Habiller le corps: silhouettes et mode 1550-2015, Musée du Design de Barcelone

Depuis les temps anciens, les êtres humains ont modifié la forme et l’apparence de leur corps au moyen de coiffures, de bijoux, de tatouages ​​et surtout de leurs vêtements.

À chaque époque, les différentes manières de s’habiller sont intimement liées aux codes moraux, sociaux et esthétiques. La mode impose des normes de beauté; les silhouettes et les volumes sont modifiés et la nature cède la place à l’artifice. Les vêtements modifient les proportions du corps et modifient la relation du porteur avec l’espace physique et les autres personnes.

L’exposition Dressing the Body s’attache à montrer comment les vêtements modifient l’apparence du corps par des actions qui ont alternativement tendu à le comprimer et à le libérer, du XVIe siècle à nos jours.

La robe modifie l’apparence du corps

1. Augmenter:
Création de volume à l’aide de structures intérieures ou d’amples tissus rigides, séparés du corps.

La silhouette est agrandie de la taille aux pieds: paniers, jupons, crinolines et agitation.

La silhouette est enveloppée et élargie: châles et capes.

2. Réduire:
Les formes naturelles du corps sont réduites, en particulier le thorax et la taille.

Le torse est compressé: corsets, corsages, soutiens-gorge et ceintures.

3. Allongement:
Améliorer la verticale pour rendre le corps plus grand.

Le corps est allongé: chaussures à talons et plateformes, coiffures, chapeaux et robes à longue queue.

4. Profilage:
Les formes du corps sont esquissées, sans être altérées.

La silhouette est mise en valeur: bas, collants, gants, bodystockings et T-shirts en maille ou stretch.

5. Révéler:
La silhouette est suggérée, montrant les jambes et les bras et la peau nue.

La figure est révélée: tissus transparents; robes courtes sans manches avec décolletés bas.

Exposition

1550-1789
Le Gentleman et le Courtier: les robes compressent le corps

La Renaissance a vu le perfectionnement des techniques de couture et les vêtements ont été coupés pour s’adapter étroitement au corps. Les femmes portaient des jupes longues, tandis que les hommes montraient leurs jambes. Le corps était un porte-vêtements pour l’étalage de tissus, robes, dentelles, broderies et accessoires. Des structures intérieures ont été utilisées pour agrandir ou réduire le chiffre. Aux XVIe et XVIIe siècles, la mode espagnole de porter du noir et d’adopter une pose sobrement hiératique a été suivie par les tribunaux d’Europe, tandis qu’au XVIIIe siècle, le style français, qui cherchait un effet théâtral, a été adopté.

En augmentant
Les hommes portent des capes triangulaires, des doublets rembourrés pour rehausser la poitrine, un tuyau inférieur ou des bas de couleur chair, un tuyau supérieur rembourré ou des troncs et des culottes. Les jupes sont de plus en plus volumineuses, grâce aux structures intérieures.

Réduire
La taille est soulignée. Le torse est compressé et aplati avec du carton sur la poitrine et des corsets.

Allongeant
Les chopines hautes soulèvent le porteur: les premières chaussures à plateforme et les chaussures à talons. Les perruques et les ornements donnent une hauteur supplémentaire.

Profilage
Le manteau avec des jupes cirées, un gilet, une culotte et des bas donne une silhouette élancée.

1789-1825
Dress and Revolution: le corps libre

La transformation sociale enclenchée par la Révolution française se reflète dans la tenue vestimentaire. Napoléon supprime par décret les symboles de l’aristocratie: corsets, paniers, culottes et chaussures à talons. Les vêtements ont été simplifiés. Pour les hommes comme pour les femmes, la silhouette devient rectiligne, suivant le modèle des statues grecques. Les femmes portent des robes chemises. La taille est relevée juste en dessous de la poitrine.

Profilage
Les costumes des hommes et des femmes deviennent flexibles; la silhouette est dégonflée et épouse les formes du corps.

Révélateur
Les femmes montrent leurs bras. Les tissus transparents légers révèlent la forme du corps.

Allongeant
Des robes avec des trains et des manches longues stylisent la silhouette de la femme. Les hommes portent des pantalons longs, des cols hauts et des chapeaux haut de forme.

1825-1845
Ethereal Women: la robe gonfle le corps

Le romantisme s’inspire des formes de l’art gothique et de la Renaissance. Avec leurs chaussures plates, leur peau pâle et leurs robes gonflées, les femmes du deuxième quart du XIXe siècle semblent flotter au-dessus du sol. La silhouette masculine était droite, les épaules tombantes, vêtue d’un costume trois pièces simple et confortable, avec une cape ou un pardessus.

En augmentant
Très grandes manches bouffantes et rembourrées, et jupes complètes gonflées et arrondies en étant portées sur des jupons. Les hommes adoptent également une figure avec du volume.

Réduire
Le corset, introduit vers 1828, rend la respiration difficile. La taille revient à sa place naturelle.

1845-1868
La bourgeoisie bien habillée: des volumes exagérés

La révolution industrielle transforme la fabrication des tissus et, ce faisant, le mode de vie des citoyens européens. La bourgeoisie dicte les formes et les modes qui se succèdent de plus en plus vite. Les bourgeois s’efforcent de ressembler à des aristocrates avec un retour aux formes du XVIIIe siècle. Les robes des femmes sont richement ornées, rendant visible la puissance économique de la famille. Avec un torse fortement comprimé et une taille étroite, les jupes deviennent plus amples, au point que les porteurs de ces robes ont du mal à s’asseoir ou à franchir une porte. L’homme est presque invisible dans son costume trois pièces de pantalon, gilet et redingote ou veste.

En augmentant
Les jupes atteignent leur volume maximum. La crinoline (initialement en crin de cheval et plus tard en cerceaux en acier) est une structure de support plus légère qu’un grand nombre de jupons.

Réduire
Les corsets resserrent la taille et l’estomac et causent de graves problèmes de santé.

1868-1888
L’âge de l’agitation: ce qui compte est à l’arrière

L’industrialisation conduit à une production de masse, d’abord en sous-vêtements et accessoires puis en robes, qui commencent à être vendues dans les grands magasins. Vu de profil, le corps de la femme est incliné, plat devant et large derrière. Le tissu épais de la robe dite de tapisserie ou de draperie imite les rideaux et les tentures de l’intérieur bourgeois. Les longs trains lourds de robes de soirée prolongent la silhouette. Petits changements dans la mode masculine: costume trois pièces et pardessus. Des queues ou un manteau du matin sont portés lors d’occasions formelles.

En augmentant
Le volume de la jupe est froncé dans le dos, plus ample avec une structure intérieure (l’agitation) et prolongé avec une traîne. En 1885, les agitations sont pliantes ou en forme de coussin.

1888-1910
Belles en forme de S: les vêtements déforment le corps

L’Art nouveau a apporté des éléments décoratifs sinueux qui imitent les formes naturelles de l’architecture et des arts visuels, et les costumes et les tissus n’ont pas fait exception. La poitrine est gonflée et poussée en avant, la taille très étroite, le ventre plat et le bassin poussé en arrière: dans cette forme serpentine (le fameux coup de fouet) le corps féminin est gravement déformé par l’action du corset et du S posture. Après 1900, la silhouette s’affine et la jupe s’évase à l’ourlet comme la corolle d’une fleur. Pendant la journée, les hommes portent un costume trois pièces de veste, pantalon et gilet avec un chapeau melon, et pour les engagements en soirée et les occasions formelles une redingote, un manteau du matin ou un smoking avec un chapeau haut de forme.

En augmentant
Volants, noeuds et plis gonflent les manches, les jupes et la poitrine en un seul volume.

Réduire
Le corset comprime la taille et le buste. En 1908, les corsets sont suffisamment longs pour entraver tout mouvement. Les corsets des femmes déplacent leurs organes internes et peuvent provoquer de graves troubles.

1910-1930
Les vêtements révèlent le corps: les corsets s’en vont!

La Première Guerre mondiale marque une rupture entre le XIXe siècle et la modernité. Un processus de libération apparaît, alors qu’un grand nombre de femmes entrent pour la première fois sur le marché du travail. La silhouette mince et allongée, avec une poitrine et des hanches plates dissimulées, donne aux femmes une image androgyne. La taille descend de juste sous les seins jusqu’aux hanches. Les robes modernes sont adaptées aux activités de plein air et à la danse. Les styles masculins adoptent également une silhouette mince et linéaire.

Profilage
Avec la disparition du corset, le corps sort du moule. Lignes simples et droites: les robes tuniques ne sont pas des armures mais des vêtements confortables et fonctionnels.

Révélateur
Le corps est montré ou insinué: dans les années vingt, pour la première fois dans l’histoire, les femmes montrent leurs jambes.

1930-1960
Haute Couture: la silhouette artificielle

Dans les années de la guerre civile espagnole et de la Seconde Guerre mondiale, les vêtements reflétaient les temps sombres, l’incertitude économique et le conservatisme en Europe. Les robes évoluent des formes fluides des années 1930 aux austères années 1940, influencées par les uniformes militaires, puis à la silhouette en sablier mettant en valeur les symboles de la féminité. Les robes de jour restent courtes, tandis que les robes de soirée et les fêtes sont longues. Dans les années 1950, la lingerie accentue les seins pointus et les hanches courbes. Les hommes portent des costumes trois pièces avec un chapeau.

Haute Couture et Balenciaga
Le système de mode parisien impose sa domination mondiale. Les créateurs vedettes créent des modèles originaux, présentés lors de défilés de mode semestriels. Les tenues sont faites à la main et personnalisées pour une coterie exclusive de clients.

Le New Look créé par le designer français Christian Dior (1905-1957) en 1947 met l’accent sur la forme féminine, avec le retour du corset et des jupons, comme par le passé.

Cristóbal Balenciaga (1895-1972) était un maître dans l’exploration des formes et des volumes, combinant plusieurs actions dans une même tenue: augmenter et réduire, profiler et déplacer. Ses lignes, réalisées avec de nouveaux procédés de maquillage, ont influencé toute la mode ultérieure.

En augmentant
Le volume des jupes est exagéré au niveau des hanches avec un rembourrage intérieur ou des plis dans le tissu. Le pointage du buste est accentué par le soutien-gorge pare-balles.

La Cooperativa de Alta Costura
Pedro Rodríguez (1895-1990) a créé la Cooperativa de Alta Costura à Barcelone. La Cooperativa a organisé les défilés de mode Salones de la Moda Española avec les «cinq grands» labels espagnols: Asunción Bastida, Pedro Rodríguez, El Dique Flotante, Santa Eulalia et Manuel Pertegaz.

Réduire
La taille est comprimée par des ceintures et des ceintures. L’effet très étroit est connu sous le nom de «taille de guêpe».

1960-1990)
Prêt-à-porter: le corps exposé

Au cours des années 1960, il y a eu une rupture socioculturelle radicale, alors que les jeunes se rebellaient et contestaient les canons de la beauté établis, et que de nouveaux styles audacieux faisaient de l’audace la norme. Il n’y a plus de silhouette unique. La mode unisexe prévaut, avec des tuniques, des robes et des pantalons, courts et longs, dans des couleurs vives. Les années 80 se caractérisent par des formes exagérées et des textures brillantes. Série Prêt-à-porter signée par des designers prestigieux reflétant les nouveaux changements de la société, destinée à un marché plus large.

En augmentant
Dans les années 1980, les couches, les épaules et les jupes surdimensionnées aux volumes énormes créent une silhouette superlative.

Profilage
Les sous-vêtements féminins ne structurent plus la silhouette et, dans certains cas, disparaissent tout simplement. Les tenues s’adaptent au corps comme une seconde peau qui montre son mouvement, avec de nouveaux tissus élastiques comme l’élasthanne.

Révélateur
Avec la minijupe, le short et le collant, les femmes des années 60 montrent leurs jambes. Le dos et l’estomac sont également exposés.

1990-2015
Designers versus Globalization: les vêtements dessinent, enveloppent ou révèlent le corps

Les hommes et les femmes modifient leur corps avec des piercings, des tatouages ​​et d’autres actions sur la peau, qui viennent d’être acceptés et adoptés. Streetwear: les jeunes définissent différentes normes de beauté. Les réseaux sociaux diffusent des images de styles de rue qui définissent les tendances. Les courants minimalistes des années 1990 optent pour le noir et poursuivent les lignes et les formes les plus pures et les plus simples. Les créateurs créent de petites collections qui sont vendues dans leurs propres boutiques ou dans des magasins multimarques. Pour la première fois, les gens ordinaires achètent et portent les mêmes tenues produites en série partout dans le monde. La recherche de tissus innovants et d’applications de haute technologie modifie la relation du corps avec les vêtements et la mode.

En augmentant
Des silhouettes auparavant inconnues apparaissent, avec des vêtements qui enveloppent ou déforment le corps. Les sous-vêtements féminins sont structurés, avec le Wonderbra et les corsets qui revisitent les traditions historiques, mais les vêtements sont de plus en plus bien adaptés au corps grâce aux tissus souples, thermoswing et moulage.

Profilage
Robes moulantes, T-shirts, justaucorps et leggings en nouveaux tissus extensibles délimitent une silhouette complètement anatomique.

Révélateur
De nouvelles transparences et un minimum de vêtements vous permettent d’exposer la peau, la surface du corps.

Musée du design de Barcelone
Le Museu del Disseny de Barcelona, ​​est un nouveau centre de l’Institut de Culture de Barcelone, qui travaille à promouvoir une meilleure compréhension et une bonne utilisation du monde du design, agissant comme un musée et un laboratoire. Il se concentre sur 4 branches ou disciplines de design: design d’espace, design de produit, design d’information et mode.

Le Museu del Disseny de Barcelona est le centre de la capitale catalane consacré aux arts de l’objet et du design. La collection présente plus de 70 000 objets, dont les arts décoratifs, la céramique, le textile et l’habillement et les arts graphiques.

Le Musée est le résultat de la fusion de plusieurs musées existants, tels que le Musée des Arts Décoratifs, le Musée Tèxtil i d’Indumentària et la collection Gabinet des Arts Gràfiques. L’ouverture du nouveau siège social, situé sur la Plaça de les Glòries, à côté de Torre Agbar, a été fixée progressivement en 2014.