Bilan des 350 ans de l’Opéra National de Paris en 2019, France

En 2019, l’Opéra National de Paris célèbre ce soir les 350 ans de sa fondation avec un gala. En dix dates à partir du 8 mai 2019 avec une grande soirée de gala qui réunit les grands noms de la musique, de l’opéra et de la danse. L’occasion d’évoquer l’histoire mouvementée de la grande maison.

C’est l’occasion de marquer cet événement en appréhendant son histoire de l’Opéra de Paris qui raconte et célèbre cette histoire exceptionnelle depuis la fondation de l’Académie Royale de Musique par Colbert en 1669 jusqu’à l’Opéra National de Paris, au XXIe siècle.

L’histoire remonte à la création par Louis XIV des différentes académies de danse et de musique d’opéra à l’opéra moderne et mondialisé en racontant l’histoire du fonctionnement de l’institution tout au long du XIXème siècle, sous l’empire, la restauration et le second empire et tout au long du 20ème siècle. De 1669, sous Louis XIV, à 1989, date d’inauguration de l’Opéra Bastille, un raccourci en dix dates de l’histoire de l’Opéra de Paris, avec ses triomphes, ses scandales, les grands compositeurs et les vedettes qui ont vécu.

En tant qu’institution, l’Opéra National de Paris est mieux connu comme le grand bâtiment du Palais Garnier. L’Opéra Garnier est un théâtre national qui se veut une académie de musique, de chorégraphie et de poésie lyrique ; c’est un élément majeur du patrimoine du 9e arrondissement de Paris. Il fut construit pour l’Opéra de Paris de 1861 à 1875 à la demande de l’Empereur Napoléon III. L’Opéra Garnier est représentatif du style Napoléon III, incontestablement un chef-d’œuvre de premier ordre.

Le Palais Garnier a été qualifié de « probablement l’opéra le plus célèbre du monde, un symbole de Paris comme la cathédrale Notre-Dame, le Louvre ou la basilique du Sacré-Cœur ». Cela est en partie dû à son utilisation comme décor du roman de 1910 de Gaston Leroux Le Fantôme de l’Opéra et, en particulier, des adaptations ultérieures du roman dans les films et la comédie musicale populaire de 1986.

La manifestation offre un panorama complet et richement illustré de l’institution, de son histoire et de son répertoire. Entre autres : – Les différentes salles occupées par l’Opéra de Paris depuis 1669, notamment le Palais Garnier et l’Opéra Bastille – Les grandes périodes de la gouvernance de l’Opéra, et les rapports entre programmation artistique et politique – Une histoire de la danse et de la Opera Ballet – Un dossier sur les métiers cachés de l’opéra – Portfolios sur les grandes productions historiques (opéra et ballet).

L’événement aux encarts thématiques abondamment illustrés donne à cette histoire un prolongement visuel et attractif qui met en valeur tel ou tel aspect de cette histoire : l’esthétique royale, Mozart à Paris, la construction du Palais Garnier, la création de Guillaume Tell par Rossini, l’entrée de Carmen au répertoire, Degas à l’opéra, les Ballets russes, les couturiers à l’opéra, l’opéra au cinéma, etc…

Faits saillants de l’histoire
L’année 2019 marque un double anniversaire pour l’Opéra national de Paris : 350 ans de l’institution et 30 ans de l’Opéra Bastille. Le 28 juin 1669, le roi Louis XIV signait à Saint-Germain-en-Laye les lettres patentes autorisant le poète Pierre Perrin à fonder une académie d’opéra pour offrir au public des représentations en musique et en langue française, qui allait devenir quelques des années plus tard, en 1672, l’Académie Royale de Musique.

Par cet acte, le roi a voulu contribuer à son divertissement personnel et à celui du public, accueillir des artistes de tous pays pour transmettre le goût du théâtre, de la danse et de la musique. Louis XIV légua ainsi à la France une institution exceptionnelle qui posa les bases de l’opéra français. D’abord installé dans la salle du Bottle Tennis, l’Opéra occupera plusieurs salles au fil des siècles, jusqu’à celle conçue par Charles Garnier et inaugurée en 1875 : le Palais Garnier, place de l’Opéra.

Le 13 juillet 1989, pour le bicentenaire de la Révolution française, au cœur du quartier de la Bastille, le président François Mitterrand inaugure le deuxième théâtre souhaité pour l’Opéra de Paris, « une maison ouverte à tous les publics », un « Opéra populaire » comme il s’appelait alors. Quelle que soit la localisation des 2 700 spectateurs, la visibilité et la qualité d’écoute se veulent optimales. Le théâtre, conçu par Carlos Ott, dispose d’un espace gigantesque en coulisses et d’un dispositif technique imposant qui en fait l’un des les outils de travail les plus performants du monde de l’opéra.

Aujourd’hui, l’Opéra national de Paris est dépositaire d’un vaste patrimoine : musique, ballet, chant et métiers d’art au service de la fabrique du spectacle. Sa mission est de faire vivre ce patrimoine tout en le questionnant afin de créer un dialogue propice à la création. La 3e Scène, plateforme de création numérique inaugurée en 2015, est l’une des illustrations de l’énergie mise en œuvre pour ancrer l’Opéra national de Paris dans le présent et étendre son rayonnement.

1669 : naissance et errance – L’Opéra de Paris voit le jour le 28 juin 1669, réunissant dès l’origine une troupe de chanteurs, le premier orchestre professionnel de France et un corps de ballet.

1774 : triomphe de Gluck – Réformateur de l’art lyrique, le compositeur allemand Christoph Willibald Gluck triomphe sur la scène parisienne avec des productions qui tournent le dos aux stéréotypes italiens. La reine Marie-Antoinette avoue avoir été « transportée » lors de la création de son Iphigénie en Aulide en avril 1774. Iphigénie en Tauride suivra en 1779.

1829 : dernier Rossini – L’Italien Gioachino Rossini compose pour l’Opéra de Paris un grandiose Guillaume Tell, une fresque historique de quatre heures que le public boude lors de sa présentation en août 1829. Ce semi-fiasco et la révolution de 1830 poussent Rossini à une retraite anticipée, à 38 ans.

1841 : première Giselle – Apothéose du ballet romantique, Giselle est créée à l’Opéra de Paris le 28 juin 1841 sur un livret composé par Théophile Gautier pour la danseuse italienne Carlotta Grisi dont il tombe amoureux. Depuis, la chorégraphie a été donnée plus de 700 fois. C’est, avec Coppélia, le ballet le plus dansé du répertoire parisien.

1861 : scandale Wagner – Boos dans la salle le 13 mars 1861 pour la première de Tannhäuser. Richard Wagner, installé à Paris depuis des mois pour développer la version française de son opéra, n’aime pas l’insulte. Il fit annuler les représentations et quitta la capitale. Son nom ne reviendra à l’affiche parisienne que 30 ans plus tard avec Lohengrin qui provoquera une émeute anti-allemande le soir de la première.

1875 : fête sacrée à Garnier – Sous la lueur de milliers de becs de gaz, le Palais Garnier est inauguré en grande pompe, le 5 janvier 1875, en présence de têtes couronnées, d’altesses en exil et de princes des finances. Grand escalier monumental, foyer aux allures de salle de bal : l’édifice scintille de marbre, d’or et de lustres. Seul hic, l’architecte Charles Garnier, oublié parmi les convives, doit payer sa place au dernier moment.

1964 : Callas chahuteur – Une Norma de luxe est donnée le 22 mai 1964 à l’Opéra : Georges Prêtre à la baguette, Franco Zeffirelli à la scène et Maria Callas dans le rôle-titre. La diva chante l’opéra de Vincenzo Bellini devant un parterre de stars : Romy Schneider, Grace Kelly… Mais des « hou-hoo » tombent du poulailler pendant la représentation. A la fin, adversaires et défenseurs de Calas en viennent aux mains dans une ambiance survoltée.

1975 : Elektra sans électricité – Soirée de gala, ce 11 avril 1975, au nom de l’amitié franco-allemande : devant les présidents français et allemand, la soprano Birgit Nilsson interprète une Elektra mise en scène par le vétéran Karl Böhm. Un black-out plonge la salle dans le noir au milieu de l’opéra de Richard Strauss. Lorsque la lumière revient, le chef d’orchestre de 80 ans dort à son bureau.

1983 : un seigneur dansant – L’une des toiles les plus brillantes du monde de la danse, Rudolf Noureev devient en 1983 directeur de la danse à l’Opéra. Le brio du transfuge soviétique rejaillit sur toute la troupe parisienne. Ce « seigneur de la danse » a été fauché le 6 janvier 1993 par le SIDA. Son cercueil a été honoré dans l’enceinte même de Garnier.

1989 : prise de l’opéra Bastille – En plein bicentenaire de la Révolution française, l’Opéra de Paris inaugure le 13 juillet 1989 une seconde maison : l’opéra Bastille. Les voix de Placido Domingo, Barbara Hendricks, Ruggero Raimondi résonnent ce soir-là dans la nouvelle salle de 2 700 places, la plus grande d’Europe pour l’opéra.

Temps forts des célébrations

Gala du 350e anniversaire
Le Gala inaugural de la célébration des 350 ans de l’Opéra de Paris comprenant une grande fête de célébration, ainsi que de nombreuses activités environnantes. L’essentiel du programme du spectacle est composé d’opéras et d’oeuvres françaises, dont Don Carlos de Verdi, La Traviata… A commencer par Berlioz et la marche hongroise de la damnation de Faust, donne un joli coup d’éclat pour démarrer la soirée.

Comme les ballets du répertoire : La Dame aux Camélias de John Neumeier, Le Park d’Angelin Prejlocaj et Carmen de Roland Petit. L’absence de scénographie concentre encore plus la beauté de l’instant sur la chorégraphie. Côté lyrisme, Sonya Yoncheva se produit avec Bryan Hymel dans le duo de Saint-Sulpice de Manon, et avec Ludovic Tezier dans l’émouvant second acte de La Traviata, sont des moments d’une grande intensité.

Le tout s’achève sur le finale de Faust de Gounod, un choix parfaitement élégiaque qui convient bien à l’ambiance de cette soirée et qui nous permet de recoller le patchwork musical qui s’offrait à nous.

Soirée spéciale au Palais Garnier
Entre répertoire et création, l’Opéra de Paris revient sur 350 ans d’histoire. De Primo Omicidio de Scarlatti à Bérénice de Michael Jarrell, création mondiale commandée par l’Opéra de Paris, la saison 2018/2019 propose un voyage à travers plusieurs siècles d’histoire de l’opéra et du ballet de la Maison. En quelques fragments choisis – suivant une pratique populaire au siècle de l’Académie Royale de Musique.

Secrets du Palais Garnier
L’Opéra de Paris et le Forum des Images vous invitent à découvrir le Palais Garnier : guidés par la danseuse de ballet Roxane Stojanov, vivez un voyage entre réalité et illusion à travers les espaces mystérieux et envoûtants de l’Opéra conçu par Charles Garnier.

Les Saturnales
A l’occasion des 350 ans de la fondation de l’Opéra de Paris et des 30 ans de son nouvel auditorium, l’artiste Claude Lévêque a créé Saturnales, une installation évoquant les Poèmes saturniens de Verlaine ainsi que l’éclat lumineux de la planète Saturne, à vivre tout au long de cette année de fête..

Personnages et costumes emblématiques
Pour le 350 e anniversaire de l’Opéra, l’influent photographe français VuThéara, accompagné de son directeur artistique Antoine Neufmars, a immortalisé douze costumes emblématiques du répertoire de l’Opéra de Paris. Stars et solistes d’opéra se sont glissés dans la peau de leurs personnages. Ils témoignent de l’importance, tant esthétique que pratique, des costumes pour les spectacles, minutieusement conçus dans les ateliers de l’Opéra de Paris.

Illustration
A l’occasion de sa saison anniversaire, l’Opéra de Paris invite des illustrateurs à réinventer les affiches de ses productions et à proposer leur interprétation personnelle d’une œuvre.

Poésie graphique
Dans le cadre de la saison anniversaire de l’Opéra de Paris, l’artiste Mircea Cantor s’est vu offrir carte blanche pour décorer les pages de certains programmes avec des dessins et des calligraphies. Armé de pinceaux japonais, il hante les salles de répétition et capte les gestes et exhalaisons des danseurs, chanteurs, chorégraphes et metteurs en scène, interrogeant le répertoire avec le regard singulier de l’esthète.

Les ateliers de l’Opéra
A l’occasion de l’année anniversaire de l’Opéra, le photographe allemand Heinz Peter Knes s’est vu offrir carte blanche pour découvrir les ateliers de l’Opéra de Paris. De cette immersion au cœur des métiers d’art de l’institution, une exposition organisée dans nos deux salles à l’Opéra et, depuis le 22 décembre 2019, Gare de l’Est.

Des caves aux toits
A l’occasion des 350 ans de l’Opéra de Paris, Juan Jerez, photographe et architecte, a été invité à visiter les deux théâtres de notre Maison. Ce projet, développé au cours de l’année anniversaire, compare et oppose le Palais Garnier et l’Opéra Bastille pour mieux souligner leur complémentarité. Une aventure dans les coulisses des caves aux toits, offrant l’occasion de découvrir l’Opéra de Paris sous un nouvel angle, à la fois perspicace et saisissant.

Les 30 ans de l’Opéra Bastille
A l’occasion des 30 ans de l’Opéra Bastille, Aurélien Poidevin revient sur un projet historique qui va profondément modifier la morphologie du paysage musical national et international. L’exposition montre comment a été construit l’un des trois plus grands monuments parisiens entre 1981 et 1989, derrière la Bibliothèque nationale de France et le ministère des Finances. En effet, ce nouveau temple de l’opéra tant désiré par François Mitterrand deviendrait encore plus grand que le musée du Louvre.