercs de la ville. La première, l’école des chanteurs, ou schola cantorum, est destinée à enseigner le chant selon le rite du Palais, la liturgie utilisée à la cour de Charlemagne à A9-la-Chapelle, elle-même largement inspirée de celle de Rome. La seconde, la schola lectorum, est destinée à initier la lecture et la compréhension des textes sacrés. Le but est d’assurer une liturgie de bon niveau. Ces deux écoles sont un succès et constituent les bases intellectuelles de la ville pour les siècles suivants. Dans le même temps, Leidrade réorganise un scriptorium qui produit des œuvres qui, provenant pour beaucoup de la collection de Florus, nous sont partiellement parvenues; des textes bibliques, des livres de pères d’église, en particulier de St.

Agobard et Leidrade tentent également d’améliorer le respect des règles suivies par les religieux de la région; ils introduisent la réforme canonique mise en place par Charlemagne. Cinq chapitres de chanoines sont ainsi rapportés à Lyon dans le Livre des confréries de l’abbaye de Reichenau: les chapitres de la cathédrale de Saint-Etienne, qui prend plus tard le nom de Saint-Jean, Saint-Paul, Saint-Just, Saint-Nizier et Saint-Georges.

La création de chapitres de chanoines a dû changer l’équilibre de la population. Les constructions qui ont nécessairement suivi cette réforme – réfectoires, cloîtres et dortoirs – ont certainement eu une influence significative sur le terrain. Si les fouilles n’ont révélé aucune expansion topographique à l’époque, ces nouveautés expliquent que l’expansion future de la ville s’est déroulée sur la rive gauche de la Saône; cette extension a lieu après le X siècle.

Lyon et puissant
Si le visage de Lyon reste immobile, les cadres institutionnels bougent: le pouvoir religieux impose fermement son autorité à la ville. Pendant cette période, les archevêques gouvernent en effet la ville située trop loin des centres de pouvoir pour que les différents rois qui la détiennent puissent réellement la contrôler. Certains se permettent même de faire partie des grands conflits de leur temps.

Ainsi, Mgr Agobard participe aux bouleversements du monde carolingien. Jugeant la cohérence des différentes législations nuisibles, il demanda à Louis le Pieux, fils de Charlemagne, de placer les Lyonnais sous les mêmes règles juridiques que les Francs, et d’abroger ainsi la loi Gombette, qu’il jugea barbare. Il vise donc, en particulier, le duel judiciaire. Par fidélité à ce qu’il considère comme les principes carolingiens, il soutient la révolte des fils de l’empereur, qui lui vaut d’être déposé lorsque Louis le Pieux, en 834, revient au pouvoir et convoque le concile de Thionville à partir de 835.

Le siège épiscopal est alors géré par le liturgiste Amalaire. Mais le clergé de Lyon, resté fidèle à son archevêque et, uni derrière le diacre Florus, mène durement la vie du nouveau venu. En 838, à la suite de la réconciliation de Lothaire et de son père Louis le Pieux, Agobard reprend ses fonctions et fait condamner les innovations liturgiques de son remplaçant au synode de Quierzy, la même année. A la mort de l’empereur Lothaire en 955, la souveraineté passa à son dernier fils, Charles le roi de Provence (et Cisjuran en Bourgogne).

Au 9 siècle, l’élite religieuse lyonnaise est plus proche de celle du souverain de la ville. Donc Rémi I est archchaplain du roi Charles de Provence. Aurélien figure au premier rang de ceux qui ont conféré la royauté au duc Boson lors de l’assemblée de Mantaille en 879. C’est peut-être lui qui le consacre à Lyon. La ville reste donc étroitement liée à la noblesse bourguignonne, comme en témoigne le fait que Burchard I et Burchard II appartenaient tous deux à cette famille royale. Le second était donc archichancelier de son demi-frère Rudolf III.

En 863, à la mort de Charles de Provence, l’administration de la ville fut confiée à Girart de Roussillon, comte de Vienne, ancien mentor de Charles, qui tenta de prendre son autonomie en tant que duc de Lyon sous la souveraineté du frère de Charles, Lothaire II; à la mort de Lothaire II en 869, la souveraineté passa à leur oncle Charles le Chauve, roi de France, qui chassa Girart de la ville en 870. La souveraineté devint donc française sous Charles le Chauve († 877) et son fils Louis le Chauve ( † 877). Stutterer († 879).

Mais Boson, comte et duc de Lyon-Vienne, beau-frère de Charles le Chauve et neveu de Lothaire II, l’incorpora en 879 au royaume de Provence qu’il recréa à son profit en octobre 879 à Mantaille; cependant, le Boson échoue à partir de 880/882 et la souveraineté française est rapidement remise en place (Carloman, Charles le Gros); cependant le fils de Boson, Louis l’Aveugle, trouva en 890 à Valence le royaume paternel, avec Lyon, jusqu’à sa mort en 928; le roi de France Raoul (neveu de Boson et cousin germain de Louis l’Aveugle) semble alors récupérer les Lyonnais et les Viennois, que Louis IV d’Outre-mer abandonne en 942 à son gendre Conrad le Pacifique de Bourgogne: Lyon était alors partie du royaume des Deux-Bourgognes (ou Arles) jusqu’en avril 1312, date à laquelle elle fut jointe au royaume de France.

Les erreurs d’une souveraineté lyonnaise très chaotique montrent clairement la position ambiguë de Lyon, entre la France et la Bourgogne. Les comtes ou ducs de Lyon eux-mêmes (par exemple Bernard Plantevelue puis son fils Guillaume le Pieux, gendre de Boson; Hugues le Noir, duc de Bourgogne, frère du roi Raoul et neveu de Boson) n’ont cessé d’intervenir dans ces deux royaumes. Dans le même temps, signe de féodalité, l’ancien duché de Lyon est divisé en comté de Vienne, comté de Lyonnais, puis comté du Forez et seigneurie du Beaujolais. C’est le moment où l’Église de Lyon accroît considérablement ses atouts grâce à ses archevêques, Burchard I et Burchard II, parents des rois de Bourgogne.

En 1032, le royaume d’Arles est légué par son dernier roi Rudolf III de Bourgogne à Conrad II l’empereur Salicus du Saint Empire Romain. Par la suite, la ville est administrée par ses évêques, notant l’époque de l’empereur, roi d’Allemagne, d’Italie et de Bourgogne, à travers l’archichancellerie de Bourgogne. Ces événements politiques se déroulent dans un climat d’insécurité lié à de nombreuses invasions. Les IXe et Xe siècles sont à nouveau une période de pillages: les Normands remontent le Rhône et s’arrêtent en 860 à Valence par Girart de Roussillon. En 911, les Hongrois ravagent la Bourgogne, les Sarrasins s’installent dans le Massif des Maures jusqu’en 975, et multiplient les expéditions par les routes des Alpes. Au final, cette période a vu les archevêques rester largement indépendants d’un pouvoir royal éloigné ou affaibli. Même si les sources documentaires ne permettent pas d’établir clairement les modalités de cette domination, cela semble sans contestation. Cela a changé au siècle suivant, avec l’avènement de puissantes dynasties locales.

11 et 12 siècles
Lyon, au cœur du Moyen Âge, est une ville largement indépendante dominée par les forces ecclésiastiques locales. Se développant lentement, il est marqué par une immobilité intellectuelle et institutionnelle.

Évolution urbaine
Au cours de ces deux siècles, Lyon n’a pas grandi, mais a été remodelé et changé. Peu portée par les mouvements d’enrichissement de l’artisanat et du commerce, la ville se contente du foncier de ses maîtres religieux à développer. Ceux-ci sont actifs et démarrent de nombreuses constructions.

Nouveaux bâtiments
Pour sa défense et dans le cadre de sa croissance urbaine, Lyon a acquis plusieurs installations durant cette période. Le Castlerock Scize, dont la construction a débuté au début du 11 siècle probablement pendant l’épiscopat de Burchard II de Lyon, pour surveiller l’arrivée au nord de la ville et de la Saône. Forage Renaud II fin 12 siècle, rénové et y emménage définitivement.

Après lui, les prélats lyonnais en ont fait une maison régulière. Après les assauts des comtes du Forez en 1162, Guichard de Pontigny établit un rempart autour du quartier canonique de Saint-Jean. Avec des murs massifs et deux tours, il est percé de plusieurs portes dont la plus importante, la Porte-froc, est située dans le prolongement de l’actuelle rue Saint Jean. Cet ensemble religieux s’appelait alors le «Grand Cloître». Au début du XIe siècle, la construction d’un pont de pierre sur la Saône a commencé. Il fut achevé sous Mgr Humbert en 1070 et permit le développement de la presqu’île. Il relie le Changement Quartier à celui de Saint-Nizier.Plutôt étroit (environ 7 mètres), il soutenait dès le départ sur les premières arches des maisons à étages et des logements commerces au rez-de-chaussée.

À la fin du 12 siècle, une clôture avec un fossé est érigée au nord de la presqu’île, ouvrant la porte Saint-Marcel. De nombreuses constructions religieuses apparaissent également dans la capitale du Rhône à cette époque. Les chapelles Sainte-Marie et Saint-Thomas sont édifiées à Fourvière, tandis que Notre-Dame de la Platière, nouvelle collégiale, est fondée sur la rive droite de la Saône. Mais dans le domaine de l’architecture ecclésiastique, la majeure partie des sites ouverts sont des rénovations ou des transformations.

Rénovations du patrimoine religieux de Lyon
De nombreux bâtiments menacent de ruine, ne conviennent plus ou font l’objet d’une volonté d’embellissement. L’église abbatiale de l’île de Barbe a été rénovée vers 1070, l’Ainay à la fin du 11, Saint-Pierre au début du 12 et Saint-Paul au 12 siècle. L’église Saint-Just, désormais trop petite, est remplacée aux XIIe et XIIIe siècles par une nouvelle, la troisième depuis le IVe siècle, devenant la plus grande de la ville après la cathédrale Saint-Jean. Le plus gros projet est la reconstruction de ce dernier, commencé dans les années 1170 par Mgr Guichard de Pontigny. Immense travail, il se poursuivit pendant les siècles suivants.

Avancée urbaine
Les seuls quartiers dans lesquels il est possible de distinguer une extension du bâtiment sont ceux de Cro9-Rousse et Saint-Paul. Dans ces lieux, la population qui s’installe est suffisamment importante pour imposer la création de deux nouvelles paroisses.

Vie politique
L’histoire politique de la ville de Lyon au cours de ces deux siècles reste, pour la plupart des événements, locale et peu affectée par les bouleversements internationaux. Les dirigeants de la ville ne sont impliqués qu’à distance dans les luttes entre rois, entre l’empereur et le pape ou dans les premières croisades. De plus, cette histoire reste relativement linéaire, avec sur toute la période un conflit entre les maîtres de la ville solidement implantés, l’Église de Lyon, et des prétendants cherchant à la réduire, principalement les comtes du Forez.

Seigneurs de Lyon: l’Église
Au cours des 11 et 12 siècles, les archevêques dirigent la ville indivise. Le plus souvent indépendants des grandes puissances, ils sont élus régulièrement par le chapitre de la cathédrale dans la majorité des cas; ceux pour lesquels il y avait des pressions n’ont pas aliéné la ville entre les mains d’une puissance étrangère.

Les pouvoirs de police et de justice sont entièrement entre les mains de l’archevêque. Il défend fermement ses privilèges de seigneur (justice, coutumes, péages, droit de battre monnaie) contre ceux qui tentent de les défier, en premier lieu les comtes du Forez. Lui et les différentes sections lyonnaises sont propriétaires de l’ensemble du territoire de la ville, qui est sous contrôle direct. De plus, ils détiennent de vastes terrains dans les environs de Lyon qui, bien gérés, drainent des revenus solides vers la ville et les institutions ecclésiastiques. Ainsi, l’archevêque est propriétaire d’un terrain dans les Monts d’Or et entre les vallées de la Brévenne et du Gier. Les chanoines d’Ainay sont bien dotés dans la basse vallée d’Azergues, et au sud-est immédiat de Lyon. Les religieuses de Saint-Pierre possèdent des terres dans le Bas-Dauphiné. Enfin, le chapitre de l’Île Barbe développe ses places fortes au sud de la Dombes,

Le prestige du trône épiscopal est également renforcé par une nouvelle distinction: Gébuin reçoit de Grégoire VII le titre (ou sa confirmation) de Primat des Gaules. Cette distinction donne à son détenteur une prééminence sur les territoires des quatre provinces romaines délimitant la Gaule à l’époque: Lyon, Rouen, Tours et Sens. Elle n’est acceptée qu’à Tours, l’archevêque de Sens, soutenu par le roi de France, refusant cette distinction. primauté, allant jusqu’à la revendiquer pour lui-même. Cependant, cette distinction reste très théorique, elle n’accorde pas de pouvoirs juridiques ou institutionnels. Ainsi, pendant un siècle, aucun archevêque lyonnais n’a décidé de l’inclure dans son titre.

L’archevêque n’est cependant pas la seule force politique à Lyon. Il trouva en face de lui les chanoines des plus grands chapitres de la ville, et surtout du premier d’entre eux: celui de Saint-Jean. Ces chanoines ont une fortune foncière importante, des droits seigneuriaux importants et ne veulent pas être réduits par un évêque trop entreprenant. À partir du XIIe siècle, le chapitre de la cathédrale, composé principalement de nobles, constitue un corps puissant qui compte de plus en plus dans la politique locale. Ainsi, même si les chanoines doivent tous jurer fidélité à l’archevêque, celui-ci doit aussi, avant de prendre ses fonctions, jurer devant le chapitre d’observer tous les engagements de ses prédécesseurs, les statuts de l’Église de Lyon., D’accepter les exemptions et immunités du chapitre.

Lutte contre les comtes de Drill
Tout au long du XIe, la dynastie Forez mord et ronge les terres et les droits de l’archevêché dans sa zone d’influence. Les comtes profitent de moments d’affaiblissement de l’institution ou des prélats, comme la vieillesse de Burchard II dans les années 1020. Le point culminant de cette politique est la tentative infructueuse de Géraud II dans les années 1035-1040 d’installer son fils sur le trône archiépiscopal. En 1076, un accord est signé lors du plaidoyer de Tassin entre l’archevêque Humbert et le comte Artaud II. Il prévoit le partage entre les deux pouvoirs de certains droits (notamment de péage) et la frappe de monnaie est reconnue comme la prérogative exclusive du pouvoir épiscopal.

Après cet accord, et pendant longtemps, la lutte entre les deux parties s’est calmée, en partie à cause des problèmes internes de chacune d’elles. Mais l’opposition à exacerber à nouveau au milieu du 12ème siècle. La bulle d’or accordée par Frédéric Barberousse à l’archevêque Héraclius de Montboissier en 1157 rompt effectivement l’accord de Tassin, restituant à ce dernier tous les droits sur la ville de Lyon. Les deux forces se dressent l’une contre l’autre et une bataille a lieu l’année suivante à Yzeron, qui voit l’armée de l’archevêque battue par celle de Guy II. Les négociations sont ouvertes pour résoudre le conflit et sont infructueuses. Exaspéré, en 1162, le comte du Forez prit Lyon, poussant Héraclius à la fuite. Ce dernier se réfugie chez l’empereur, qui ordonne à son feal Gérard le comte de Mâcon de l’aider à reprendre sa ville,

Un accord fut conclu sous le contrôle du pape Alexandre III, représenté par l’archevêque Pierre II de Tarentaise, en 1167, qui prévoyait la gestion de la ville conjointement par les deux parties. Inapplicable, elle fut très vite remplacée par une autre, en 1173, connue sous le nom de «Permutatio». Cela prévoyait que le comte abandonne toutes ses prétentions sur Lyon, tandis que l’archevêque lui laissait le pouvoir sur de nombreuses terres qu’il possédait dans le Forez ou dans les zones voisines.

Faible développement économique de la ville
Au cours des 11 et 12 siècles, la ville ne connaît aucun changement dans son économie. La plupart des échanges marchands se limitent aux produits locaux, achetés et vendus par les Lyonnais. Le grand commerce ne passe pas encore par la ville, notamment en raison de l’absence de pont sur le Rhône, ou de foires. En définitive, même au début du XIIIe siècle, l’économie lyonnaise est de type seigneurial drainant vers la ville les productions des campagnes environnantes, notamment destination des grandes puissances religieuses.

Vie religieuse: conservatisme
À l’aube du nouveau millénaire, l’Église de Lyon s’est sacrifiée aux pérégrinations de son temps; la plupart des chanoines ne vivent plus en communauté et sont très éloignés des idéaux de la réforme grégorienne à venir. Plusieurs papes exhortent les membres des différents chapitres à se réformer dans l’esprit des règles des saints fondateurs, dont le pape Grégoire VII qui leur a adressé une lettre officielle le 20 avril 1079. Ces diverses remontrances ont eu peu d’effet dans la ville de Lyon, qui n’a pas suivi le mouvement de réforme comme celui du Languedoc. Au contraire, les chapitres principaux renforcent leur organisation et leurs usages, poursuivant leur enrichissement. Deux autres établissements, plus récents et moins influents, reprennent, eux, la vie commune et l’idéal de pauvreté. Symptomatiquement, ils sont le résultat de la volonté des deux prélats réformateurs que Lyon a vécus pendant cette période. La première, Notre-Dame de la Platière, est imposée par Gébuin, sur la Presqu’île. Il reste très modeste. Le chapitre de Saint-Irénée, réformé par Hugues de Die, ne pèse pas non plus beaucoup dans la vie religieuse de Lyon.

Cette stagnation lyonnaise dans le domaine religieux se ressent également dans la stagnation des centres intellectuels de la ville. Les bibliothèques des églises ou cathédrales sont minces, un seul évêque lègue des manuscrits à la cathédrale au cours des deux siècles. Aucune université n’est fondée sur cette période. Les clercs de Lyon, d’ailleurs, ne produisent aucune œuvre littéraire connue, et seuls les poèmes de la prieure de la Chartreuse de Poleteins en Dombes, Marguerite d’Oingt, sont connus.

Ce conservatisme est peut-être une des causes de l’apparition du mouvement vaudois dans la ville, et il doit en tout cas être interprété dans ce contexte. Malgré les quelques documents sur la véritable histoire lyonnaise de Vaudès et de ceux qui l’ont suivie, il est significatif qu’une impulsion pour le retour à la pauvreté apostolique soit née à Lyon à cette époque. Vers 1170-1173, Vaudès se débarrasse de sa fortune en dotant sa femme et ses filles, et donne le reste aux pauvres. Puis il commence à prêcher dans les rues, mendiant son pain.

Peu à peu des disciples le rejoignent et des membres du clergé se plaignent de lui. A l’origine, les «pauvres de Lyon» étaient protégés par le Guichard de Pontivy, prélat favorable à la réforme grégorienne. Soucieux d’orthodoxie, Vaudès et sa famille se rendirent au Concile du Latran en 1179, où ils obtinrent l’approbation d’Alexandre III sur leur mode de vie. Au retour, ils reprennent leurs sermons, attirant l’inimitié de nombreux chanoines, et particulièrement ceux du chapitre de la cathédrale. A la mort de Guichard, ce dernier élit à sa place un homme plus éloigné des idéaux réformateurs, Jean Belles-mains, qui expulsa aussitôt Vaudès et sa famille en 1183. Après cet épisode fondateur, il ne fut jamais question des «pauvres». «. De Lyon», comme ils se nomment eux-mêmes, dans la ville.

Le Long XIIIe siècle à Lyon
Durant cette période, qui va approximativement de 1200 à 1320, Lyon va évoluer rapidement, sur le plan religieux et institutionnel, sous la pression conjuguée de forces internes et externes. La ville sort ainsi d’une certaine immobilité intellectuelle et, tout en tombant sous la domination du roi de France, acquiert un régime municipal équivalent à celui des villes environnantes. La date de 1320 est clairement un changement dans l’histoire de la ville. Pour l’historien Jacques Rossiaud, «Le traité de 1320 partage historiquement le Moyen Âge lyonnais».

Changement topographique et démographique [modifier | modifier le code]
Au 13 siècle, la population de la ville augmente enfin franchement. Cela se voit à partir de plusieurs indications indirectes, les sources écrites ne permettant pas de quantifier le phénomène. En premier lieu, l’extension des bâtiments urbains dépasse largement les nécessités d’un simple accroissement naturel des habitants de la ville. De plus, le nombre d’hôpitaux a sensiblement augmenté, passant de cinq à douze au cours du siècle. Une autre indication est l’installation d’un grand nombre de couvents de nouvelles commandes qui ont accompagné l’avancée de l’urbanisation, notamment pour les ordres mendiants. Enfin, et même si sa construction est sujette à de nombreuses incertitudes, le pont sur le Rhône est sans aucun doute un facteur de développement.

Cette croissance démographique ne se produit pas dans les quartiers les plus anciens de la ville, sur la rive droite de la Saône, mais principalement sur la presqu’île, qui présente un grand lotissement et plusieurs aménagements. Ainsi, le terroir de celle-ci, qui appartient en grande partie à l’abbaye d’Ainay, bénéficie de l’intérêt bien compris des chanoines de cette dernière. Beaucoup de terres agricoles sont construites, leur procurant des revenus beaucoup plus élevés. La rive gauche du Rhône, quant à elle, n’a encore bénéficié d’aucun développement urbain, à part quelques points isolés. Le plus gros chantier de la ville est la construction de la cathédrale Saint-Jean. Commencés au XIIe siècle, les travaux se poursuivent, avec la construction de travées, de verrières et de deux rosaces du transept.

L’autre grande affaire urbaine lyonnaise du XIIIe siècle est la construction d’un pont sur le Rhône. Commencé à la fin du 12 siècle, le premier pont en bois est endommagé par le passage du plié en 1190. Il est réparé, toujours en bois. La construction d’un deuxième pont, en pierre, est décidée à la fin du 13 siècle. Le site est financé par les dons, legs et offrandes faits à la chapelle construite au bout du pont sur la rive gauche.

Boom économique timide
L’économie lyonnaise du XIIIe siècle, comme par le passé, dominée par les échanges locaux. Les tarifs des péages, dont l’examen entre 1277 et 1315 montre la continuité dans l’extrême faiblesse des produits d’exportation lointaine, comme le prouve l’accord de 1193 entre l’archevêque et la bourgeoisie, pour lequel ses derniers se battent pour réduire les impôts sur les produits de consommation courante; la plupart des produits vendus ou achetés à Lyon sont destinés à la consommation en ville et aux alentours immédiats.

Cette économie est fortement dépendante des voies navigables, utilisées autant que possible. Il génère d’importantes installations le long du fleuve, de véritables ports spécialisés voient le jour et une lutte intense est née entre les différents religieux lyonnais pour le contrôle des taxes liées à cette activité (le droit d’épave). L’action des hommes d’Eglise sur le développement économique se traduit également par la modification des systèmes agricoles. En premier lieu, le vignoble a nettement progressé au cours de ce siècle sur les rives du Rhône et de la Saône, entre Anse et Givors, atteignant 30% des terres cultivées dans certains lieux, comme Saint-Genis-Laval .. Ensuite, la rive gauche du Rhône est spécialisée dans l’élevage, en particulier le pays de Velin.

En ville, les principaux métiers qui s’organisent tout au long de ce siècle sont les mêmes que dans les grandes villes de l’époque: ceux liés à l’alimentation, au textile et au cuir. Le commerce à grande échelle a tenté occasionnellement de s’établir à Lyon. Il a été aidé par la construction du pont sur le Rhône, et par des activités religieuses comme le séjour du Pape ou l’organisation de conciles qui ont attiré de l’argent et des métiers très spécialisés. Mais ces opportunités ne sont pas saisies par les commerçants lyonnais, qui reviennent à leurs activités locales une fois les événements passés. Les mouvements des commerçants à long terme, qui passent pour la plupart plus à l’est, ne sont que marginalement modifiés. Les grands marchands lyonnais, qui ont fait fortune loin de sa ville natale et la famille De Fuers, qui s’enrichissent dans le commerce des fourrures et prêtent de l’argent à Henri III d’Angleterre.

Puissance de Lyon au 13 siècle
Les institutions de la ville restent immobiles pendant cette période, contrairement à ce qui se fait dans une grande partie des villes médiévales. Il faut des décennies de lutte entre les forces ecclésiastiques et bourgeoises pour qu’une charte donne à ces dernières un véritable pouvoir politique. C’est au prix de l’indépendance de la ville, qui passe sous le sein du roi de France.

Durabilité du pouvoir ecclésiastique
La zone d’influence politique des seigneurs de Lyon, c’est-à-dire de l’archevêque et des chanoines-comtes de Saint-Jean, qui gouvernent conjointement, est restreinte. Ils ont peu de places fortes loin du comté du Lyonnais lui-même. Mais à l’inverse, ils y sont tout-puissants, sauf dans les environs de Tarare, où règne en grande partie l’abbaye de Savigny. Ce pouvoir est autant un pouvoir politique qu’économique. Les seigneurs de Lyon possèdent la plupart des châteaux, siège de la haute justice, et tiennent un grand nombre de familles nobles locales en lien vassal. Cette domination seigneuriale implique un drainage vers Lyon de grandes quantités de revenus: redevances foncières, taxes sur les marchés et les foires, sur les fours, moulins, pressoirs.

Ce siècle est une période de prospérité pour les seigneurs ecclésiastiques de Lyon. Ils profitent des visites de plusieurs papes (Innocent IV y séjourne, Clément V y est couronné, Jean 20II y est élu) et des conciles (1245 et 1274), pour obtenir des faveurs. Ils utilisent leur fortune et les difficultés des nobles pour arrondir leurs possessions. Ils améliorent méthodiquement l’administration de leurs biens, d’un point de vue fiscal, militaire et judiciaire. Pour cela, ils perfectionnent le système d’obéissance. Soucieux de garder leurs hommes en main, ils parcourent régulièrement leurs juridictions, séjournant dans leurs châteaux pour faire justice et vérifier les comptes.

Mais ce pouvoir commence à être contesté de l’intérieur de la ville par les bourgeois qui tentent de se faire une place dans l’administration de leur ville. Pour conserver leur domination, les chanoines ont progressivement fermé l’accès aux principales institutions, les chapitres de Saint-Jean et de Saint-Just. La cooptation devient la règle, entre les familles bientôt toutes nobles, et un numerus clausus s’instaure. Selon Michel Rubellin, «les neveux s’assoient à côté des oncles en attendant de prendre leur place». Cette fermeture est autant dirigée contre le patriciat urbain, que contre les canons imposés de l’extérieur soit par les papes de passage, soit par les archevêques venus de l’extérieur du microcosme lyonnais. Les citoyens de Lyon se tournent alors vers l’église Saint-Nizier, qui en 1306 obtient un chapitre de l’archevêque Louis de Villars,

Émergence du pouvoir bourgeois
L’élite laïque lyonnaise se rassemble au cours du XIIIe siècle pour acquérir autonomie et droits face aux forces traditionnelles de la ville. Composé uniquement de bourgeois, il est dominé par une dizaine de familles, présentes jusqu’à la fin du Moyen Âge. Ces bourgeois sont des marchands, principalement des drapiers et des pelleteurs, et des avocats. Ils négocient de l’argent à différentes échelles, principalement en prêtant aux ecclésiastiques et aux institutions religieuses. Ils résident dans des maisons solides, mais dont ils ne peuvent pas être propriétaires, la terre appartenant entièrement aux chapitres traditionnels. Ils sont principalement concentrés dans deux quartiers: Saint-Paul et Saint-Nizier. L’église de cette dernière est le principal point de ralliement de la bourgeoisie lors de sa lutte contre l’église de Lyon, tout comme la chapelle Saint-Jaquême en face. L’histoire de l’obtention de leur consulat s’étend tout au long du siècle,

Un premier choc nécessaire pour ébranler la tutelle canonique et épiscopale à la fin du 12 siècle. Un accord entre la bourgeoisie et l’archevêque fut signé en 1193. Destiné à limiter l’arbitraire dans les droits et taxes perçus par les seigneurs ecclésiastiques, il n’eut pas de succès notable, les abus déclenchant rapidement des protestations.

Un deuxième épisode se produit donc. En 1206, Mgr Renaud II du Forez accorda une charte aux Lyonnais reprenant les dispositions de 1193, preuve de leur mauvaise application. Mais deux ans plus tard, les habitants et la bourgeoisie se sont révoltés, protestant contre de nouveaux abus. Ils s’arment, s’organisent en association assermentée, élisent des représentants, dressent une barricade sur le pont de la Saône et font appel au pape Innocent III. Renaud réagit brutalement, mais ne parvient pas à établir le calme. Il doit faire appel au duc de Bourgogne Eudes III, qui parvient à soumettre les bourgeois. Il arbitre en demandant à Renaud de respecter les chartes précédemment accordées. Cependant, l’archevêque a gagné la partie, les Lyonnais étant toujours privés de franchises politiques, tandis que les villes environnantes progressivement.

La puissance lyonnaise est également convoitée par les familles nobles du chapitre de la cathédrale. Profitant de la faiblesse du trône épiscopal dans les années 1230 et 1240, ils tentèrent d’échapper à sa juridiction et d’obtenir le partage de la justice temporelle, alors entièrement détenue par le sénéchal de l’Église. Ils échouent, trouvant sur leur chemin des citoyens qui ne veulent pas voir la justice dont ils dépendent passer entre les mains des chanoines.

La crise entre les trois partis éclata entre 1267 et 1274. La renonciation au Siège par Philippe Ier de Savoie ouvre un vide de quatre ans, qui tente d’utiliser la section pour gagner des pouvoirs temporels. Suite à l’arrestation par leurs hommes d’un bourgeois en 1269, les Lyonnais ont réagi violemment. Ils s’arment, prennent d’assaut le cloître de Saint-Jean, celui de Saint-Just où les chanoines du chapitre de la cathédrale se sont réfugiés, pillent les alentours. Cette violence est autant le résultat du commun des mortels que de la bourgeoisie, unie au sein de sociétés de solidarité fraternelle.

Une trêve est conclue en juin 1269, mais la situation reste explosive. Le Pape et le Roi (par le) interviennent pour rétablir le calme et trouver des compromis qui tardent à venir. Le roi de France Philippe III obtient à la demande des bourgeois la garde de la ville, en attendant l’élection d’un archevêque. Lorsque ce dernier, Pierre de Tarentaise, arrive, il reçoit de grands avantages à la fois du roi et du pape, au détriment du chapitre de la cathédrale. En revanche, il doit se reconnaître comme un vassal du roi de France. C’est la première fissure sérieuse dans l’indépendance de Lyon.

Au cours des décennies suivantes, les chanoines tentèrent à nouveau d’obtenir des pouvoirs sur la justice laïque et des accords furent conclus avec l’archevêque. Cela déplaît grandement à la bourgeoisie, qui s’organise pour protester. Ils demandent à nouveau une aide extérieure, s’adressant parfois au comte de Savoie Amédée V, parfois au roi de France. Le premier prend la ville sous sa garde dans les années 1280, bloquant certaines décisions épiscopales. À partir des années 1290, c’est le roi qui prend le relais. Il nomme sur place un émissaire, le tuteur.

Enfin, dans les premières années du 14 siècle, le roi Philippe le Bel arrive, après de nombreuses aventures, pour faire une dernière promenade dans la ville. Il fit ainsi une entrée solennelle le 13 mars 1311. En 1312, l’attachement de Lyon au royaume de France fut reconnu au Conseil de Vienne par l’acceptation par Mgr Pierre de Savoie du traité de Vienne, sans que l’empereur ne proteste. ; tous les Lyonnais doivent alors jurer fidélité au roi de France. Par deux accords en 1320, l’archevêque récupéra certes entièrement la justice de première instance, mais il accorda la charte bourgeoise dite «de la Sabaudine», qui institua un consulat.

Le début du 14 siècle est l’époque où Lyon bascule définitivement dans le royaume de France, perdant sa place particulière à la marge des grandes puissances de l’Europe médiévale. En même temps, avec la prise du pouvoir par la bourgeoisie, la ville perd sa spécificité institutionnelle d’avoir à sa tête un ecclésiastique tout-puissant.

Religion à Lyon XIIIe siècle: transformation et gloire éphémère
Les forces religieuses traditionnelles dont Lyon est l’archevêque et les chanoines des principales églises voient leur influence spirituelle se réduire au cours du long 13 siècle de la ville. Les archevêques, peu en accord avec leur chapitre de la cathédrale, ne peuvent pas compter sur lui pour leur ministère paroissial. De plus, la plupart des prélats de cette période ont eu un règne court, empêchant toute continuité spirituelle. Philippe Ier de Savoie, qui reste aux affaires les plus longues, est un seigneur particulièrement attaché à défendre les intérêts matériels et politiques de sa lignée.

Les chanoines sont avant tout des seigneurs qui gèrent leur obéissance. Le serment d’entrée au chapitre de la cathédrale ne mentionne aucune obligation spirituelle, mais la conservation des biens de la communauté. Leur seule action concrète consiste dans l’assistance traditionnelle aux pauvres et dans le service liturgique de la cathédrale. Jaloux de leurs prérogatives académiques, ils se sont longtemps opposés à l’ouverture de toute autre structure éducative, en particulier à la création de cours de droit pour la bourgeoisie, soucieux d’une formation utile.

L’éveil spirituel de Lyon n’est donc pas le résultat de ces deux groupes, mais des ordres mendiants qui se sont installés à Lyon pendant cette période. Ils sont bien accueillis par les archevêques et bénéficient souvent de leur libéralité testamentaire. Les premiers sont les dominicains, venus à partir de 1218 s’installer sur les coteaux de Fourvière, avant de s’installer sur la presqu’île, en 1235, entre les deux ponts, où ils construisent Notre-Dame de Confort. Les Cordeliers s’implantent dans le centre commercial de Lyon, près des bords du Rhône en 1220. Ces deux premiers groupes connaissent un grand succès. Ils reçoivent de nombreux dons et legs. Au tournant du siècle, les Carmélites s’établissent au-delà de Terreaux. Ils furent suivis en 1304 par les Clarisses et en 1319 par les Augustins. Même si leurs actions ne sont pas bien connues,

Lyon a également connu plusieurs moments de gloire à cette époque, avec l’accueil de deux conciles généraux et l’arrivée de plusieurs papes. Ces moments, cependant, ne permettent pas à la ville de prendre un développement religieux particulier.

Le premier concile de Lyon a été convoqué en 1245 par le pape Innocent IV. Son objectif principal est la déposition de l’empereur Frédéric II dans le cadre de la lutte entre l’empereur du Saint Empire et la papauté. A cette occasion et pour s’éloigner de son ennemi, le Pape et toute la Curie restent à Lyon pendant 9 ans jusqu’en 1251. Le Second Concile de Lyon a été convoqué en 1274 par le Pape Grégoire X. Les principaux sujets débattus sont la défense de la sainte terre, la réunification des églises d’Occident et d’Orient, et l’amélioration de l’élection papale. En 1305, le pape Clément Vis est couronné à Lyon. Le choix de la ville est dicté par le roi de France Philippe le Bel, qui entend affirmer son pouvoir sur place et en profite pour venir faire une entrée. En 1316,

A chaque fois, c’est toujours une volonté extérieure ou une opportunité politique qui dicte les événements, et jamais la volonté des habitants de Lyon. Ces derniers ne tirent que peu de profit de ces moments de gloire éphémères, qui n’ont déclenché aucun boom économique ou politique.

Fin du Moyen Âge lyonnais (1312-1450)
Lyon lie son sort à la France par sa soumission au roi Philippe le Bel, en 1312 par le traité de Vienne. Cependant, il est resté longtemps en marge des grands conflits de cette époque, ne subissant pas la guerre de Cent Ans. La ville ne connaît plus le développement économique sur une période qui est pour elle, que la continuité d’un long Moyen Âge.

Description topographique
Au début du 14 siècle, le plateau de Fourvière est rural, couvert uniquement de vignes et de ruines pillées. Elle est entourée d’une muraille allant de Pierre-Scize à Saint-Georges, qui est renforcée par ordre du roi de France Jean le Bon, en 1360. Au sud du plateau se trouve le cloître de Saint-Just; au centre, celui de Saint-Thomas-de-Fourvière.

La ville de la rive droite de la Saône est dense et regroupée près du fleuve. Les pentes de la colline et ses pieds sont pour la plupart couverts de vignes et de vergers. Les maisons sont construites très près de l’eau, il n’y a donc pas de place pour un chemin de halage. Ce quartier est, au sud, dominé par le cloître de la cathédrale Saint-Jean. Sa taille coupe la ville en deux, isolant partiellement les quartiers sud et nord. En ce lieu, face au pont, se trouve le cœur de la ville: les quartiers du Changement et de Saint-Paul. Le premier est une zone commerçante et des bureaux de change, qui voit passer tous les voyageurs venant de Bourgogne, de France ou de Flandre, de Provence ou d’Italie. Du côté de Saint-Paul sont concentrés les artisans de bouche, et donc s’y rendent tous les agriculteurs et éleveurs des Monts d’Or et des plateaux du nord-ouest de Lyon. Au-delà, la ville s’arrête à la porte de Bourgneuf, à la boucle de la rivière. Puis se trouve le quartier de Pierre-Scize, dominé par le château de l’archevêque.

Sur la presqu’île, l’urbanisation est hétérogène, avec des zones de champs, de vergers, de vignes, entrecoupées de pôles de lotissement. L’enceinte protège d’Ainay au sud au pied des coteaux de la côte Saint-Sébastien, l’actuel Cro9-Rousse. La densité de population est impossible à estimer, les terriers de l’archidiocèse ayant disparu. Dans de nombreux endroits, des bâtiments religieux ou civils ont été reconstruits, l’essor des ordres mendiants à Lyon y étant pour beaucoup. Mais le grand travail de l’époque est avant tout la reconstruction complète de l’église Saint-Nizier, portée par son chapitre et son usine à laquelle appartiennent les bourgeois les plus influents de la ville.

Ainsi, le clocher nord, achevé en 1460, devient le beffroi de la ville. Mais la topographie de la presqu’île se caractérise également par l’implantation de nombreuses résidences servant de pied-à-terre à des pouvoirs proches ou lointains. Même si ces bâtiments n’ont pas le caractère de palais ou de châteaux, ils servent de points d’urbanisation au sein de ce qui était un immense village fortifié. Le centre de ce village se situe autour de l’église Saint-Nizier, où s’est développé le noyau urbain primitif. Semblable au quartier Saint-Paul, il regroupe des métiers de bouche, une halle et des métiers nobles (drapiers, etc.).

Au nord de cette zone, le versant de Saint-Sébastien est vide d’habitants, seulement traversé par des vignes et des ruines. Au sommet, des fossés de défense sont aménagés. A ses pieds, cinq portes marquent symboliquement les limites de la ville, le mur défensif étant reconstruit. Ce vieux mur disparaîtra avec la poussée urbaine au 14 siècle. C’est de ce côté, ou contre la rive du Rhône, toujours en dehors des remparts, que se concentrent les professions dangereuses et insalubres, et qui ont souvent besoin du fleuve: tuileries, tanneries, forges, etc. De même, l’autre côté du fleuve les murs ou près des portes sont des hôpitaux regroupés, conçus pour accueillir les voyageurs errants, sans abri et démunis.

Les berges du Rhône sont totalement dégagées, avec des débarcadères et des moulins amarrés se succédant le long de l’eau, à l’ombre de l’enceinte. Le pont sur le Rhône, d’abord construit en bois du 12 siècle, est fendu au siècle suivant en pierre sans que l’on sache à quelle date le premier pont est démoli. La construction de la deuxième structure est très longue. Dans les années 1310, seul le premier pilier fut mis en place, les finances des religieux, les frères du pont, en charge depuis 1185, incapables de suivre face aux difficultés. Les travaux sont ensuite confiés aux cisterciens de Hautecombe, puis à ceux de l’abbaye de Chassagne en Dombes. Il faut un siècle pour le terminer, et encore une fois, pas entièrement en pierre, donc, à la lisière de la Renaissance, une forte croissance économique.

Compagnie de Lyon

Démographie et difficultés de l’époque
L’année 1320 est également une étape démographique importante pour la ville de Lyon. En effet, c’est à cette date que le premier document a été rédigé pour donner un ordre de grandeur de la population. Les 21 et 22 juin de cette année, une liste de citoyens jurant de respecter les franchises est dressée, fournissant 3 000 noms. A partir de ce chiffre, il est possible d’estimer la population lyonnaise entre 15 000 et 18 000 habitants. Cela place Lyon au rang de métropole secondaire, comme Arles ou Avignon.

A cette date, Lyon commence à connaître un lent déclin, causé par des difficultés de culture fruitière, des épisodes de peste (à partir de 1347) et des guerres (même si Lyon n’a jamais été au centre de conflits). La population est estimée au nadir vers les années 1430 puis l’augmentation de la population est forte au cours du 15 siècle à un rythme qui varie selon les auteurs, pour aboutir à environ 35 000 habitants en 1520. La première vague de peste, la « peste noire » », a frappé Lyon le 13 mai 48. Il a décimé la population de la ville et les estimations des contemporains -« Sur trois personnes restaient à peine une »- ne semblent guère exagérées. Entre un tiers et la moitié de la population disparaît pendant cet été. Une première récidive en 1361 est dévastatrice et les épisodes de fièvre se répètent périodiquement, plus ou moins violemment jusqu’au 15 siècle.

Lyon n’a jamais été pillé, ni même assiégé à cette époque. Les milices de la ville n’ont pratiquement jamais eu à faire face aux pillards qui circulaient en ces temps troublés. Les Lyonnais, quant à eux, subissent les ravages des environs, dévastant les champs et les propriétés de nombreux notables. Les deux périodes les plus troublées se situent entre 1358 et 1368, ainsi qu’entre 1417 et 1444.

Une économie encore locale
A partir du 14ème, des preuves de l’importance du foncier de la bourgeoisie lyonnaise sont apparues. Au moment du recensement de 1388, près de la moitié d’entre eux possédaient des propriétés en dehors de la ville. Ces actifs ne diminuent pas en nombre pendant la période de crise du début du XVe siècle, mais ne voient que leur valeur dépérir. Au 14 siècle, Lyon n’effectue pas de transactions foncières loin des murs. La grande majorité d’entre eux a jeté son dévolu sur les paroisses collées à l’ouest de la Saône et du Rhône entre Anse et Givors. La tendance de ces bourgeois est à investir dans la viticulture, les citadins souhaitant évidemment boire le vin de leur propre vignoble, et aussi éviter les taxes sur cette boisson en entrant dans la ville.

Durant cette période, Lyon ne brille pas avec un savoir-faire particulièrement développé. Il n’y a pas d’industrie d’exportation notable, les productions lyonnaises étant uniquement destinées à la région voisine. Les métiers de changeurs ou d’aubergistes (souvent très liés) sont les seuls à bénéficier de la position stratégique de Lyon. Pendant une courte période, la présence des papes à Avignon a quelque peu amélioré le commerce dans la vallée du Rhône, mais leur départ a remis la ville à sa place de métropole de second ordre dans l’espace européen.

Le commerce n’est donc pas très développé. Peu de commerçants étrangers viennent s’installer à Lyon et les marchés locaux ne voient pas la visite de nombreux convois longue distance. Les foires, accordées par le Dauphin le 9 février 1420, n’ont pas connu beaucoup d’activité pendant des décennies. Entre 1425 et 1436, ils disparaissent même, et ce n’est pas leur nombre annuel passant de deux à trois en 1445, qui change les choses. Ce sont les modifications des tracés des routes commerciales européennes qui leur donnent un grand lustre et provoquent le basculement de la ville de Lyon à la Renaissance, vers les années 1450. Une quatrième foire apparaît en 1463.

Vie quotidienne et sociale
Malgré l’apparition des foires et la fin de la construction du pont sur le Rhône, qui a créé un flux – certes maigre – de marchands, le rythme de vie des Lyonnais repose avant tout sur le monde agricole. La veille de la Saint-Jean Baptiste, jour des renouvellements de contrats, le paiement des délais est la date la plus importante de la vie économique locale, pas encore concurrencée par les foires saisonnières qui n’ont pas décollé. Le marché du samedi est l’activité principale de la semaine.

Les couches les plus pauvres de la société vivent sur un petit lopin de terre. Les populations un peu mieux nanties possèdent des terres cultivées par un métayer et surveillent attentivement ce qui est à la base de l’essentiel de leur richesse. Ces deux groupes sociaux étant largement majoritaires, une mauvaise saison et toute la ville s’affaiblit. Ainsi, les années 1347–1362 sont une période très dure pour Lyon.

L’étude des documents fiscaux permet de mettre en évidence une très forte disparité entre les catégories sociales. En 1377, 13% des contribuables payaient 68% de l’impôt; en 1446, 16% des contribuables payaient 57% de la taxe. Le début de la prospérité de la ville a ainsi légèrement effacé les inégalités. L’élite lyonnaise est riche et puissante. Il a de l’argent, un solide patrimoine urbain et des seigneuries. Les familles les plus notables sont les Villeneuve qui possèdent une seigneurie à Yvours, le Chaponay, la Nièvre, le Chevrier, le Fuer à Pollionnay., Les Vareys à Avanges et Varennes. Ce groupe discute sur un pied d’égalité avec la noblesse, bien qu’il n’y ait pas beaucoup d’unions entre les deux. Ils construisent de grands bâtiments, portent des armes, leur maison et mènent une vie sociale faite de largesses aux alliés et de cadeaux aux nécessiteux.

Sous cette petite élite se trouvent les marchands, encore peu nombreux à l’époque. Mobiles, de fortunes variables et changeantes, ils tentent d’accumuler des capitaux pour avancer dans la hiérarchie sociale jusqu’à l’élite. Viennent ensuite, dans la structure sociale lyonnaise, les commerçants (hôtels, saunerie, ferronnerie…) et les avocats (avocat, notaire, sergent…), qui fusionnent avec les artisans qualifiés (doreurs, brodeurs, orfèvres…). Enfin, la masse des Lyonnais sont des «affaneurs», des gens qui vivent d’emplois ponctuels, glanés çà et là, certains parviennent à mobiliser un petit capital pour posséder un bateau, un terrain ou garder un four commun. Mais quelle que soit l’époque, ces groupes sociaux ne sont jamais figés, chacun enrichi en une ou deux générations, d’autres tombant dans l’inconfort.

Une ville aux juridictions multiples
Lyon concentre un grand nombre de juridictions, archiépiscopales, capitulaires, seigneuriales, royales. Cela draine des flux financiers importants, suffisants pour soutenir plus d’une centaine de personnes différentes (diplômés, procureurs, clercs, sergents…). Le nombre de notaires est pléthorique pour une ville de cette taille (70 en 1377 et 87 en 1446). Certaines juridictions incluent tout ce qui concerne les prélèvements automatiques. Les seigneuries ecclésiastiques collectent les dix sous, les cens, et gèrent leurs affaires de manière efficace, avec un personnel spécialisé: juge ordinaire, juge d’appel, sergents, coponniers.

L’archevêque dirige l’officialité, qui a des pouvoirs dans des domaines très larges: tutelle, curatelle, affaires matrimoniales et testamentaires. Quatre autres cours – épée, cloître, cour commune, cour de la démesure – aux contours flous, ajoutent à l’influence ecclésiastique. A cela s’ajoutent les officiers et les juridictions du roi, qui s’établissent progressivement dans le paysage lyonnais avec la cour des sources, prenant progressivement une place importante. Dans le même temps, l’influence royale se fait sentir avec l’extension progressive de l’administration, composée d’une multitude d’organismes contrôlant les allées et venues, le commerce et les taxes royales.

Pendant longtemps, des archevêques et des chapitres d’églises importantes ont tenté de défendre leur influence face à la montée de la justice royale, parfois de manière violente. Les plus combatifs sont les prélats de familles princières, comme Gui de Bourgogne ou Charles d’Alençon, qui ont des connaissances à la cour des Valois. Mais les quelques succès n’arrêtent pas l’évolution vers la domination royale sur toutes les affaires judiciaires importantes.

Vie politique
Avec l’octroi en 1320 par l’archevêque Pierre de Savoie de franchises à la bourgeoisie, regroupées sous la charte dite des Sabaudines, les civils entrent pleinement dans la vie politique de la ville. Cette charte institutionnalise un consulat qui gère les affaires de la ville.

Ce consulat est composé de douze consuls, s9 « du royaume » et s9 « de l’empire », issus des arts majeurs et renouvelés chaque année. Cependant, le mode d’élection confirme la constitution d’un groupe oligarchique qui sera souvent en décalage avec les réalités sociales changeantes. Les consuls se réunissent deux à trois fois par semaine en temps normal, à la chapelle Saint-Jacquême ou à l’une d’entre elles. Si de nombreux élus sont régulièrement absents, deux membres permanents sont présents: le séquestre-secrétaire et le séquestre. Les tâches des consuls sont nombreuses et variées. Ils nomment les commissaires chargés de la tenue des domaines spécifiques (santé, fortifications, comptabilité) et les membres du service municipal, qui agissent en leur nom auprès des arrondissements ou des métiers (gardiens, charpentiers, mandants, trompettes, etc.). Ils expédient une foule de petits articles, des travaux routiers, des aumônes, etc. Ils assurent la vente aux enchères des exploitations, la détention de l’impôt, sa restitution. Les questions fiscales prennent la plupart de leur temps.

Les impôts (aide, vingtième de vin, argent ajouté, etc.) sont accordés annuellement par l’archevêque, et surtout le roi de France, et deviennent progressivement permanents. Ils permettent à la ville de consolider ses finances et, en période de conflits passés, d’effectuer de multiples dépenses civiles. Parce que l’essentiel des dépenses consiste à résoudre des problèmes militaires, qu’il s’agisse de payer des capitaines, de payer des rançons pour éloigner des bandes de pillards ou de rénover des fortifications. Les consuls doivent agir régulièrement dans ce domaine. Comme dans d’autres villes, c’est en période de crise que le consulat forge une histoire commune et s’unit. À partir des années 1360, la région commence à subir les répercussions des guerres franco-anglaises. Des bandes de soldats en maraude (les «tard-venus» notamment) circulent et pillent les Lyonnais et triomphent en 1362 à Brignais d’une armée levée en toute hâte. Les passages des convois militaires sont moins féroces qu’ailleurs, mais ils sont réguliers jusqu’aux années 1390. La deuxième période d’insécurité persistante se situe entre 1417 et 1445.

La dernière grande activité du consulat est de subvenir aux besoins alimentaires de la ville. Tout au long de la fin du Moyen Âge, la ville n’a pas souffert de famine importante, moins à cause de la qualité de la gestion des consuls dans ce secteur que parce que la faiblesse de la population de la ville a fait fermer le bassin d’approvisionnement. (Lyonnais proprement dit, Bresse et Dombes) suffisent.

Orientations politiques et grands événements
Avec la guerre entre le roi de France et la Bourgogne, la ville a été invitée par les deux parties à prendre position. Jusqu’en 1417, il resta autant que possible dans la plus stricte neutralité; puis, les consuls se rangent résolument du côté du roi de France. Cette loyauté n’est pas pleinement partagée par la population; cependant, aucun soulèvement pro-bourguignon n’a eu lieu. Dans les années 1410 et 1420, une surveillance particulière est menée sur les habitants récemment arrivés de la Bresse ou du Mâconnais. Mais rien ne vient étayer les rumeurs qui circulent périodiquement selon lesquelles certains préparent un soulèvement. Cette position en faveur du roi de France s’explique par trois éléments. En premier lieu, le roi est celui qui a imposé la charte de la ville aux forces ecclésiastiques locales. Ensuite, les marchands lyonnais ne fréquentent plus les foires de Champagne, qui sont en plein déclin, mais vont plutôt à Genève. Enfin, pendant cette période, l’approvisionnement en céréales de la population peut se passer des terres bourguignonnes.

Ce calme de la ville face aux orientations politiques du consulat ne doit pas occulter une tension permanente entre les différentes couches de la population et les élites consulaires. A partir de 13 h 30, les exclus des affaires consulaires sont agités. À deux reprises, en 1376–1390 et en 1418–1436, des périodes d’opposition latente obligèrent les consuls à épargner les citoyens. Si les forces populaires n’ont pas trouvé un soutien assez puissant pour se révolter, elles ont créé à deux reprises de fortes émotions parmi les consuls.

Carnaval insurrectionnel de 1393
Depuis très longtemps, l’archevêque s’est opposé aux forces royales pour l’exercice de la justice sur les terres de Lyon. En janvier 1393, un décret du Parlement de Paris tranche en faveur de Philippe de Thurey en obligeant les officiers royaux à opérer en dehors de la ville de Rhône. Ce dernier s’était précédemment installé dans la «maison de Roanne», au cœur de la ville, et les conflits avec les agents de l’archevêque étaient réguliers. L’archevêque et son peuple, au lendemain de l’arrivée de l’ordre d’exécution, se rendent sur les lieux et saccage le bâtiment, accompagné d’une foule nombreuse qui hurle sur les officiers royaux. Beaucoup, parmi le peuple, pensent que le pouvoir de l’archevêque face au roi est rétabli, dans le cadre d’un combat autour du roi entre les princes tenant un nation provinciale et les conseillers partisans d’une puissante royauté.

Le brouhaha de la population modeste provient de l’hostilité non pas contre le roi, très bien accueilli par la population en 1389, mais contre les officiers royaux, considérés comme oppresseurs et profiteurs, en connivence avec le consulat. L’archevêque, dans le cadre de sa lutte pour reprendre le pouvoir à la fois contre la bourgeoisie et le roi, a certainement joué avec la colère populaire. Si ce carnaval a effrayé les puissants laïcs de la ville, il n’a pas conduit à des pillages et des troubles majeurs. Il a simplement montré aux consuls que le peuple suivait toujours l’archevêque alors que la pression fiscale était trop forte.

La décision du parlement fut annulée l’année suivante et les officiers retournèrent en force à la ville.

« Rebeyne » sur 1436
Le terme désigne un épisode tumultueux, mais non violent, à Lyon des révoltes fiscales qui ont eu lieu pendant les guerres entre le roi Charles VII de France et la Bourgogne. Paix finalement établie en 1435 par le traité d’Arras, le peuple espère la suppression de la charge fiscale, notamment la taxe sur le sel. Lorsque les États de Poitiers, en février 1436, maintinrent les impôts de guerre, le peuple décida d’envoyer une délégation au roi pour demander des secours, comme on l’avait déjà vu. Pour cela, les maîtres des métiers demandent en assemblée un délai de règlement et d’envoyer une délégation élue pour négocier avec le roi. Le lieutenant royal accepte le retard, mais le consulat, ne voulant pas paraître refuser la volonté royale, se dérobe et impose que la négociation soit confiée à un commissaire royal. Celui-ci revient en mai avec un refus du roi.

Immédiatement, le peuple grogne et une assemblée générale se réunit pour protester contre la taxe. Le consulat, en face, explique qu’il ne peut échapper à la volonté royale et qu’il doit bien payer. La tension, probablement forte, n’entraîne aucune confrontation entre les riches et les pauvres. Un compromis est trouvé entre les consuls et les maîtres des métiers, pour que chacun paie relativement équitablement. Le mouvement se termine donc par une soumission tardive de la population lyonnaise.

Jacques Rossiaud insiste sur le fait que si les historiens ont fait de cette «rebeyne» une véritable révolte contre la bourgeoisie consulaire et le roi, il faut tenir compte du fait que les sources qui la décrivent sont rédigées par ces mêmes consuls, qui ont vécu les événements dans la peur d’un soulèvement. Mais il n’y a pas eu de pillage, pas de mort, et les maîtres des métiers ou les élus des humbles n’ont jamais perdu le contrôle du mouvement. Cela se termine donc par la soumission au roi, qui arrive en fin d’année avec son armée. Il l’a fait vivre à l’arrière de la ville comme dans un pays conquis pendant plusieurs semaines, a fait arrêter, juger et condamner les dirigeants de la manifestation. La plupart sont interdits et certains exécutés. Cette révolte, ainsi que la répression qu’elle produit, C’est la dernière étape lyonnaise d’une période troublée pendant laquelle toutes les régions de France ont souffert de la guerre de Cent Ans. C’est une étape importante pour la ville qui, quelque temps plus tard, entre dans la Renaissance.

Religion à Lyon
Lyon, à la fin du Moyen Âge, n’avait plus le prestige des siècles précédents, ce qui lui permettait d’attirer les papes et les conciles. La proximité de la résidence papale à Avignon lui confère certes un important mouvement de clercs et de penseurs qui traversent la ville, mais sans que la ville ne brille spirituellement. Son apparition dans les affaires chrétiennes de l’époque se limita à l’élection de Jean 20II et aux conférences qui préparèrent l’abdication de l’antipape Fél9 V, le duc de Savoie Amédée VIII.

Les archevêques de Lyon, depuis l’année charnière de 1320, ont perdu une grande partie de leur pouvoir judiciaire et politique. Malgré leurs efforts pour récupérer et préserver ce qui leur reste, leur influence s’érode lentement. Ainsi, malgré les accords conclus en 1320 qui plaçaient la cour du sénéchal royal à Mâcon, ils s’installèrent rapidement sur l’île Barbe, puis définitivement dans la ville, à proximité du cloître Saint-Jean.

La plupart des archevêques de cette période gouvernent effectivement leurs diocèses; beaucoup ont une solide expérience, une culture élevée ou une valeur spirituelle élevée. Ils développent les rouages ​​de leur administration; étant souvent appelés loin de leur région, ils doivent pouvoir s’absenter sans que cela ne porte préjudice au fonctionnement spirituel du diocèse. Les hommes forts sont alors le vicaire général et le fonctionnaire. Le premier est chargé de tout ce qui concerne l’administration concrète et spirituelle. Le second dirige la justice archiépiscopale, progressivement affaiblie par la perte des pouvoirs, mais toujours fondamentale pour tout ce qui concerne, entre autres, les volontés.

L’étude de ceux-ci permet de percevoir une certaine évolution dans la manière de considérer l’au-delà et la nécessité de sauver son âme. Alors qu’au XIVe siècle, les bourgeois lyonnais consacrent une part importante de leurs dons aux œuvres religieuses ou pour les pauvres, au XVe siècle, cette part se réduit au profit des masses pour leur propre rédemption. De même, les dons de bienfaisance visent moins directement à aider les nécessiteux qu’à faire fonctionner des institutions. Cette transformation va de pair avec le mouvement plus général des attitudes en Europe occidentale, où au lieu de «pauvres» change, et où la religion prend une dimension plus intime, plus personnelle. Il prépare ainsi l’arrivée de la Renaissance à Lyon et ailleurs.

Renaissance et conflits religieux (1450 – 1600)
Pour l’ancienne capitale des Gaules, c’est une période de prospérité, de développement urbain, économique et intellectuel; c’est le temps des foires, des imprimeurs, des débuts de l’industrie de la soie et d’un haut lieu pour l’installation de la réforme protestante. Lyon a quitté ce deuxième âge d’or pour entrer dans le monde moderne à partir du milieu du XVIe siècle lorsque les tensions religieuses conduisent au conflit ouvert.

La ville et ses habitants
Le Lyon de la Renaissance est une ville qui se remplit, mais dont la morphologie générale change peu. Il ne s’étale pas, il devient plus dense.

A la fin du 15 siècle, les deux parties les plus peuplées sont la rive droite de la Saône, sur la presqu’île, une urbaine et bourgeoise correspondant à la rue des marchands (via mercatoria au Moyen Âge) d’époque, qui courait de le pont sur la Saône à celui sur le Rhône, dans une longue traversée. Peu d’habitants s’installent sur le plateau de Fourvière et les pentes de la colline ne se divisent que le long des rues qui remontent jusqu’au plateau, comme le Gourguillon ou le Chemin-neuf, créé à cette époque. En dehors des a11s de la rue Mercière, la presqu’île est sanctuarisée par des couvents de grandes surfaces, destinés à la production agricole. En son centre, l’église Saint-Nizier est achevée à la fin du XVIe siècle. Au sud de l’actuelle place Bellecour, et surtout du quartier de l’Ainay, se trouvent principalement des prairies, des vergers, puis marécages et îles. Les pentes de l’actuel Cro9-Rousse, peu peuplées, se densifient pendant cette période, tout comme la rive gauche du Rhône. Le pont de pierre sur le Rhône, long de 270 mètres, a été achevé au début du XVIe siècle.

Cependant, le tissu urbain a subi quelques transformations à la Renaissance. Au pied des coteaux de Fourvière, la ville fermée par le cloître des chanoines est ouverte de force par le baron des Adrets, qui abat ses murs en 1562. Sur la presqu’île, plusieurs cimetières de couvents ou d’églises sont transformés en place (Jacobins , Célestins). Le quartier qui sera plus tard la place Bellecour est un terrain militaire qui sera développé à plusieurs reprises. Enfin, au pied des coteaux de Cro9-Rousse, l’ancien fossé du sol a été comblé, pour permettre l’expansion urbaine au pied de la colline. La place Bellecour est alors convertie. Dans le même temps, le rempart de Cro9-Rousse est construit sur les hauteurs de la ville (actuel boulevard de la Cro9-Rousse).

De cette période subsistent de nombreux édifices de style gothique mêlés d’éléments de style Renaissance, dans le Vieux Lyon, témoins de la richesse d’une ville qui atteint l’échelle européenne.

A partir du creux démographique des années 1430-1440, la population lyonnaise ne cesse de croître. La ville compte 25 000 habitants au milieu du siècle. La croissance est alors forte, atteignant environ 35 000 vers 1520 et entre 60 000 et 75 000 au milieu du siècle. Cette augmentation est principalement due à l’immigration en provenance de Savoie, Dauphiné et Bourgogne. Le consulat rencontre régulièrement des difficultés pour bien gérer les besoins alimentaires de plus en plus importants imposés par l’augmentation de la population. Rapidement, les bassins de production habituels ne suffisent plus, nécessitant des importations toujours plus importantes de Bourgogne. C’est l’une des causes de la « Grande Rebeyne » en 1529.

Économie
Les années 1450 à 1490 sont une période de boom économique, qui se poursuit, malgré les bouleversements religieux, avec un «siècle d’or». L’économie de la ville se développe grâce à la conjonction de plusieurs facteurs, tous liés à des foires dotées de privilèges accordés par l’autorité royale. Ils conduisent à l’arrivée de banquiers italiens, en particulier florentins et marchands de toute l’Europe, attirés par la circulation de biens précieux, principalement la soie.

Les conflits religieux ont un impact majeur sur l’économie lyonnaise. Les grandes familles bancaires, certains des imprimeurs, des tisserands de soie et de nombreux grands marchands ont fui Lyon pour ne jamais revenir. La ville devient, à l’orée du 17 siècle, une ville d’importance moyenne.

Terrains Lyonnais

Alors que les terres autour de Lyon sont traditionnellement la propriété des seigneurs ecclésiastiques de la ville, la bourgeoisie lyonnaise s’enrichit et devint de solides propriétaires fonciers à la Renaissance. Ils investissent principalement dans l’ouest de Lyon, le long des axes fluviaux, entre Vaise et Millery, mais aussi dans les montagnes de Tarare, Jarez, sur les coteaux du Pilat. Une bonne partie de ces achats concerne les vignobles, mais les bourgeois les plus riches placent leur argent avant tout dans l’élevage. Pendant les crises, ils soutiennent le redressement des communautés villageoises de la région en prêtant de l’argent, en achetant des produits, en passant des commandes et en réalisant des investissements: moulin, irrigation, maison et grange.

Soie à Lyon
Cette industrie, qui constitue un élément majeur de l’histoire de l’économie du Rhône, a fait son apparition à Lyon à la Renaissance.

Louis 11 essaie de développer le tissage de la soie à Lyon afin d’éviter la fuite massive d’or et d’argent vers l’Italie, qui est alors le principal lieu de fabrication de ce tissu. Il a amené des travailleurs de la presqu’île à Lyon, mais les commerçants locaux ont refusé d’investir dans cette industrie pour ne pas offenser leurs principaux partenaires commerciaux. Après des négociations, Louis 11 abandonna et amena les ouvriers à Tours, aux frais des Lyonnais. Quelques ateliers, tenus par des Lyonnais, subsistent cependant.

Le vrai départ se produit avec Étienne Turquet, qui obtient le privilège de fabriquer des tissus d’or, d’argent et de soie en 1536 de François Ier, le royaume de France étant alors en conflit avec Gênes, alors grand producteur. tissus de soie, dans le cadre des guerres d’Italie. Des ateliers se sont ensuite installés dans toute la ville, d’abord portés par Turquet et quelques banquiers, puis par un nombre toujours croissant d’investisseurs. Le succès est immédiat et immense; en 1548, lors du défilé pour l’entrée d’Henri II, 459 maîtres des métiers défilent; entre 800 et 1 000 personnes vivent de l’industrie de la soie à Lyon.

Cependant, ce succès ne doit pas cacher le fait que tout au long de cette période, Lyon n’a su fabriquer que des tissus unis, de moindre qualité que ce qui était importé des villes italiennes. Ces derniers restent les seuls maîtres de la fabrication du profilé. Il faudra attendre les années 1600 pour que Lyon réussisse, avec les évolutions techniques apportées par Claude Dangon, très probablement importées d’Italie. Les trente dernières années du siècle sont très difficiles pour la soie lyonnaise, qui traverse d’abord une crise sévère.

Impression à Lyon
Poussée par les foires, l’industrie de l’imprimerie s’est développée rapidement à Lyon, jusqu’à dominer le marché français avec Paris. En une dizaine d’ateliers en 1480, la ville en passa une centaine au milieu du 16 siècle. Ces imprimantes alimentent un commerce international, à destination de la France, du Saint Empire Romain, de l’Espagne et de l’Italie. Ces artisans travaillent avec des savants, des scientifiques, et publient une grande variété de livres, livres de médecine, romans, ouvrages humanistes, livres de droit, sans oublier une production religieuse (comme la légende dorée imprimée en français dès 1476) qui, dans ce ville, n’écrase pas tous les autres. François Rabelais publie ainsi plusieurs ouvrages à Lyon, dont le premier recueil d’histoires Gargantua.

L’un des imprimeurs les plus connus est Sébastien Gryphe, originaire de Souabe. Très pointu dans ses réalisations, il produit plus de mille éditions. Il publie les classiques de l’Antiquité mais aussi les livres des humanistes de son temps tels que Guillaume Budé, Jules César Scaliger ou André Alciat. Étienne Dolet s’est formé à l’édition dans son atelier, avant de créer le sien.

Le monde de la bibliothèque reste florissant dans la seconde moitié du XVIe siècle qu’on ne le croit souvent, les conflits religieux n’empêchant pas la production et la vente d’une grande variété de livres. Avec la victoire catholique à la fin du siècle, les imprimeurs convertis à la Réforme, comme les Tournes, émigrent à Genève.

Banque à Lyon
Grâce à l’expansion des foires, Lyon a vu de nombreuses grandes familles bancaires s’installer définitivement dans la ville pour être au cœur du nouveau centre d’échange européen, en particulier les Médicis à partir de 1466. Le passage des rois de France pendant les guerres d’Italie confirme ce fait, ils ont trop besoin de fonds rapidement mobilisés pour leurs campagnes militaires. Du milieu du 16 siècle au milieu du 17 siècle, ils viennent à Lyon chercher des prêts, ils se consolident par divers moyens. Cette domination de la finance européenne s’est effondrée dans les années 1560. En effet, la prise de la ville par les protestants, puis les conflits religieux, se produisant en même temps que la perte de crédit de la royauté française, qui était très fortement endettée auprès de nombreux banquiers de la ville, nombre des grandes familles bancaires .

Vie politique et sociale

Une Renaissance glorieuse et calme
La renaissance lyonnaise connaît moins de craintes liées aux guerres que dans les décennies précédentes. Il y a quelques alertes, mais la région ne souffre pas des guerres européennes. Le duc de Milan Francesco Sforza n’y passa qu’en 1465; les années 1520 virent quelques armées ennemies circuler au loin, mais aucune ne ravagea le pays.

Les rois de la fin du 15 siècle soutiennent la ville, qui leur fournit un soutien financier régulier. Ils accordent et confirment constamment la tenue de leurs foires. Charles VIII accorda en 1495 aux bourgeois le privilège de la noblesse pour les membres du consulat. Lyon, au début du XVIe siècle, devint la deuxième capitale du royaume; les rois de France y résident souvent, occupés par les affaires d’Italie. La cour de Charles VIII s’y installe lorsque le roi se rend dans la presqu’île. Louis 12 y séjourna plusieurs fois. François I y habite régulièrement avec sa cour, de 1525 à 1540.

Cette présence royale alimente l’essor d’un milieu d’érudits et de poètes humanistes appelé plus tard l’Académie de Fourvière, comme Symphorien Champier, Maurice Scève, Louise Labé ou l’auteur anonyme de Contes amoureux de Madame Jeanne Flore. C’est le moment où se déroule ce qu’on appelle l’École Lyonnaise de Poésie. Dans le même temps, les amateurs d’antiquités rassemblent des collections archéologiques et épigraphiques, parmi lesquelles on peut citer Pierre Sala, Claude Bellièvre. Lyon connaît également une intense activité musicale, que ce soit dans le domaine de la rédaction ou de la composition, avec de nombreux mécènes soutenant des musiciens de toute l’Europe, dont Dominique Phinot et Francesco Layolle. Cet effervescence intellectuelle se déroule dans un contexte humaniste européen dans lequel Lyon est pleinement intégrée, notamment en tant que centre d’édition important.

Guerres de religion à Lyon
Après une expansion modérée de la réforme protestante au cours du premier 16 siècle, les guerres de religion déchirent la ville dans les années 1560 – 1570. Après les défaites des forces protestantes, la ville devient un bastion de la Sainte Ligue, jusqu’au milieu des années 1590.

Les premières mèches de la réforme arrivent dans les années 1520, portées par les imprimeurs allemands et genevois. En réaction, François de Rohan organise un conseil provincial en 1528, qui prend diverses mesures pour contrer les dérives. La première pierre solide de l’implantation de la réforme à Lyon est, en 1546, la fondation du premier temple réformé de Lyon. A partir de cette date, des cycles de prosélytisme protestant succèdent à des moments de répression catholique, celle-ci n’empêchant pas la diffusion d’idées nouvelles; d’autant plus que les archevêques Jean de Lorraine (1537-1539) et Hippolyte d’Este (1539-1551) sont le plus souvent absents de leur diocèse. Toutes les couches de la société lyonnaise sont finalement touchées.

Dans les années 1550, le nouvel archevêque, François de Tournon (1551-1562) opte pour une action plus ferme, mais le consulat, soucieux d’éviter les troubles mauvais pour les foires et le commerce, freine toute action trop violente. La situation se tend peu à peu, tandis que les membres des plus hauts cercles se convertissent: deux notables protestants sont admis au consulat en décembre 1561.

En 1562, dans la nuit du 29 au 30 avril, les réformés ont pris d’assaut la mairie, effrayé les chanoines et l’archevêque. Ils prennent la forteresse de Pierre-Scize le 7 mai. Minorité déterminée, elle tient la ville par la force, appuyée par le baron des Adrets. Cette situation dure jusqu’au 15 juin 1563, date à laquelle un compromis rend les clés de la ville aux forces officielles. Ceci est négocié par le maréchal Vieilleville; il permet la réouverture des églises, et l’entretien de trois temples, construits à Cordeliers, Confort et Charta.

Au cours de la décennie 1562 – 1572, les deux partis s’affrontent généralement par la presse et la prédication, avec quelques accès de violence. Mais les réformés sont finalement brisés le 31 août 1572. Des massacres de plusieurs centaines de personnes dans une atmosphère exaltée de reconquête du catholicisme ont eu lieu à la suite de Saint-Barthélemy, ils ont été appelés Vêpres lyonnaises.

Dans les années 1570 et 1580, Lyon manifeste un catholicisme de combat, refusant souvent la tiédeur royale vis-à-vis de la religion réformée. Cette opposition au roi est avant tout religieuse, et ne devient politique qu’avec l’arrivée d’Henri IV, protestant. Le mouvement Lyon Ligueur est donc important jusqu’aux années 1590. Lorsque Henri IV se convertit au catholicisme en juillet 1593, la ville tombe progressivement dans l’autre camp. Ses autorités, avec le soutien de Mgr Pierre d’Épinac, arrêtèrent en septembre 1593 le gouverneur du Lyonnais, le duc de Nemours, qui tenta de remuer le peuple.

Henri IV, en représailles à la ville de Ligueuse, promulgue l’édit de Chauny en 1595 qui soumet fermement la municipalité de Lyon au roi. Avec la fin du siècle, les troubles qui ont secoué la ville de Lyon pendant plus de cinquante ans ont pris fin. Pour une fois en phase avec l’évolution générale de la France, Lyon entre alors dans les siècles de l’absolutisme dans la bonne cité du roi.

La religion à la Renaissance, entre décadence et renouveau
A Lyon, de la fin du 15 siècle comme du début du 16 siècle, sont élevés sans périodes de point de vue religieux. L’archevêque François de Rohan (1501-1536), « le meilleur de son temps » selon Henri Hours, marque avec son empreinte le premier siècle des temps modernes. Il réside souvent dans son diocèse, en prend soin et ne manque pas, lors du concile provincial de 1528, de condamner les doctrines de Luther.

Après 1537, avec les nominations des archevêques de cour Jean de Lorraine (1537-1539), puis Hippolyte d’Este (1539-1551), la vie spirituelle du diocèse est abandonnée. Ils n’apportent plus de prédicateurs notables. L’enjeu est la baisse des carnets de commandes, tout en augmentant la concurrence des œuvres laïques, d’esprit humaniste ou déjà réformateurs.

Les premiers signes de la Réforme sont visibles à partir des années 1520, mais ils restent longtemps isolés; le premier temple protestant a été créé en 1546. Le développement du mouvement dans toute la société lyonnaise n’a eu lieu que dans les années 1550. Cette expansion significative peut s’expliquer de plusieurs manières. L’éloignement de la Sorbonne, la proximité de Genève ou le passage de personnalités royales protégeant des idées nouvelles comme Marguerite de Navarre sont des causes extérieures importantes. Parmi les facteurs propres à la ville, il y a le dévouement de certains imprimeurs, la négligence spirituelle des archevêques résidant surtout à la cour du roi, ou le sommeil d’une partie des forces religieuses de la ville. Toutes les couches de la société sont affectées par les conversions, dans des proportions impossibles à évaluer. Seuls les Lyonnais d’origine italienne sont restés à l’écart de ce mouvement.

Les années 1560 sont l’époque du chagrin religieux de la capitale du Rhône, se terminant par le sang des vêpres lyonnaises en septembre 1572. La restauration catholique a été réalisée à Lyon moins par l’action des archevêques que par celle de prêtres résolus, parmi lesquels nous doit citer le père Émond Auger, arrivé en ville en 1563. Ce dernier a fait preuve d’une énergie considérable pendant quinze ans, prononçant un grand nombre de sermons, faisant preuve d’une grande dévotion lors de l’épisode de peste de 1564, entretenant des polémiques avec les pasteurs et faisant publier un catéchisme largement diffusé . Il fut aidé par ce qui constituait alors le pilier catholique de la ville: le collège de la Trinité, confié aux Jésuites en 1567.

Enfin, la restauration catholique a été achevée par l’archevêque Pierre D’Épinac (1574-1599). Rigoureux et sérieux, il a réformé l’administration du diocèse avec énergie, mais surtout a donné l’exemple à la population.

Epoque moderne – 17 et 18 siècles

Transformations urbaines
La ville de Lyon, sous les deux derniers siècles d’Ancien Régime, a subi plusieurs transformations importantes. Il devient plus dense, embelli et les zones d’activités se déplacent. Le centre bancaire de la ville passe ainsi du quartier du Change à la rue Mercière. D’autre part, il attend la veille de la Révolution pour s’étendre au-delà de ses anciens murs; qui restent pendant cette période encore de réelles limites pour le lotissement. Ainsi, malgré la destruction du fossé de la Lanterne, au nord de Terreaux, les lotissements s’élèvent à peine sur les pentes de Cro9-Rousse.

Au fur et à mesure que la population lyonnaise augmente, de nombreux quartiers voient leurs maisons se relever, le plus souvent par destruction et reconstruction. Pour la même raison, les quelques zones encore en jachère ont été construites. La densité finit par devenir très importante, avec un grand nombre de bâtiments de 4 à 6 étages, ce qui entraîne de nombreux inconvénients. Le degré moyen de cohabitation de toute la ville, qui mesure le nombre moyen d’habitants dans un logement donné, quel que soit le nombre d’étages, passe de 2,2 en 1597 à 10 en 1780. Ceci alors qu’à la fois, grandes maisons bourgeoises et nobles ont été construits dans certains quartiers, autour de Terreaux et Bellecour, principalement, entraînant une baisse de la moyenne. Ainsi, selon Olivier Zeller, «peu de villes françaises ont connu une telle surpopulation à cette époque».

Au cours de la seconde moitié du XVIIIe siècle, divers projets émergent donc pour repousser les limites de la ville.

Le premier, dans les années 1750, vise à construire tout un quartier hors des remparts, à Saint-Clair, au nord-est de la presqu’île. Dirigé par Jacques-Germain Soufflot et ses élèves Musset et Milanois, il a été dévolu à la bourgeoisie. Dans les années 1770, Antoine Michel Perrache développe et lance le projet de rendre le sud d’Ainay sain, en comblant les canaux pour allonger la presqu’île. Complexe, ce projet n’a pas vu le jour de la vie de son créateur, et s’achève au 19 siècle. Enfin, un dernier est lancé par Jean-Antoine Morandin dans les dernières décennies du siècle pour créer un quartier à Brotteaux. Il a à peine commencé à l’aube de la Révolution.

Par ailleurs, au cours de ces deux siècles, un grand nombre de monuments ont été construits à Lyon, à la fois religieux et séculiers. De nombreux couvents se sont installés à Lyon au 17 siècle, principalement au sud de la presqu’île, et sur les pentes de deux collines. Trois églises accompagnent l’augmentation de la population: Saint-Bruno des Chartreux (fin 16 siècle), Saint-Polycarpe (1665) et Saint-François de Sales (bâtiment ouvert en 1690 et différent de l’actuel).

L’Hôpital de la Charité a été construit en 1624, la mairie entre 1646 et 1651. En 1653 voit l’inauguration de la loge Change, qui est ensuite agrandie par Soufflot au début du 18 siècle. Ce dernier dessine également les plans de l’Hôtel-Dieu, un théâtre du quartier Saint-Clair ou le premier opéra de la ville.

Mais Lyon voit aussi son équipement urbain augmenter. Deux ponts ont été construits sur la Saône (entre Saint-Jean et Bellecour et entre Saint-Paul et Saint-Vincent) dans le 17e et deux autres dans le 18e. Cela montre l’importance encore vitale pour la ville de la rive droite de la Saône. La place Bellecour, ouverte par le baron des Adrets pendant le conflit religieux, devient un lieu de plaisir, et est agencée en continu (arbres, bâtiments, façades).

Une économie spécialisée – Lyon capitale de la soie
Lyon, grande ville commerçante de l’époque moderne, compte, aux côtés de secteurs d’activité traditionnels, une importante population de travailleurs attachés à des échanges lointains. La ville, en termes de production, présente des caractéristiques similaires à la plupart des villes de sa taille et de son époque. La construction, la nourriture et les vêtements dominent et emploient la plupart de la population. Lyon est une ville en perpétuelle transformation et les métiers du bâtiment connaissent rarement la crise. Les commerces alimentaires sont présents dans toute la ville, à l’exception des bouchers, qui sont concentrés dans des quartiers délimités.

Dans le domaine du textile, Lyon a hérité de la Renaissance une industrie de la soie déjà développée, qui est entrée dans une nouvelle dimension avec l’importation par Claude Dangon du métier à tirer d’Italie, qui lui a permis de réaliser de grandes formes. En 1655, une soie lyonnaise, Octavio Mey, invente la soie à polir, qui augmente la brillance du tissu. Lyon est au 18 siècle une ville grouillante d’inventions pour améliorer l’efficacité de l’industrie de la soie, l’usine. Ces innovations et une politique commerciale audacieuse ont permis de rivaliser avec les villes italiennes soyeuses et d’assurer le succès commercial de cette activité. La soie devient progressivement le moteur de l’économie lyonnaise, nécessitant une main-d’œuvre importante et, en partie, hautement qualifiée.

Lyon est restée au cours des deux siècles une grande ville d’édition et d’imprimerie. Cependant, elle fait face à la concurrence d’autres villes, Rouen et surtout Paris, la capitale obtenant des privilèges d’édition que Lyon ne peut plus avoir. Tournant donc en partie vers le secteur lucratif de la contrebande, les cercles libraires lyonnais sont restés jusqu’à la Révolution d’importantes forces économiques locales.

Les grandes entreprises et les milieux bancaires de Lyon sont une élite puissante et dynamique. Les marchands, portés par les quatre foires annuelles héritées des siècles passés, sillonnent l’Europe et font des affaires dans tous les domaines. A l’inverse, un grand nombre d’étrangers viennent régulièrement dans la ville du Rhône pour échanger leurs produits; les dynasties de commerçants étrangers, majoritairement italiens, allemands et suisses, sont venues aux 15 et 16 siècles encore très présentes. Les autorités lyonnaises s’engagent à maintenir, voire à développer lorsque cela est possible, les privilèges fiscaux de cette profession.

La domination de Lyon par différents groupes sociaux évolue avec le temps. Si à partir du 16 siècle, la ville est gouvernée essentiellement par des banquiers marchands, une tendance se dessine progressivement. Elle les voit abandonner leur place au consulat et aux postes clés, avec des maîtres soyeux. Au 18 siècle, l’évolution est réussie et l’élite lyonnaise est entièrement dominée par les producteurs de moules et de brocarts.

Compagnie lyonnaise aux Lumières

Vie politique – un consulat soumis au roi
La vie politique lyonnaise est profondément transformée par l’édit de Chauny de 1595, imposé par Henri IV. Ce dernier a restreint le nombre de membres du consulat, afin de les encadrer et de les contrôler plus efficacement, le but étant d’assurer la loyauté d’une ville qui était depuis longtemps une ligue. Cette réforme aboutit à un consulat de quatre échevins seulement, présidé par un prévôt de marchands. L’élection du consulat est soumise à l’approbation du roi, qui peut ainsi placer à la tête de la ville des gens qui lui sont favorables et qui lui sont redevables.

Au cours des 17 et 18 siècles, la ville est gardée par deux hommes du roi: le gouverneur et l’intendant. Le gouverneur a la fonction de représenter le roi et dirige les forces militaires locales. A Lyon, en tant que représentant, c’est lui qui influence le choix des membres du consulat pour satisfaire le roi, allant parfois jusqu’à choisir directement telle ou telle personne. Il a le pouvoir d’annuler une élection s’il pense que cela amènerait une personne rebelle au pouvoir municipal. Le gouverneur est le relais le plus important de l’autorité royale de la région, contrairement à d’autres, où cette place est dévolue à l’intendant .. Cette prééminence atteint son apogée avec Camille de Neufville de Villeroy qui, pendant 40 ans, cumule les fonctions de gouverneur et l’archevêque, reléguant l’intendant à un rôle mineur.

Cependant, c’est bien le consulat qui gère la ville du Rhône au quotidien. Celui-ci possède encore, malgré sa soumission royale, un très grand prestige local; les plus grandes familles travaillent constamment pour y avoir accès. Ce lustre est mis en scène à de nombreuses reprises, notamment lors des entrées royales. Présent dans les meilleurs endroits lors des processions religieuses, lors des festivités nationales, ses membres président toutes les fêtes locales. La construction de la somptueuse mairie, place des Terreaux, s’inscrit dans cette volonté de glorification.

Si les familles importantes de la ville souhaitent entrer au consulat, c’est parce qu’il est la porte d’entrée de grandes carrières, et offre des places et des emplois pour la famille et les amis. L’entrée au consulat confère automatiquement la noblesse, de nombreuses exonérations fiscales et des émoluments importants. Au XVIIe siècle, le consulat est essentiellement composé d’avocats du gouvernement et de retraités; ce qui correspond à une période de faiblesse économique de la ville. Au lieu de cela, le marchand de soie du 18 siècle réinvestit massivement les sièges consulaires au détriment des retraités, à un moment où les industries de la ville se développent considérablement.

Le consulat gère tous les services de la ville. Mais ses décisions les plus importantes sont toujours ciblées par des agents royaux, et susceptibles d’être refusées. Ainsi, les plus grandes décisions de la ville ne sont souvent pas prises à Lyon, mais avec le gouverneur, et donc à Paris ou à Versailles.

Une société en mutation
Au cours des deux siècles d’absolutisme, Lyon voit sa géographie sociale tourner, des zones de richesses du début du 17ème siècle et un « Changement Pont de Saône-Herberie » en un « Hôtel de Ville – Place Bellecour » fin du 18ème siècle. Ce déplacement des élites s’accompagne d’une ségrégation sociale affirmée, des quartiers devenant exclusivement bourgeois, principalement autour de Terreaux et Bellecour. Ceci alors que la densité des quartiers populaires augmente considérablement.

Les deux siècles d’absolutisme ont vu les troubles sociaux se poursuivre. Certaines émotions sont des mouvements de fruits classiques, comme les mouvements de l’année. D’autres problèmes sont causés par de nouvelles taxes ou charges. Presque chaque nouveauté dans ce domaine conduit à des affrontements ou à des pillages. En 1632, à deux reprises, une foule se leva pour attaquer des gens venus de la capitale pour percevoir une nouvelle redevance. Face à ces révoltes, le consulat se trouve dans une position inconfortable. Il doit à la fois protester contre sa loyauté envers le roi et tenter de conserver sa légitimité face aux Lyonnais. Il réussit de moins en moins et s’imposa de plus en plus par la force.

La transformation sociale se produit surtout au cours du XVIIIe siècle, avec l’augmentation de la population directement employée à la fabrication de pièces de soie. Une sensibilité sociale particulière se développe. En effet, le monde de La Grande Fabrique se développe et évolue. Les travailleurs de la soie se trouvaient très nombreux, mais aussi de plus en plus dépendants d’une petite élite de marchands de soie par lesquels ils étaient obligés de passer pour avoir des commandes et accéder aux débouchés.

Un nouveau type de conflit se développe donc au sein d’un groupe suffisamment large pour créer une société à part entière. La solidarité s’instaure, avec des menaces communes (crise de la demande, baisse des prix) et une profession commune. Cela conduit à de nouveaux conflits, non liés à une crise, mais qui ont lieu pendant les bons moments, en particulier les révoltes de 1717, 1744-45 et 1786. Il s’agit de garantir le revenu devant les mandants, en créant un prix f9ed, indépendant des fluctuations de la demande. Face à ces revendications, la justice royale est particulièrement sévère. Ainsi, la révolte des deux sous du 7 août 1786 fut vigoureusement réprimée à partir du 10 août par décision du consulat.

Lyon, la contre-réforme aux Lumières

Une forte vitalité religieuse, et en déclin
Durant la première moitié du 17 siècle, après le déclenchement des crises religieuses et des hauts et des bas de la ligue, le pouvoir royal use de toute son influence pour imposer des archevêques fiables, sans profil politique et mystique. Les différents prélats qui se succèdent ne résident pas beaucoup sur place, se trouvant souvent à la cour du roi, ou en mission pour lui. Cette politique trouve son apogée avec la nomination du propre frère de Richelieu, Alphonse-Louis du Plessis de Richelieu, en 1628. Ils mènent une politique de soutien au pouvoir royal et de reconquête religieuse de l’ensemble de la population. Camille de Neufville de Villeroy (1653-1693), de l’illustre famille Neufville de Villeroy, marque le diocèse de Lyon par sa présence et la durée de son épiscopat. A l’unisson du pays, la région connaît un grand développement religieux,

Au final, les efforts entrepris permettent de construire dans la ville et ses environs une foi solide et encadrée. Selon Jacques Gadille, «considéré vers le milieu du siècle, le diocèse de Lyon apparaît en pleine santé et donne le sentiment d’être entré à plein régime dans ce nouveau christianisme que le catholicisme français construit depuis 150 ans».

Au cours de la seconde moitié du XVIIIe siècle, le renversement de tendance est évident, la vivacité religieuse cédant la place à un assoupissement, tandis que le manque de respect ou l’indifférence s’immiscent dans la sphère intellectuelle de la région.

Le recrutement dans tous les domaines de la vie religieuse se tarit lentement. Le nombre de vocations de prêtres et de religieux, hommes et femmes, est considérablement réduit. Certains ordres religieux disparaissent. De même, les associations laïques ont disparu du paysage public lyonnais, n’organisant plus, par exemple, de grandes manifestations populaires de piété. Autre symbole du relâchement de la conscience religieuse, une communauté juive est revenue dans la ville dans les années 1780.

Pendant cette période, des courants jansénistes mal combattus réapparaissent sans qu’ils soient imposés. De même, la franc-maçonnerie a eu un certain succès.

Nouvelle illumination
Au XVIIe siècle, en partie sous l’influence du Jesuit Trinity College, Lyon devient un centre intellectuel de la République des Lettres. Une académie a été fondée en 1700 et ses membres animent la vie intellectuelle de la ville. Les notables lyonnais sont des amateurs éclairés de peintures, de médailles et de livres. Curieux de nouveautés, ils sont passionnés par le bateau à vapeur développé par Antoine Frerejean et le marquis de Jouffroy d’Abbans à Lyon, ainsi que par la montgolfière. Quant aux arts classiques, enseignés et pratiqués, ils ne sont pas représentés à Lyon par de grandes personnalités. Les deux artistes marquants de l’ère moderne sont Thomas Blanchet, peintre, et Jacques-Germain Soufflot, architecte. Dans le même temps, les Lyonnais développent un goût prononcé pour le théâtre et l’opéra, qui ouvre en 1688. Molière passe entre 1653 et 1658, avant sa grande période de gloire; Des auteurs lyonnais se font connaître, comme Françoise Pascal. Lyon connaît enfin une activité musicale notable, un orchestre permanent étant créé en 1713.

Aux Lumières, Lyon connut, comme toutes les grandes villes européennes, une prolifération maçonnique. Les sources ne parviennent pas à dater avec précision les premières loges maçonniques lyonnaises, on peut estimer apparaître vers les années 1730. Les documents officiels de la maçonnerie française mentionnent celle de Lyon à partir des années 1750, et révèlent une vie dynamique à partir des années 1770. Les deux principaux animateurs sont Jean-Baptiste Willermoz et Jean Paganucci. Autour d’eux, de nombreuses loges naissent, se scindent ou se rencontrent, pour des raisons qui peuvent être dues autant à des recherches théoriques qu’à des affinités ou inimités sociales.

Pendant un bref instant, en 1761, la loge tenue par Willermoz et Paganucci, « La Grande Loge des Maîtres Réguliers de Lyon », reçut l’accord de la Grande Loge de France pour s’établir comme loge mère locale. Après de nombreux conflits de préséance, ce droit de reconnaître d’autres loges à Lyon leur fut retiré en 1765 par le comte de Clermont. Après une période d’incertitude, suite à une grave scission de la Grande Loge de France, le gîte lyonnais s’est investi du titre de «Grand Orient de Lyon». Ce gîte joue un grand rôle (Willermoz, notamment) dans la reconstruction du Grand Orient de France.

Par la suite, en 1774, Willermoz créa une autre loge, le «Directoire de la Province d’Auvergne», résultant de l’obéissance germanique à l’observance stricte des Templiers. Plus mystique, organisé en rangs plus nombreux et hiérarchisés, ce mouvement rencontre un franc succès et prend le pas sur la loge lyonnaise de l’obéissance française. A ses côtés, d’autres lodges atypiques s’ouvrent, de tendances et d’origines diverses. Au final, selon Olivier Zeller, «entre mille deux cent mille cinq cents frères résidents semblent une estimation plausible et, sans conteste, Lyon était alors devenue la première ville maçonnique du royaume après Paris, clairement devant Marseille, Toulouse et Bordeaux ».

Le développement de l’indifférence religieuse et le glissement d’une certaine élite vers une pensée philosophique critique accompagnent ainsi la ville du Rhône vers la Révolution française.

Révolution française
A Lyon, la révolte des canuts de 1786 prépare de manière originale les bouleversements révolutionnaires. Brutalement réprimée, elle permettait aux ouvriers de la soie de s’organiser, et surtout de le faire en secret. Des éléments populaires se regroupent, publient des tracts pour mobiliser la population, diffusent des pétitions. A ce climat agité au sein des masses ouvrières se superpose une très mauvaise année agricole en 1788, faisant monter les prix et exacerbant les tensions.

Dans le même temps, les élites lyonnaises sont éveillées à la politique, dans un climat intellectuel propice aux réformes. De nombreuses personnalités ou entreprises évoquent et débattent des projets de Turgot, Maupeou ou Loménie de Brienne.

Les premiers temps révolutionnaires
Lors des assemblées préparatoires à la convocation des États généraux, une grande partie de l’élite lyonnaise souhaitait de nombreuses réformes, comme Mathon de la Cour, Delandine ou Bérenger. Ils s’opposent à un groupe de modérés ou conservateurs déterminés comme l’archevêque M Marbeuf. Dès cette époque, des cliques se forment, préfigurant les partis politiques de la Révolution.

Le 14 mars 1789, la première réunion des trois ordres eut lieu à l’église des Cordeliers. Dès cette première rencontre, des éléments nobles, ecclésiastiques et bourgeois proposent l’abandon de leurs privilèges pour résoudre les problèmes financiers du pays. A l’époque, ils dominent les gens qui ne veulent pas trop perturber l’ordre établi. Les livres de doléances sont donc largement imprégnés de nouvelles idées et les députés les reflètent.

Pendant les premiers mois révolutionnaires, comme à Paris, les masses populaires submergeaient régulièrement la bourgeoisie libérale, que ce soit celle de l’autorité municipale ou celle qui tenait les clubs. Le 29 juin 1789, à l’annonce de la fusion des trois ordres, une émeute prend d’assaut les subventions, accusées de l’augmentation des prix des denrées alimentaires, et cibles de toutes les accusations en période de pénurie. Le roi envoie des troupes pour rétablir l’ordre. Mais le 14 juillet, le château de Pierre Scize est pris. L’ordre est à nouveau rétabli de force.

Pendant la Grande Peur, des pillages ont eu lieu contre des maisons nobles ou des propriétaires bourgeois. Pour rétablir l’ordre, un projet de garde nationale est installé à Lyon. Enfin, les factions les plus avancées renversèrent, le 7 février 1790, les milices volontaires de la bourgeoisie, qui furent remplacées par la Garde nationale. Imbert-Colonès, premier échevin, qui avait réprimé les révoltes précédentes, s’enfuit.

La Constituante, par décret du 13 janvier 1790, fit de Lyon la capitale du département Rhône-et-Loire qui fut scindée en deux après le soulèvement lyonnais de 1793.

Révolution à la rébellion
La nouvelle municipalité, modérée et dirigée par Palermo de Savy, est immédiatement confrontée à des clubs radicaux, qui l’accusent d’être liée à des conservateurs de tous horizons. Ces groupes sont dirigés par Marie Joseph Chalier qui entretient et développe une atmosphère de contestation, et toujours plus révolutionnaire. En face, un groupe de royalistes élabore un complot destiné à amener le roi à Lyon, à rassembler des armées de fidèles et à s’appuyer sur des forces étrangères pour renverser l’assemblée constituante et inverser les avancées révolutionnaires. Le plan monta lentement au cours de l’année 1790, mais il fut volé et échoua.

La même année, la division religieuse est établie à Lyon, plus qu’ailleurs, car Mgr Marbeuf s’oppose vigoureusement et très tôt aux revendications religieuses de l’Assemblée nationale et à la constitution civile du clergé. Le 5 décembre 1790, il prononça un discours solennel rappelant fermement que l’autorité sur le clergé ne venait que de lui et du Saint-Siège. Il refuse tout serment.

Les années 1789, 1790 et 1791 ont été mauvaises pour les récoltes et l’économie. La masse populaire, qui en souffre, devient de plus en plus sensible aux thèmes véhiculés par les clubs démocratiques à travers une presse combative avec, surtout, Le Journal de Lyon et Le Courier de Lyon. La nouvelle de la fuite du roi a déclenché de nombreuses perturbations, principalement dans les zones rurales. C’est dans cette ambiance que les premières élections municipales portent au pouvoir une majorité rolandine, avec Louis Vitet comme maire, face à une direction du département beaucoup plus modérée. Celui-ci fut suspendu en décembre 1791 à la suite d’un conflit avec Chalier; Lyon sombre dans des troubles révolutionnaires. Le début de l’année 1792 voit à nouveau une pénurie alimentaire, et pour éviter de nouveaux débordements, des troupes sont massées près de la ville, ce qui ajoute encore à l’inquiétude. Le 9 septembre 1792,

L’apogée de cette radicalisation intervient lors des élections de novembre 1792, lorsque Chalier et plusieurs montagnards sont élus à la mairie. Toujours minoritaires, ils déploient une propagande violente pour tenter de rallier la population à leurs vues, en vain. Le 18 février 1793, une nouvelle élection amène Antoine Nivière-Chol au poste de maire, toujours à la majorité des modérés. Mais l’agitation des Jacobins de Lyon porte ses fruits. À la suite de troubles et de combats de rue, les Conventions en détiennent trois pour traquer les contre-révolutionnaires, avec l’ordre de monter une armée révolutionnaire sur Lyon. Plusieurs membres modérés de la mairie sont arrêtés. Grâce à l’intervention des trois Conventionnels, les élections suivantes ont amené une majorité de jacobins à la mairie, avec Antoine-Marie Bertrand comme maire.

Enfin libres d’agir à leur guise, ils multiplient les décisions extrêmes et se retrouvent très vite très impopulaires. Ils sont donc renversés le 29 mai 1793 par un coup d’État des Girondins. Avec ce retour à une majorité modérée, même si pleinement républicaine, Lyon se retrouve hors du temps, puisque quelques jours plus tard, c’est la Gironde qui est interdite par les Parisiens.

La nouvelle mairie, dirigée par Jean-Jacques Coindre, est trop éloignée des idéaux jacobins au pouvoir, et la rupture est inévitable. le 12 juillet 1793, la Convention décrète Lyon «en état de rébellion contre l’autorité légitime».

Siège de Lyon
Les autorités lyonnaises, malgré les menaces d’affrontement avec Paris, restent fidèles à leur ligne de conduite. Les procès condamnent Chalier et plusieurs de ses amis, lui-même étant exécuté le 16 juillet 1793. Face à l’avancée des armées révolutionnaires, dirigées par Kellermann, les autorités préparent un siège en lançant des appels au secours, qui restent sans réponse. organisé par Louis François Perrin, comte de Précy, qui construit des redoutes, met en place une organisation défensive et mobilise une armée d’environ 12 000 à 14 000 hommes.

Le siège de Lyon a commencé le 7 août, mais les armées révolutionnaires n’ont pu assurer un blocus complet que le 17 septembre. Le siège commence par des duels d’artillerie et des tentatives de capture de points stratégiques, au cours desquels les Lyonnais s’entêtent. Face à l’échec de ses premières tentatives, Kellermann décide de bombarder la ville pour saper le moral des habitants. Le bombardement a commencé dans la nuit du 22 au 23 août, pour se terminer par la reddition de Lyon. Pendant les premières semaines, cependant, les Lyonnais tiennent encore. Kellermann a été remplacé fin septembre par Doppet, qui a profité d’une trahison à son arrivée pour prendre une position stratégique à Sainte-Foy-lès-Lyon sans combat. Désormais, les positions lyonnaises n’étaient plus tenables, et après deux semaines de combats, Lyon capitule le 9 octobre.

Le 12 octobre 1793, le conventionnel Barère se vante de son succès en ces termes: «Lyon a fait la guerre à la liberté, Lyon n’est plus.» Lyon et prend le nom de «ville estampillée». de riches bâtiments autour de la place Bellecour ont été détruits. Pendant de nombreux mois, la Terreur s’est abattue sur Lyon et les fêtes révolutionnaires n’ont ni mobilisé ni convaincu les populations traumatisées.

Lorsque Lyon, le 1er août 1794, enseigne la chute de Robespierre, elle se transforme en un nouveau cycle de violence vengeresse.

Reconstruction de l’entreprise lyonnaise
Dans une ville affaiblie, les autorités révolutionnaires ou civiles ont tenté de modérer les passions, mais rapidement, les jacobins ont été recherchés et persécutés. Les bustes de Chalier sont détruits. Tout au long de l’année 1795, Lyon fut le théâtre de violences dont le point culminant fut le massacre de personnes emprisonnées et en attente de jugement, tous d’anciens «Mathevons», les Jacobins de Lyon, dont Antoine Dorfeuille. Les autorités locales ne parviennent pas à contrôler ces mouvements de foule, et craignant une complicité, la Convention déclara à nouveau Lyon assiégée, envoyant des troupes aux Brotteaux.

Aux élections d’octobre 1795, ces craintes furent renforcées par l’élection pour le premier Directoire de trois députés monarchistes constitutionnels, dont Pierre-Thomas Rambaud. Le gouvernement nomme donc un républicain reconnu, Paul Cayre, à la tête de Lyon. Pendant deux ans, jusqu’en 1797, un conflit latent entre républicains et contre-révolutionnaires a eu lieu dans toute la ville. Profondément divisée, elle ne s’unit pas autour de célébrations et de projets officiels. La population fréquente les clubs et les théâtres, où les rivalités sont ouvertement exprimées et aiguisées.

En 1797, les forces monarchistes réussirent à amener Jacques Imbert-Colomès et Camille Jordan au Conseil des Cinq-Cents. Ces derniers ont été contraints de fuir à la suite du coup d’État du 18 fructidor an V (4 septembre 1797). Les élections sont rompues dans le Rhône, des autorités énergiques remplacent les précédentes accusées de ne pas avoir suffisamment combattu les contre-révolutionnaires. Au cours des deux dernières années de la Révolution française, les autorités ont lutté sans succès pour inculquer l’idéologie républicaine à une population qui n’y adhérait pas. Ils essaient également de contrer les diffamations monarchistes, sans réussir. Un dernier complot est éclos en juin 1799 par l’Anglais William Wickham, mais il est stoppé par la victoire de Masséna à Zurich.

En conclusion, la majorité des Lyonnais ne sont pas de fervents monarchistes. Sincèrement attachés à l’idéal révolutionnaire des premières années, ils ont été surtout traumatisés par le siège de Lyon et la répression qui a suivi. Ils n’ont plus confiance dans les autorités parisiennes, et veulent surtout retrouver la paix et la prospérité.

Église de Lyon pendant la Révolution
Comme la plupart des diocèses de France, celui de Lyon a beaucoup souffert de l’épisode révolutionnaire, qui a divisé les consciences et a fortement affaibli les communautés religieuses de la région. L’archevêque de Marbeuf refusa tout serment, fuya dès le début de la Révolution et organisa la résistance d’Italie avec l’aide d’hommes déterminés sur place.

Division d’un clergé
A la veille de la Révolution, Lyon voit arriver à la tête du diocèse un archevêque conservateur, M Marbeuf. Dès que les préparatifs de la réunion des États généraux ont été préparés, il a attiré l’attention sur l’opinion publique lyonnaise en s’inquiétant des troubles et du désordre que cette initiative a engendrés. Des groupes de Lyonnais se moquent alors de lui en mascarade, et il n’ose pas venir dans son diocèse, craignant que son arrivée ne provoque des émeutes. Au fur et à mesure que les événements révolutionnaires se poursuivaient, il émigra rapidement; et Lyon ne voit jamais celui qui lutte farouchement contre les réformes à distance.

Le clergé, dès la préparation des cahiers de doléances, est partagé entre les prêtres les plus modestes et les vicaires et autres détenteurs de bienfaits ecclésiastiques. Cette division est accentuée par le refus définitif de l’archevêque de la constitution civile du clergé et des serments. A partir de ce moment, il s’engage dans une opposition systématique à l’Église constitutionnelle et organise de l’étranger l’Église «légitime».

Le remplaçant de M Marbeuf est Antoine-Adrien Lamourette qui réside équitablement dans son diocèse, étant élu à l’Assemblée législative. Dans les années 1791 – 1793, un grand nombre de prêtres sont restés au sein de l’Église constitutionnelle. Mais progressivement, au fur et à mesure des anathèmes prononcés par M Marbeuf contre divers serments, de plus en plus de prêtres refusent ou se rétractent. Pendant cette période, cependant, les deux membres du clergé fonctionnent correctement, l’ensemble des mesures contre les réfractaires étant appliqué de manière très lâche.

Annulation de l’Église constitutionnelle et résistance de l’Église réfractaire

Tout a changé avec l’opposition de Lyon à la Convention et le siège de la ville en 1793. Tombant aux mains des révolutionnaires lyonnais les plus féroces, les mesures antireligieuses se multiplient. Les plus notables sont la transformation de la cathédrale Saint-Jean en temple de la Raison, les processions burlesques, la destruction de nombreux symboles religieux publics, l’arrestation de nombreux prêtres, dont de nombreux constitutionnalistes. Cette première vague détruit complètement l’Église officielle de Lyon, et le second assaut lors des persécutions de Fructidor finit par la rendre exsangue. Après la mort de Lamourette, guillotiné en 1794, nous avons attendu 1797 pour élire un remplaçant, Claude François Marie Primat, qui, par crainte du climat local, n’est venu qu’en 1799.

Tout au long de la Révolution, un culte caché a survécu et s’est développé, massivement soutenu par la population, en particulier dans les campagnes. Immédiatement après le jour du 10 août 1792, un vicaire de M Marbeuf, De Castillon, revint secrètement de l’île et contacte l’abbé Linsolas. Entre eux, ils réorganisèrent secrètement le clergé réfractaire, entretenant une correspondance étroite et régulière avec l’archevêque resté en Italie. De Castillon pris et exécuté à la fin de 1793, Linsolas tint seul jusqu’à la fin de la période révolutionnaire les rênes du clergé réfractaire lyonnais. Il a développé une organisation pastorale complète, avec vingt-cinq missions réparties dans tout le diocèse, réussissant à construire un petit séminaire et à en poser les bases.

A la fin de la période révolutionnaire, l’indifférence ou l’hostilité religieuse envers l’Église semble avoir nettement augmenté. Dans les villes populaires comme Roanne ou Saint-Étienne, encore très pratiquantes auparavant, de larges pans de la population se sont éloignés de la religion. Très divisés, les deux clergés ne se réunirent pas facilement, Marbeuf et Linsolas refusant toute conciliation avec les constitutionnalistes. A la mort de Marbeuf en 1799, le diocèse est délabré et doit attendre trois ans pour trouver un prélat qui commence à élever.

19 siècle – du premier au Second Empire
Entre la prise du pouvoir par Bonaparte et l’effondrement du Second Empire, Lyon connaît un développement considérable. Vivant un «âge d’or» économique grâce à la soie, elle s’est considérablement développée, a commencé à s’industrialiser et sa population, souvent à la pointe des batailles républicaines et anticléricales, s’est soulevée à plusieurs reprises.

Lyon, d’une cité médiévale à une cité industrielle
Au cours des deux premiers tiers du 19, la ville de Lyon subit une profonde transformation, à la fois sous la pression des élites qui se créent de grands quartiers bourgeois, et de l’expansion soyeuse et industrielle, qui amena une population très ouvrière. important. Durant cette période, Lyon sortit enfin de ses anciennes murailles, pour s’étendre en direction des Brotteaux, Guillotière et Vaise.

Dans ces limites originelles, de grands espaces furent libérés sous la Révolution par la vente des biens du clergé qui appartenaient essentiellement à l’église d’Ainay. Ils sont rapidement construits au début du nouveau siècle. Les ouvriers qui travaillent la soie, devant s’équiper de très grands métiers neufs, migrent des quartiers Saint Jean et Saint Paul vers de nouveaux bâtiments, construits spécialement pour cette activité dans les années 1830 et 1840, sur Cro9-Rousse. en particulier.

C’est sous le Second Empire que la plupart des rénovations urbaines ont eu lieu. Le préfet du Rhône et maire de Lyon Claude-Marius Vaïsse a entrepris ces grandes transformations, comme Haussmann à Paris, à la fois pour des raisons de prestige et de sécurité. Les principaux entrepreneurs de ces transformations sont avant tout l’architecte en chef de la ville Tony Desjardins et l’ingénieur en chef des routes Gustave Bonnet. La presqu’île est percée de deux nouvelles larges avenues, les ponts, après suppression des péages, sont rénovés, les quais sont surélevés pour que les nouveaux quartiers soient protégés des crues du Rhône, le parc de la Tête d’Or a été aménagé et trois stations sont implantées dans la Perrache, les Brotteaux et la Guillotière. Enfin, plus au large, un anneau de fortifications a été commencé en 1830 et construit tout au long du 19 siècle,

Une vie politique sous surveillance
De 1800 à 1870, la vie politique était étroitement contrôlée et ne s’exprimait que dans des cadres restreints.

La prise de pouvoir par Bonaparte est perçue favorablement, comme la fin de la période noire et le retour à la paix civile. Sous l’Empire, toutes les autorités de la ville dépendent du pouvoir central: le préfet, le maire Fay de Sathonay, le commissaire général et l’archevêque Joseph Fesch. La presse, comme tous les clubs et sociétés de notables, est surveillée. Le seul contour de protestation vient des catholiques, qui ont l’habitude de véhiculer des informations et de diffamer le secret des congrégations et de réactiver les réseaux contre-révolutionnaires mis en place par Linsolas. Ils seront mis au jour en 1811. La grande masse de la population est favorable à l’empereur, comme en témoigne l’accueil enthousiaste qui lui est réservé pendant les Cent Jours.

Avec le retour de la monarchie en 1815, le paysage politique se structure autour de deux grandes forces, les ultras, conservateurs et ultramontains, et les libéraux. Une vive opposition a alors commencé, à travers la presse interposée (avec La Gazette Universelle de Lyon pour les ultras et Le Précurseur pour les libéraux) et à travers les clubs ou associations de notables. Les opinions sont cristallisées par les élections qui, même recensées, rythment la vie lyonnaise. Le peuple, totalement exclu de l’espace politique, est largement traversé par les idéaux républicains ou bonapartistes. Les idées libérales se développent suffisamment pour que, à l’annonce des ordonnances de juillet 1830, une émeute se dessine, licencie les autorités et crée une commune provisoire, garante des libertés, avec le docteur Prunelle comme maire. Ceci est ensuite confirmé par le nouveau préfet.

Lyon entre dans la monarchie de juillet secoué par deux vives révoltes des ouvriers de la soie en 1831 et 1834. Ces soulèvements sont d’un genre nouveau pour l’époque. Constitués de travailleurs unis pour améliorer leurs conditions de travail, ils ont un impact très fort en France et en Europe. De nombreux hommes politiques, journalistes, écrivains et philosophes dont Armand Carrel, Saint-Marc Girardin, Chateaubriand, Stendhal, Marceline Desbordes-Valmore, Charles Fourier, Blanqui, se saisissent de ces révoltes pour penser le monde d’alors. Ces événements servent d’exemples à de nombreuses autres luttes sociales au cours du 19 siècle. Ces deux révoltes furent réprimées dans le sang et Lyon, sévèrement surveillée, resta politiquement calme jusqu’en 1848.

Les débats politiques se sont à nouveau limités au seul cadre juridique des élections, où la grande majorité des élus étaient des orléanistes modérés. Les légitimistes, très minoritaires, se sont alors réfugiés dans la défense de la religion et des droits de l’Église. Lors des événements de 1848, la ville apprend avec surprise la fuite du roi Louis-Philippe. Les appels du préfet au calmeChaper sont entendus, sauf par quelques centaines de travailleurs descendus des pentes de Cro9-Rousse qui cherchent à envahir la préfecture et à faire pression sur le conseil municipal en formant des comités révolutionnaires. Pendant quelques mois, ces comités obtiennent des victoires symboliques, mais lors de l’élection du constituant, les voix rurales font que les élections du Rhône soient acquises aux modérés. Progressivement,

La IIe République confirma l’attachement du peuple lyonnais au prestige du nom de Bonaparte, et l’existence d’un noyau solide de républicains, basés principalement à Cro9-Rousse et à la Guillotière. Même si aux élections constituantes, les candidats de l’Ordre sont majoritaires, aux présidentielles, Louis-Napoléon obtient 62% des voix, et Raspail 14%. Les troubles ouvriers sont peu nombreux, contrairement à ce que craignent les autorités et les élites bourgeoises. Les masses républicaines ne peuvent pas se lever à la nouvelle du coup d’État de 1851, la ville étant quadrillée par l’armée. Mais les résultats du plébiscite indiquent clairement l’opinion des Lyonnais; l’abstention atteint 25% et non 35%.

Sous le Second Empire, la vie politique lyonnaise était encore ensevelie sous un manteau de surveillance et de répression, comme en témoigne la sévère censure imposée aux journaux et aux théâtres, dont celle, très populaire, de la marionnette Guignol. La commune est réformée. Le décret du 24 mars 1852 annexa les communes de la Guillotière, Cro9-Rousse et Vaise à Lyon, divisa la ville en cinq arrondissements avec des maires nommés à leur tête, qui n’avaient que des fonctions subalternes. Les pouvoirs restent jalousement entre les mains du préfet. En mars 1853, Claude-Marius Vaïsse est placé à ce poste, qui reste onze ans et transforme le centre de la ville.

Sous son contrôle, la ville reste calme, mais elle ne peut empêcher la progression des idées républicaines ou socialistes qui parviennent, malgré les pressions, à s’exprimer lors des élections. Ainsi, lors de celles de 1857, Jacques-Louis Hénon est réélu candidat républicain. Il en est de même lors de l’élection de 1863, date à laquelle Jules Favre est également, prouvant la montée des courants républicains dans la population. La gauche lyonnaise, à partir de cette date, organisa des comités pour promouvoir davantage ses idées, malgré de nombreuses divisions internes entre, par exemple, républicains et socialistes. La lente libéralisation de l’Empire permet à de nombreux journaux de s’épanouir à Lyon, représentant toutes les tendances politiques.

Cette division se retrouvera lors des dernières élections impériales de 1869, où contre les républicains modérés Favre et Hénon, les mouvements avancés proposent François-Désiré Bancel et Raspail, qui sont élus. Ils soutiennent les revendications des masses ouvrières au moment même où de nombreuses grèves ont lieu, en étroite coordination avec l’Internationale, à laquelle adhèrent de nombreux métiers. Au début de 1870, un congrès national est organisé aux Brotteaux et un projet de fédération ouvrière lyonnaise est mis en place.

La déclaration de guerre à la Prusse ne provoque pas de vols patriotiques, et les premières défaites provoquent rapidement des mouvements républicains. Le 4 septembre, lorsque l’annonce de la défaite de Sedan atteint Lyon, la population prend le contrôle de la mairie et proclame, avant même Paris, la fondation d’une commune lyonnaise et la chute de l’Empire.

Économie dominée par la soie
Au cours des années 1800 – 1870, Lyon trouve une place importante dans l’économie nationale. Elle y parvient en grande partie grâce à son industrie traditionnelle de la soie. Néanmoins, d’autres industries prennent progressivement leur place à ses côtés, ainsi qu’un secteur bancaire très actif.

Période napoléonienne et reconstruction économique
Sorti de la Révolution, Lyon est une ville dévastée et en ruine. L’élite économique a en partie fui, en particulier les étrangers. Un tiers de la population a déserté une ville sans travail, passant d’environ 150 000 à 100 000 entre 1788 et 1 800. Les opportunités sont très limitées. Le Premier Empire a travaillé pour essayer de relancer l’économie.

Destinée à compenser le manque de capitaux, dû à la disparition des quatre foires annuelles, la Banque de France, créée en 1808, fut mal acceptée par les banquiers méfiants de la monnaie fiduciaire et de la stabilité du régime. Le livret ouvrier, mal adapté au monde de la Fabrique, est détourné pour résumer les relations entre tisserand et marchand. En revanche, la Condition des soies, indispensable pour mesurer sans ambiguïté la teneur en humidité du matériau, et donc sa qualité, recréée et unifiée en 1805 par un décret de Napoléon, a été adoptée. Une création purement lyonnaise trouve également immédiatement son utilité: le tribunal industriel. Créée en 1806, elle a d’emblée une fonction de conciliation et d’arbitrage, et fluidifie les relations entre groupes sociaux aux positions résolument antagonistes.

La Fabrique, le cœur économique
En 1801, Joseph Marie Jacquard développe un métier à tisser mécanique, le métier Jacquard, permettant à un seul ouvrier de faire fonctionner le métier, au lieu de plusieurs auparavant. Cela permet une augmentation rapide de la productivité, sans expliquer pleinement la formidable expansion que connait alors l’industrie de la soie lyonnaise.

Pendant les deux premiers tiers du 19 siècle, la production de soie a la richesse de la ville du Rhône, avec des taux de croissance annuels de 4%, alors que la moyenne française est de 1,5%. La révolution industrielle a à peine pénétré l’usine, qui est restée une économie à coût de main-d’œuvre élevé, facilement supportée par la valeur élevée du produit fini. C’est ainsi que le nombre de métiers est passé de 18 000 en 1815 à 30 000 en 1866 pour Lyon seul. Cette croissance oblige les entrepreneurs à les installer non plus en ville, qui est saturée, mais en banlieue et à la campagne environnante, pour atteindre un total de 95000 à la campagne en 1866.

Les maîtres de l’usine contrôlent entièrement les points de vente pour la production. Celles-ci évoluent considérablement au cours du siècle. Avant 1815, la plupart des soies étaient vendues sur le continent, dans toutes les cours d’Europe. Ensuite, la forte hausse des barrières douanières a déporté les canaux de vente vers le Royaume-Uni et les États-Unis.

Le monde des entrepreneurs de la soie s’élargit progressivement avec l’expansion de l’activité, pour doubler au cours des cinquante premières années du siècle. Par la suite, le nombre stagne, ce qui signifie qu’en moyenne, la richesse de chacun augmente. En même temps, une certaine concentration a lieu, mettant entre les mains d’une élite la plupart des moyens de production. En 1855, les treize principales entreprises fournissent 43% de la soie tissée à Lyon. Cette proportion s’élève à 57% en 1867. Ces maisons les plus puissantes disposent des fonds nécessaires pour investir dans des machines mécaniques, standardisant les produits fabriqués. Ce sont souvent eux qui intègrent en leur sein un grand nombre de sociétés auxiliaires: fabricant de machines à gaufrer, machines de finition ,.

Lyon City Industriel et bancaire
Les deux entreprises textiles lyonnaises sont toutes structurées à partir d’un noyau familial, comme d’autres industries lyonnaises du 19 siècle pour certaines d’entre elles ont connu la création de manière plus moderne en partenariat ou en corporation. La start-up a eu lieu dans les années 1820.

La croissance du réseau de transport est l’indicateur le plus marquant de la transformation industrielle de Lyon. La ville est reliée à Saint-Étienne par l’une des premières lignes de chemin de fer au monde (la première en France) par l’ingénieur Marc Seguin de 1826 à 1832. Trois stations d’eau sont créées dans les mêmes années, à Perrache, Givors et Vaise , indispensable pour absorber l’augmentation du trafic sur le Rhône, de 122% entre 1828 et 1853. Tout au long de la période, de nombreuses sociétés de transport, souvent très rentables, exploitent des voies fluviales et ferroviaires.

La sidérurgie et la mécanique se développent fortement à Lyon. La création du métier Jacquard marque le début d’une culture des systèmes mécaniques complexes. Les inventions de la machine à coudre par Barthélemy Thimonnier et, plus tard celle du cinéma par les frères Lumière, sont redevables aux astuces mécaniques du métier à tisser enchaînant des séries d’actions successives, y compris des progressions de bande à sec. La sidérurgie connaît une forte croissance grâce à un approvisionnement aisé en matières premières de Saint-Étienne, tant par voie fluviale que ferroviaire. « En 1847, une tonne de houille valait 19 F dans le Rhône et 32 ​​F dans la Seine. ». La première et la plus puissante entreprise sidérurgique fut celle des frères Frèrejean, nés avant la Révolution mais qui connurent un succès surtout après le Premier Empire.

A partir des années 1830, Lyon est équipée de gaz de ville, et de nombreuses entreprises voient le jour dans la ville, pour devenir de puissantes industries équipant de nombreuses villes françaises et européennes.

L’industrie chimique lyonnaise bénéficie de la prospérité de la Fabrique, qui mène ce secteur avec d’énormes besoins en produits de teinture. Au cours de la première moitié du 19 siècle, de puissantes maisons industrielles sont centrées autour d’un inventeur ou d’un procédé. Parmi les inventeurs les plus notables figurent Jean-Baptiste Guimet, découvreur de l’outremer artificiel, Claude Perret, exploitant le procédé Clément-Desormes pour fabriquer de l’acide sulfurique et la famille Coignet par la méthode Arcet. pour produire de l’ostéocolle. Certaines sont placées parmi les industries françaises les plus importantes, notamment la «Société des produits chimiques d’Alais et de Camargue», dirigée par Émile Guimet, qui devient Péchiney au 20 siècle.

L’enseignement technique est né très tôt à Lyon, avec la fondation en 1826 de l’école de la Martinière. Cette école forme du personnel qualifié dans des usines où le personnel est déjà bien formé. Le département du Rhône, dans les années 1820, était l’un des plus alphabétisés de France: 69% contre une moyenne de 54,3%. Mais le besoin de techniciens s’accroît, en 1857 une école centrale lyonnaise est créée et en 1872 une école de commerce.

Pendant toute la période, il est difficile de séparer les banquiers des investisseurs, des commerçants ou des chefs d’industrie. Les grandes fortunes lyonnaises issues d’une activité ne se limitent pas à cela, et toutes les personnes reconnues comme banquiers sont également présentes dans d’autres activités. La croissance de la banque à Lyon commence avec la fondation de la Banque de Lyon en 1835, qui devient en 1848 une succursale de la Banque de France. D’autres fonds apparaissent, avec des fortunes variables. Ce n’est que dans les années 1860 que la banque librement ouverte, avec des comptoirs et de nombreuses succursales, arrive à Lyon. C’est à cette époque, en 1863, qu’est né le Crédit Lyonnais, fondé par Arlès-Dufour et Henri Germain.