Le musée Cognacq-Jay est un musée municipal de la Ville de Paris présentant une collection d’œuvres et d’objets d’art du XVIIIe siècle issus du legs d’Ernest Cognacq. La collection du musée a été constituée entre 1900 et 1925 par Théodore-Ernest Cognacq (1839-1928) et son épouse Marie-Louise Jaÿ (1838-1925), fondateurs du grand magasin La Samaritaine. Le musée abrite plus de 1 200 objets dont des peintures, des sculptures, des dessins, des meubles et des objets décoratifs. Il fait partie des quatorze musées de la Ville de Paris gérés depuis le 1er janvier 2013 par l’établissement public administratif Paris Musées.

A la mort de ce collectionneur passionné en 1928, cette inestimable collection de tableaux, meubles et autres objets est léguée à la Ville de Paris. Ernest Cognacq n’a pas légué l’intégralité de sa collection à son domicile mais avait choisi de présenter une sélection de pièces du XVIIIe siècle dans un bâtiment indépendant de son lieu de vie afin de reconstituer, sur le modèle du musée Carnavalet, des ambiances où les boiseries deviennent des écrins. pour les travaux. Le Musée Cognacq-Jay inaugure en 1929 au 25 boulevard des Capucines, un bâtiment spécialement conçu pour lui par les époux Cognacq, qui souhaitent exposer la collection dans l’intimité d’une maison apparemment habitée, sans les conventions d’un musée.

La collection Cognacq-Jay s’enrichit chaque année d’acquisitions qui s’inscrivent dans les axes formés par le goût et le regard d’un collectionneur du début du XXe siècle, à l’époque même où les arts du XVIIIe siècle constituaient une référence incontournable dans tout intérieur bourgeois. La nature de la collection, constituée d’objets de petite taille, mais aussi la sélection de sujets iconographiques touchant à l’intime, des scènes d’intérieur aux portraits, en font un lieu de rencontre privilégié avec l’esprit du XVIIIe siècle. a été conçu à l’époque des Cognacq : un siècle où la sociabilité, les échanges et l’art de vivre sont au cœur de l’épanouissement individuel.

Gardant cet esprit et cette notion d’un regard partiel et rétrospectif sur le XVIIIe siècle, le musée Cognacq-Jay propose aux visiteurs des expositions dédiées à une meilleure compréhension de la société et de l’art français au XVIIIe siècle, mais aussi de la référence que l’esprit de ce siècle constitue encore dans notre propre société. En 1990, la Ville transfère la collection à l’hôtel Donon (vers 1575) dans le Marais, où la collection est présentée dans vingt salles lambrissées de style Louis XV et Louis XVI. Les travaux de rénovation de l’Hôtel Donon ont été menés par l’architecte en chef parisien Bernard Fonquernie, tandis que la rénovation intérieure a été réalisée par Reoven Vardi.

Le musée Cognacq-Jay recrée l’atmosphère d’une demeure parisienne du siècle des Lumières. Installé à l’intérieur d’un bel ancien hôtel particulier du 16ème siècle avec cour et jardin. Le musée compte cinq étages où les visiteurs pourront découvrir certaines des pièces de l’hôtel particulier comme la cuisine ou le logement des domestiques au dernier étage. Toutes les pièces de la bâtisse abritent différents objets de décoration et œuvres d’art que Cognacq et son épouse ont collectionnés tout au long de leur vie commune.

Le musée contient une collection exceptionnelle d’objets d’art et de décoration, mettant l’accent sur la France du XVIIIe siècle, allant des céramiques européennes et chinoises, des bijoux et des tabatières aux peintures de Louis-Léopold Boilly, François Boucher, Canaletto, Jean-Siméon Chardin , Jean-Honoré Fragonard, Jean-Baptiste Greuze, Maurice Quentin de La Tour, Sir Thomas Lawrence, Hubert Robert, Giovanni Battista Tiepolo et Jean-Antoine Watteau ; sculpture de Jean-Antoine Houdon, Jean-Baptiste Lemoyne et Jacques-François-Joseph Saly ; et de beaux meubles attribués à Jean-François Oeben et Roger Vandercruse Lacroix. Le 17e siècle est également représenté, notamment avec deux tableaux de Rembrandt tandis que le 19e siècle est représenté avec des œuvres de Camille Corot, Paul Cézanne ou encore Edgar Degas.

Histoire
D’origine modeste, le couple formé par Ernest Cognacq et son épouse Marie-Louise Jaÿ constitue un remarquable exemple d’ascension sociale liée à l’essor des grands magasins à la fin du XIXe siècle. Le Jeune Théodore-Ernest Cognacq gagne sa vie comme marchand ambulant à La Rochelle et Bordeaux. Il s’installe à Paris, où il trouve du travail dans un grand magasin et rencontre sa future épouse, Marie-Louise Jay. En 1867, il ouvre sa propre boutique dans le Marais, rue Turbigo. Ce n’était pas un succès, il a fait faillite. Ernest se regroupe en travaillant comme marchand ambulant sous le Pont-Neuf.

A 30 ans, il avait réussi à économiser assez d’argent pour sous-louer un emplacement où la rue du Pont-Neuf et la rue de la Monnaie rejoignent le Pont Neuf. Son plan était d’attirer des clients du marché voisin des Halles, et cette fois son plan a réussi. Cognacq a loué l’espace et embauché deux employés. Il a également épousé sa compagne, Marie-Louise, qui travaillait à l’époque au rayon couture du grand magasin Le Bon Marché.

Le couple travailleur a finalement ouvert le grand magasin La Samaritaine. L’entreprise a prospéré grâce à ses techniques de vente au détail innovantes telles que des prix clairement affichés, des promotions quotidiennes et l’idée révolutionnaire selon laquelle les clients pouvaient essayer des vêtements avant d’acheter. En 1882, les ventes étaient de 600 000F (francs). En 1895, 40 000 000 F et en 1925, les ventes dépassent le milliard de francs.

En 1883 (avec des ventes d’environ 1 000 000F), Ernest Cognacq rencontre l’architecte belge Frantz Jourdain, pionnier de l’Art nouveau. Jourdain a repensé les intérieurs de la première Samaritaine, ainsi que la résidence Cognacq au 65 avenue du Bois de Boulogne (aujourd’hui avenue Foch). En 1905, il conçoit le deuxième magasin La Samaritaine et met en scène avec audace des éléments Art nouveau avec des armatures métalliques apparentes et une façade avec des panneaux de pierre émaillée et des mosaïques. La devanture a été mise à jour dans un style Art déco vers 1927.

Avec leur fortune incalculable, les Cognacq se sont concentrés non seulement sur la collecte, mais aussi sur des activités philanthropiques. En 1907, Ernest établit un musée d’histoire locale sur l’Ile de Ré. Marie-Louise a créé Jaysinia, un jardin botanique alpin dans sa région natale de la Haute-Savoie. Ensemble, ils fondent la Fondation Cognacq-Jay (toujours existante) ; ils ont ouvert une crèche, un centre médical, une maison de retraite, une école, une maternité et un orphelinat.

Le musée
L’histoire singulière du musée se confond, dans ses origines, avec celle de la Samaritaine, dont Ernest Cognacq et Marie-Louise Jay furent les fondateurs. Dès 1925, Ernest Cognacq organise des présentations temporaires de ses propres collections dans les niveaux de la Samaritaine de Luxe, annexe du grand magasin situé au 25-29, boulevard des Capucines. Construit dans le quartier de l’Opéra par Frantz Jourdain, l’immeuble était dédié à la vente de produits haut de gamme destinés aux intérieurs de la bourgeoisie parisienne. Des photographies documentaires illustrent le parti pris scénographique de Cognacq : mobilier isolé sur les estrades, rideaux festonnés aux murs, habillage décoratif suspendu.

Dès 1927, Ernest Cognacq fait l’acquisition d’un ensemble de boiseries du XVIIIe siècle servant de charpente au musée qu’il projette d’installer dans l’immeuble voisin de la Samaritaine de Luxe. Malgré sa mort en 1928, son projet est poursuivi par Edouard Jonas, antiquaire et conseiller du patron de La Samaritaine, et bénéficiaire du legs, la Ville de Paris. Inaugurés par le Président de la République, Gaston Doumergue le 4 juin 1929, les trois niveaux présentent l’intégralité de la collection Cognacq dans des reconstitutions d’intérieurs du XVIIIe siècle. La préface du premier Catalogue, écrite par l’historien d’art Seymour de Ricci en 1929, guide le visiteur en rappelant les intentions de ce nouveau musée :

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Ernest Cognacq ne prétendait pas, en tant que collectionneur, rivaliser avec les grands musées de la capitale. De même que sa pudeur naturelle ne lui a jamais donné envie de résider dans un palais, de même il voulait, pour ses collections, un cadre dont les dimensions restreintes puissent conserver à ses œuvres d’art l’atmosphère d’intimité qu’il avait tant aimée. pour les entourer. Ainsi, dans trois étages de hauteur moyenne, le visiteur du musée Cognacq-Jay trouvera un ensemble artistique, où il n’aura pas à chercher les vastes toiles et les grands meubles d’apparat que l’on admire dans les immenses galeries. du Louvre et de Versailles, mais il aura la joie de découvrir, dans un environnement harmonieux, tout ce qui, selon une expression heureuse, constituait le décor artistique de la vie française au XVIIIe siècle. Le Musée Cognacq-Jay,

Après l’arrêt des activités de la Samaritaine de Luxe en 1981, puis sa vente en 1983, la Ville de Paris a choisi un nouveau lieu de conservation et de présentation pour la collection Cognacq, à proximité du musée Carnavalet. Restauré entre 1986 et 1989, l’Hôtel Donon, demeure du XVIe siècle située au cœur du Marais, abrite depuis 1990 les collections d’Ernest Cognacq et de Marie-Louise Jaÿ. Celles-ci sont présentées sur trois niveaux dans le corps de logis principal et au niveau des galeries bordant la cour.

La muséographie s’articule autour d’un parcours thématique relatif au XVIIIe siècle laissant le dernier niveau, celui de la toiture, réservé aux présentations temporaires, et l’espace d’accueil, à l’histoire de la collection. Au cours des deux décennies suivantes, au fur et à mesure des nouvelles expositions et de l’évolution des normes de conservation muséale, l’organisation des espaces évolue progressivement pour s’articuler autour de deux pôles : les expositions temporaires, au premier niveau du musée, et la collection permanente, déployée à la fois dans des reconstitutions atmosphériques et des galeries typologiques.

Hôtel Donon
Depuis 1990, le musée Cognacq-Jay est niché dans un hôtel particulier au cœur du Marais, l’hôtel Donon. Comme beaucoup d’immeubles du Marais, au XIXe et au début du XXe siècle, l’hôtel Donon avait été utilisé à des fins commerciales et était défiguré par des appentis ; Les photos d’Eugène Atget témoignent de cet état. La Ville de Paris l’a acquis en 1974 et l’a restauré afin de présenter les collections du musée Cognacq-Jay. Entre-temps, l’hôtel avait été classé Monument Historique.

L’architecte de l’hôtel a adopté un plan régulier : les bâtiments entourent une cour rectangulaire. Fondamentalement, le bâtiment principal est situé entre cour et jardin ; deux ailes le relient au bâtiment sur rue ; celle du sud abritait probablement des hangars et des écuries, tandis qu’une simple galerie occupait l’aile nord. Du côté de la cour, ainsi que du côté du jardin, deux petits pavillons latéraux projettent. La structure du bâtiment principal est caractéristique des hôtels du Marais au XVIe siècle : deux étages de caves – dont une en demi sous-sol réservée aux cuisines et à la salle commune – au-dessus desquelles s’élèvent deux étages de même hauteur, l’une en rez-de-chaussée surélevée réservée aux appartements de réception, l’autre en étage carré coiffé d’une haute toiture,

L’élégance de cette architecture tient à la perfection du rythme des ouvertures : mi-croisées – croisées – croisées – mi-croisées. Subtilement, côté cour, tout concourt à créer un effet pyramidal : ainsi les deux lucarnes percées dans la toiture sont réunies sous un même fronton ; côté jardin, seules les baies vitrées sont surmontées de lucarnes. Cette pureté déjà classique n’est alourdie par aucun décor sculpté : à la base du toit, les consoles sont laissées nues, de simples moulures soulignent l’arrondi des lucarnes et les pentes des frontons. Si le corps de logis principal semble intact, il n’en est pas de même des pavillons : l’analyse de leur construction fait penser à un rajout ou une surélévation.

Les transformations opérées aux XVIIe et XVIIIe siècles ne permettent plus de situer avec certitude l’emplacement de l’entrée principale de l’hôtel. Il est probable qu’une porte percée au rez-de-chaussée du pavillon nord de la cour donnait accès à l’escalier menant à l’appartement, aux dépendances et au jardin. L’escalier actuel, de type « à vide » et équipé d’une rampe en fer forgé, date de la fin du XVIIe siècle, comme en témoignent ses caractéristiques et ses comparaisons avec d’autres escaliers du Marais. Sa modification a entraîné celle du pavillon nord et, par souci de symétrie, une transformation du pavillon sud. Les ailes ont probablement été relevées à la même époque, comme le laissaient penser les traces d’une ancienne toiture de l’aile nord lors de la restauration de l’hôtel.

De plus, les fenêtres des galeries latérales ne comportent pas de meneaux contrairement à celles du corps de logis principal. L’architecture de l’édifice faisant face à la rue, avec son portail surmonté d’un fronton orné d’une coquille, ne peut pas non plus dater du XVIe siècle, mais d’une campagne de travaux postérieure, probablement de la fin du XVIIe siècle. Probablement vers 1710, l’accès direct au jardin depuis l’appartement de réception, situé au rez-supérieur, est assuré par le percement d’une porte-fenêtre ouvrant sur un porche (plan de Paris par Jaillot, 1774).

Quelques éléments de décoration intérieure subsistent. De la décoration d’origine subsistent, dans la chambre basse (salle IV du musée) et dans le pavillon nord donnant sur le jardin (salle II), des plafonds à poutres et solives apparentes, peints à l’imitation de la marqueterie avec des ornements tels que des rosaces feuillagées. Des transformations du début du XVIIe siècle datent des lambris blanc et or situés dans le même pavillon et dans la grande salle du rez-de-chaussée (salle III).

Exposition
Les pièces du rez-de-chaussée sont décorées de boiseries. Le musée rassemble des collections de peintures de Nicolas de Largillierre, Jean Siméon Chardin, Rembrandt (Balaam et son âne, 1626), Ruisdael, Canaletto, Giovanni Battista Tiepolo (Le Banquet de Cléopâtre, vers 1742-1743), Élisabeth Vigée Le Brun, Jean-Baptiste Greuze, François Boucher (Le Retour de Diane chasseresse), des pastels de Maurice Quentin de La Tour et de très beaux dessins de Watteau. Fragonard est également présent avec des figures d’enfants. Des sculptures de Houdon et Clodion sont exposées.

Chaque chambre a été restaurée avec des meubles d’époque et des objets précieux. Des vitrines présentent des porcelaines de Saxe, des tabatières, des lunettes et des nécessaires de toilette. L’ensemble évoque la vie raffinée du Siècle des Lumières. Il y a aussi quelques œuvres plus tardives, dont deux Canaletto, des Guardi, trois toiles d’Hubert Robert et un très beau portrait de la princesse de Metternich attribué à Sir Thomas Lawrence.

Le musée organise régulièrement des expositions temporaires : « Le siècle de Watteau » (2008), « Tivoli » (2011), « La patine du temps » (2012), « Le siècle d’or de l’éventail » (2014), « Jean-Baptiste Huet, le plaisir de la nature » (2016), « L’enfance des luminaires » (2018), « La manufacture de luxe : les merciers parisiens au XVIIIe siècle » (2019), « L’empire Les sens. De Boucher à Greuze » ( 2020-2021), « Louis-Léopold Boilly, chroniques parisiennes » (2022). Le musée accueille aussi parfois des interventions d’artistes contemporains. Christian Lacroix a eu carte blanche pour une exposition intitulée « Lumières » en 2015.

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Tags: France