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Histoire de la Renaissance française

La Renaissance française est un mouvement artistique et culturel situé en France entre la fin du XVe siècle et le début du XVIIe siècle. Stade des temps modernes, la Renaissance apparaît en France après le début du mouvement en Italie et sa propagation dans d’autres pays européens.

Comme en Italie, ses traits caractéristiques sont la soif de vivre, la confiance en l’homme, l’appétit de la connaissance, l’esprit de l’examen libre. Ce mouvement défie les mentalités du Moyen Âge et cherche de nouvelles formes de vie et de civilisation. En effet, les possibilités de diffusion de l’information par l’imprimerie, et la découverte d’un monde nouveau au-delà de l’Atlantique, modifient profondément la vision du monde des hommes de cette époque.

La Renaissance française est l’époque des peintres, sculpteurs qui sont utilisés par les rois dont les plus emblématiques de l’époque sont François Ier et Henri Ier. C’est l’époque de Léonard de Vinci qui met fin à sa vie au Clos Lucé, mais aussi la création du Ecole de Fontainebleau et l’arrivée des Médicis à Paris au XVIème siècle.

La Renaissance en France est divisée en quatre parties. Le premier acte est le style Louis XII (1495-1530 environ) formant la transition entre le style gothique et le Renaissanc. Ce premier style, cependant, déclina en 1515, surtout dans la vallée de la Loire, où l’acceptation complète de la Renaissance italienne se fait sentir plus rapidement. Comme en Italie, trois phases se détachent jusqu’au début du XVIIe siècle, une première et une seconde Renaissance française se terminant par le maniérisme.

Renforcer la monarchie: souveraineté
En France, la Renaissance précise que, après le règne de Louis XI, le pouvoir du roi s’accentue sur ses vassaux. Nous passons progressivement d’un régime de suzeraineté à un régime de souveraineté.

En fait, l’évolution des techniques de guerre a une influence indirecte sur ce changement. La défense des châteaux devient progressivement inefficace en raison de l’invention de nouvelles armes de guerre à plus longue portée (bombards), de sorte que de nouveaux systèmes défensifs doivent être imaginés.

L’inefficacité de l’armée française lors de certains épisodes de la guerre de Cent Ans (Bataille d’Azincourt, 1415 notamment) est révélatrice de ce changement.

Les seigneurs féodaux, dont les «privilèges» dans la société médiévale sont compensés par leur responsabilité envers la population environnante en cas d’agression de la part de la communauté locale, n’ont plus le même rôle. Ils ont pris des responsabilités militaires au niveau «national» et non au niveau local (dans la langue moderne), tout en conservant leurs privilèges.

La hiérarchie des suzerainties est bouleversée. Il est donc nécessaire de redéfinir les responsabilités réciproques du monarque, qui est devenu le garant de la sécurité du pays unifié. Le principal théoricien de la définition du principe de souveraineté est Jean Bodin.

François Ier est ainsi l’un des premiers monarques français, au vrai sens du mot (dans le système féodal, les rois sont des suzerains de leurs vassaux, qui prêtent serment d’allégeance). L’absolutisme, à proprement parler, n’apparaît qu’avec Henri IV, dont les attributions augmentent après l’édit de Nantes (1598), et surtout avec Louis XIII (sous la forte influence de Richelieu) et avec Louis XIV, soutenu sur ce point par Bossuet.

Les quatre phases de la Renaissance française (1495-début du XVIIe siècle)
La Renaissance en France est divisée en quatre parties. Le premier acte est le style Louis XII (vers 1495-1530) formant la transition entre le style gothique et le Renaissanc. Ce premier style, cependant, déclina en 1515, surtout dans la vallée de la Loire, où l’acceptation complète de la Renaissance italienne se fait sentir plus rapidement. Comme en Italie, trois phases se détachent jusqu’au début du XVIIe siècle, une première et une seconde Renaissance française se terminant par le maniérisme.

A chaque étape de son développement, l’art de la Renaissance française est resté un art original, né d’une rencontre entre des modèles italiens, des artistes flamands et des particularités françaises. Les modèles ont cependant beaucoup changé entre 1495 et 1610 puisque les Français ont successivement admiré l’art de la fin du Quattrocento, celui de la Haute Renaissance et du Maniérisme. De ces rencontres successives est née une production artistique abondante, désordonnée, parfois difficile à saisir. Quand on fait le point, deux faits essentiels apparaissent: L’art français «moderne» prend forme à travers les grandes œuvres du milieu du XVIe siècle tandis que le château royal de Fontainebleau, «vraie Rome nouvelle», est né sous la volonté du roi François Ier un centre artistique majeur, qui fut le seul en Europe à pouvoir rivaliser avec les grands centres italiens et que l’on appellera l’école de Fontaineblea.

La nouvelle situation ainsi créée contrôle l’avenir: elle annonce l’affirmation d’un style «national» au milieu du XVIIe siècle et le rôle futur joué par Versaille.

Le style Louis XII: transition entre gothique et début de la Renaissance (1495-1525 / 1530)
Le style Louis XII (1495 à 1525/1530), est un style de transition, un passage très court entre deux époques éblouissantes, l’époque gothique et le Renaissanc. Il décrit une époque où l’art décoratif à partir de l’arc gothique et du naturalisme gothique se déplacera vers l’arc plein et les formes douces et rondes mélangées avec des motifs antiques stylisés typiques de la première Renaissance: il y a encore beaucoup de gothique au château de Blois, il y en a plus au tombeau de Louis XII à Saint-Deni.

A partir de 1495, une colonie d’artistes italiens s’installe à Amboise et travaille en collaboration avec des maçons français. Cette date est généralement considérée comme le point de départ de ce nouveau mouvement artistique. D’une manière générale, la structure reste française, seul le décor change et devient italien. Il serait malheureux, cependant, de déterminer ce nouveau style avec la seule contribution italienne: Les relations existent entre la production architecturale française et celle de la platéresque espagnole 10 et l’influence du Nord, surtout d’Anvers est notable aussi bien dans les arts décoratifs comme dans l’art de la peinture et du vitrail.

Les limites du style Louis XII sont assez variables, surtout quand il s’agit de la province en dehors de la vallée de la Loire. En plus des dix-sept années du règne de Louis XII (1498-1515), cette période comprend la fin du règne de Charles VIII et le début de celle de François Ier, en commençant le mouvement artistique en 1495 pour y mettre un terme vers 1525/1530 5: L’année 1530 correspondant à un véritable tournant stylistique, qui suit la création de François Ier, de l’école de Fontainebleau, est généralement considérée comme l’acceptation intégrale du style Renaissance 4,. Dans le travail décoratif de la fin de la période de Charles VIII, il y a une tendance marquée à se séparer de l’arcade pour se rapprocher de l’arc plein. L’influence des productions de Bramante à Milan pour Ludovic Sforza est perceptible dans la partie inférieure de l’aile Charles VIII au château d’Amboise 4: si la partie supérieure du bâtiment est gothique, la façade de la passerelle des gardes présente une telle loggia, une série d’arches semi-circulaires qui marquent les portées rythmiques des pilastres lisses. En général, les formes ornementales n’ont déjà pas la grâce particulière de la période ogivale, le rythme des façades s’organise plus régulièrement avec la superposition des ouvertures en travées et la coquille, élément important du décor Renaissance, fait déjà son apparition.

Ce développement est particulièrement sensible au Château de Meillant, dont les travaux d’embellissement voulus par Charles II d’Amboise débutèrent en 1481: si la structure restait entièrement médiévale, la superposition des fenêtres en travées interconnectées par un pinacle, annonce la grille de façades sous le premier Renaissanc. De même, il y a l’entablement ovale classique surmonté d’une balustrade gothique et le traitement Tempietto de la partie supérieure de l’escalier en colimaçon avec sa série d’arcs en plein cintre avec des coquilles.

Si à la fin du règne de Charles VIII, la contribution des ornements italiens vient enrichir le répertoire flamboyant, il y a désormais sous Louis XII toute une école française qui s’ouvre à l’Italie avec de nouvelles propositions, établissant ainsi les principes d’une transition style.

En sculpture, la contribution systématique des éléments italiens ou même la réinterprétation «gothique» des réalisations de la Renaissance italienne est évidente dans le Saint-Sépulcre de Solesmes où la structure gothique prend la forme d’un arc de triomphe romain flanqué de pilastres à candélabres lombardes. Le feuillage gothique, désormais plus déchiqueté et languissant que l’hôtel Cluny à Paris, se mêle aux tondi avec des portraits d’empereurs romains au château de Gaillon.

En architecture, l’utilisation de la « brique et de la pierre », présente sur les bâtiments dès le xiv e siècle, tend à généraliser (château d’Ainay-le-Vieil, aile Louis XII du château de Blois, l’hôtel d’Alluye de Blois). Les hauts toits français avec des tourelles d’angle et des façades d’escaliers en colimaçon perpétuent la tradition mais la superposition systématique des fenêtres, des lucarnes et l’apparition des loggias influencées de la villa Poggio Reale et du Castel Nuovo de Naples sont le manifeste d’un nouvel art décoratif où la structure reste profondément Gothi. La diffusion du vocabulaire ornemental de Pavie et Milan a donc un rôle majeur tout en étant perçue comme l’arrivée d’une certaine modernité.

Dans cet art en évolution rapide, les jardins deviennent plus importants que l’architecture: L’arrivée à Amboise d’artistes italiens dont Pacello da Mercogliano était à l’origine sous Charles VIII de la création des premiers jardins de la Renaissance française grâce à de nouvelles créations paysagères, l’installation d’un travaux de ménagerie et d’acclimatation agronomique menés de 1496 aux «Jardins du Roy» alors situés dans le domaine royal de Château-Gaillard. En 1499, Louis XII confie la réalisation des jardins du château de Blois à la même équipe que Georges d’Amboise engage par la suite pour créer des massifs de fleurs à différents niveaux sous son château de Gaillon.

En conclusion, le style Louis XII montre que nous voulons maintenant étonner les Français comme les Italiens: C’est de la fantaisie avec laquelle sont incorporées les nouveautés italiennes dans les structures françaises encore médiévales qui verront le jour vers 1515/1520 la Première Renaissance.

La première Renaissance (1515 à 1530/1540)
Tout comme la période précédente, la manifestation la plus évidente de la première Renaissance en France s’exprime par la construction de châteaux résidentiels non seulement dans le Val de Loire et en Ile-de-France mais aussi dans certaines provinces plus au sud comme le Berry, le Quercy et le Périgord (Château d’Assier et Montal) qui, après avoir récupéré au lendemain de la guerre de Cent Ans, voient leurs familles nombreuses s’endetter sur plusieurs générations afin de moderniser les structures médiévales préexistantes.

Cependant c’est en effet en Touraine que seront construits les plus grands châteaux de la Renaissance française.

Si à partir de la fin du XVe siècle, le processus de transition du style Louis XII, impose progressivement les formes de la Renaissance précoce 6, à partir des années 1515/1520, l’arrivée d’une nouvelle vague d’artistes italiens, plus nombreux qu’auparavant, aura une grande influence sur l’art français, créant une véritable rupture: les formes gothiques finissent par se diluer progressivement dans le décorum italien. Ce développement est particulièrement sensible au portail de l’église de Saint Maurille de Vouziers, où une ornementation classique masque la structure encore gothique.

Contrairement à la période précédente, le protagoniste principal n’est plus l’entourage du roi, mais François Ier lui-même, qui se comporte comme un monarque humaniste, devient l’un des principaux acteurs de cette évolution stylistique. En s’imposant dans les arts, il veut être mécène et guide de son peuple et de la chrétienté, sans renoncer à son rôle militaire.

C’est ainsi qu’il utilise des artistes italiens pour la construction de ses châteaux. Ces artisans littéraires auront alors une grande aura sur les maçons maçons français: L’architecte présumé de Chambord, Domenico Bernabei da Cortona aurait été surnommé « Boccador », bouche d’or en italien, pris ici dans le sens de « mots d’or » .

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Cependant, tout au long de la Renaissance française, le plan des bâtiments restera traditionnel et les éléments architecturaux resteront librement inspirés par le nouvel art de Lombard. Jamais, peut-être, l’architecture française n’a été plus élégante, plus légère et plus élégante que durant cette période artistique. Une saveur particulière se dégage des bâtiments du Val de Loire, où les maîtres maçons français, pleins de verve, n’acceptent que la nouvelle architecture en associant toujours la structure à la forme et se combinent avec des silhouettes audacieuses et un Moyen Age pittoresque, la décoration de la Renaissance italienne.

Ainsi, conformément au style de Louis XII, nous conservons tout au long de la période les traditions nationales telles que les hauts toits: Le Château de Saint-Germain-en-Laye étant le seul à être recouvert de terrasse. Si les progrès de l’artillerie avaient rendu inutile tout appareil défensif tel que les tours, les machicoulis, les alias ou les châteaux des châteaux, ils sont encore conservés par la tradition. Cependant, tous ces éléments de défense se vident de leur substance pour se transformer en autant d’éléments décoratifs. Ainsi, dans de nombreux bâtiments, tels que le château de Chenonceau, La Rochefoucauld, Villandry ou comme à Azay-le-Rideau (remodelé au XIXe siècle), la permanence du donjon ne se justifie pas seulement par le symbole seigneurial qu’il représente. ; sa fonction militaire étant maintenant supplantée par celle de prestige et de pompe.

Dans ce mouvement, les tours des châteaux du Moyen Age deviennent à Azay-le-Rideau, de gracieuses tourelles en encorbellement, tandis que les créneaux de l’allée se transforment en petites fenêtres, transformant cet espace en une agréable galerie de circulation. Caractéristique apparue avec le style Louis XII, les fenêtres des façades ont leur cadre de porte qui relie d’étage en étage, formant une sorte de baie complétée en skyligh. Ce quadrillage, que l’on retrouve à Blois ou à Chambord, donne une impression de régularité, souvent «fictive», aux reliefs, tout en soulignant l’horizontale et la verticale, tandis que la multiplication des cheminées et des clochettes semble former une couronne à l’édifice, est un dernier reflet de la fantaisie médiévale.

Si l’architecture est désormais largement ouverte sur l’extérieur, la richesse décorative reste réservée à la cour, notamment pour le motif central de l’escalier. Obsession généralement étrangère à la Renaissance italienne, l’escalier est alors considéré comme l’élément français autour duquel gravitent l’ensemble du château: La tour polygonale en hors d’oeuvre, conservée dans l’aile François Ier du château de Blois, est progressivement remplacée par une rampe sur rampe, qui est bien plus qu’une innovation italienne, semble appartenir au répertoire de l’Ouest de la France depuis {{| XV}}.

Si la façade des loges du château de Blois apporte une certaine modernité, par ses ouvertures en enfilade à l’extérieur, inspirées par la cour du Belvédère du Vatican, l’utilisation du modèle romain de Bramante est modifiée et soumise au structure médiévale préexistante. Inachevée, cette façade ne pouvait recevoir un décor à l’italienne comparable à l’aile François Ier de la cour. Néanmoins, il reste représentatif des diverses recherches effectuées au cours de la première Renaissance: En substituant les profils solides et tranchants aux arêtes vives du moulage gothique, il marque un progrès dans l’imitation des modèles anciens.

Cette interprétation des réalisations de Bramante, même si elle ne respecte pas les ordres antiques, se retrouve dans la superposition des arcades encadrées de pilastres qui ornent les cours du château de La Rochefoucauld et de Chambor.

Première réalisation ex nihilo, le château de Chambord est un rendez-vous de chasses et de fêtes de cour, conçu comme un lieu théâtral peu habité. La présence de Leonardo da Vinci et Boccador, apporte une réflexion sur le château français en contact avec le Renaissanc italien. Alors que les tours du Moyen-Age n’ont eu d’autre jour que les fissures des archers, une superposition de fenêtres pilastres illumine largement le bâtiment tandis que la couronne crénelée disparaît pour la première fois. Le décor exubérant est particulièrement attaché aux toits hérissés de souches de cheminées, de lucarnes ou de tourelles, tous garnis de losanges ou de disques d’ardoise, de tabernacles et de culs de lampe traités dans le style de l’Italie. du nord, tout en évoquant les incrustations de marbre noir de la Chartreuse de Pavie où François Ier était prisonnier. Si le développement d’appartements symétriques à usage résidentiel est une nouveauté, l’organisation du plan reste traditionnelle, rappelant le château de Vincennes, avec un donjon central entouré d’une enceinte où se trouvent la cour et les communs. Le projet initial de 1519, cependant, a été modifié dès 1526, afin de transférer l’appartement du roi à une aile latérale: Le donjon centré étant rendu incompatible avec le nouveau rituel de la cour nécessitant un appartement royal dans une rangée. Comme à la Villa Médicis de Poggio a Caiano, chaque niveau a maintenant ses appartements répartis autour d’un axe central incarné par l’escalier à double révolution (image) conçu en collaboration avec Leonardo da Vinc. Les travaux ralentissent cependant: après la défaite de Pavie, François Ier est contraint de revenir à Pari.

A son retour de captivité, en 1527, si le patronage de l’entourage royal reste important, le roi reste néanmoins le protagoniste principal des évolutions stylistiques de son pays, par les modifications qu’il apporte à toute une série de châteaux autour de la capitale (Villers -Cotterêt, La Muette). Alors qu’en Île-de-France de nouvelles innovations émergent, la Vallée de la Loire devient le conservatoire de la première Renaissance.

Le château de Madrid aujourd’hui détruit, reflète cette évolution: Le Palacio de los Vargas de Casa del Campo, la maison d’un grand financier espagnol situé en face de ce qui était la prison de François Ier à Madrid, a inspiré la réalisation de ce palais sans douves dont plan repris est opposé à la tradition française. Réalisés comme une nouvelle résidence de vacances, les appartements symétriques étaient organisés autour d’une salle de bal centrale, tandis que les deux étages de loggias entourant le bâtiment présentaient un décor unique en terre cuite émaillée de Della Robbi. L’élévation du château a été marquée par des pavillons sans travaux, remplaçant ici les tours encore médiévales de Chambord, dont le nouveau rythme a été obtenu par la séparation du grenier. L’utilisation du plan géométrique et la présence des loggias, annonçant la Villa Farnese, sont un reflet lointain du Poggio Reale de Naples et de la Villa Médicis de Poggio a Caiano.

Le nouveau style de la première Renaissance ne tarde pas à se répandre en Franc. Des villes comme Lyon, Dijon, Besançon ou Nancy ainsi que Bar-le-Duc 17 sont des maisons particulièrement riches et des demeures de la première Renaissance: parmi les plus célèbres habitations, l’Hôtel Chabouillé dit de François Ier à Moret-sur-Loing , la maison Pincé (1525-1535) à Angers, l’hôtel Bullioud (1536) et l’hôtel Gadagne (style Louis XII) à Lyon, la Maison des Têtes (1527) à Metz, l’Hôtel d’Haussonville (1527- 1543) de Nancy, ou l’Hôtel de Ville de Beaugency 1.

Cher et le Loir. Pourtant tous proches et presque contemporains d’Azay-le-Rideau, les « fantaisies » italianisantes et les souvenirs médiévaux tels que tourelles, pinacles ou autres mâchicoulis décoratifs, disparaissent ici entièrement au profit d’un style plus simple, purement français, dont le clacissisme et la forme les toits préfigurent les réalisations d’Ancy-le-Franc et du château d’Écouen. Si l’originalité de Villandry réside dans une conception architecturale avant-gardiste annonçant la seconde Renaissance, l’utilisation qui a été faite du site pour construire en pleine harmonie avec la nature et la pierre, des jardins d’une beauté remarquable, en fait l’une des expressions les plus accomplies de la Renaissance française.

La seconde Renaissance, anciennement dénommée Style Henri II, marque à partir de 1540 la maturation du style apparue au début du siècle ainsi que sa naturalisation tandis que la Vallée de la Loire se retrouve reléguée dans des formes conservatrices de la première Renaissance. Cette nouvelle période se développe principalement sous les règnes de Henri II, de François II et de Charles IX, pour se terminer seulement vers 1559-1564, au moment où commencent les Guerres de Religion, qui seront marquées par le Massacre du Saint. Bartholomew et la contre-réforme catholique.

Alors que la Première Renaissance est progressivement acceptée dans la province, toute une série d’innovations se font sentir, en Île-de-Franc.

A partir de 1540, le classicisme progresse, suite à l’arrivée en France de Serlio (1475-1555): Bien que son œuvre architecturale reste limitée, son influence est considérable par la publication de son «Traité d’architecture» (1537-1551). Grâce à ses œuvres gravées, il est l’un des premiers à introduire d’autres artistes à la beauté des monuments de l’Antiquité, contribuant ainsi à faire évoluer les plans et les décorations vers plus de sobriété et de régularité. Cependant, l’architecture française conserve des éléments propres qui séduisent Serlio: les lucarnes «sont de grands ornements pour les bâtiments comme une couronne» et les grands toits recouverts d’ardoise bleue sont «des choses très agréables et nobles» 1.

Les architectes qui étaient à l’époque des styles Louis XII et début de la Renaissance, étaient des maîtres traditionnels et pleins de verve, puis devinrent des savants et des érudits dont certains font leur voyage d’étude en Ital.

Marquant un véritable tournant stylistique, cette nouvelle génération d’artistes opère une synthèse originale entre les leçons de l’Antiquité, celle de la Renaissance italienne et les traditions nationales. Parmi les plus célèbres, Philibert Delorme est l’auteur de l’hôtel Bullioud à Lyon, des châteaux de Saint-Maur-des-Fossés et d’Anet et de la chapelle de Villers-Cotterêts; Pierre Lescot construit l’aile Renaissance du Palais du Louvre et l’Hôtel de Jacques de Ligneris (Musée Carnavalet); Jean Bullant construit les châteaux d’Ecouen et de Fère-en-Tardenois ainsi que le Petit château de Chantilly.

Ces architectes collaborent désormais étroitement avec les sculpteurs et définissent une architecture et un décor savants, préférant la beauté des lignes à la richesse de l’ornementation: Cellini sculpte la Golden Gate, le relief en bronze de la Nymphe de Fontainebleau; son travail typiquement «maniériste» a fait forte impression en France et a probablement influencé Jean Goujon, directeur de la Fontaine des Innocents et la décoration de la façade du Louvre; L’influence maniériste imprègne également l’œuvre de Pierre Bontemps, responsable du tombeau de François Ier à Saint-Denis et le monument au cœur de François Ier.

En Bourgogne, le Château d’Ancy-le-Franc (1538-1546) est l’une des premières réalisations pour répondre à ce nouvel idéal. Conçu par l’architecte Serlio, ce château construit pour Antoine III de Clermont, de 1538 à 1546, marque une évolution vers le classicisme en Franc. Avec ce bâtiment commence alors sur le sol français ce qu’on appelle: « architecture modulaire ». Seulement ici sont les frontons légers et sinueux des fenêtres du premier étage, qui rappellent le début de la Renaissance. Pour le reste, rien ne distrait l’ordre uniforme des baies vitrées ou des fenêtres, séparées par une travée de pilastres jumeaux, contenant une niche et montées sur un haut stylobate. Cette alternance d’une baie principale et d’une baie secondaire (ici représentée par une niche) encadrée de pilastres est l’un des premiers exemples en France de la baie ryhmique traitée avec tant de franchise et de rigueur. Ce nouveau style inspirera un peu plus tard l’architecte du château de Bournazel lors de la construction du portique Est.

Cette exigence de clarté se poursuit au Château d’Écouen (1532-1567), en Île-de-Franc. Il suffit de comparer ce bâtiment avec un château de la première Renaissance, tel qu’Azay-le-Rideau pour voir les profondes différences entre les architectures des deux époques. Tout l’appareil défensif machicoulis ou la passerelle d’Azay-le-Rideau disparaissent complètement au Château d’Écoue. Les tours d’angle de Chambord deviennent comme Ancy-le-Franc et Villandry, de simples pavillons carrés. La même chose vaut pour l’ornementation. Il suffit de comparer les lucarnes d’Ecouen, avec celles de la vallée de la Loire, pour réaliser les progrès réalisés. Sur la scène des pinacles, des niches avec obus et petits contreforts volants de la première Renaissance, succède une composition de lignes épurées très sobrement décorées, où les flûtes écarlates remplacent dans les pilastres, les feuillages et les arabesques de l’époque de François Ier: le style succède alors aux grâces légères de la première Renaissance. Répétant une disposition déjà observée à Villandry, le château présente une disposition moderne par la régularité de son plan quadrangulaire où les pavillons s’articulent harmonieusement. Pour ventiler l’espace intérieur, une aile basse ferme la cour. L’entrée se fait alors par un corps de façade surmonté d’une loggia où la statue équestre d’Anne de Montmorency, reprend les compositions observées au château de Gaillon et à Ane. L’ensemble du bâtiment est isolé par un fossé bastionné qui rappelle la charge militaire du propriétaire. Le fond de la cour n’est plus fait d’un bâtiment principal mais d’une simple galerie d’apparat reliant deux ailes d’appartements dont celles du roi et de la reine dominent la plaine du Franc. Au niveau inférieur, des bains collectifs se développent comme à Fontainebleau, reliés à des aires de loisirs (jardin, terrain de tennis). La façade de l’aile Nord, reprise par Jean Bullant, présente une nouvelle superposition d’ordres réguliers, surmontée d’une corniche classique inspirée par antiquit. Cependant, les recherches menées sur la façade sud pour s’adapter aux proportions des statues des esclaves de Michel-Ange, offertes par Henri II, lui donnent l’occasion d’utiliser pour la première fois en France l’ordre colossal: les colonnes occupant maintenant Les deux niveaux à la base du toit, s’inspirent du Panthéon de Rome et sont surmontés d’un entablement classique, créant l’illusion d’un monument ancien. Bien que l’influence des réalisations de Michael Angelo sur Capitol Hill et Saint Peter’s à Rome soit claire, les références à la Renaissance italienne s’éloignent lentement des exemples du monde romain.

L’aile Lescot du Louvre, commencée en 1546, est le chef-d’œuvre de la seconde Renaissance. Cette œuvre de Pierre Lescot, un architecte antique, a été décorée par Jean Goujon 1. L’escalier initialement prévu au centre du bâtiment principal est déplacé à la demande de Henri II afin de créer une grande salle où se déroulent des cariatides grecques, moulées à la demande de Jean Goujon, sur l’Erechthéion de l’Acropole d’Athènes. Dans le style d’un manifeste à la française préconisé par Lescot, la façade présente une superposition de nouveaux ordres classiques sans atteindre la régularité italienne: au fur et à mesure que l’on monte, les proportions deviennent de plus en plus fines et l’idée de couronner les deux superposés les ordonnances d’un grand bandeau décoré, entraînent l’acclimatation en France, le grenier si prisé en Italie, en utilisant pour la première fois un grenier brisé à la française, pour donner l’illusion d’un droit de haut. Malgré leur petite protubérance, les avant-corps, dernier souvenir des tours médiévales, suffisent à animer la façade. Les admirables sculptures de Jean Goujon contribuent à faire de ce bâtiment un ouvrage unique. Au rez-de-chaussée, les arcs en plein cintre encadrés de pilastres provoquent l’accentuation des verticales et horizontales tandis que l’ensemble des doubles supports encadrant une niche ornée d’une médaille, représente un tracé qui deviendra typique de l’architecture française.

Une autre réalisation majeure de cette période, le château d’Anet, est faite par Philibert Delorme, aux dépens du Roi, pour Diane de Poitiers, maîtresse d’Henri I. Détruite à l’époque de la Révolution, elle reste aujourd’hui sans alternance chapelle et les trois Ordres superposés conservés à l ‘Ecole des Beaux – Arts de Paris. Devenu typique de la seconde Renaissance, le plan quadrangulaire présente une habitation située en face de l’entrée. Les fossés bastionnés, comme à Ecouen, ont des canons pour le festin et l’apparat. L’entrée pyramidale est une réminiscence italienne représentant un arc de triomphe réinterprété par Delorm. Quatre colonnes ioniques soutiennent un arc tombant sur une architrave tandis que les colonnes des passages latéraux sont inspirées par le Palazzo Farnese de Sangallo le Younge. Sous la coupure des balustrades, un ensemble de matériaux polychromes, encadre la nymphe fabriquée par Cellini pour la Porte d’Or de Fontaineblea. Au sommet, un groupe d’automates, parti, a marqué les heures. Partout Philibert Delorme exprime son goût pour les inventions bizarres inspirées du capriccio 18 de Michel-Ange: Sous cette influence, apparaît une utilisation inédite de volumes arrondis tandis que de nombreux détails tels que des frontons ou des pilastres en spirale révèlent une connaissance approfondie des œuvres de Michel-Angeles. Ainsi, les cheminées, appelées « sarcophage », se développant de part et d’autre du bâtiment, semblent un lointain souvenir des tombes des Médicis à Florenc. Situé au fond de la cour, le corps de la maison centrale, par sa superposition d’ordres donne un aspect ascensionnel en reprenant la même superposition d’ordres canoniques, observée sur l’aile nord d’Ecouen: on y retrouve également le même type de statues antiques placées dans des niches encadrées par un double support. Avec des commandes classiques, Delorme préfère créer un ordre inhabituel: la colonne annelée présentée par l’architecte comme la solution d’un problème technique permettant de masquer les articulations des colonnes appariées. Cette invention exprime également la nouvelle maturité de l’architecture française avec la réflexion sur la création d’un «ordre français» 18, une idée bandée à la mort d’Henri II, mais prise par Jules Hardouin-Mansart lors de la construction de la galerie des Glaces de le Palais de Versaille.

La chapelle du château d’Anet reste la réalisation la plus innovante. C’est la première fois en France, que nous utilisons le plan centré. Alors que la sculpture des niches entourées de pilastres est influencée par les créations contemporaines de Bramante et Michel-Ange, la frise qui la surmonte est inspirée de Sangall. Les sculptures peuvent provenir de Jean Goujo. Le bâtiment sert de vitrine aux émaux de François Ier et des apôtres de Scibec de Carp. La voûte de la coupole développe une décoration comprenant une niche de cercles se reflétant, de manière octogonale, sur le pavement.Ce motif, inspiré par les éléments fréquemment rencontrés dans les mosaïques romaines, montre le désir de surpasser le modèle italien en se référant directement aux réalisations anciennes, afin de créer une architecture française originale.

Parallèlement à ces grands projets royaux, les grandes demeures citadines participent à la naturalisation de ce nouveau style: Sous l’impulsion de la seconde Renaissance, tout le somptueux décor de feuillage et de médaillons disproportionné et plein de verve orne la Galerie de l’Hôtel Shabbled Moret -sur-Loing, disparaît devant le système des proportions modulaires, rigoureusement appliqué à l’entablement de la maison de Jean d’Alibert à Orléans, où des cartouches découpées inspirées de l’école de Fontainebleau surmontent les fenêtres 1. Répondre à une demande de Clarté recherchée durant cette période, les demeures se développent ensuite entre cour et jardin comme à Paris, notamment l’hôtel Jacques de Ligneris (musée Carnavalet).

Le nouveau style ne tarde pas à se répandre dans toute la France: dans la vallée de la Loire, le château de la Bastie d’Urfé, ou en Bourgogne, le casino du Grand Jardin Joinville (avant 1546), en Aveyron, dans le château de Bournazel (1545-1550) ou en Normandie à l’hôtel d’Escoville de Caen (1537). Au Mans et à Rodez, l’influence du vitruvien, Guillaume Philandrier, est probable tandis qu’à Toulouse, l’architecte Nicolas Bachelier se met au service de tout un milieu humaniste; parmi les demeures les plus célèbres: on peut citer le château de Saint-Jory (1545 / détruit) ainsi que le bel exemple des trois Ordres superposés de l’hôtel d’Assézat (1560) 1.Certains bâtiments publics tels que le Palais du Parlement Dauphiné (1539) à Dijon ou le Palais Granvelle et la Mairie de Besançon participent également à la Seconde Renaissance.

Si l’architecture religieuse reste fidèle aux structures et voûtes gothiques (cathédrale du Havre, Saint-Eustache de Paris), de nombreuses églises modernisent leur façade principale ou latérale par un frontispice à l’antique (Rodez, Gisors, Saint-Aignan de Chartres) et traitent leur jubé comme un arc de triomphe (Sainte-Chapelle de Paris, Saint-Pierre de Maillezais).

Formant un écho ultime de la Renaissance et de l’Humanisme en France, cette dernière phase part dans les années 1559/1564, du classicisme entourant sa fantaisie créatrice, ce qui peut justifier pour ce style le nom de «Maniériste». Au tout début des guerres de religion marquées par le massacre de Saint-Barthélemy, le pessimisme et le scepticisme envahissent les hommes et les artistes de pure formation humaniste. Les anciens penseurs de référence deviennent les stoïciens de préférence à Plat. Si l’humanisme survit, sa philosophie profonde évolue, tout en étant relancée et repensée par la contre-réforme catholique.

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