Histoire de Genève, Suisse

Genève est une ville suisse située à l’extrémité sud-ouest du lac Léman. C’est la deuxième ville la plus peuplée de Suisse après Zurich. Genève est également la deuxième place financière du pays après Zurich. Il est considéré comme le plus important au monde en termes de gestion de fortune privée transnationale. De par son rôle, à la fois politique et économique, elle fait partie des «villes du monde». Genève arrive (avec Zurich et Bâle) parmi les dix premières métropoles offrant la meilleure qualité de vie au monde. La ville est également connue comme l’une des plus chères, se disputant chaque année la première place du classement des villes les plus chères du monde avec Zurich.

La Ville de Genève est un foyer de coopération multilatérale dans le monde. Hôte de nombreuses organisations internationales (OI), missions diplomatiques et organisations non gouvernementales (ONG), elle promeut des valeurs humanistes et universelles. Avec 23 organisations internationales et 759 organisations non gouvernementales (ONG), Genève est la ville qui accueille le plus d’organisations internationales au monde. Le siège européen des Nations Unies, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), l’Organisation mondiale du commerce (OMC), l’Organisation mondiale de la santé (OMS) font partie de ces organisations internationales.

L’histoire de Genève se déroule sur une période de deux mille ans. Mentionnée pour la première fois dans les Commentaires sur les guerres gauloises de Jules César, la ville passa sous la domination romaine et les Bourguignons et les Francs avant de devenir un évêché indépendant au Moyen Âge. Avec l’arrivée de Jean Calvin, la ville adopte la Réforme protestante et devient un centre important pour la diffusion du calvinisme à l’échelle européenne. Son tissu économique se diversifie progressivement avec le développement des secteurs horlogers et de la banque. Ce n’est qu’à la Révolution française que le régime aristocratique s’est effondré après plusieurs tentatives de soulèvement. Après quinze ans sous la domination de la France napoléonienne, l’Ancien Régime est partiellement restauré. En 1846, la révolution faziste a profondément transformé Genève dans un contexte d’industrialisation. Le xxe siècle voit la création de jeunes organisations internationales et la ville acquiert une réputation internationale.

Antiquité
La soumission romaine du pays des Allobroges (Vienne) a eu lieu en 121 av. AD Genève devient alors un avant-poste dans le nord de la province de la Gaule transalpine qui prendra le nom de Narbonne Gaul dès le règne d’Auguste. Le développement d’un port a lieu en 123 – 105 avant JC. AD La ville est alors constituée d’une modeste agglomération où les maisons sont construites en bois et en terre battue.

En 58 avant JC. J.-C., César empêche le passage du Rhône, à la hauteur de ce qui deviendra Genève, par les Helvètes qui à cet effet «tentent soit de rejoindre des bateaux pour faire un radeau (ratis) soit de passer à gué à des endroits moins profonds». avec temporairement ses troupes, l’oppidum s’agrandit. Genève devient donc une «ville» romaine (vicus), qu’elle restera cependant longtemps, avant de passer au statut de «ville» (civitas), pas avant la fin de En effet, Nyon (Colonia Iulia Equestris) puis Avenches (Aventicum) occupent une place plus importante dans le réseau urbain régional, et Genève dépend principalement de Vienne, la capitale administrative de la région. Après un incendie au milieu du I siècle, l’urbanisme est modifié et les constructions en pierre remplacent les bâtiments par des matériaux légers. Dans le Bas Empire,

Les migrations germaniques provoquent la destruction de tous les édifiés dans le dernier quart du IIIe siècle. Le premier sanctuaire chrétien a été créé vers 350. A la fin du IVe siècle, l’ensemble est achevé: il se compose d’une église de plus de trente mètres de long bordée d’un portail d’accès au baptistère et à son annexe. Dans la ville haute, le Saint-Germain représente le V siècle un deuxième point focal de l’époque paléochrétienne. L’installation des Bourguignons en 443 et le choix de Genève comme capitale renforcent le rôle politique de la ville. Centre du royaume bourguignon se déplaçant vers 467 à Lyon, Genève subit les guerres fratricides entre Godégisile et Gondebaud qui brûle la ville.

Jusqu’à la fin du Haut Moyen Âge, il y a une continuité de l’occupation, dont le meilleur exemple est le groupe épiscopal. Les limites de la ville sont maintenues dans l’enceinte du Bas Empire mais les faubourgs proches des grands cimetières se développent. Le glissement de terrain de la montagne de Tauredunum en 563 a provoqué un raz-de-marée qui a détruit le port et fait de nombreux morts. Au début du Moyen Âge, le développement horizontal de l’époque romaine puis la réduction de l’espace urbain imposé par le système de fortification adopté a été remplacé par une ville médiévale construite en hauteur.

Moyen Âge
La structure du pouvoir entre l’arrivée des Bourguignons et l’accord de Seyssel de 1124 fait l’objet de débats qui ne sont pas clos aujourd’hui. Devant le roi bourguignon, l’évêque a une autorité spirituelle et temporelle. Mais les querelles dynastiques affaiblissent la monarchie bourguignonne qui disparaît en 534 au profit des Francs. Genève devient alors le centre d’un pagus, le comté de Genève ou pagus Genevensis, qui dépend du roi régnant à Orléans ou du roi de Neustrie.

Depuis l’époque des Carolingiens, le diocèse de Genevois pose la question des luttes de pouvoir entre les souverains de la région et l’empereur. S’il exerce un certain nombre de droits souverains comme celui de frapper de l’argent, l’évêque ne reçoit pas les droits de comté dans l’une ou l’autre partie de son diocèse qui sont exercés par le comte de Genève qui possède un château au-dessus de Bourg-de -Quatre. Ce château a été construit par le comte Aymon Ier qui a abusé de la gentillesse de son demi-frère Mgr Guy Faucigny devenant l’avocat de ce dernier. Le successeur de Guy de Faucigny, Humbert de Grammont, avec la bénédiction du Pape de l’époque rencontrant le comte Aymon Ier pour signer l’accord de Seyssel qui reconnaît l’évêque comme étant le supérieur du comte et en retour, l’évêque quittera le confession entre les mains du comté de Genève.

Lorsque l’empire de Charlemagne se désintègre, Genève fait partie du deuxième royaume de Bourgogne. En 1032, le dernier souverain mourut sans issue et légua ses biens, dont Genève, le Saint Empire romain. Cependant, le pouvoir impérial reste nominal, la réalité du pouvoir restant entre les mains du seigneur local, le comte. Avec la réforme grégorienne à la fin du XIe siècle, commence une réaction contre les empiétements du seigneur de la propriété de l’Église. Soutenu par le Pape, Mgr Humbert de Grammont impose au comte Aymon I de GenevatheSeyssel l’accord qui établit la souveraineté complète de l’évêque sur la ville. Diplômé de 1162, l’empereur Frédéric Barbarossade établit définitivement l’indépendance de l’évêque désormais reconnu comme prince immédiat de l’Empire.

Cependant, le début du XIIIe siècle voit l’intervention d’un troisième pouvoir, celui de la Maison de Savoie, qui prend possession de Vaud. Genève étant située au centre de leur nouveau domaine, les comtes de Savoie convoiteront donc la ville riche pour en faire leur capitale. En 1263, les commerçants et artisans genevois se réunissent pour la première fois pour lutter contre le pouvoir seigneurial de l’évêque. Ce mouvement est encouragé par les foires qui apportent aux citoyens l’exemple des communes libres d’Italie et la prospérité qui leur permet d’imposer leur volonté à l’évêque. Dès la fin du siècle, le comte s’est appuyé sur ce mouvement communal pour attaquer le pouvoir épiscopal. En 1285, les citoyens désignèrent dix procureurs ou curateurs pour les représenter. La décision a été annulée par l’évêque le 29 septembre mais le 1er octobre, Le comte Amédée V de Savoie leur accorde des lettres patentes garantissant la sécurité des marchands se rendant aux foires. Il s’empare alors du château gardant le Rhône et fait reconnaître sa nouvelle influence par un traité conclu à Asti (Italie) en 1290.

En 1309, Mgr Aymon de Quart fut contraint de reconnaître l’existence légale de la commune à la condition qu’elle n’empiète pas sur la juridiction épiscopale. En contrepartie, elle oblige les habitants à construire une halle à Molard, désormais nécessaire au stockage des marchandises pour les foires, et leur assure un tiers des revenus. En conséquence, les citoyens, réunis au début de chaque année au sein du Conseil général – sorte de Landsgemeinde -, élisent pour un an les quatre syndics de Genève. Par ailleurs, en 1387, Mgr Adhémar Fabrimust confirme les franchises progressivement accordées aux citoyens et à leurs mandataires par une charte qui dominera pendant 150 ans la vie politique de Genève.

En 1401, après avoir conquis Faucigny et le Pays de Gex, le comte de Savoie s’arroge l’héritage du dernier comte de Genève. Robert de Genève devient pape et les autres comtes n’ont pas de descendants. Même si les citoyens tentent de se dresser avec l’évêque contre l’ennemi commun, Amédée VIII de Savoie, élu antipape sous le nom de Félix V, obtient du pape Nicolas V le droit pour les princes de sa maison de nommer les évêques siégeant sur leur territoire . Le siège épiscopal genevois sera donc occupé par des Savoyards ou des membres de familles vassales. Ce fut le résultat d’un demi-siècle de tentatives pour obtenir le siège épiscopal de Genève par l’avancement de l’incapacité de l’évêque et du chapitre de la cathédrale à la demande d’une alliance avec le prince de Genève.

Les premières traces du mouvement communal (regroupement de marchands et de bourgeois) à Genève ne sont pas claires, mais on retrouve en 1263 des documents évoquant le côté savoyard pris par la commune de Genève. Les comtes de Savoie assuraient la sécurité des routes menant à Genève pour que les marchands puissent se rendre sans crainte aux foires de Genève. L’évêque était bien sûr opposé à ce mouvement, mais en 1309 lors d’un arbitrage, il reconnut l’existence de la commune en échange d’une taxe sur le stockage des marchandises dans la nouvelle halle construite à l’initiative de la commune et du droit d’être représenté par 4 administrateurs. C’est avec les Franchises de 1387 que la commune se verra donner une base solide par l’article 23 qui traite de l’élection des administrateurs.

Engagée par son évêque aux côtés du duc de Bourgogne dans la guerre de Bourgogne, Genève fut un temps menacée par les Suisses après leur victoire et condamnée en 1475 à payer une amende importante. Mgr Jean-Louis de Savoie s’est alors tourné vers les vainqueurs et a conclu, le 14 novembre 1477, avec les villes de Berne et de Fribourg, un traité de combourgeoisie à vie et qui s’est donc terminé par sa mort en 1482. C’est alors le premier fonctionnaire. agir entre Genève – perçue par les Suisses comme une position stratégique – et les cantons suisses.

Face aux tendances d’annexion des Savoyards, plusieurs personnalités genevoises contestent l’attitude collaborationniste de la commune et redoutent le régime monarchique. Parmi ceux-ci figurent Besançon Hugues ou Philibert Berthelier qui appartiennent à la classe moyenne des commerçants. En 1519, c’est la communauté des citoyens qui signe un traité de combourgeoisie avec Fribourg, mais le duc Charles III de Savoie contraint les Genevois à renoncer, lors d’un arbitrage, à cette alliance dirigée contre lui tandis que Mgr Jean de Savoie fait exécuter Berthelier le 23 août. devant le Château de l’Île sur la place qui porte désormais son nom. Dès lors, les Eidguenot, partisans de l’attachement à la Confédération suisse, et ceux qu’ils désignaient comme les « Mammelus », c’est-à-dire les partisans de l’attachement à la Savoie, s’y opposèrent.

Le 10 décembre 1525, le Mammelus fait reconnaître le protectorat savoyard sur Genève par le Conseil général. Lors de cette fameuse réunion du conseil général, plus connu sous le nom de conseil des Hallebardes. Cependant, les Eidguenot parviennent en quelques semaines à conclure un traité d’entraide, signé en 1526 avec Fribourg et Berne, qui annonce la fin du pouvoir de l’évêque et l’émergence d’une seigneurie autonome. Il est approuvé par le Conseil général du 25 février. Une assemblée choisie par les fiduciaires, le Conseil des Deux-Cents, est alors créée et reprend une partie des prérogatives du Conseil général. Ce conseil de 200 membres compte environ 320 membres, mais ce terme était utilisé dans les cantons de Fribourg et de Berne et a été créé pour recueillir l’avis de la population sur la combourgeoisie.

Sur le plan économique, le XIIIe siècle a vu l’émergence de foires qui attirent un nombre croissant de commerçants de plus en plus éloignés. Les marchands italiens ont notamment contribué à la réputation de Genève. Atteignant leur essor au milieu du XVe siècle, les foires de Genève sont alors l’un des principaux lieux d’échanges de marchandises européennes, la part des produits locaux reste cependant très modeste. C’est également à cette époque que la ville devient un important centre bancaire, avec l’ouverture par les banquiers Médicis de Florence d’une succursale en 1424.

Cette prospérité économique a conduit à une croissance démographique rapide, principale ville genevoise de la région jusqu’au milieu du XIXe siècle, avec l’expansion des faubourgs de Plainpalais et de Saint-Gervais. Il attire des Savoyards et des Bourguignons mais aussi des Italiens et un petit nombre de Juifs qui, en 1428, furent relégués dans un ghetto, l’annulent, avant d’être expulsé de la ville en 1490. Mais la période d’expansion se termina en 1462, lorsque le roi Louis XI de France a interdit aux commerçants français d’assister aux foires de Genève afin de promouvoir Lyon. Le trafic a ensuite fortement diminué, phénomène favorisé par le départ des Italiens pour Lyon.

Sur le plan urbain, les villes européennes commencent à s’étendre à partir du XI siècle par la formation de faubourgs en dehors des fortifications anciennes, généralement autour d’un marché. A Genève, c’est le cas du Bourg-de-Four où les axes de Lyon, d’Italie et de Suisse convergent via le pont de l’Île. Au XII siècle, un nouveau système de fortifications englobe la banlieue ainsi que la campagne environnante, triplant la superficie de la ville qui ne bougera qu’au milieu du XIX siècle. Cette croissance s’accompagne de la formation de paroisses, comme à Saint-Victor ou Saint-Jean, et la construction de la cathédrale Saint-Pierre qui dura jusque vers 1250. Au XIV siècle, le bord du lac est poussé dans les rues Basses actuellement rue du Rhône , permettant l’extension de la ville et la construction de places de Fusterie de Molard et de Longemalle ouvrant chacune sur un port.

Réforme
A partir de 1526, les marchands allemands propagent les idées de la réforme luthérienne à Genève parmi les marchands genevois; ce courant se répand dans la population sous l’influence de prédicateurs comme Guillaume Farel.

Le 1er janvier 1533, une conférence publique a lieu sur la place du Molard. Le 22 août, Mgr Pierre de La Baume quitte Genève et transfère la cour épiscopale à Gex.

Le 10 août 1535, la messe est suspendue et, le 26 novembre, le Conseil des Deux-Cents attribue le droit de frapper de l’argent à sa place – marquant ainsi sa souveraineté – alors que la ville est à nouveau menacée par la Savoie. Notez que cela a été fait avec l’idée de reconstituer les fonds, mais cet acte était contraire aux franchises. Berne, nouvel allié puissant car elle a traversé la Réforme contrairement à Fribourg, est intervenue et a conquis de nouveaux territoires (Pays de Vaud, Pays de Gex, Chablais, etc.).

La Réforme est définitivement adoptée le 21 mai 1536 en même temps que l’obligation pour chacun d’envoyer ses enfants à l’école. Adoptant la réforme protestante, Fribourg quitte la combourgeoisie. Genève devient donc le centre du calvinisme et est parfois appelée «Rome protestante». Cette conversion s’explique souvent par la conjonction entre les motifs religieux et les attaques répétées des princes catholiques de Savoie soutenus par l’évêque.

Arrivé à Genève en juillet 1536, Jean Calvin est retenu par Farel pour mettre en place les institutions permettant à la ville de vivre selon la nouvelle religion. Les deux hommes ont été expulsés de Genève deux ans plus tard pour intransigeance excessive. Calvin se rendra à Strasbourg, où il restera trois ans avant de revenir en septembre 1541 grâce à ses partisans qui se sont mobilisés pour obtenir son retour. Il aura une immense influence, en tant que président de la Compagnie des Pasteurs, sur tous les aspects de la vie genevoise. Malgré cette influence, il ne dirigera jamais ni le gouvernement ni l’Église de Genève.

La république proclamée sous le nom de «seigneurie de Genève», il rédigea les ordonnances ecclésiastiques en 1541 puis les édits civils en 1543 qui serviront de constitution à la nouvelle république. La ville hérite des droits souverains et du pouvoir seigneurial de l’évêque sur les habitants de la plupart de ses possessions rurales. Elle récupère également certaines terres de la région qui dépendaient de l’évêque et de ses magistrats étendent leurs prérogatives sur tout son territoire (ville, franchises et mandats). À l’intérieur de la ville, les citoyens et les citoyens bénéficient de privilèges spécifiques et d’exonérations fiscales. Cependant, une opposition a commencé à émerger parmi les notables quant à l’équilibre des pouvoirs recherché par Calvin ou à la répression stricte du luxe par le Consistoire. Fin octobre 1553, Michel Servet a été brûlé vif à Champel pour avoir renié la Trinité. En 1555, une émeute provoquée contre Calvin est réprimée.

En 1568, Germain Colladon est l’auteur principal des édits qui actualisent les ordonnances sur les offices de 1543, régissant l’organisation politique de Genève, et surtout les édits civils qui fixent pendant plus de deux siècles les règles de procédure et de droit privé. à Genève dans une synthèse du droit genevois, du droit romain et des coutumes du Berry. Les institutions politiques comprennent le Conseil général, où siègent les membres de la bourgeoisie genevoise, le Conseil des Deux Cents, le Conseil des Soixante et, pour les affaires religieuses, le Consistoire.

Depuis sa création en 1580, les attaques du duc Charles Emmanuel Ier de Savoie se multiplient. Genève étend alors son alliance avec Soleure, Zurich et la France.

En avril 1589, les Genevois et leurs alliés tentent de repousser les Savoyards qui parviennent à maintenir leur position.

Du 6 au 8 octobre 1600, pendant la guerre franco-savoyarde, Henri IV, alors à Annecy, reçoit la noblesse genevoise avec qui il partage un repas dans la grande salle du château et leur promet de prendre le fort Sainte-Catherine situé à proximité de Viry, afin de les protéger de toute agression savoyarde.

Le 11 décembre 1602, la nouvelle attaque nocturne des Savoyards, défaite restée dans l’histoire sous le nom d ‘ »Escalade », contraint le duc à accepter une paix durable scellée par le traité de Saint-Julien du 12 juillet 1603 qui a reconnu l’indépendance de la ville. Les négociations sont placées sous la médiation des cantons protestants de Soleure, Bâle, Schaffhouse, Glaris et Appenzell qui financeront le renforcement des fortifications.

Sur le plan économique, de nombreux protestants italiens mais surtout français ont doublé la population dans les années 1550 et donné un nouveau dynamisme à la ville.

Deux nouvelles vagues de réfugiés français coïncident avec le massacre de Saint-Barthélemy et, un siècle plus tard, avec la révocation de l’édit de Nantes en 1685. Ce dernier afflux, temporaire, renforce le mécontentement qui aboutit à une pétition contre la présence française en 1696 Les nouveaux arrivants, hommes d’affaires, banquiers ou artisans, apportent néanmoins de l’argent et des relations avec les milieux d’affaires étrangers et développent le rôle d’intermédiaire commercial pour Genève.

Les activités manufacturières mises en œuvre par eux – soie dont les propriétaires sont italiens, dorure et montre après la disparition de l’industrie de la soie au milieu du XVe siècle – se développent pour la première fois à l’exportation grâce au soutien qui leur est accordé par les autorités municipales. Cependant, dans un souci de régulation et de contrôle, le gouvernement participe à la création des maîtrises, qui détiennent des monopoles de fabrication. L’imprimerie apparue en 1478 développa rapidement ses activités, dans le but de propager la foi réformée, avant de constituer la première corporation genevoise en 1560.

En conséquence, la pression démographique est forte à l’intérieur de la ville et l’espace est limité. A la fin du XVI siècle, la population genevoise ne dépasse cependant pas 14000 mais l’abolition des fêtes de la Vierge Marie et des saints ainsi que le changement de 12 heures de travail journalier à 14 heures augmentent la productivité de Genève par rapport à ses Voisins catholiques. De plus, la ville rasa son faubourg à partir de 1531, ce qui réduisit considérablement l’espace disponible, et construisit par étapes un système de bastions qui intégrait Saint-Gervais sur la rive droite. Aux trois portes de la ville qui ferment tous les soirs, les hommes, les animaux et les biens sont soumis au contrôle.

Sur le plan culturel, Genève bénéficie d’une nouvelle influence. Le collège et l’université de Genève sont fondés en 1559 à l’initiative de Calvin et son premier recteur est son successeur Théodore de Bèze. Alors que l’Angleterre est dirigée par la reine catholique Marie Tudor, qui persécute les protestants, un certain nombre d’intellectuels se réfugient à Genève dont William Whittingham qui supervise la traduction de la Bible de Genève en collaboration avec Miles Coverdale, Christopher Goodman (en), Anthony Gilby (en) , Thomas Sampson (en) et William Cole (en). De plus, l’alphabétisation des Genevois reste supérieure à celle de leurs voisins catholiques. L’avènement du siècle des Lumières se traduit par une ouverture idéologique attestée par les travaux de Jean-Robert Chouet, Jean-Alphonse Turretin ou Jean-Antoine Gautier.

XVIII siècle
Le siècle, florissant économiquement et culturellement, est secoué par des troubles politiques que les contemporains appellent les «révolutions de Genève». En effet, le système politique en place repose sur la distinction entre deux groupes: ceux qui bénéficient des droits politiques et civils – nobles et bourgeois qui occupent presque tous des professions lucratives et monopolisent l’essentiel de la fortune genevoise – mais restent minoritaires (27% en 1781) et ceux qui n’ont aucun droit politique et seulement certains droits civils (habitants et indigènes). C’est pourtant au sein du groupe formé par les citoyens et la bourgeoisie que la lutte finit par éclater. Car l’aristocratie s’est progressivement emparée de l’autorité politique, utilisant notamment les possibilités offertes par le recrutement par cooptation du Petit Conseil et du Conseil des Deux-Cents depuis la guerre de 1589,

D’abord exprimés de manière limitée et pratique, les principes d’égalité se sont approfondis au cours du siècle suivant le développement de la philosophie politique, dont le plus illustre représentant est le philosophe genevois Jean-Jacques Rousseau. Une révolte éclata en 1707 à cause du mécontentement économique. En effet, l’aristocratie abuse de son pouvoir et le met au service de ses intérêts économiques, ce qui cause des préjugés à la classe moyenne. De plus, les capitalistes genevois investissent peu dans l’industrie locale, préférant les investissements à l’étranger.

La révolte est menée par un membre de l’aristocratie, l’avocat Pierre Fatio, qui met en place un programme aux aspirations confuses. Le soulèvement a échoué grâce au soutien des troupes bernoises et zurichoises et Fatio a été secrètement abattu en prison. En 1737, une nouvelle révolte fait onze morts. Défait, le gouvernement alerte la France, qui intervient avec un arbitrage satisfaisant pour les citoyens. Le règlement de médiation, accepté par le Conseil général en 1738, servira pendant trente ans de constitution: il accorde plus de droits économiques aux autochtones et oblige à passer par le Conseil général pour toute nouvelle loi ou tout nouveau projet de loi fiscale. Après les traités de 1749 et 1754 signés avec la France et la Savoie (devenue royaume de Sardaigne),

Genève devint maître de son territoire rural même si elle restait enclavée parmi les possessions françaises et sardes. Cependant, refusant le certificat de tolérance décerné par l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, le Petit Conseil condamne en 1762 deux ouvrages de Rousseau – Émile ou Sur l’éducation et Du Contrat social – à être brûlés devant l’Hôtel-de- Ville parce que «tendant à détruire la religion chrétienne et tous les gouvernements». Les citoyens protestent en présentant au gouvernement des plaintes appelées «représentations».

Les indigènes n’ayant presque rien obtenu tandis que les représentants avaient contraint les aristocrates à quelques concessions, ils forment une troisième force qui exprime publiquement son mécontentement. Les chefs des représentants, influencés par Rousseau, s’allièrent brièvement avec le gouvernement pour supprimer un éventuel complot des indigènes en 1770, bien qu’ils tiennent l’égalité pour un principe sacré d’où il découle que les indigènes doivent être assimilés à des citoyens. La bourgeoisie et les indigènes finirent donc par occuper la ville en février 1781 et votèrent une loi accordant l’égalité civile aux indigènes, habitants et sujets des campagnes.

Mais l’aristocratie appelle Louis XVI au secours: trois armées unies – française, sarde et bernoise – assiègent Genève qui capitule le 2 juillet 1782. L’aristocratie reprend le pouvoir mais les indigènes conservent l’égalité civile. Les cercles, sorte de club politique, ont été dissous et la liberté de la presse supprimée. Un millier de représentants partent en exil à Paris – où leurs idées participeront à la Révolution française -, Bruxelles ou Constance. Pendant cette même période, la France et la Sardaigne fondent les villes de Versoix et de Carouge pour tenter de concurrencer Genève.

La fin de l’économie florissante entre 1785 et 1789, conséquence de la crise générale qui a marqué la période précédant la Révolution française, a frappé la population avec une hausse des prix mais aussi les petits employeurs. Le 26 janvier 1789, le gouvernement genevois augmenta le prix du pain suite à une mauvaise récolte. Cette décision a déclenché une émeute à Saint-Gervais qui a conduit à l’annulation de l’augmentation et à la libéralisation progressive de la constitution. Après la Révolution, l’encerclement de Genève par les révolutionnaires aboutit, en décembre 1792, à un mouvement qui brise le gouvernement de l’ancien régime le 28 décembre et proclame la politique d’égalité dans toutes les catégories de la population. En 1793, l’Ancien Régime prend fin à Genève: une constitution, rédigée par une assemblée nationale et votée par les citoyens le 5 février 1794, établi un contrôle étendu par les citoyens sur les actes du gouvernement et de l’administration. Cependant, il réserve la citoyenneté aux hommes protestants uniquement.

Dans la seconde moitié du siècle, la population genevoise a augmenté grâce à un afflux d’immigrants – principalement français puis vaudois exerçant des professions délaissées par les genevois – pour atteindre 27 000 habitants en 1790. La mortalité infantile connaît également un recul majeur en de 550 pour mille dans les années 1660 à 325 pour mille un siècle plus tard.

Le XVIIIe siècle est un siècle de grande prospérité et la ville devient un centre scientifique où la presse jouit d’une liberté considérable. L’économie genevoise est dominée – 32% des effectifs – par le secteur horloger et ses métiers annexes regroupés sous le nom de «Fabrique», un réseau de petits ateliers artisanaux situés à l’étage supérieur des immeubles. Cependant, seuls les maîtres marchands ont la capacité d’exporter la production genevoise.

En outre, le tissu économique a vu le développement d’une industrie indienne – caractérisée par de grandes usines – au premier tiers du siècle pour devenir le deuxième secteur en termes d’importance. Liée au développement du commerce international et au besoin d’argent pour les guerres de Louis XIV, les activités bancaires sont devenues l’un des piliers de l’économie genevoise à partir de 1700. Les banquiers en contact avec Paris, Lyon, Amsterdam et Londres travaillent dans le crédit à long terme (annuités) et jette les bases des futures banques privées de gestion de fortune. A la fin du siècle, la banque genevoise finança ainsi la monarchie française. Néanmoins, la Révolution française a entraîné l’effondrement de plusieurs maisons prestigieuses. Cela n’empêche pas un tiers des ménages genevois de bénéficier des services d’au moins un domestique.

En matière d’urbanisme, le secteur du bâtiment se porte bien et la ville se pare de nouvelles constructions comme l’actuel palais de justice de Saint-Antoine, le temple de la Fusterie ainsi qu’un nouveau système fortifié. Par ailleurs, la distribution d’eau potable du Rhône s’améliore, atteignant les quartiers les plus hauts, tout comme l’éclairage public.

XIXème siècle
Le 15 avril 1798, le traité de la Réunion a incorporé Genève au territoire de la République française. Fin août, après avoir renoncé à sa souveraineté et à ses alliances, Genève est choisie comme préfecture et chef-lieu du département du Léman. La ville est pour la première fois considérée comme une entité administrative distincte de son territoire: une administration municipale est en charge des affaires locales tandis que les communes situées en dehors des fortifications relèvent d’une administration distincte. Genève devient alors une ville française parmi d’autres et ses habitants font l’expérience du centralisme napoléonien. En exécution de la loi du 17 février 1800, la ville est désormais administrée par un maire, deux députés et un conseil municipal. Parmi les nouveautés apportées par le régime français, il y a le Code civil qui place Genève sous un régime complètement nouveau,

Mais la défaite de l’armée napoléonienne rétablit son indépendance. À la fin de 1813, les troupes commandées par le général autrichien Ferdinand von Bubna und Littitz sont chargées de traverser la Suisse et d’occuper Genève. Le 30 décembre, la garnison française quitte la ville et Bubna y entre. Le lendemain, après le retrait définitif du préfet, un gouvernement réactionnaire dirigé par l’ancien curateur Ami Lullin proclame la restauration de la République d’Ancien Régime. Cependant, les magistrats sont conscients que Genève ne peut plus former un État isolé et se tournent vers les anciens alliés suisses en demandant l’entrée de la république dans la Confédération suisse. Malgré les craintes des catholiques suisses face à la « Rome protestante » et elle a connu des troubles au XVIIIe siècle,

Auparavant, l’ouverture du canton avait été obtenue – annexion des communes savoyardes négociée par Charles Pictet de Rochemont – et l’élaboration d’une constitution conservatrice marquée par le retour du suffrage censal et approuvée en août 1814. Sous la direction de l’ingénieur cantonal , Guillaume-Henri Dufour, la ville se modernise.

En 1833 et 1834, les grèves des tailleurs et serruriers comptent parmi les premières grèves du XIX siècle en Suisse. Une émeute qui eut lieu en novembre 1841 poussa un mouvement révolutionnaire appelé l’Association du Trois-Mars à exiger une refonte du gouvernement. L’association n’obtiendra finalement que l’élection d’une assemblée constituante. La constitution de 1842 adopta le suffrage universel masculin et dota la ville de Genève de ses propres institutions municipales. Cependant, la guerre du Sonderbund a finalement conduit à la chute du régime.

Le 3 octobre 1846, les autorités refusent de recommander aux membres genevois de la Diète fédérale de voter la dissolution du Sonderbund. Le quartier ouvrier de Saint-Gervais se soulève en conséquence, deux jours plus tard, et repousse les troupes gouvernementales. Ce fut le déclenchement d’une révolution de gauche menée par le Parti radical de James Fazy qui renversa le gouvernement et établit une nouvelle constitution le 24 mai 1847 qui supprima notamment le caractère dominant du protestantisme. Au cours des dix années suivantes, Fazy a gouverné Genève en s’appuyant sur les travailleurs et les commerçants.

La révolution faziste a également entraîné la destruction des fortifications qui entouraient la ville et ralenti sa croissance démographique. Entrepris fin 1849, cette destruction voit la ville s’équiper de grands boulevards, de quartiers résidentiels (Tranchées, Pâquis, etc.), d’édifices publics (Grand Théâtre, musée d’art et d’histoire, édifices religieux, etc.) et de nombreux bâtiments scolaires. La disparition de l’enceinte s’accompagne de transformations à l’intérieur de l’ancienne agglomération percée de nouvelles rues et boulevards (ceinture de Fazyste) et agrémentée de quelques promenades. Le site, qui a également permis de freiner la crise économique en employant de nombreux chômeurs, a également libéré l’espace nécessaire à la construction de la première ligne ferroviaire en 1858 (14 ans après la première ligne suisse).

De plus, l’afflux toujours plus massif de travailleurs étrangers transforme la physionomie sociale de l’agglomération. Alors qu’au début du XIXe siècle, on peut encore distinguer un pays d’une ville, les différences s’estompent progressivement et cette population a un visage de plus en plus cosmopolite. La croissance démographique accompagne la transformation urbaine et Genève passe de 38 000 habitants en 1850 à 60 000 en 1870 tandis que sa population étrangère passe de 24% en 1850 à 42% en 1913 (majoritairement française). Genève accueillera alors un certain nombre de réfugiés politiques italiens, allemands, français et russes (dont Lénine).

Sur le plan économique, l’industrialisation de la région évolue, avec l’apparition d’ateliers de mécanique, de matériel électrique et de voitures, tandis que l’électrification de la ville se fait sous l’impulsion du conseiller administratif Théodore Turrettini avec la construction des Motrices et les usines de chèvres. L’extension de la zone franche établie avec la restauration de 1813 contribue au commerce régional. Genève devient également l’un des fiefs de l’Internationale, qui y tient un congrès en 1866, et deux grandes grèves, en 1868 et 1902., contribuent à améliorer les conditions de travail des ouvriers. En 1882, le radical Georges Favon crée les tribunaux du travail tandis que, dix ans plus tard,

Après le Concile Vatican I en 1870, le radical Antoine Carteret passa des lois anticléricales pour s’opposer aux prétendues ambitions du cardinal Gaspard Mermillod de restaurer un évêché à Genève. Il faudra attendre les élections de 1878 pour voir cette politique remise en question par les conservateurs. Carteret a également introduit l’enseignement obligatoire et a permis aux femmes d’entrer à l’université. De plus, malgré sa taille modeste, Genève accueille déjà un certain nombre de scientifiques dont Augustin Pyrame de Candolle, François-Jules Pictet de la Rive, Carl Vogt ou Jean-Daniel Colladon.

XX siècle
La mission internationale de la ville s’affirme notamment après la Première Guerre mondiale: elle devient – notamment grâce aux actions de Gustave Ador et William Rappard – le siège de la Société des Nations en 1919.

Au lendemain de la Première Guerre mondiale, la lutte des classes s’intensifie et conduit à la grève générale du 11 novembre 1918 en provenance de Suisse alémanique. Mais la francophilie environnante réduit considérablement son impact à Genève. De petits partis d’inspiration fasciste, comme l’Union nationale, ont attaqué les dirigeants socialistes le 9 novembre 1932, aboutissant à une manifestation de la gauche antifasciste. A cette occasion, de jeunes recrues ont tiré sans prévenir sur la foule, tuant treize personnes et blessant. Cette tragédie génère, quelques jours plus tard, une nouvelle grève générale de protestation.

Après la Seconde Guerre mondiale, le siège européen des Nations Unies (ONU) et des dizaines d’organisations internationales déménagent à Genève, ce qui profitera au développement du tourisme de loisirs et d’affaires. Avec l’arrivée des années 1960, Genève fut l’une des premières régions suisses où les mouvements xénophobes connurent un certain succès, avec l’apparition de Vigilance, mais aussi le troisième canton à accorder le droit de vote cantonal et communal aux femmes.