Développement urbain et art architectural de Lyon, France

L’aménagement urbain a laissé une place importante à la requalification des berges des deux fleuves, dans le but de reconquérir les berges du Rhône et de la Saône: achevé, l’aménagement des berges du Rhône a permis de transformer la grande voiture parcs et autres quais simples dans une promenade composée d’espaces végétalisés, de lieux de détente, de fontaines et de jardins. L’aménagement des berges de la Saône les a également transformées en un lieu de détente propice à la culture et aux retrouvailles.

Les grands projets urbains initiés par le Grand Lyon touchent le territoire communal, comme la réhabilitation en cours du quartier de la Duchère et le renouvellement des quartiers de la Vaise et du Mermoz. Le grand projet urbain de Lyon Confluence, en cours entre Rhône et Saône, doit transformer ce qui était hier un site dédié à l’industrie en une véritable extension du centre-ville au-delà de la gare Perrache. Au terme de la première phase, 130 000 m 2 de logements, 120 000 m 2 d’hôtels, de services, de commerces et 130 000 m 2 de bureaux doivent remplacer les friches industrielles. À la fin de la deuxième phase, plus d’un million de mètres carrés auraient dû être construits. À la pointe de la péninsule, le musée des Confluences à l’allure futuriste a été construit. Il a ouvert le 20 décembre 2014 et est desservi par une station de tramway T1, prolongée vers Debourg dans le quartier de Gerland (7 e arrondissement).

Des projets plus ponctuels ont été réalisés: Jacqueline Osty s’est vu confier la transformation de la place des Jacobins au cœur du deuxième arrondissement, un espace autrefois très fréquenté par les voitures. Le réaménagement comprend des trottoirs plus larges et un embellissement de la fontaine et des statues qui se trouvent dans le centre également piétonnier. Reconverti après le départ des hospices civils de Lyon, l’Hôtel-Dieu laisse place à une ville de gastronomie, un hôtel Intercontinental de luxe dans le corps central de l’immeuble, des boutiques spécialisées dans l’art de la table et la décoration intérieure, ainsi que des bureaux d’entreprise. Les multiples cours intérieures ont été réaménagées en hauts lieux de luxe, à l’image de l’avenue Montaigne à Paris. L’enjeu est de donner aux Lyonnais des espaces publics entre les installations privées du projet. Une verrière recouvrant l’une des cours intérieures ainsi que la restauration du dôme et sa hauteur sous plafond de 58 mètres sont les signaux architecturaux forts de cette réhabilitation. L’ouverture a eu lieu entre fin 2017 et fin 2019.

D’autres projets du Grand Lyon, malgré leur éloignement du centre et situés hors du territoire communal, contribuent au rayonnement du centre-ville: requalification en cours de la Place de la Soie, à cheval entre Villeurbanne et Vaulx-en-Velin, bien que de longue date délaissé par la métropole lyonnaise, est aujourd’hui au cœur d’un vaste projet de réaménagement et de restructuration dont la fin ne viendrait pas avant 2030. La création d’un centre de loisirs, l’extension de l’offre immobilière, l’émergence de pôle tertiaire de renommée européenne, la construction de 30 000 m 2 d’hôtels. La zone d’activité et commerciale Lyon – Porte des Alpes, partiellement achevée, sur la commune de Saint-Priest a été lancée en 1996. L’objectif de ce projet est de faire de la Porte des Alpes un véritable centre de services. Le parc technologique, symbole du projet, est presque achevé et devrait à terme créer environ 6 000 emplois. La Porte des Alpes est aussi le site des «maisons passives». Au nombre de 31, ces maisons sont des prototypes de maisons ultra-écologiques, destinées au logement.

Après la guerre
L’histoire de Lyon depuis 1944 n’a pas encore été étudiée en profondeur. Il doit être abordé avec prudence; le recul, les analyses synthétiques et les travaux complets font encore défaut pour de nombreux aspects de sa vie contemporaine. Rester au plus près des faits est donc un impératif jusqu’à ce que les années et les études permettent d’objectiver les opinions et les points de vue.

Changements urbains et démographiques
Au cours des Trente Glorieuses Années, la population de la ville de Lyon augmente sensiblement de 442 000 à 527 000 habitants entre 1946 et 1968, soit une augmentation de 20%. La banlieue de la métropole lyonnaise passe de 348 000 à 595 000 habitants, soit une augmentation de 70%. Ces chiffres soulignent la forte tendance, visible dans toutes les villes de France, à un fort étalement urbain. A Lyon, il se produit principalement dans l’est de la ville, poursuivant ainsi un processus historique. À partir des années 1970 et 1980, la croissance urbaine est visible surtout aux limites de l’agglomération, les communes les plus centrales voyant leur population se stabiliser. Enfin, cette évolution s’accompagne d’une baisse de la densité urbaine globale.

A partir de grands complexes résidentiels sont construits en périphérie (Duchère, pour accueillir les rapatriés d’Algérie, Mermoz, Rillieux …). La modernisation a conduit à une série de travaux majeurs, comme la construction d’un quartier d’affaires à la Part-Dieu, le tunnel autoroutier de Fourvière ou le métro inauguré en 1978). L’expansion urbaine entraîne également la construction d’une nouvelle ville à L’Isle-d’Abeau et en 1975 un nouvel aéroport à Colombier-Saugnieu nommé Satolas, en remplacement de l’aéroport de Bron et rebaptisé en juin 2000, aéroport de Saint-Exupéry.

Ces transformations s’accompagnent d’une modification des catégories socioprofessionnelles au sein de l’agglomération. À partir des années 1980, Lyon, mais aussi Villeurbanne, rassemblent davantage de professions supérieures (cadres, industriels, professions libérales, etc.), tandis que la banlieue, et plus particulièrement celle de l’Est, accueille des populations d’ouvriers, d’ouvriers, des salariés proportionnellement plus importants.

Depuis les années 80, les tendances démographiques ont changé. Le centre de l’agglomération (y compris Villeurbanne) voit sa population augmenter, tandis que les communes de la proche banlieue perdent des habitants. Lors des deux derniers recensements, la population de la ville de Lyon est passée de 415 500 habitants en 1990 à 445 400 en 1999, et a atteint 479 800 lors des enquêtes de 2009.

Développements économiques
A la fin de la Seconde Guerre mondiale, Lyon était une ville profondément marquée par l’industrie, qu’elle soit traditionnelle (métallurgie) ou plus innovante (chimie et construction mécanique); il le resta jusqu’aux années 1960. Au cours de la décennie suivante, la structure économique de l’agglomération évolue rapidement pour devenir un pôle tertiaire français majeur.

Les secteurs les plus en déclin sont: le textile (et en particulier la soie), la fabrication de composants électriques et la transformation des métaux. Les industries de la chimie et de la mécanique automobile, quant à elles, parviennent à maintenir un bon niveau d’activité. Si le nombre d’établissements industriels à Lyon a peu diminué, l’importance relative de l’industrie dans l’ensemble de la population active a considérablement diminué dans les années 80 et 90.

Dans les années 2000, le secteur industriel lyonnais était composé de quatre grands secteurs: la chimie et la pharmacie (avec Arkema, Sanofi-Pasteur, BioMérieux, etc.), la métallurgie et la construction mécanique (avec Renault Trucks), l’électricité (avec Alstom et Areva), Informatique pour les logiciels Hewlett-Packard et Cegid et l’industrie textile. A ces secteurs qui donnent son caractère à l’industrie lyonnaise, il faut ajouter les nombreuses entreprises du BTP, de l’agroalimentaire et de la logistique. L’économie lyonnaise est dynamisée depuis 2005 par les cinq pôles de compétitivité: Lyon Biopôle, Axelera, Lyon Urban Trucks, Lyon Numérique et Techtera.

L’évolution du secteur textile lyonnais
La reconversion de la majorité des fabricants de l’industrie de la rayonne dans les années 1930 n’était qu’une solution illusoire et ce secteur s’effondra à son tour pendant les Trente Glorieuses. Malgré les efforts d’organisation et d’accompagnement de la filière par le biais de structures de conseil et d’entraide, la soie naturelle est pour sa part confinée à un marché du luxe. Lyon, en revanche, développe un savoir-faire dans le domaine de la conservation, de la restauration et de la valorisation patrimoniale de la soie.

La fin de l’usine
La seconde moitié du 20 siècle voit la structure traditionnelle de l’usine lyonnaise se désintégrer et disparaître, malgré de nombreuses tentatives de survie.

Le déclin de la soie artificielle
L’adoption de la soie artificielle, la rayonne, lors du choc de 1929 par les travailleurs de la soie de Lyon n’est qu’un remède temporaire à la crise. En effet, cette fibre est en forte concurrence avec l’apparition du nylon dans les années 1950. Cependant, ce nouveau matériau nécessite des investissements beaucoup plus lourds, que la plupart des maisons textiles ne peuvent pas se permettre. Dans le même temps, les efforts de modernisation des outils de production sont terriblement insuffisants, les délais et les volumes de fabrication restant inférieurs à ceux de la plupart des autres zones de production textile mondiales. La Fabrique ne peut pas se tourner vers la production de lignes de prêt-à-porter à bas prix.

Cela conduit à une nouvelle vague de disparition. Entre 1964 et 1974, le nombre de maisons a baissé de 55% et celui des usines de 49%. Les plus petites maisons ont été les premières à disparaître, mais certaines institutions ont également fait faillite, comme la maison Gindre en 1954 ou la maison Dognin en 1975.

Organisation du secteur
Pour résister à la baisse, plusieurs maisons lyonnaises se sont associées pour mutualiser les investissements et mieux diffuser contacts et idées. Ce «Groupe de créateurs de haute nouveauté», né en 1955, comprend huit sociétés dont Brochier et Bianchini-Férier. Cette institution a connu plusieurs succès et a permis à plusieurs maisons de résister aux crises du secteur. La filière soie s’est ensuite appuyée sur plusieurs autres organisations qui l’ont aidée à survivre et à se développer, dont Unitex en 1974 (association lyonnaise de conseil aux entreprises textiles), Inter-Soie France en 1991 (association regroupant les acteurs de la soie lyonnaise et organisant le marché de la soie lyonnaise. ) ou l’association internationale de la soie.

Désintégration de la Fabrique
Pendant cette période, la main-d’œuvre du monde de la soie a littéralement fondu. En 14 ans, entre 1974 et 1988, les salariés de la filière soie de la région lyonnaise sont passés de 43 000 à 18 000. Le nombre de métiers à tisser est passé de 23 000 en 1974 à 15 000 en 1981 et 5 750 en 1993.

Réorientation de la filière soyeuse lyonnaise
Les débouchés habituels échappent à la Fabrique, le luxe utilisant à peine plus de soie et la concurrence sur le prix des articles ordinaires devenant intenable. Les dernières soieries lyonnaises se réorientent donc vers le textile technique, la restauration et les activités patrimoniales.

La fin des clients traditionnels de la soie
La clientèle traditionnelle de la Fabrique que sont les élites, prêtes à dépenser de grosses fortunes en tenue de soirée et de cérémonie et dans l’aménagement de leurs maisons, est en crise dans les années 1930 et tend à disparaître dans les années 1950 avec les transformations sociales vécues par pays développés. La vague de démocratisation et l’influence de la culture américaine portent un dernier coup aux commandes de riches vêtements en soie brodée. La mode parisienne, débouché naturel et porte-étendard des productions lyonnaises à travers le monde, est en grave crise, de nombreuses maisons de haute couture ferment et les autres ne survivent que grâce à leurs lignes de prêt-à-porter.

La haute couture se détourne de la soie
Ces maisons se tournent de plus en plus vers d’autres matériaux. Les volumes de soie commandés deviennent faibles; à partir de 1957, l’industrie textile de la métropole lyonnaise n’utilisait que 800 tonnes de soie contre plus de 24 000 tonnes de fibres artificielles. En 1992, la production de tissu de soie est tombée à 375 tonnes.

Cependant, même les maisons qui tentent de se spécialiser dans les produits de luxe sont confrontées à de nombreux défis. L’ancienne maison Bonnet a choisi cette réorientation dans les années 1970 en se séparant des usines produisant des tissus de milieu de gamme et en achetant des entreprises au savoir-faire de qualité. Dans les années 1990, elle produit des articles de luxe (vêtements et foulards) sous ses propres marques ou pour des maisons telles que Dior, Chanel, Gianfranco Ferré ou Calvin Klein. Les dirigeants tentent également d’exploiter la dimension historique de l’entreprise en fondant un musée. Mais il reste fragile et est mort en 2001.

Restauration et conservation du patrimoine
Très tôt, les autorités lyonnaises ont cherché à établir des dépôts fonciers. A l’origine, cette entreprise avait une finalité utilitaire, permettre la reconnaissance des biens, soutenir la formation des futurs designers et inspirer les habitations. Au cours du 20 siècle, ce projet prend un héritage purement historique et un leadership au sein du Musée du Textile. Celui-ci accueille désormais des collections de la longue histoire soyeuse de Lyon. Ainsi, les échantillons et dessins conservés par le tribunal du travail ont été transférés au musée en 1974 lorsque l’instance judiciaire a déménagé.

Le musée des tissus dispose d’un atelier de restauration de tissus anciens en 1985, financé en partie par la direction des musées de France. Construit sur le modèle de celui de l’Abegg-Stiftung à Riggisberg, il intervient dans la restauration de pièces publiques ou privées.

Les manufactures Tassinari & Chatel et Prelle perpétuent la tradition du rembourrage en soie, entre autres pour la restauration de pièces d’époque. Dans les années 60 et 70, ils bénéficient de la volonté de l’Etat de mener à bien un vaste plan de restauration du mobilier des châteaux royaux. Ces travaux de restauration sont couplés à des recherches archéologiques menées par des spécialistes des deux maisons pour retrouver les couleurs, tissages et motifs identiques aux originaux. Ce premier livre ouvre les portes à d’autres entreprises de restauration à l’étranger. Ainsi, le gouvernement allemand leur a confié la restauration de plusieurs châteaux dont ceux de Brühl ou de Nymphenburg.

Textiles techniques
Un certain nombre d’entreprises quittent l’industrie de la soie pour survivre et entrent sur le marché des textiles techniques à haute valeur ajoutée. En 1987, les quatre principales entreprises de la région lyonnaise dans ce secteur étaient Porcher, Brochier, Hexel-Genin et DMC. Cette stratégie a rencontré un certain succès. Par exemple, la production de tissus en fibre de verre est passée de 13 500 tonnes en 1981 à 30 000 en 1988.

Aujourd’hui
Il reste au 20I siècle à Lyon très peu de fabricants de soie, principalement positionnés sur le marché restreint de l’habillement et de l’ameublement de luxe.

Les maisons Bianchini-Férier ou Bucol travaillent pour la haute couture. Bucol (société fondée en 1928) a réussi à survivre en se consacrant uniquement à la haute nouveauté grâce à un solide réseau au sein de la Haute Couture parisienne. Elle s’associe ainsi à Hubert de Givenchy en 1985 pour la réalisation de « crêpe simple ou façonnée, mousseline sculptée ou satinée, fleurs multicolores jetées en semis ou en grands imprimés, coordonnées entre elles ou harmonisées avec des pois, des rayures ou des motifs géométriques. motifs ». La même maison s’est associée à plusieurs artistes contemporains dans les années 1980 pour la création de tableaux tissés. Yaacov Agam, Pierre Alechinsky, Paul Delvaux, Jean Dewasne, Hans Hartung, Friedensreich Hundertwasser, Roberto Matta ont participé. Rachetée par le groupe Hermès, la maison Bucol y produit ses carrés de soie imprimés.

La maison Tassinari & Chatel, reprise par l’éditeur de tissus Lelièvre, travaille principalement pour l’hôtellerie de luxe, les états ou les particuliers très fortunés. La Maison Prelle suit ce positionnement, en conservant des connaissances suffisantes pour continuer à travailler sur la restauration de pièces anciennes.

Histoire urbaine de Lyon
L’histoire urbaine de Lyon permet de retracer les formes prises par l’occupation humaine du site au cours de l’histoire de la ville.

Développé par les Romains sur la rive droite de la Saône, Lugdunum se propage rapidement et comprend la ville gauloise de Condate située au pied de la Croix-Rousse. Au fur et à mesure que la ville s’étend, elle déborde sur l’île de Canabae (en particulier les quartiers artisanaux et commerciaux) et sur la colline de Fourvière (centre administratif et religieux). Cette implantation au sommet n’est possible que dans une seconde phase, grâce à la maîtrise des techniques hydrauliques permettant à l’aqueduc du Gier d’amener l’eau dans la citadelle. La fin de l’Empire romain d’Occident met fin à cet urbanisme: Lyon se rétrécit pour ne plus être qu’une petite ville concentrée sur les bords de la Saône, autour des églises et des cimetières.

De cette concentration linéaire entre la Saône et la colline naît progressivement l’urbanisme des traboules, caractéristique de Lyon. Ce sont les évêques et les archevêques qui élèvent Lyon: soucieux de montrer le sentiment religieux, ils construisent et restaurent la future cathédrale, la clôturent, la dotent d’un scriptorium. Parallèlement, les abbayes se développent (Ainay, Île Barbe, Saint-Pierre). La ville s’est développée pendant la renaissance carolingienne, puis végétalisée à nouveau.

Sa situation privilégiée de confluence et de ville frontalière lui a de nouveau valu un sujet d’intérêt et même de convoitise de la part des grandes puissances du Moyen Âge central (roi de France, empereur germanique et pape), ainsi que des seigneurs locaux. (Forez et Beaujeu). La ville est donc fortifiée autour d’édifices religieux, principalement la cathédrale qui est entièrement reconstruite, mais aussi à Saint-Just ou à Ainay. Des ponts commencent également à traverser la Saône. La traversée du Rhône est également tentée, mais les ponts de bois successifs sont détruits par les inondations à plusieurs reprises, jusqu’à la mise en place d’un pont de pierre bien plus tard.

L’intégration en France est douloureuse au début; puis la faveur royale, au début de la Renaissance (foires, soie), contribue au développement de la ville, donc la croissance démographique est très forte au 16 siècle elle s’est d’abord densifiée sur la presqu’île et le Vieux Lyon, puis déborde, principalement en direction de Croix-Rousse. Les projets royaux sous absolutisme visent à organiser solennellement l’espace central de la péninsule: des avenues et des places sont créées et décorées, le sud de la péninsule est définitivement nettoyé et viabilisé. La ville, qui atteignait 150 000 habitants à la veille de la Révolution, est très fortement touchée par les troubles révolutionnaires et ne se remet que lentement.

C’est le deuxième âge d’or de la soie qui est à l’origine de la croissance lyonnaise: la Croix-Rousse se développe et, surtout, la rive gauche du Rhône, enfin asséchée, assainie et endiguée, est sillonnée de rues et d’immeubles. Le chemin de fer s’est établi à Perrache puis sur la rive gauche. La croissance, assez spontanée pour démarrer, est de plus en plus encadrée à la fin du 19ème et au début du 20 siècle, avec des opérations de développement majeures de la péninsule, des théories du quartier ouvrier de Tony Garnier, des rénovations urbaines entreprises ou prévues dans les quartiers les plus anciens. Ces rénovations, qui se sont poursuivies au début de l’après-guerre, étaient parfois excessives, visant à détruire un ancien patrimoine et à le remplacer par des quartiers «fonctionnels».

Une prise de conscience de la valeur patrimoniale des quartiers anciens caractérise la fin du 20 siècle, renforcée par l’inscription au patrimoine mondial du Vieux Lyon et de la presqu’île. Parallèlement, l’urbanisme a été repris par la collectivité, et principalement par l’intercommunalité qui a repris les prérogatives les plus larges en tant que département en 2015, la métropole lyonnaise.

Pendant l’Antiquité
A l’époque gallo-romaine, la ville actuelle de Lyon est divisée en trois quartiers distincts: le premier est la ville romaine de Lugdunum, le second est le faubourg gaulois de Condate, correspondant aux premiers versants de la Croix-Rousse; le troisième est l’île ou la presqu’île occupant l’emplacement du courant du IIe arrondissement.

La ville romaine
La ville romaine de Lugdunum a été fondée en 43 avant JC. AD par Lucius Munatius Plancus. A ses débuts, la cité romaine était située avant tout sur la rive droite de la Saône, au pied de la colline, à l’emplacement de l’actuel quartier du Vieux Lyon. La raison est simple: les premiers aqueducs alimentant la colline de Fourvière, monts d’Or, d’Yzeron et de Brévenne, franchissent à peine le seuil du Trion, et a fortiori, n’atteignent pas le sommet de la colline. « La partie la plus élevée n’était, pour ainsi dire, pas habitée à cette époque ».

En 65, Lugdunum est victime d’un terrible incendie. Sénèque précise: «On a assez souvent vu des villes endommagées par le feu, mais jamais tant qu’il ne reste quelque vestige de ce qu’elles étaient avant … Après cela, qui croirait que tant de palais capables d’embellir plusieurs villes? Ont pu disparaître. du jour au lendemain… Lyon, que nous avions l’habitude de montrer en Gaule comme l’un de ses plus beaux ornements, est désormais recherchée et disparue ». L’historien lyonnais André Steyert estimait, en 1895, que l’auteur avait utilisé des hyperboles et des exagérations rhétoriques: « L’incendie s’est propagé dans la ville basse, s’est étendu sur les flancs de la colline, mais n’a pas atteint la partie la plus élevée ». Les fouilles de la ville haute n’ont montré aucune trace d’incendie dans les couches stratigraphiques,

Après l’incendie et la reconstruction de la ville, le point culminant du site de l’aqueduc du Gier, dans lequel la technologie du siphon est suffisamment développée pour que l’eau atteigne le site actuel de La Sarra, permet de configurer différemment la ville romaine, qui est construite à le sommet de la colline de Fourvière, comprenant l’actuelle basilique, le cimetière de Loyasse, le parc des Hauteurs, le sanctuaire de Cybèle, etc. Lugdunum atteint son apogée à cette époque (sous les Antonins, entre 96 et 192 environ): elle comptait alors entre 50 000 et 80 000 habitants. La Saône est alors le tronçon majeur de la région lyonnaise, séparant la cité des patriciens (Fourvière et Vieux Lyon) de celle du peuple (Condate et Canabae).

La ville haute
L’existence d’une enceinte encerclant la ville haute n’est pas attestée. Son érection est restée un privilège accordé à une ville par l’empereur romain, phénomène plutôt rare en Gaule. L’apport archéologique est réduit: en 1957, des travaux à l’est de la place de l’Abbé-Larue mettent au jour un élément de mur et la base d’une tour, et en 1968, dans la partie nord de ce lieu, près de la rue des Farges, les vestiges d’un ancien mur rectiligne de 1,80 m de large et 41 m de long ont été mis au jour. Amable Audin interprète ces vestiges comme étant ceux de l’enceinte romaine: «Le cardo monte jusqu’au mur de l’enceinte qui. Cependant, aucune épigraphe ni aucun texte ne corrobore cette hypothèse et il peut tout aussi bien s’agir d’un mur de soutènement.

Le forum, centre de la vie publique, était situé sous l’actuelle esplanade située en face de la basilique Notre-Dame de Fourvière. Elle était entourée du Temple du Capitole, à l’emplacement de l’actuelle basilique; la curie, lieu des délibérations municipales, et la basilique, celle des délibérations judiciaires, dont les emplacements ne sont pas connus avec exactitude; enfin, le palais impérial, qui aurait été situé à l’extrémité nord-est du plateau (au nord de la basilique, près de la tour métallique des télécommunications) selon les archéologues.

La structure urbaine de cet ensemble est conforme à ce qui se fait ailleurs dans l’Empire: des rues orthogonales orientées selon les points cardinaux, autour d’un cardo et d’un décumanus. Plusieurs rues actuelles ont conservé le tracé exact de la voie romaine sur le lieu de leur construction: c’est notamment le cas de la rue Roger-Radisson, de la rue Cléber et de la montée de Fourvière. Selon Amable Audin, le decumanus peut être identifié à l’actuelle rue Cléber; des fouilles récentes tendent plutôt à montrer qu’il s’agit de l’actuelle rue Roger-Radisson.

La piste traverse le plateau dans une diagonale de 12 m de large dont le dallage est constitué de gros blocs de granit remarquablement assemblés. Cette rue mène, au nord-ouest de la ville, à un temple, identifié par les fouilles du Clos du Verbe Incarné, comme le sanctuaire municipal du culte impérial de Lugdunum où est découvert le podium du temple de Jupiter. Au sud du decumanus, la capacité du théâtre est passée de 4 500 à 10 700 sièges sous l’empereur Hadrien. Vers 160, un odeon de 3000 places a été ajouté au théâtre, consacré à la musique.

Le cirque aurait été situé, selon Amable Audin, dans le fossé du Trion, suffisamment plat pour abriter cette structure, probablement construite en bois compte tenu de l’absence de tout vestige. La proximité des nécropoles renforce cette supposition, car les jeux du cirque et de la mort sont souvent liés dans la Rome antique. Le seuil de Trion est aussi le lieu où passaient les quatre aqueducs de Lyon: trois d’entre eux (par ordre chronologique, les Monts d’Or, Yzeron et Brévenne) venaient de l’ouest, franchissaient le seuil et se déversaient dans des réservoirs situés à proximité (Minimes) . Le quatrième, celui du Gier, venu du sud (colline de Sainte-Foy), franchit le seuil de Sion pour remonter vers Fourvière, où fut construit le réservoir principal de la ville.

La ville de Condate
La ville de Condate tire son nom du latin qui signifie confluence. Cette ville était la partie « native » de l’ancien Lyon. En tant que tel, il est beaucoup plus ancien que Lugdunum, et des fouilles ont contribué à en faire remonter les origines au IX ou VIII siècle avant JC. UN D. Cependant, certaines études contestent la nécessité d’un règlement plus tôt sur le Condate.

Outre la présence (possible et encore incertaine) du premier confluent du Rhône et de la Saône à proximité, le quartier de Condate présentait une autre différence topographique avec la ville actuelle. Les travaux de la rue Terme ont abaissé la falaise surplombant la place Sathonay d’environ neuf mètres; auparavant, il faisait une quinzaine de mètres de haut. La présence d’un pont ou d’un gué traversant la Saône n’est toujours pas prouvée, même si c’est possible.

Le quartier concentre plusieurs installations gallo-romaines, la plus célèbre étant l’Amphithéâtre des Trois Gaulois, inauguré en l’an 12 avant Jésus-Christ. La localisation de ce dernier a fait l’objet de multiples hypothèses l’ayant placé à Saint-Jean, Ainay ou à la place du théâtre. L’identification définitive de l’amphithéâtre avec les ruines de la rue des Tables-Claudiennes n’a été faite qu’en 1958. Ces ruines étaient identifiées depuis 1820, mais la présence de l’euripe avait conduit à tort François Artaud à croire qu’il s’agissait d’un engin d’inondation destiné pour organiser la naumachie. En revanche, l’amphithéâtre, creusé au nord dans la colline sud a été construit sur une haute rive artificielle de plus de vingt mètres, qui devait s’appuyer sur la terrasse avec une falaise ci-dessus mentionnée était la fin.

Les bains étaient situés sur le site actuel de Sathonay, sans savoir s’il s’agissait d’un établissement public ou aménager une maison riche. Le quartier était centré autour de l’autel du culte impérial, entouré de quatre hautes colonnes surmontées de statues représentant des victoires militaires. La partie la plus dense de cette ville gauloise se situait entre l’actuelle rue du Jardin des Plantes et Constantine. Il n’y a aucune raison de croire que ce quartier a été alimenté en eau potable par l’un des quatre aqueducs menant à Fourvière. Mais rien ne prouve l’existence d’un aqueduc dit «de Cordieu», venant de la Dombes, comme le suggère Camille Germain de Montauzan.

L’artisanat se développe dans ce quartier: des fouilles à Grande-Côte et à Saint-Vincent ont mis au jour au moins sept ateliers de potiers, ainsi qu’un de verrerie.

A partir du milieu du IIIe siècle, cette zone est lentement abandonnée. Les fragments trouvés dans la montée de la Grande Côte lors des fouilles de 1985 suggèrent l’existence d’un mur entourant le village, grand appareil assemblé du IIIe siècle, et dont les pierres proviennent probablement soit de l’amphithéâtre, soit peut-être du sanctuaire, tous deux tombés en désuétude à ce temps.

Île de Canabae
L’île Canabae, correspondant à peu près à la partie centrale de la péninsule actuelle, était une zone résidentielle et commerciale, probablement construite au I siècle, bien que le terme n’apparaisse qu’au IIe siècle. Elle était séparée en deux parties: le nord de l’actuelle rue Sainte-Hélène était plus artisanal et commercial, le sud plus résidentiel. C’est dans ce quartier que se trouvaient les principaux entrepôts de vin, de blé et d’huile pour la population locale ou pour le commerce.

Au moyen Âge

Le resserrement de la ville
Avec le déclin de l’Empire romain, précipité par les invasions barbares, Lyon, de la grande métropole d’échange qu’elle était, redevint une petite ville. La ville est réduite, de l’effondrement de l’Empire romain, aux deux rives de la Saône. Ainsi, de nombreuses parties de la ville romaine sont vidées de leurs habitants, notamment Fourvière, ou les quartiers autour des places actuelles de la Bourse, de la République ou des Terreaux. L’occupation humaine se poursuit cependant dans le secteur de la place des Célestins et de l’église Saint-Nizier. L’espace urbain devient rural; la fonction principale des routes préservées est de desservir les zones agricoles, principalement les vignobles de la colline de Fourvière, mais aussi de garder l’accès aux ruines, utilisées comme carrières de pierres.

L’une des principales raisons de la désertion des hauts lieux est le dysfonctionnement rapide des aqueducs romains. En effet, ceux de Lyon sont particulièrement techniques, comprenant tous des siphons. Ces derniers sont en plomb, un matériau très prisé des pillards. La disparition du cadre juridique romain lève les interdictions très sévères imposées à la protection des ouvrages destinés à l’alimentation en eau potable. L’invasion sarrasine de 725 acheva la destruction de ces ouvrages.

Recentrage sur les édifices religieux

Le pomérium est donc réduit autour des pôles formés par les églises et surtout par les cimetières attenants. La cité du Haut Moyen Âge est ainsi réduite, du Nord au Sud, de Saint-Paul à Saint-Georges, et en profondeur à quelques centaines de mètres au plus de la Saône. Félix Benoît date de cette époque l’apparition de ce qui deviendra la forme caractéristique de l’urbanisme lyonnais, la traboule. En effet, les bâtiments s’étendent le plus possible parallèlement à la Saône, l’accès à cette dernière étant obstrué pour tous les habitants pas directement surplombant la rivière. La densification intervient plus tard au Moyen Âge: derrière chaque bâtiment donnant sur le chemin, un autre est construit, donnant sur la cour. Il n’est accessible que par le passage. Les rues transversales étant très peu nombreuses,

La ville du IXe siècle est réduite aux institutions ecclésiastiques et à leurs dépendances. De plus, non seulement l’espace central est beaucoup plus petit, mais il est mal urbanisé. Les tenures des deux grands propriétaires ecclésiastiques du centre-ville (chapitre cathédrale et paroisse Saint-Paul) sont occupées respectivement à soixante et cinquante pour cent au début du IXe siècle. À cette date, le nombre total de tenures dans la ville était de 1 144. Il est donc possible, en extrapolant les données démographiques de l’époque, d’estimer la population lyonnaise de ce siècle à seulement 1 500 habitants, dont environ 800 à 1 000 laïcs.

En 840, un glissement de terrain emporta le forum romain et dispersa ses restes dans l’actuel jardin du Rosaire, sous la basilique de Fourvière. La faible croissance commence au XI siècle, avant de s’élargir entre 1180 et 1230, après quoi la ville stagne jusqu’au 16 siècle.

Un autre du resserrement de la ville est la perte d’influence politique: alors que Lyon, capitale de la Bourgogne, rayonne encore dans toutes les directions, le Lyonnais du Moyen Âge central ne s’étend qu’à l’ouest. Au nord, après l’actuel boulevard de la Croix-Rousse, commence La Bresse; à l’est, la rive gauche du Rhône se situe dans le Dauphiné. La ville de Lyon est une ville frontalière, dont le rayonnement urbain est entravé.

La structure urbaine au Moyen Âge central
Au Moyen Âge comme à la Renaissance, la Saône est le véritable axe majeur de la ville. Artère commerciale, artisanale, source d’eau et d’énergie hydraulique, lieu de divertissement, elle est bordée de grèves qui sont progressivement aménagées et pavées. Au contraire, le Rhône, fleuve au cours violent et imprévisible, reste quasiment épargné par les aménagements. Deux quartiers distincts se développent sur la rive droite de la Saône. Le premier, situé au bord de la Saône, correspond à l’actuel Vieux Lyon. Elle est entourée d’un mur d’enceinte, dans lequel l’entrée de la ville se fait au sud (par la porte Saint-Georges) et au nord par celle de Bourgneuf. Entre 1180 et 1230, au moment où débute la construction de l’actuelle primauté, la ville connaît une forte croissance démographique.

Au 13 siècle, la population de la ville croît franchement. Cela se voit dans plusieurs indications indirectes, les sources écrites ne permettant pas de quantifier le phénomène. En premier lieu, l’extension des bâtiments urbains dépasse largement les nécessités d’un simple accroissement naturel des habitants de la ville. De plus, le nombre d’hôpitaux a fortement augmenté, passant de cinq à douze au cours du siècle. Un autre indice de l’augmentation de la population est la mise en place d’un grand nombre de couvents de nouvelles commandes qui accompagnent les limites de l’urbanisation (en particulier pour les ordres mendiants). Enfin, et même si sa construction est sujette à de nombreuses incertitudes, le pont sur le Rhône est sans aucun doute un facteur de développement. Par ailleurs, le pont de la Saône et les fortifications qui lui sont associées sont également le marqueur d’un nouveau développement.

Or, au moment du rattachement de la ville au royaume de France (1312), Lyon n’aurait été qu’une petite agglomération de 3300 incendies, comme le précise l’Avisamenta destiné à quantifier les réparations dues par le roi. à l’archevêque pour les déprédations commises lors du siège de Lyon. Le document doit cependant être considéré avec prudence: il est très biaisé car il cherche à minimiser ces réparations. De plus, il suit et répond à un autre document, émanant de l’archevêque, qui au contraire maximise les torts subis par la ville.

L’urbanisation de Lyon au Moyen Âge central répond à une certaine logique, même si elle n’apparaît pas à première vue. A l’instar de ce qui a été fait à Florence quelques années plus tard sous la houlette d’Arnolfo di Cambio, il s’agissait pour Lyon de constituer un tissu urbain planifié relativement régulier, avec des parcelles de tailles assez similaires (même si nous verrons qu’un un allongement progressif des parcelles a lieu). Le tissu urbain établi vers 1230 n’a guère changé pendant trois siècles par la suite. En revanche, à l’intérieur de ce cadre fixe, une densification du cadre est perceptible.

Centre-ville: l’actuel Vieux Lyon
Au moment où débutent les travaux de la nouvelle cathédrale Saint-Jean, Mgr Guichard de Pontigny fait fortifier le quartier qui comprend, outre la cathédrale, les églises Saint-Étienne et Sainte-Croix, ainsi que l’actuelle école de chorale. . Le cloître de la cathédrale, un quadrilatère d’environ deux cents mètres de côté, est entouré d’un mur de plus de deux mètres d’épaisseur pour se protéger des attaques telles que celles menées par le comte de Forez Guigues II en 1162.

Cette muraille est bordée d’une enceinte qui comprend l’église Saint-Paul au nord (mais pas le château de Pierre Scize), au sud Saint-Georges, et qui grimpe les pentes de Fourvière en traversant la montée du Gourguillon, en passant sous la terrasse de l’Antiquaille et à travers le jardin du Rosaire. Il repose en partie sur des éléments structurels datant de l’Antiquité. La création d’un bâtiment continu dans tout le Vieux Lyon date des années 1180-1230. C’est principalement le résultat de la politique de l’archevêque ou du chapitre de la cathédrale.

Ce quartier est, comme aujourd’hui, divisé en trois villes de taille inégale, chacune construite autour d’une église ou d’un ensemble d’églises: la plus petite, au sud, est la ville de Saint-Georges, autour de son église. Au nord, autour de l’église éponyme, le quartier Saint-Paul est en construction. Enfin, au centre, le quartier Saint-Jean s’est construit autour de l’ensemble cathédral, et notamment autour de la primatiale, dont la construction dura de 1170 jusqu’à environ 1435.

Le village de Trion

Le deuxième arrondissement de la rive droite est situé sur la colline, au niveau du seuil du Trion, et comprend les quartiers de Saint-Just et Saint-Irénée, également entourés d’un mur. Deux petits éléments se détachent visuellement, mais ne conduisent alors à aucun noyau de population: le sommet de la colline de Fourvière, avec la chapelle Saint-Thomas, d’une part, et d’autre part le château de Pierre Scize. Aucune preuve archéologique ne peut attester de la présence d’une enceinte. En revanche, les sources médiévales évoquent un « château de Saint-Just ». Cette clôture a en tout cas soit été justifiée par une urbanisation croissante du secteur, soit permis cette urbanisation indéniable.

La péninsule

Le troisième arrondissement de Lyon est la presqu’île, barrée au nord par une clôture (« clausura ») percée d’une porte (Saint-Marcel). Cette enceinte a été construite principalement par l’archevêque Jean de Cantorbéry à la fin du XII siècle. Cette clôture fut remplacée après les événements de 1269-1270: le rempart dit «mur des terreaux» fut alors construit pour protéger la ville des assauts du nord mais aussi pour protéger les citoyens des appétits du chapitre. Ce mur, dont la pérennité était incertaine, est renforcé par l’arrivée du gardien imposé par le roi de France, qui, dans l’intérêt de son maître, retourne la population contre les autorités ecclésiastiques. Ce mur de Terreaux étant situé plus au sud que l’enceinte préexistante, les abords de la ville sont réduits, cas extrêmement rare au Moyen Âge;

Elle s’articule autour de l’église Notre-Dame de la Platière, que Leidrade nomme dans ses chroniques «église Sainte-Marie». La place de la Platière (plateau, plateria) fait face à celle de la Douane ou Saônerie (Saoneria, Salneria), située sur la rive droite, de l’autre côté du pont (aujourd’hui Pont au Change). Comme dans l’ancien Lugdunum, la ville est coupée entre le quartier religieux, centre du pouvoir, sur la rive droite du fleuve, et la péninsule, marchande et populaire. L’urbanisation de la presqu’île est en partie due à des actions ecclésiastiques (archevêque, chapitres et surtout les abbayes Saint-Pierre et Ainay), mais aussi à la bourgeoisie, dont les noms des rues suivantes témoignent: les noms rue « Ponce Olard », « de Fuers », « Grôlée » montrent que les grandes familles bourgeoises,

L’urbanisation, abritée par la clôture qui barre la presqu’île au nord et la sépare des coteaux de la Croix-Rousse, s’est développée en cinq étapes: d’abord, vers 1180, un premier lotissement est créé au sud de l’église Saint-Nizier, dont la rue Les Poulailleries, du Bois et Grenette, qui desservent des parcelles étroites (cinq mètres de large en moyenne), assez profondes (une vingtaine de mètres) mais non traversantes. Dans un second temps, probablement vers 1183-1185, en même temps que la pose du premier pont sur le Rhône, le perçage, d’une part de la rue Mercière, d’autre part, rue Ferrandière, rue de la Boisserie,

Bonneveaux et la rue du Palais-Grillet, conduit à la création, sur les côtés de cette dernière, de lotissements un peu plus grands (6 × 25 mètres pour les parcelles faisant face à la rue Mercière). L’étape suivante, de 1190 et jusque vers 1200, est celle de l’exutoire des rues sur le Rhône, notamment la rue du Puits-Pelu et celle de la Boisserie. Si les subdivisions créées le long du premier sont sensiblement équivalentes à celles des phases précédentes, celles attenantes à la rue de la Boisserie sont plus larges (sept mètres) et surtout beaucoup plus profondes (environ quarante mètres). Puis, vers 1220-1230, vient la phase d’urbanisation de l’espace entre la rue Mercière, Bourgchanin et la rue du Port-du-Temple au sud et à l’ouest, le Rhône à l’est et l’urbanisation préexistante au nord. Ces lotissements, larges de cinq à sept mètres,

Enfin se déroule une phase de réalisation de la grille qui s’est ainsi créée sur un demi-siècle; Les rues des Etableries, Quatre-Chapeaux, Grenouille et Alms sont percées. La grille moyenne des îlots est un carré d’une quarantaine de mètres de côté. Les rues secondaires mènent ensuite aux rues principales par des porches aménagés sous les maisons riveraines. La grille moyenne des îlots est un carré d’une quarantaine de mètres de côté. Les rues secondaires mènent ensuite aux rues principales par des porches aménagés sous les maisons riveraines. La grille moyenne des îlots est un carré d’une quarantaine de mètres de côté. Les rues secondaires mènent ensuite aux rues principales par des porches créés sous les maisons riveraines.

Seules les rives des cours d’eau sont encore relativement épargnées par l’urbanisation. En effet, outre les droits de passage qui leur sont liés, ces banques sont la propriété légale du seigneur. Le taureau d’or définit la propriété exclusive («investizon») de tout bâtiment situé «au bord des rivières» comme étant celle du seigneur, du comte ou de l’archevêque. Ces berges sont enquêtées au début du 13 siècle, avec de nombreux permis de construire, des règles d’inaptitude ou de démolition jugées bâtiments gênants.

Limites de la ville
La limite de l’extension de l’urbanisation au cours du 13 siècle est faite d’abord par les ordres des chevaliers (les Templiers déménagent à l’emplacement actuel du Théâtre des Célestins), puis dans un second temps, plus systématiquement, par les couvents des ordres mendiants qui s’établissent ensuite à Lyon. Les Jacobins (dominicains) s’installent en 1218-1219 sur la Montée du Gourguillon, puis vers 1231-1232 dans le quartier qui porte leur nom, dans un couvent d’environ quatre hectares. Les Cordeliers (franciscains) arrivèrent en 1220 et occupèrent un espace d’environ 1,4 hectare sur le site de l’actuel quartier éponyme. Les colonies suivantes étaient nécessairement plus au nord, la place ayant déjà été prise au sud: les carmélites arrivèrent en 1291, les Clarisses du désert avant 1296, et enfin les Augustins en 1301.

En 1346, alors que la France était au milieu de la guerre de Cent Ans, un projet de nouvelle enceinte est lancé; il aurait mesuré environ 3 500 mètres et, cette fois, serait passé au sommet des collines dominant la ville de l’époque. L’enceinte projetée passait approximativement à l’emplacement de l’actuel boulevard de la Croix-Rousse; sur la rive droite de la Saône, elle passait par le château de Pierre-Scize, contenait l’actuel cimetière de Loyasse ainsi que la ville de Trion, et rejoignait la Saône à peu près au même endroit que l’actuelle muraille de Fourvière, dans le au milieu du quai Fulchiron.

Cet ouvrage imposant était trop ambitieux pour une ville de cette taille, qui a dû renoncer totalement à la construire faute de financement, peste noire qui a frappé Lyon en 1351. Seuls 1 600 mètres, soit environ 45% du projet, ont été construit. Au nord, les seuls travaux réalisés sont le fossé de la Croix-Rousse, qui est réutilisé dans la construction des murs de 1512. Sur la colline de Fourvière, le mur est construit mais, au lieu d’englober le village de Trion, il s’appuie sur l’ancien mur de celui-ci pour isoler le village des murs de la ville. Cette exclusion de Saint-Just et Saint-Irénée du reste de la ville a été très mal vécue par les autorités ecclésiastiques, bien implantées dans ces quartiers, et qui ont également financé entre un sixième et un tiers du projet.

Les traversées de rivières
Le Moyen Âge est aussi l’époque de la construction des ponts. Si la Saône, rivière au régime régulier et relativement pacifique, a été traversée depuis l’Antiquité sur des passerelles et des ponts – le principal point de passage restant cependant le pont situé à l’emplacement de l’actuel pont Bonaparte – il n’en est pas de même pas vrai de la traversée du Rhône: le fleuve, qui a un régime quasi plat, est soumis à de violentes crues; les différents ponts de bois construits ne peuvent y résister. De plus, les fluctuations du fleuve modifient rapidement les rives, qui ne sont pas figées avant le XVIIIe siècle: des créments se créent sur la rive droite du Rhône et agrandissent progressivement la presqu’île, tandis que la rive gauche est érodée et parcourue par des solitaires. Les deux rives de la Saône, quant à elles, sont des zones de dépôt. Ainsi, à droite de Saint-Nizier,

L’installation d’un pont de pierre n’est possible que dans la mesure où Mgr Pierre de Savoie confie sa construction aux cisterciens de l’abbaye de Hautecombe puis de Chassagne.

De la Renaissance à la Révolution

Croissance démographique et spatiale de la ville
Au milieu du 15 siècle, Lyon est l’une des villes les plus peuplées d’Europe. Elle comptait alors trente-six districts, dont chacun avait une spécialité commerciale. La prospérité économique de la ville, due notamment aux quatre foires annuelles accordées par Louis XI, l’installation de nombreux banquiers italiens, le développement de l’imprimerie et le lancement de l’industrie de la soie, ont conduit à une augmentation démographique importante.

A partir du creux démographique des années 1430-1440, la population lyonnaise ne cesse de croître. Arthur Kleinclausz estimait que la ville comptait 25 000 habitants au milieu du 15 siècle. La croissance était alors forte, pour atteindre environ 35 000 1520 et entre 60 000 et 75 000 au milieu du 16 siècle. Cette augmentation est principalement due à l’immigration de Savoie, Dauphiné et Bourgogne. La ville s’étend surtout vers la Croix-Rousse, grâce à la nouvelle muraille construite sous François Ier.

Au pied des pentes de Fourvière, la ville fermée par le cloître des chanoines a été ouverte de force par le baron des Adrets, qui a fait tomber leurs murs en 1562. Le capitaine protestant ne se contente pas de détruire ce cloître: il détruit également les fortifications du château de Saint-Just, et il retrace la montée actuelle du Chemin-Neuf entre les deux quartiers. Sur la presqu’île, plusieurs cimetières de couvents ou d’églises ont été transformés en lieux: celui des Jacobins en 1562 (place des Jacobins), des Cordeliers en 1567 ou de l’église Saint-Nizier en 1593.

L’actuelle place Bellecour est un terrain militaire plusieurs fois réaménagé. Au pied des coteaux de la Croix-Rousse, l’ancien fossé des terreaux a été comblé, pour permettre l’expansion urbaine en bas de colline. Des transformations s’opèrent également dans la localisation des activités urbaines. Le principal marché aux bestiaux, situé jusqu’au 1490 rue Juiverie, au cœur du quartier d’affaires alors en expansion, a été déplacé vers la place de la Croix-de-Colle. De même, le marché aux porcs a été éloigné en 1513 du centre pour être installé dans les fossés de la Lanterne. Ces changements, entre autres, reflètent une volonté municipale de pousser les activités polluantes vers la périphérie, de permettre au centre-ville de se concentrer sur sa fonction résidentielle et de limiter les causes de maladie.

Il est difficile d’avoir une vue d’ensemble de la morphologie des maisons de cette période, très peu d’entre elles ayant été conservées. En règle générale, ils sont étroits, entre cinq et six mètres, et profonds, jusqu’à vingt mètres; ils ont généralement deux étages. Il peut être relié à un deuxième bâtiment à l’arrière, relié au premier par des galeries à chaque étage, elles-mêmes accessibles par un escalier à vis. A côté de ces hôtels particuliers communs, de nombreuses demeures somptueuses sont construites à partir du 15 siècle comme la maison de la Rose, rue des marchands, propriété du conseiller Ennemond Syvrieu puis de Jacques Coeur. Mais c’est au XVIe siècle que les plus grands hôtels particuliers avec des éléments Renaissance ont été construits.

Une grande surface formes de caractéristiques de la Renaissance
Portée par un enrichissement soutenu, la ville se développe et se reconstruit sans cesse. Sa morphologie générale ne bouge pas beaucoup; il ne s’étale pas, il devient plus dense. Les jardins sont progressivement réduits, les maisons sont reconstruites sur place avec quelques étages supplémentaires. Mais le sud de la péninsule ainsi que les pentes des collines ne s’urbanisent pas. Le consulat, confronté à la transformation des fonctions et à l’importance socio-économique de leur ville, tente d’adapter un urbanisme encore typiquement médiéval au début de cette période (rues étroites, peu de lieux publics, quartiers homogènes entre eux) à de nouveaux les fonctions. Pendant les 150 ans de la Renaissance lyonnaise, les élites de la ville parviennent à la faire évoluer largement; les quartiers deviennent individuels et se spécialisent, des places apparaissent,

Morphologie des bâtiments civils
L’augmentation du nombre d’habitants par maison est concomitante avec le boom économique à partir de 1460. La rive droite de la Saône, en particulier, amorce un mouvement de destruction de bâtiments anciens pour reconstruire plus haut et plus riche. Les superficies encore cultivées disparaissent à cette époque, et au cours du 16 siècle, toutes les habitations susceptibles d’être élevées, le sont. Jusqu’aux années 1500, les architectures sont d’inspiration gothique, pour évoluer ensuite dans un mélange confus où se mêlent toutes sortes de styles. La richesse de la ville permet aux bâtisseurs de renouveler l’art gothique des bâtiments, sans que le style Renaissance n’arrive à s’imposer. C’est de cette densification intense que naissent les traboules, les routes privées devenant par la force des choses des routes semi-publiques, mais avec un statut toujours ambigu, que prennent les piétons, forcé par l’étroitesse des voies et leur encombrement à trouver des passages. différent.

Une des particularités étonnantes de l’urbanisme lyonnais de cette période est que, malgré l’influence architecturale italienne et la facilité d’approvisionnement en eau, aucune fontaine monumentale n’a été construite. Les seuls points d’eau disponibles sont des puits. De même, le décor urbain est très limité: certaines statues furent érigées à cette époque, il faudra attendre les grands travaux du 17 siècle pour voir la création du premier bâtiment décoratif une pyramide érigée place des Cordeliers en 1609 en l’honneur du Roi et la Trinité.

Les quartiers de la ville
A la fin du 15 siècle, les deux parties les plus densément peuplées sont la rive droite de la Saône, sur la presqu’île, une urbaine et bourgeoise correspondant à la rue des marchands (via mercatoria) de l’époque, qui partait du pont. sur la Saône jusqu’à celle sur le Rhône, en longue ligne transversale. Entreprises, commerces et nations étrangères sont fortement regroupés dans des quartiers ou des rues, signe d’une solide organisation du corps social lyonnais.

Saint-Georges
A la Renaissance, le quartier Saint-Georges était un quartier pauvre, peuplé d’affaneurs, de pêcheurs, de maçons, de tisserands et de réveyrans (constructeurs de bateaux). Ce quartier, qui n’attire jamais les notables, et pourtant habité par le Bellièvre (Pomponne de Bellièvre et sa famille) et la Commanderie de l’Ordre de Malte.

À la fin du 15 siècle, l’église Saint-Georges est restaurée. En 1492, l’hôtel de la Commanderie de l’Ordre de Malte est construit non loin par Humbert de Beauvoir et il en profite pour restaurer l’église Saint-Georges. Il fait refaire le fond du choeur et embellit l’ensemble du bâtiment. Il a apposé ses armes dans l’église ainsi que celles de l’Ordre.

Saint-Jean
Autour du Palais de Roanne et de la rue du Palais, la population est principalement composée de mercerie, de pelleteuses, d’apothicaires, de notaires, de changeurs de monnaie et de docteurs en droit. Ce quartier, avec la montée du pouvoir royal sur la ville représentée par le gardien, pousse les habitants les plus pauvres vers le sud. C’est autour du quartier canonique, de la porte Froc au nord, en passant par la rue de la Bombarde, le Gourguillon que l’on retrouve des pauvres, des affaneurs, des pêcheurs, des révérans. A la Renaissance, lorsque le château de Pierre-Scize est définitivement réquisitionné par le roi de France, l’archevêque Charles de Bourbond décide de regagner le palais intra-muros.

Il fait ensuite rénover lourdement le bâtiment pour le remettre au goût du jour, même s’il ne reste que peu de temps à Lyon. Les travaux sont réalisés vers 1466. Les modifications les plus importantes sont la réalisation d’un grand corps de bâtiment le long de la Saône, la construction d’une chapelle contre le chevet de la cathédrale et le revêtement de la rue des Estrées par une terrasse. De manière plus secondaire, il fit également construire une guérite sur la façade face à la rivière et une porte monumentale au nord-ouest, donnant sur la rue de l’Archevêché.

Saint-Paul, Pierre-Scize et Bourgneuf
Les quartiers de Pierre-Scize et Bourgneuf ont depuis longtemps des activités textiles concentrées. A la Renaissance, entre Saint-Paul et Saint-Christophe, les artisans d’armes, imprimeurs et libraires fleurissent. Le sud de la place Saint-Paul accueille également un bon nombre de changeurs de monnaie, d’orfèvres et de marchands d’origine piémontaise, florentine ou espagnole. Ce quartier, encore pauvre à la fin de la guerre de Cent Ans, a vu tout au long du 15 siècle la population s’enrichir et évoluer, les activités juniors disparaissant largement. Entre la rue Juiverie, au lieu du changement et Notre-Dame du Palais se trouve le cœur de la banque lyonnaise, et un centre commercial animé, dirigé par les Italiens et qui abrite des employés de toutes les nations européennes.

Le plateau de Fourvière
Le plateau de Fourvière est encore très clairsemé. Les pentes de la colline ne se subdivisent que le long des rues qui remontent au plateau, comme le Gourguillon ou le Chemin-Neuf, créés à cette époque. Les seuls établissements créés à cette époque sur les pentes de la colline étaient les résidences d’aristocrates; le plus connu est celui de Pierre Sala, devenu plus tard l’hôpital de l’Antiquaille.

Le nord de la presqu’île: Saint Nizier
Le quartier Saint-Nizier est le centre commercial du côté impérial de la ville. En face du quartier du Change, ce quartier rassemble principalement des riches. En son centre, l’église Saint-Nizier a été achevée à la fin du XVIe siècle. Tout autour de l’église, on trouve des pelleteuses, de la mercerie, des drapiers, des marchands et des notaires, entre les rues Vendrant, Longue et Mercière. Les grandes familles bourgeoises sont là, comme Humbert, Aynard de Varey et Humbert de Villeneuve; la rue Mercière concentre à elle seule le Maistre, Syvrieu et Thomassin. Dans le passage entre le 15 et le 16 siècle, il vit le commerce de tissus et fourrures, parcheminiers. Plus tard, de nombreux imprimeurs s’y sont installés. Cette bourgeoisie est agglomérée avec la noblesse, par l’achat de la seigneurie ou le service du roi. Il y a aussi des Milanais et des Allemands là-bas.

Ce quartier est limité au nord par la nouvelle muraille, construite à l’initiative de François Ier entre 1545 et 1550 par François de Mandon. Une tour de canon la termine à l’est, défendant la ville contre une invasion venant du bord du Rhône. À l’ouest, le fort Saint-Jean termine ce mur. Entre les deux, la clôture est fortifiée de quatre bastions carrés. Cela n’empêche pas la survie du mur du XIVe siècle jusqu’à la fin du XVIe. En 1650, ce mur, qualifié de «fossats», est remplacé par des rues et une esplanade (future place des Terreaux). Cette esplanade sert notamment aux exécutions capitales, notamment celles de Cinq-Mars et de Toi. C’est aussi le site d’un temple protestant éphémère, construit par le baron des Adrets.

En s’éloignant du cœur du quartier, on croise des rues où les artisans et les gens du commun vivent mieux qu’ailleurs, profitant des richesses des foires. Ainsi, les rues de la Pêcherie et de l’Erberie, majoritairement habitées par des pêcheurs, préparateurs et vendeurs de poisson, ne connaissent plus les pauvres. Mais d’autres quartiers proches sont encore habités par des personnes aux conditions modestes: aller vers le Rhône, ou redescendre vers Bellecour.

Le sud de la presqu’île: Ainay
Au sud de Bellecour, et surtout d’Ainay, se trouvent principalement des prairies, des vergers, puis des marais et des îles. La presqu’île est sanctuarisée par des couvents qui ont de vastes surfaces, destinées à la production agricole. A noter que le pont de pierre sur le Rhône, long de 270 mètres, a été achevé au début du XVIe siècle. Il remplace les nombreux ponts en bois construits au Moyen Âge pour traverser la rive gauche du fleuve.

Paradoxalement, la construction de ponts, que ce soit sur le Rhône ou sur la Saône, est la première étape d’un long processus de désaffection des Lyonnais envers les voies navigables. En effet, les ponts facilitant le transport d’une rive à l’autre, les ferries et les moderas (petits bateaux servant au transport de personnes) sont abandonnés; par conséquent, les porches des bateliers étant inutilisés, les grèves perdent leur fonction de lieu de passage.

Les pentes de Saint-Vincent
Les coteaux de l’actuelle Croix-Rousse, peu peuplés, se densifient pendant cette période, tout comme la rive gauche du Rhône.

Les grandes œuvres de l’absolutisme
A Lyon dans son lustre, Samuel Chappuzeau estime que la ville de Lyon, «si elle ne veut pas se disputer avec un Londres ou un Paris, prendre la hauteur de ses immeubles qui sont majoritairement élevés jusqu’à six étages, il y aurait trois Constantinople ou trois Caires les uns sur les autres « . La ville de Lyon, même en tenant compte des exagérations d’un auteur dithyrambique, était déjà à cette époque une grande ville.

Sous l’absolutisme, les premières grandes opérations d’aménagement urbain ont été menées à Lyon. Les premiers ne sont pas le fruit du pouvoir royal, mais lancés à l’initiative des communautés religieuses. Deux ponts sont construits sur la Saône vers 1635. L’initiative revient à l’ingénieur parisien Christophe Marie, entrepreneur général des ponts de France, qui est en train d’achever le Pont Neuf à cette époque. Le 7 septembre 1634, il conclut un accord avec le consulat pour construire un pont en bois reliant l’archevêché au sud de la péninsule (à l’emplacement de l’actuel pont Bonaparte); le chantier doit durer moins d’un an, puis le pont fera l’objet d’une concession de trente ans, avec fixation gratuite du tarif de passage par le gestionnaire.

En réalité, l’exécution est retardée: un acte du 5 janvier 1637 témoigne de la quasi-achèvement des travaux, que les voitures et les charrettes ne peuvent pourtant emprunter. Ce pont, à la mode de l’époque, était marchand, et supportait trente-deux magasins situés de part et d’autre du pont. Fort de ce premier succès, Christophe Marie proposa le 3 mars 1637 la construction d’une autre traversée de la Saône, reliant les banlieues industrieuses de Saint-Paul et de Saint-Vincent; le contrat est signé le 8 mai; néanmoins, ce deuxième site n’est pas bien accueilli par la population, en particulier les jongleurs dont les bateaux servent à traverser le fleuve, et qui craignent d’être ruinés par la construction du pont; de nombreuses dégradations et même des attaques contre les travailleurs ont lieu. L’achèvement de ce second travail n’a eu lieu qu’en 1641.

La place des Terreaux, bien qu’encore peu développée, a déjà été aménagée; il justifie la construction d’un nouveau pont (la future Passerelle Saint-Vincent). Plus au sud, Henri IV fit construire une promenade plantée de trois cents arbres, ainsi qu’un pont la desservant: en 1708, cette promenade fut construite par son petit-fils Louis 14, et prit le nom de place Louis-le-Grand: c’est la place actuelle Bellecour.

Les différents espaces aménagés (Jacobins et Cordeliers notamment) sont situés dans les seuls espaces qui restent disponibles dans le centre-ville, c’est-à-dire les cimetières. En revanche, les rues ne suivent pas un plan préconçu: elles sont soit parallèles, soit perpendiculaires aux deux rivières. Une certaine orthogonalité spontanée se dégage, mais les rues transversales se terminent rarement directement sur les quais. Près de l’abbaye d’Ainay, d’importants travaux de drainage et de confinement sont en cours, qui relient l’île sud à la presqu’île.

Les opérations royales sont plus nombreuses au XVIIIe siècle, avec la participation d’urbanistes de renom: Cotte, Soufflot, Perrache et Morand. Un premier projet d’aménagement du Sud de la Presqu’île, très monumental, a été proposé à la fin du XVIIe siècle par Jules Hardouin-Mansart, comprenant une ville administrative et un parc inspiré de celui de Versailles. Enfin, tout au long de cette période, plusieurs ponts sont jetés sur la Saône, qui en dénombre cinq à la veille de la Révolution. En revanche, le deuxième pont du Rhône ne fut lancé qu’en 1774.

C’est sous l’absolutisme que se fait la généralisation de la numérotation des maisons. Après une première tentative au 16 siècle, l’arrêté royal de 1768 prescrit la généralisation à des fins militaires (troupes résidentielles en déplacement).

Le dernier grand projet de l’Ancien Régime est le plus ambitieux. Il s’agit de détruire les murs de l’abbaye d’Ainay et de lancer des travaux majeurs qui rendront les marais et îlots du sud de la presqu’île praticables et prêts à l’urbanisation. Par ailleurs, les terres viables ainsi créées devraient permettre une amélioration de la route allant vers le Languedoc, et autoriser l’implantation de nombreux moulins hydrauliques sur les berges endiguées.

Les travaux, encadrés par Antoine Michel Perrache et Guillaume Delorme, et financés par la Compagnie des Intéressés aux Travaux du Midi à Lyon, débutent en 1771. Mais les erreurs de calcul entachent les progrès ainsi que l’hostilité des propriétaires craignant de voir la valeur du bien baisser avec cette nouvelle offre entravent le travail. Seule la digue soutenant la route, ainsi que le pont de la Mulatière, ont été construits. Face à ces difficultés, l’un des projets envisagés est de faire de cet espace un lieu réservé aux protestants ou aux juifs. À la mort de Perrache en 1779, les travaux furent abandonnés, l’entreprise devant plus de deux millions de livres de dettes. Le roi racheta la dette en devenant propriétaire du terrain en 1784, mais la Révolution porta le coup final aux travaux.

Les premiers plans topographiques de Lyon
La cartographie de Lyon, encore très fragmentée et timide, débute à la fin du 18 siècle, avec des relevés réalisés sous la direction d’André Ferrand (1714-1790).

Révolution et premier XIXe siècle: transition lyonnaise

Les changements pendant la Révolution française
A l’aube du nouveau siècle, Lyon sort de la tourmente révolutionnaire amoindrie. La ville a perdu au moins 20 000 habitants sous la Révolution, et sa population s’élevait à 94 000 selon le recensement de 1804. Le siège de Lyon a endommagé et incendié de nombreux quartiers. La plaine des Brotteaux est associée aux massacres de 1793. Sous le Premier Empire, la croissance démographique est forte, atteignant 121 000 habitants à Lyon en 1812.

Dans ces limites d’origine, de grands espaces ont été libérés sous la Révolution par la vente des biens du clergé. Ils sont rapidement construits au début du nouveau siècle. Les ouvriers qui travaillent la soie, devant s’équiper de très grands métiers neufs, migrent des quartiers Saint Jean et Saint Paul vers de nouveaux bâtiments, construits spécialement pour cette activité dans les années 1830 et 1840, sur la Croix-Rousse. comprenant.

Transformations topographiques
Alors que la plupart des vingt-huit arrondissements de 1746 portaient les noms de chapelles ou d’églises, la nomenclature de 1797 cherche à s’en débarrasser: les renominations renvoient à des éléments géographiques (Rhône et Saône, Midi) ou à des bâtiments ou institutions importants qui s’y trouvent (Monnaie, bibliothèque, marché de la toile, etc.). En l’an X (1802-1803), ces noms ont même été remplacés par des numérotations jugées plus rationnelles.

Plus anecdotique mais aussi plus proche de la vie de tous les habitants, les plaques de rue sont standardisées et standardisées selon le sens de la route par rapport aux deux rivières: celles qui nomment les rues parallèles aux rivières sont de forme ovale, celles qui désignent se croisent les rues (et souvent orthogonales) sont carrées. Le décret impérial de 1805 rendit la numérotation des maisons obligatoire à des fins fiscales; l’implantation à Lyon date de 1811.

Un projet éphémère capitale impériale
A l’initiative des élites de la ville, qui souhaitent transformer le sud de la presqu’île, un projet pour compléter l’œuvre de Perrache est à l’étude. A cet effet, les initiateurs du projet ont demandé à l’architecte senior Curten de produire, en 1805, un plan d’aménagement d’un vaste parc d’agrément. L’estimation des divers aménagements paysagers et hydrauliques du projet «à la chinoise» est estimée par M. Curten à 350 000 francs. Les travaux de Perrache s’étendent ainsi progressivement et la Ville achète le terrain en 1806.

Napoléon Ier prévoit à ce moment d’établir quatre sièges impériaux répartis sur le territoire. Il choisit Lyon suite à l’insistance de plusieurs notables de la ville qui lui proposèrent de lui offrir un grand terrain sur le confluent pour qu’il le réalise. Cette générosité s’explique bien sûr par les bénéfices attendus de l’installation d’un tel bâtiment dans la ville, mais aussi par l’importance du nivellement et de la sécurisation du site, trop considérable pour être réalisé par les élites locales sans soutien parisien.

Napoléon fait appel à l’architecte Pierre-François-Léonard Fontaine pour ce bâtiment, qui prépare deux propositions, l’une sur le site du confluent et l’autre à Sainte-Foy-lès-Lyon. Napoléon choisit celle de la confluence mais demanda une version plus simple que ce que l’architecte avait initialement prévu. Nous avons une description de ce projet fournie par l’intendant Pierre Daru. Les travaux ont commencé en 1810 et se sont poursuivis jusqu’en 1813, puis ont cessé en raison de la guerre. La commune conserve la ruelle et la place réalisée, qu’elle rétablit dans un plan de 1782. Le plan de Fontaine prévoyait la rue Victor Hugo, qui est tout de même réalisée entre 1817 et 1841.

La première moitié du 19 siècle, s’étendant au-delà du Rhône
Au cours du XIXe siècle, la ville de Lyon se transforme énormément. Le principal changement est d’ordre démographique: entre 1789 et 1914, la population est passée d’environ 150 000 à 460 000 habitants en 1914.

Au cours des années 1825 – 1850, l’évolution morphologique majeure de Lyon est le développement considérable et anarchique de la banlieue de la ville, sur la rive gauche du Rhône, des Brotteaux à la Guillotière. Une multitude d’industries se déploient dans cette zone et une importante population s’y installe. Cette croissance s’accompagne et revitalise par la mise en place du chemin de fer, et s’effectue malgré les menaces d’inondations. La banlieue lyonnaise passe de 18 294 habitants à 43 524 entre 1831 et 1851.

La représentation systématique de l’espace urbain
La première représentation cadastrale de Lyon date de 1835. Elle couvre, au 1/2000, 1 024 hectares, ce qui correspond au Vieux Lyon et à la Presqu’île, ainsi qu’à Vaise, Saint-Just, Saint-Irénée et La Guillotière. Les prélèvements sont effectués sous le contrôle de l’architecte en chef de la ville, Louis Flacheron.

Le transport et l’industrie, le développement moteur
L’un des changements les plus importants intervient en 1837, avec l’achèvement de la première ligne de chemin de fer sur le continent européen (la Ligne de Saint-Étienne à Lyon). A cette occasion, la première gare de Lyon a été construite, la gare du Bourbonnais. Le chemin de fer, compte tenu du projet de Jean de Lacroix-Laval de faire du sud de la Presqu’île un quartier industriel, est particulièrement bienvenu. 283 000 mètres carrés sont vendus à la compagnie ferroviaire. Après la loi du 11 juin 1842, de vives discussions eurent lieu sur le lieu d’implantation de la gare Paris-Lyon-Marseille, et c’est Perrache qui finit par être choisi.

Entre 1830 et 1855, huit ponts ont été construits sur la Saône, cinq sur le Rhône, mais tous sont payants (cinq centimes par exemple pour le pont de Morand), à l’exception du pont médiéval de la Guillotière. Ce n’est qu’en 1860 que les ponts du Rhône sont libérés, et en 1865 pour ceux de la Saône. Cette construction de ponts va de pair avec le remblai, notamment après les gigantesques crues de 1856. Placés jusqu’alors au même niveau, la ville et la rivière sont en escalier, le bas-port étant désormais dominé de plusieurs mètres par le quai protégé derrière la digue. Ces travaux ont également abouti à la consolidation du trafic dans le seul port Édouard-Herriot. La station d’eau de Vaise est abandonnée. Comme de nombreux autres espaces récupérés sur les terres instables bordant les cours d’eau, il s’est rapidement urbanisé.

La ville dans ses limites
Un anneau de fortifications a été construit à partir de 1831 et tout au long du 19 siècle, destiné à défendre la ville contre les attaques étrangères. Cette ambition diffère de celle qui, à Paris, pousse à la construction des murs pour délimiter l’espace de la ville et percevoir la concession; sa valeur technique et militaire est cependant très faible dans de nombreux secteurs, où il ne s’agit que d’un « parapet en terre avec un fossé plein d’eau ». En réalité, ce sont surtout les révoltes des canuts qui ont décidé les acteurs politiques et économiques de se soumettre aux exigences des militaires.

Cependant, les contraintes d’inconstructibilité qu’elle impose sont très mal perçues par les Lyonnais, et surtout par les industriels, qui y voient un frein à l’activité économique ainsi qu’une barrière inutile qui fige dans l’espace une métropole qui ne cesse de grandir. En théorie, les deux cent cinquante premiers mètres situés devant le mur représentent la «première zone», supposée non ædificandi; le second, également étendu, ne peut accueillir que des bâtiments temporaires; le troisième, deux fois plus grand, où les fossés et digues sont soumis à l’approbation de l’autorité militaire. Il y a tellement d’exceptions à ces règles sur la rive gauche et à la Croix-Rousse qu’elles deviennent plus courantes que la règle; sur la rive droite de la Saône, seule la première zone est respectée. De la même manière, à droite des forts, une zone vierge de toute construction est prévue du côté de la ville, mais avec de multiples exceptions. Ces manquements aux principes militaires de rupture empêchent la création, comme à Paris, d’un corridor non urbanisé entre la ville et sa banlieue.

Projets de portée limitée
La commune, depuis l’époque napoléonienne mais aussi après, est très attentive aux travaux d’urbanisme à entreprendre pour améliorer la ville.

Elle a commencé par faire réaliser un plan d’alignement des maisons afin d’uniformiser les largeurs des rues dans les années 1810 – 1813. Ce plan a été réalisé sur vingt planches au 1/300. Ces planches furent ensuite utilisées pour une longue étude visant à définir les maisons à réduire pour améliorer la situation, qui dura de 1813 à 1821. Une synthèse en trois plans généraux, à utiliser pour l’action municipale, fut établie en 1826. Les contraintes budgétaires expliquent cette lenteur, et la lenteur dans l’application des dispositions prévues. En effet, le conseil municipal décide d’attendre que les habitations gênantes soient trop délabrées pour ordonner leur démolition, et n’a alors plus qu’à acheter une partie du terrain.

Immobilier Second Empire et opérations urbaines
C’est sous le Second Empire que la plupart des rénovations urbaines ont eu lieu. Le préfet du Rhône et maire de Lyon Vaïsse ont entrepris ces vastes transformations, comme Haussmann à Paris, à la fois pour des raisons de prestige et de sécurité. Contrairement aux opérations menées à Paris, il n’y a cependant pas de véritable rupture entre la politique urbaine menée sous la restauration par Amédée Savoye et Benoit Poncet, d’une part, et celle menée sous le Second Empire par Vaïsse et ses subordonnés sur l’autre main.

Il s’appuie pour cela sur ses fonctions d’administrateur du département et de maire de Lyon, et sur des hommes: l’ingénieur en chef de la voirie, nommé en 1854, Gustave Bonnet et l’architecte Benoit Poncet, qui a réalisé la rue Impériale (aujourd’hui rue de la République ) dans les années 1850. La Guillotière, La Croix-Rousse et Vaise sont rattachées à Lyon en 1852; à cette occasion, la ville de Lyon est divisée en cinq arrondissements (les 3 comprenant alors les actuels 6, 7 et 8; les 9 actuels étant inclus dans 5). La numérotation est conçue pour éviter les revendications d’identité des quartiers à forte mémoire locale.

Une autre caractéristique de l’urbanisme Second Empire est l’attention portée aux noms des rues, anciennes ou nouvelles. En effet, la triple annexion de mars 1852 créa des situations d’appellations de routes doubles, voire triples ou quadruples. L’arrêté préfectoral du 17 février 1855 modifie une centaine de noms pour éviter toute confusion. Il vise également à regrouper sous un même terme différents noms tous situés dans le même alignement. En effet, les préfets du Second Empire visent à clarifier la ville, afin de permettre aux autorités politiques une lecture plus aisée du tissu urbain. Une autre raison invoquée pour renommer les routes est le remplacement des toponymes évoquant la géographie locale par des noms de personnalités éminentes, capables de forger une conscience nationale. Les anciens noms sont décrits comme «insignifiants», «ridicules»

La différenciation des quartiers
Au fur et à mesure que la ville s’étend, la spécialisation sociologique des quartiers s’affirme très clairement. Le second arrondissement, autour de la place Bellecour, devient le quartier privilégié de la noblesse (qui d’ailleurs parle plus volontiers de quartier de « Ainay », ou de place « Louis-Le-Grand »); Terreaux et Saint-Clair, puis Brotteaux, ceux des banquiers, commerçants et industriels; rue Mercière, celle des petits commerçants; Saint-Georges et Saint-Paul, puis Croix-Rousse à partir de 1820, enfin Vaise et la Guillotière, celles des ouvriers.

Il faut également noter que, loin des conflits entre métiers qui ont agité l’urbanisme de Saint-Etienne tout au long du XIXe siècle, la cohabitation des différentes industries s’est relativement bien déroulée à Lyon: il semble à tout le monde que la Croix-Rousse est rachetée par les soies, la teinture et la finition sont incontestées au quai Saint-Vincent, etc. Le seul lieu qui pose parfois problème est celui des abattoirs de Vaise, dont la construction en amont de Lyon fait craindre la pollution des eaux aux habitants et surtout aux artisans. Les industries lyonnaises sont en réalité pour la plupart complémentaires et se développent principalement (du moins à leurs débuts avant la révolution industrielle) en fonction de l’industrie textile.

Cependant, si cette géographie vécue est incontestable, ses frontières restent parfois floues, notamment pour les nouveaux quartiers. Ainsi, à la fin du XIXe siècle, les limites de la Croix-Rousse étaient parfois assimilées à celles du quatrième arrondissement, mais parfois aussi inclues les pentes du premier. De même, La Guillotière n’a pas de véritable frontière nord, et elle comprend ou non les Brotteaux selon les publications.

La Croix-Rousse
La Croix-Rousse a été fortement développée au cours du 19ème siècle. C’est un quartier industrieux, où les canuts installent leurs ateliers (auparavant, la plupart étaient situés dans le quartier Saint-Georges). La grande hauteur des métiers Jacquard les contraint à construire de nouveaux bâtiments, dont un très haut plafond (environ quatre mètres) au rez-de-chaussée. Le quartier se construit assez rapidement. De nombreux couvents, comme celui des Bernardines, ont été fermés pendant la Révolution; entre 1815 et 1845, ils sont mis à profit par des promoteurs immobiliers qui mettent à profit la surface disponible en dessinant des rues droites face à la pente, en créant des immeubles de très grande hauteur, tous construits sur le même modèle, avec des ateliers au rez-de-chaussée. étage et logement pour les familles de travailleurs aux étages supérieurs,

Tout comme le Vieux Lyon, la Croix-Rousse est percée de très nombreuses traboules, qui ont avant tout un usage fonctionnel, permettant aux habitants de disposer d’un chemin piétonnier quasi privé du plateau au pied des pistes. L’aspect semi-souterrain de ces passages permet également aux canuts de transporter leurs pièces de tissu relativement à l’abri de la pluie.

À cet égard, il est intéressant de noter que La Croix-Rousse était parfois appelée «Mont Sauvage» jusque dans les environs, ou, plus localement, «colline Saint-Sébastien». Le nom local religieux ou faisant référence à un aspect rural est ici effacé.

La péninsule
L’aménagement de la Presqu’île, entre 1845 et 1880, est une opération urbaine de très grande envergure, qui renouvelle l’immobilier du centre-ville sans comparaison en France (y compris Paris). L’architecte investisseur Benoit Poncet joue un rôle moteur dans cette transformation, dans laquelle le capital privé est comme d’habitude très largement majoritaire. La presqu’île est percée de deux larges avenues; les ponts (dont les péages sont supprimés) sont rénovés, les quais sont surélevés pour que les nouveaux quartiers soient protégés des crues du Rhône et de la Saône.

La partie sud de la presqu’île, au-delà du cours Bayard (voies ferrées actuelles de la gare de Perrache), était considérée dans les années 1820 comme une vaste zone industrielle. En 1820, la ville vend le terrain qui s’y trouve, précisant que, pendant une période de vingt-cinq ans, seuls des établissements industriels pourraient y être construits (suivant les principes de séparation des fonctions urbaines conceptualisés par les Saint-Simoniens dans la première moitié du XIX siècle puis appliqué par les planificateurs impériaux). Le maire de Lyon, Jean de Lacroix-Laval, écrivait en 1827 qu’il voulait créer un « Manchester Lyonnais, une ville de feu [qui attire non seulement la soie mécanique, mais aussi] les métaux, le verre, la meunerie, les laines », en particulier pour fournir du travail aux travailleurs de la soie pendant les périodes de faible activité. Rapidement, ce quartier situé au-delà de la voie ferrée,

La rive gauche du Rhône
La zone située sur la rive gauche du Rhône faisait, jusqu’en 1852, partie du département de l’Isère. La commune de La Guillotière est rattachée à Lyon en 1852 (à la même date, La Croix-Rousse et Vaise sont également rattachées à Lyon).

La rive gauche du Rhône est considérablement développée, des bâtiments suivant les grandes avenues et de nombreuses grandes et petites maisons bourgeoises (elles ne suivent pas le modèle de «l’hôtel particulier») viennent s’installer entre, dans un peu de verdure. Cette partie de Lyon a connu deux fortes poussées d’urbanisation, en 1853 et 1862. Le parc de la Tête d’Or s’est développé et des gares sont installées à Brotteaux et à La Guillotière. En revanche, ce vaste espace sur la rive gauche a un plan assez banal.

Les rues construites sont orthogonales et rectilignes mais il y a peu d’impasses dans les grands blocs, les quartiers construits ont peu de repères visuels. En effet, peu de monuments sont construits, à l’exception des églises. Cette monotonie de la ville nouvelle est critiquée dans Vieilles Pierre Lyonnaises par Emmanuel Vingtrinier, qui la voit comme une copie de la «ville américaine». De même, Victor-Eugène Ardouin-Dumazet, dans Voyage en France: la région lyonnaise, évoque des espaces «déserts», «des rangées interminables de maisons», une «masse confuse de quartiers nés spontanément». De même encore, Auguste Bleton, écrivant Across Lyon, se plaint de s’être perdu dans «Un pays vague qui n’est ni la banlieue ni la campagne et qui échappe au classement».

La Troisième République

L’explosion démographique
Plus encore qu’à toute autre période, la population lyonnaise a radicalement changé dans la seconde moitié du XIXe siècle. En nombre absolu, la population de la commune, même dans les limites actuelles (Croix-Rousse, Vaise, Guillotière incluse), passe de 240955 habitants en 1846 à 459099 en 1901, soit un quasi-doublement en un peu plus d’un demi siècle. Ce doublement est complété par une réorganisation spatiale. Au milieu du XIXe siècle, la presqu’île regroupait 58,3% des habitants de Lyon; au tournant du siècle, cette proportion s’élevait à 29,7%. La tendance est inverse pour la rive gauche du Rhône qui passe de 14,9 à 49,9%. Le plateau de la Croix-Rousse et la rive droite de la Saône restent relativement stables, augmentant en nombre absolu d’habitants mais diminuant en poids relatif.

Les grandes opérations de rénovation urbaine
Sous le nouveau régime républicain, la commune lyonnaise a entrepris de nombreux travaux pour développer la ville. Pour beaucoup d’entre eux, ils sont la continuation de ceux entrepris par le régime précédent. Cependant, de grands projets voient le jour sous le mandat d’Antoine Gailleton, et sont poursuivis par ses successeurs.

L’achèvement de la rénovation du centre-ville se fait avec le projet du quartier Grôlée. L’entreprise, dirigée par les architectes Delamare et Ferrand, ouvre un chemin en diagonale entre la rue de la République et le Pont Lafayette, créant des bâtiments en triangle, comme dans l’urbanisme haussmannien. La standardisation du système de numérotation des maisons ne fut finalement décidée qu’au conseil municipal du 12 novembre 1880.

La commune de Gailleton construit également plusieurs ponts, et notamment les facultés. Enfin, sur la rive gauche du Rhône, c’est sous sa direction que le Palais de la Préfecture a été construit. En 1884, une partie des fortifications est mise hors service, ce qui permet de construire, entre autres, le boulevard des Belges (puis le boulevard du Nord) et le boulevard Montgolfier.

La politique de renommage des rues se poursuit, supprimant presque systématiquement les noms faisant référence à la religion ou à la monarchie, et en particulier les très nombreux noms évoquant la présence antérieure de monastères ou d’églises. Les nouveaux noms renvoient à des personnalités reconnues de la culture nationale, républicaine (Léon Gambetta, Jules Ferry), scientifique (Louis Pasteur), littéraire (Émile Zola, Victor Hugo, Ernest Renan), mais aussi à des personnalités locales de la culture républicaine. (conseillers municipaux, bienfaiteurs de la ville ou des Hospices Civils, érudits des sociétés savantes). D’autres quartiers n’ont pas connu de changements majeurs au cours de ces décennies. Ainsi, Vaise et Perrache sont des zones d’entrepôts et de moyennes industries. Les Brotteaux, pour leur part, étaient en grande partie achevés à l’époque.

L’émergence timide d’une sauvegarde du patrimoine
Cependant, les préfets Vaïsse et Gailleton accordent peu d’attention à la qualité des bâtiments qu’ils démolissent pour faire place à de nouveaux bâtiments. Ainsi, Vaïsse fit détruire plusieurs centaines de maisons avant le 18e siècle; en 1874, la gare Saint-Paul est construite dans le quartier historique éponyme au prix de la destruction de nombreuses maisons Renaissance. L’ordonnance royale du 2 octobre 1844, créant un plan d’alignement pour Lyon, est toujours valable sous Gailleton. Ce dernier envisage de mettre en œuvre ce plan jusqu’en 1891: le secteur ingénieur-voyer signale officiellement la présence de bâtiments d’une qualité architecturale remarquable, et donc à conserver.

De nombreux monuments religieux
La vie paroissiale connaît un fort renouveau. Entre 1840 et 1875, en plus des nombreuses églises restaurées, agrandies ou dont les travaux ont permis d’être achevées, dix-sept nouveaux bâtiments ont été construits, dont une bonne partie dans les nouveaux faubourgs comme la rive gauche du Rhône ou la Croix-Rousse. M. Bonald, archevêque du diocèse de 1839 à 1870, concentre en effet son ministère sur la construction d’un grand nombre de paroisses destinées à la population urbaine en croissance rapide.

C’est notamment l’époque de prédilection des architectes Tony Desjardins (restaurateur de la primatiale, mais aussi architecte des églises de Notre-Dame-du-Point-du-Jour, Saint-Polycarpe, Saint-Pierre de Vaise, Saint- André, Saint Bernard); Pierre Bossan (qui a conçu l’église de l’Immaculée Conception, et notamment la basilique de Fourvière, voir paragraphe ci-dessous); puis disciples de ce dernier, notamment Clair Tisseur (églises de Sainte-Blandine, du Bon-Pasteur) et Louis Sainte-Marie Perrin (finalisation de la basilique, de Saint-Bruno-les-Chartreux, puis d’autres édifices de la banlieue lyonnaise ).

C’est à la même époque que la basilique de Fourvière est construite. Commencé en 1872, le bâtiment a été essentiellement achevé en 1888. Il a été conçu par des catholiques intransigeants comme un monument de combat, destiné à lutter contre la laïcité de la IIIe République. En fait, son origine est beaucoup plus ancienne, remontant au vœu des échevins du consulat en 1643, puis au renouvellement de ce vœu lors des épidémies qui ont frappé Lyon au XIXe siècle, et pendant la guerre de 1870. Néanmoins, son mode de financement, essentiellement basé sur une souscription populaire particulièrement réussie, fait de la basilique un monument appartenant aux Lyonnais eux-mêmes, et non à l’Église institutionnelle (ce qui lui permettra notamment de ne pas être affectée par la loi de 1905).

Lyon vers 1900
Au tournant du siècle, il était courant de désigner Lyon par plusieurs périphrases: «de La Claire à la Quarantaine et de La Motte à Saint Irénée» ou «de Brotteaux à la Mulatière, de Vaise à La Guillotière». Certains auteurs sont très restrictifs dans leur définition de la «ville», comme Joséphin Péladan, pour qui «la presqu’île lyonnaise, qui commence au pied de la Croix-Rousse et se termine au confluent, contient la vraie ville».

Auguste Canneva va à peine plus loin: «[Du côté des Brotteaux], la civilisation s’arrête au bout des arbres du Cours Morand». Victor-Eugène Ardouin-Dumazet est plus inclusif, affirmant que l’espace urbain englobe Villeurbanne, Bron, Caluire, Saint-Rambert, Écully, La Mulatière et Oullins. Le mur a alors perdu sa fonction de frontière, puisque la ville s’étend sans que l’on ressent le besoin de le démolir partout: les derniers vestiges de l’enceinte de la rive gauche n’ont été démolis qu’au début du 20 siècle; quant à ceux de la colline de Fourvière, ils subsistent encore en partie au début du 20I siècle. Quant à la bourse, elle a été supprimée à Lyon en 1901.

Les moyens de communication sont considérablement développés à cette époque, les véhicules à vapeur passant pleinement au stade industriel. Les gares sont construites plus grandes (Saint-Paul en 1872) ou rénovées (Perrache, Brotteaux). Les téléphériques s’ajoutent au premier construit en 1862 (menant à la Croix-Rousse), un en 1878, de Saint-Jean à Saint-Just et un autre en 1891 entre Cross Paquet et Croix-Rousse. Le tram est apparu en 1880, tenu par la Compagnie des omnibus et tramway de Lyon, et s’est rapidement répandu. La première ligne électrifiée relie Lyon à Oullins en 1884.

C’est à ce moment que la population commence à prendre conscience de la profonde rupture urbaine que représentent les grands axes de transport. Édouard Aynard parle ainsi de «Mur de Chine» en se référant aux voies de la gare Perrache en 1907; mais ce jugement de valeur est avancé par les détracteurs du rail depuis une cinquantaine d’années. « Derrière les voûtes », l’espace qui correspond à l’actuelle Confluence, est un espace qui a été quasiment abandonné par le conseil municipal pendant des décennies: de 1880 à 1910, le quartier est devenu le lieu privilégié pour le déversement des ordures ménagères, puis une huile stockage de 1907.

Malgré la puissance de l’interlocuteur (la société Compagnie «PLM») ainsi que la crainte (exprimée notamment par la Chambre de Commerce) d’entraver le développement économique de Lyon, qui a fait céder la commune aux exigences ferroviaires, la ville parvient à obtenir une compensation: suppression des passages à niveau, éclairage et carrelage céramique des tunnels créés. Cette expérience traumatisante invite les élus de la rive gauche du Rhône à la prudence, de peur de créer le même type de barrière (car c’est déjà le cas à Vaise) dans leur quartier au niveau de la place Jean-Macé) .

L’ambition d’une ville moderne: 1900 – 1940
A la fin du 19ème et au début du 20ème siècle, Lyon est marquée par la figure dominante de l’architecte et urbaniste Tony Garnier. Théoriste, il imagine Une Cité Industriel (ouvrage publié en 1917, mais déjà partiellement écrit et révélé en 1904). Il a mis ses théories en pratique à Lyon, notamment sur la rive gauche du Rhône, alors en plein développement: l’hôpital de la Grange-Blanche, le stade de Gerland ou le quartier des Etats-Unis sont quelques-unes des réalisations marquées par ses principes.

Le mandat Herriot est un mandat riche en projets d’urbanisme, dans une ambiance intellectuelle de recherche pour rompre avec les pratiques antérieures. Le terme «urbanisme» est alors rédigé en langage courant et correspond parfaitement aux souhaits des acteurs lyonnais de la transformation de la ville: Tony Garnier, Michel Roux-Spitz, Charles Meysson (architecte de la commune), C. Chalumeau (ingénieur en chef de la ville). Il s’agit de «créer quelque chose de contemporain et non de perfectionner quelque chose d’existant.

Nouvelle mentalité, désir de se situer non seulement dans le présent mais dans le futur « . C. Chalumeau commence par prendre en compte les données les plus exactes possibles de la situation existante et des besoins, et établit un plan d’extension présenté à l’exposition internationale de 1914, définitivement adopté après la guerre en 1919. Jusqu’en 1914, les travaux réalisés étaient la suite des travaux entrepris par Gailleton, parfois retouchés.Avant la guerre, Herriot continuait ainsi le quartier des Brotteaux, autour de la nouvelle gare du même nom, quartier toujours fortement marqué par l’architecture haussmannienne, il a également construit un grand lycée, à l’origine annexé au lycée Ampère, le lycée Parc, désormais emblématique du rayonnement intellectuel scientifique de la ville.

Herriot était présent à l’inauguration en 1934 du « Gratte-ciel », le nouveau centre de Villeurbanne urbanisé par Lazare Goujon. Cela matérialise la constitution du dipôle mis en place par l’activité économique «Lyon-Villeurbanne», et la première association intercommunale par la gestion de l’eau potable (corrélée à l’endiguement du Rhône, au parc de la Tête d’Or en préfet Vaïsse et les voies ferrées à l’est).

La zone au sud du confluent a été durablement transformée par le développement de la Compagnie Nationale du Rhône, premier concessionnaire, qui y construisit le barrage de Pierre-Bénite dans les années 1930: les bras du Rhône (solitaires) et les îles de ce partie qui est restée relativement préservée disparaît.

Projets hygiénistes

Dans les intentions générales souhaitées par les porteurs du projet de modernisation, une attention particulière est portée à l’hygiène (en 1932, le IIIe Congrès international de la robinetterie et de l’hygiène urbaine tenu à Lyon) et aux déplacements. Ainsi, pour répondre à la croissance du flux automobile, et notamment au fait que de nombreuses routes nationales rejoignent la ville, il a été décidé de créer une demi-boucle en exploitant la ligne de fortifications déclassifiées et les ports inférieurs du Rhône. Quatre ponts ont été construits à cette époque: le pont humain de la Roche, le pont Pasteur, le pont Wilson et le pont Feuillée.

D’autres projets voient le jour, sous l’influence de Tony Garnier notamment, en étroite coordination avec le maire. C’est à cette époque que sont lancés les grands projets du mandat Herriot: les abattoirs de La Mouche (début des travaux en 1908), qui comprennent notamment la Grande Halle (aujourd’hui salle Tony-Garnier), l’hôpital de Grange- Blanche (1911) qui devait remplacer l’ancien Hôtel-Dieu, et le stade de Gerland (1913). Tous ces projets ont été achevés dans l’entre-deux-guerres.

Après la Première Guerre mondiale, les projets se sont accélérés. L’hôpital de la Charité a été détruit, laissant sa place à la poste centrale et un lieu en continuité avec la place Bellecour (aujourd’hui place Antonin-Poncet). Le quartier américain fortement inspiré de la ville idéale rêvée par Tony Garnier, est construit dans le VII arrondissement (cette partie du quartier deviendra plus tard le VIII). Le stade de Gerland est terminé, mais n’accueillera jamais les Jeux Olympiques de 1924 qui sont finalement tombés à Paris. Après avoir hésité sur l’emplacement, le port fluvial dispose de trois quais construits sur son emplacement actuel en 1935: le port Édouard-Herriot.

Le renouvellement urbain prévu ou réalisé

D’autres projets échouent. En effet, la ville a lancé à cette époque un concours par an, concernant à chaque fois un site différent. Peu de ces projets voient vraiment le jour. On peut cependant citer celui de Tony Garnier qui envisageait de prolonger l’axe Perrache – Victor-Hugo – Bellecour – République – Opéra jusqu’au boulevard de la Croix-Rousse, au prix de démolitions importantes sur les coteaux et de reconstruction. dans un style moderne. Cette ascension monumentale devait déboucher sur un monument aux morts de la Grande Guerre à la place du Gros Caillou, qui aurait été visible depuis la rive gauche, lors de la sécularité à Fourvière. La démolition de l’Hôtel-Dieu a également fait l’objet d’un concours. Il fait 18e siècle, alors qu’un nouveau quartier aurait vu le jour dans le cœur historique. La démolition-reconstruction du secteur de la Guillotière autour de la place du Pont a également été envisagée. L’idée de construire des portes qui fixeraient symboliquement les limites de Lyon est lancée, mais jamais réalisée malgré les projets de plusieurs architectes dont Tony Garnier.

Dans la nuit du 12 au 13 novembre 1930, un glissement de terrain dramatique se produit entre la rue Tramassac et la montée du Chemin-Neuf: c’est la catastrophe de Fourvière. Quarante morts sont à déplorer. Cette catastrophe fit prendre conscience aux pouvoirs publics de l’état de déshéritage dans lequel se trouvaient les vieux quartiers, abandonnés par les opérations urbaines (déjà, en 1852, la rive droite de la Saône était décrite par Francis Linossier comme « la deuxième ville sous le plâtre »; d’autres auteurs la désignent comme «la ville du Moyen Âge» ou «un quartier mort»). Le maire Édouard Herriot juge pour sa part que «le vieux Lyon est un ensemble de bidonvilles, juste digne du knacker» et que «il faut démolir tous les immeubles de la rue de la Bombarde».

En 1938, un « Concours d’embellissement du vieux Lyon » est lancé, dont les principes sont fortement inspirés de la Charte d’Athènes. Le lauréat, Pierre Bourdeix, architecte en chef des bâtiments civils et des palais nationaux (depuis 1937) prévoit l’agrandissement de la place Saint-Jean, l’aménagement d’un jardin et d’une fontaine face à la cathédrale. Jean Zay, ministre de l’Éducation nationale, s’oppose à cette destruction en inscrivant les bâtiments de la place Saint-Jean à l’inventaire des monuments historiques. La prochaine étape aurait consisté à rénover tout le quartier de part et d’autre d’une grande rue de vingt mètres de large; tous les bâtiments du quartier, jugés dangereux et insalubres, sont au bord de la démolition, à l’exception de la primatiale et du musée Gadagne.

Le conseil municipal du 7 mars 1938 montre l’opposition entre une commune «constructeur», qui envisage d’acquérir et de détruire une grande partie des bâtiments afin de «déblayer la cathédrale jusqu’à la colline de Fourvière», et un pouvoir «parisien» (Paul Gélis, architecte en chef des Monuments Historiques, Émile Bollaert, préfet du Rhône et ancien directeur des Beaux-Arts) soucieux de la préservation du patrimoine, qui avait inscrit en 1937 88 bâtiments constituant près de mille logements à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques. Tous ces projets ont été retardés, puis définitivement reportés par la Seconde Guerre mondiale.

Depuis 1944

Croissance démographique
La population lyonnaise évolue encore au cours de la seconde moitié du XXe siècle. Entre 1946 et 1966, la ville passe de 460 748 habitants à 524 569, cette croissance constituant en partie un rattrapage de la population perdue pendant la guerre. Cependant, comme lors de la période précédente, la répartition de cette population continue de changer. La rive gauche, déjà prépondérante (57% de la population municipale) à la fin de la guerre, en a reçu 59,5% vingt ans plus tard. La Croix-Rousse (4e arrondissement) et la rive droite de la Saône (5 et 9) progressent également un peu plus vite que l’ensemble de la commune. C’est la presqu’île (1 et 2 arrondissements) qui perd des habitants, même en valeur absolue, passant sous le seuil des 100 000 habitants.

Mais l’évolution principale de la population est à chercher ailleurs: la population agglomérée n’est plus seulement celle de la commune, mais rassemble une agglomération avec de plus en plus de communes. La métropole lyonnaise est rapidement devenue millionnaire, avec 1152805 habitants en 1975, 1318000 en 1999.

L’urbanisme des «Chartes d’Athènes»
Au début de l’après-guerre, la Charte d’Athènes de 1933 reste une référence pour les acteurs de la planification. Son principe de construction de grands immeubles à appartements se traduit par la création de grandes villes qui servent notamment à loger le surplus de population créé par le baby-boom, l’immigration et le rapatriement des Pieds-Noirs algériens. Son principe de séparation des fonctions conduit à la création de quartiers spécialisés. Le maire de 1957 Louis Pradel est en quelque sorte le symbole de cette période. « Préférant toujours couler du béton plutôt que de restaurer (Charte d’Athènes 1931) de vieux bâtiments, aurait commandé un bon bulldozer. Il s’est contenté d’un autre projet: la création d’un pont en face de la rue Grenette qui prolongerait un large boulevard sur la colline de Fourvière. « .

Les Trente Glorieuses sont marquées par un fort interventionnisme de l’Etat, qui réalise des travaux majeurs dans la ville, notamment sur les infrastructures: les ponts sont rétablis dès la fin de la guerre.

Édouard Herriot, de nouveau maire en 1946, n’a pas réalisé les grands travaux qu’exige l’état des quais. Le tunnel de la Croix-Rousse est creusé par la réurbanisation de Vaise. A cette époque, la reconstruction du secteur Jean-Macé était bien faite (C. Delfante, sic)}}. Des logements à loyer modique se développent dans les quartiers existants, devenus centraux.

Dans les années 50, le ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme s’associe au Groupe d’urbanisme de Lyon pour développer des «villes résidentielles». Leur constitution est en périphérie urbaine: La Duchère dans le IXe arrondissement, Bron et Vénissieux en dehors de Lyon.

La prise de contrôle de la collectivité locale

La création de la DATAR (1963) a permis de réorienter les investissements dans les infrastructures urbaines et le logement, et de trouver un plan cadre pour le développement de la ville. Ainsi les bidonvilles seront traités.

La politique de «décentralisation territoriale» des organisations va de pair avec la délégation de responsabilité pour les hôpitaux, les établissements d’enseignement et les musées. Les «ZUP» ont été décrétées en 1958 pour «construire» et accompagner Lyon à se développer comme une agglomération à dimension européenne.

Cette période a été marquée par la constitution de la Communauté Urbaine de Lyon (COURLY, rebaptisée «Grand Lyon»), l’une des structures intercommunales créées par l’Etat pour développer et gérer le territoire métropolitain en changeant le département de plusieurs communes. Création en septembre 1978 de l’Agence de la Communauté Urbaine (ou AGURCO), devenue en 2014 UrbaLyon.

Le centre d’échange de Perrache est construit autour du tunnel de Fourvière par le Grand Lyon: les autoroutes A6 et A7 traversent toujours le centre-ville. Conséquence: l’un des résultats de cette politique est la persistance et même l’aggravation de l’isolement de la partie sud de la péninsule, séparée du quartier de Bellecour par la désormais double barrière formée par l’échangeur routier le long des voies ferrées, et séparée du Rhône par l’autoroute.

La valorisation du patrimoine
A partir de 1964, la prise de conscience de l’intérêt patrimonial des bâtiments anciens commence. Le revirement le plus spectaculaire concerne le quartier du Vieux Lyon: maintes fois promis à la destruction totale ou partielle, socialement privé, composé de logements en grande partie insalubres, il a été sauvé de la destruction par André Malraux: en vertu de la loi que son nom, votée deux ans plus tôt, cette dernière créait dans le Vieux Lyon la première aire protégée de France.

Le centre d’échange Perrache construit autour du Tunnel de Fourvière, les autoroutes A6 et A7 traversent le centre-ville. L’un des résultats de cette politique est la persistance, voire l’aggravation de l’isolement de la partie sud de la péninsule, séparée du quartier de Bellecour par la désormais double barrière formée par le pôle d’échange routier le long des grands axes routiers. chemin de fer, et séparé du Rhône par l’autoroute.

La réhabilitation des bâtiments a été systématisée entre 1970 et 1995, et la fréquentation touristique a commencé à augmenter. Cependant, certains réflexes de forte rénovation urbaine sont restés en place: en 1970, de grandes résidences bourgeoises de la rue Mercière, de trois ou quatre étages face à une cour intérieure, ont ainsi été rasées jusqu’au sol.

Le 5 décembre 1998, le Vieux Lyon, mais aussi les collines de Fourvière et de la Croix-Rousse et toute la partie nord de la Presqu’île sont classés au patrimoine mondial.

Renouveau urbain
Au cours des années 1950 et 1960, les ports inférieurs ont été partiellement remblayés pour aménager des passages dédiés aux voitures, dont le cas le plus emblématique reste l’autoroute qui longe la rive droite du Rhône entre le pont de la Mulatière et la bourse de Perrache. Ailleurs, lorsque les quais inférieurs n’étaient pas remblayés au niveau du quai, ils étaient transformés en places de parking, soit de plain-pied (rive gauche du Rhône) ou en silos (rive droite de la Saône).

Un des symboles forts des années 1970 est la construction de la Part-Dieu qui se compose d’un habitat «corbusien» construit par Jean Zumbrunnen, les halles de Lyon, l’auditorium, la première tour gratte-ciel de Lyon, un centre commercial, le bibliothèque municipale, gare SNCF et gare routière.

Dans les années 1990, le principal projet d’urbanisme est la Cité internationale qui s’installe entre le parc de la Tête d’Or et le Rhône grâce au déménagement de la foire de Lyon sur le site Eurexpo de Chassieu.

Les décennies 2000-2010 et 2010-2020 sont marquées par la loi SRU qui encourage la reconstruction de la ville sur elle-même, la rénovation urbaine et porte l’obligation de suivre de nouvelles normes d’hygiène du travail et du logement. C’est dans cette perspective que sont menées des opérations d’urbanisme très importantes, comme le développement du quartier de la Confluence qui concerne tout le sud de la Presqu’île, au-delà de la gare Perrache. Le marché de la gare déménage à Corbas, le site d’origine étant détruit pour faire place à un nouveau quartier; les prisons Saint-Paul et Saint-Joseph sont également déplacées à Corbas, leurs locaux étant réhabilités par l’Université catholique de Lyon.

Au cours de ces années, Lyon a également connu des réaménagements au profit d’espaces verts dont le plus marquant a été l’aménagement des berges du Rhône, mais aussi d’autres développements majeurs comme le parc Henry-Chabert en 2000 ou le parc Sergent Blandan dans le Années 2010. On voit aussi cette logique dans le développement continu de la Part-Dieu, avec la construction d’un ensemble de bureaux d’abord au nord du quartier le long de l’avenue Thiers, puis au sud autour du quartier de Montluc et de la ZAC de la Buire. Dans ces aménagements, le quartier de la Part-Dieu voit la construction de gratte-ciel comme la tour Oxygène puis la tour Incity.

Un autre quartier touché par ces restructurations est celui de Gerland, qui se spécialise fortement autour de l’industrie pharmaceutique, avec la création de Lyonbiopôle. Le laboratoire P4 Jean Mérieux a été inauguré en 1999. Le quartier abritait également le siège social de Merial en 2011. Parallèlement, le nord du quartier de Gerland a vu la construction de nombreux complexes résidentiels denses avec la ZAC des Girondins et la ZAC du Bon Lait . Enfin, le centre-ville historique connaît également plusieurs opérations d’aménagement comme la réhabilitation de l’Opéra de Lyon en 1993, la démolition de l’ancien Grand Bazar ou le périmètre de restauration immobilière (PRI) des coteaux de la Croix-Rousse entre 2001 et 2006.

Le musée des Confluences construit sur la pointe de la presqu’île sur la place du « boulodrome du Pradel » est le nouveau signal fort de la « porte de la ville » de Lyon venant du Sud, Il a nécessité un réaménagement majeur des quais avec la construction depuis Pont Raymond-Barre pour le tramway.