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Architecture ottonienne

L’architecture ottonienne fait partie du bloc stylistique de l’architecture solide formé de prototypes carolingiens avec de nouvelles influences byzantines. C’est une sorte de premier art roman nordique distinct et symétrique opposé au premier art roman sudiste 1. On peut penser que l’architecture ottonienne n’est que l’aile orientale d’un ensemble plus vaste qui englobe l’Europe du Nord et vraisemblablement l’Angleterre pré-normande. Il a sans doute formé le deuxième art roman (1050-1150) et la première architecture gothique née dans la partie occidentale du premier art roman du nord conserve encore l’ampleur.

L’architecture ottonienne fait partie d’une renaissance et de la volonté des empereurs de la nouvelle dynastie ottonienne de restaurer le Saint Empire romain. Il s’étend de la mer du Nord et de la Baltique aux régions alpines et à la Saône au-delà de l’Elbe et de Magdebourg. Dans la seconde moitié du 10ème siècle, d’importants monuments sont construits. La frontière entre l’architecture ottonienne et l’art roman primitif est imprécise, située entre 1020 et le milieu du xi e siècle suivant les auteurs.

Contexte historique
En 843, le traité de Verdun divise l’empire carolingien en trois royaumes dirigés par les petits-fils de Charlemagne. Louis l’Allemand reçoit l’East Francia qui correspond au territoire de l’Allemagne. Le titre impérial lui échappe et est transmis par la vidange de son sens jusqu’en 924. Otto Ier, roi de Saxe depuis 936, est le vainqueur des Hongrois et des Slaves, deux des nombreux peuples qui sont venus envahir l’Occident dans la seconde moitié de la IXe siècle Il a reconquis l’Italie et rétabli le pouvoir que Charlemagne avait établi sur Rome. En 962, il est couronné empereur à Rome et fonde le Saint Empire romain, qu’il place dans l’héritage de Charlemagne, qui s’est lui-même placé dans celui de l’Empire romain perdu. Otton I ressuscite ainsi un empire qu’il hérite de son fils Otton II en 973. Il épousa une princesse grecque, Theophano, afin de s’allier avec l’Empire d’Orient. À sa mort, son fils, Otto III, lui succède. Encore jeune, sa mère assure la régence et réaffirme ainsi l’influence byzantine sur l’art ottonien. Influencé par Gerbert d’Aurillac, le roi rêve d’un empire universel dont la capitale serait Rome.

En même temps, l’Église a une organisation hiérarchique forte: les idées réformistes marquent l’épiscopat et le monachisme, et l’expansion fulgurante des abbayes en est un parfait exemple. L’Église tient une place importante dans le conseil des princes, et le rôle matériel et spirituel du monachisme est indéniable. Prouesses architecturales, les monuments sont placés dans le patrimoine de la dynastie carolingienne tout en imprégnant les influences byzantines. Les ateliers monastiques deviennent l’origine de tout l’art ottonien: sculptures, peintures, orfèvres, enluminures. Le culte des reliques s’élève, et les cryptes sont placées à un niveau de la nef. La composition des bâtiments est modifiée, de même que le développement de la liturgie. De grands pèlerinages sont organisés.

Caractéristiques communes
Au Xe siècle, l’empire germanique est le principal centre artistique de l’Occident. L’empereur et les grands ecclésiastiques donnent une impulsion décisive à l’architecture. L’architecture ottonienne s’inspire à la fois de l’architecture carolingienne et de l’architecture byzantine. En effet, ces deux styles architecturaux sont appelés l’Empire romain et sont les exemples les plus proches de l’art dédié au souverain. Si la femme d’Otto II, Théophano Skleraina, était la fille de l’empereur byzantin, l’art carolingien a le plus d’influence sur l’architecture ottonienne.

L’architecture religieuse ottonienne semble abandonner le plan centré, malgré quelques exemples: à Ottmarsheim (XIe siècle, Alsace), le déambulatoire est octogonal comme celui de la chapelle palatine d’Aix-la-Chapelle. On peut trouver une évocation de l’octogone central d’Aix dans la cathédrale d’Essen A Nijmegen (Pays-Bas), l’évocation est plus évidente dans la chapelle de Saint Nicolas Valkhof (vers 1050).

Le plan basilical d’inspiration romaine est le plus commun. Les tours et les clochers sont placés à l’extérieur des bâtiments pour accentuer la taille du bâtiment et la puissance des deux tables de chevet. Ainsi la cathédrale Ottonienne typique a un plan basilical, un chevet flanqué de tours, une tour-porche (aspect longtemps conservé dans les églises germaniques) et parfois des chapelles collatérales au transept.
L’architecture ottonienne, cependant, conserve dans certains cas la figure des deux chevets symétriques carolingiens et lui donne même une grande expansion par une régularité et une nouvelle symétrie, où souvent la présence d’une abside carrée, caractéristique rhénane par la suite. Le plan roman rhénan correspond à une synthèse des plans ottoniens et carolingiens, accompagnant la naissance et le développement de l’art roman.

Caractères régionaux

Saxe
Dans le chœur de la patrie ottonienne, l’école saxonne est la plus cohérente et probablement définie au Xe siècle avec Magdebourg et Gernrode, qui, vers 960, a des traits typiquement saxons. Au début du XIe siècle, on trouve l’église Saint-Michel Hildesheim et Merseburg ou on développe une sorte d’église reproduite pendant deux siècles.

Ce style est caractérisé par un plan basilical avec transept et travée régulière, un choeur allongé avec des absidioles orientées, une nef avec trois travées, des colonnes de supports alternés et des massifs rectangulaires. Les proportions sont massives, carrées et le type de façade ne se retrouve qu’en Saxe. Paderborn se distingue par son originalité liée aux souhaits de Mgr Meinwerk.

Moselle
L’école mosane, dont certains personnages s’unissent à la région de Cologne, s’affirme dans le premier quart du XIe siècle dans le nord de la France et remonte parfois la Meuse jusqu’en Lorraine. Des exemples proches de l’an 1000, quasi définitifs sont repris à l’époque romane.

Il est caractérisé par des bâtiments bas avec des chœurs triples, des absidioles jouxtant l’abside principale, la nef est massive, avec des piliers rectangulaires. La façade ouest est mise en valeur par un clocher unique et un décor mural de grandes arcades aveugles. Nivelle est la plus belle expression.

Lorraine et le Moyen-Rhin
Cette école, à laquelle la vallée du Haut-Rhin entre Bale et le lac de Constance et la vallée du Mein inférieur peuvent être jointes, est la plus active et peut-être la plus importante avec Trèves, Metz et Mayence au 10ème siècle. Avant l’an 1000, Reicheneau est déjà le centre le plus considérable de l’Empire avec le scriptorium impérial. Vers 1015 s’élèvent de grandes constructions comme Strasbourg, Limbourg et Spire où se révèlent les meilleurs caractères de l’architecture ottonienne et qui élaborent la façade et le chevet harmonique.

Bas-Rhin
Plus tard conservateur, l’école du Bas-Rhin est l’une des plus actives et inventives du deuxième quart du XIe siècle. Cologne, qui atteint son apogée vers le milieu du XIe siècle, conservera les formes ottoniennes pendant deux siècles d’une arctivité grandiose et constructive.

Cette zone géographique avec Cologne, Aix-la-Chapelle, l’abbaye d’Essen et l’évêché d’Utrecht, qui était en retard après l’an 1000, devient la plus audacieuse dans l’adaptation des types carolingiens. Il y a un choeur occidental avec une nef dans des niches à Essen, un souci de mettre toutes les ressources de la nouvelle architecture au service d’une expression formelle raffinée et raffinée à Werden.

Relations avec l’architecture romane contemporaine
L’architecture ottonienne s’est formée seule, presque dans le vide, en changeant les modèles carolingiens tout en résistant aux contributions du premier art roman méditerranéen. Les zones de contact à Jurane Bourgogne et dans les Alpes montrent que la fusion entre ces deux mondes de formes est difficile. La progression de l’architecture du Sud a été stoppée par la zone d’influence ottonienne qui n’a emprunté que des éléments de décoration pour les transformer et ce n’est qu’après 1050 dans un Empire en déclin que des éléments de décorations et sculptures sudistes s’infiltrent dans les bâtiments germaniques.

Le premier art roman méditerranéen n’a pas dépassé le Massif central et n’a aucun rôle sur l’architecture au nord de la Loire et l’océanique ouest de la France. L’influence de l’architecture ottonienne sur l’Europe du Nord peut être ressentie dans les monuments des régions du Nord-Ouest et de l’Ouest de la France et on peut se demander si les différents types régionaux ne peuvent pas être regroupés en un ensemble formel unique. de l’océan à l’Elbe et de la mer du Nord à la Loire.

Les transepts inférieurs de Morienval et les églises de l’Aisne proviennent probablement de la Meuse, les chevets harmoniques de Saint-Germain-des-Prés, Melun et Morienval dérivent sans doute de la Lorraine. En Normandie la façade de Jumièges avec son massif ouest et sa tribune, la façade disparue de Fécamp présentent une composition proche des westwerks carolingiens et ottoniens, le porche de Saint-Nicolas-de-Caen est de type rhénan mais à Bernay, Jumièges et le Mont-Saint-Michel le principe d’alternance des piliers de la nef, le mur épais avec passage, le transept avec plate-forme et la tour-lanterne sur croix régulière sont beaucoup plus révolutionnaires, modernes et romanes que dans l’architecture ottonienne.

En Champagne, entre la France royale et l’Empire s’est développée vers l’an 1000 une architecture non moins grandiose que celle de l’architecture ottonienne, différente par certains caractères typiquement français mais similaire dans sa structure et dans ses origines carolingiennes 3, 6, 7.

Analyse des partis constructifs

Les basiliques avec transept continu
Les basiliques à transept continu marquent un retour aux types paléochrétiens. Ce sont de grandes basiliques solides avec des collatéraux sans voûtes et séparées de la nef par de simples appuis, des colonnes et des piliers rectangulaires portant des murs massifs percés d’une rangée de petites fenêtres. Le choeur n’est pas très complexe, rectangulaire, souvent avec une travée droite et une abside flanquée d’absidioles orientées. Le transept est vaste. Les parties occidentales contiennent une grande variété de combinaisons et une forte présence de masses inconnues où l’on peut voir la persistance carolingienne. Ce groupe de bâtiments peut sembler primitif et à la traîne des recherches méridionales, mais c’est l’exemple extrême de l’attachement au passé carolingien et ancien que, par nécessité politique et idéal spirituel, la dynastie ottonienne a fait sienne, ce qui a contribué à grandeur.

Il y a probablement eu une quinzaine de basiliques à transept continu divisé en deux familles, celles avec double chœur et transept occidental et celles avec transept oriental et chœur simple.

Ces caractéristiques sont ou ont été présentes à l’église abbatiale en ruine de Hersfeld, les murs du transept de la cathédrale d’Augsbourg, le transept recouvert d’un plafond Renaissance à l’abbaye St. Emmeran à Ratisbonne, les parties essentielles transept de la Basilique des Saints-Apôtres de Cologne, les transepts de l’église Saint-Cyriac Gernrode et l’abbaye de Walbeck, les fondations du transept de la cathédrale de Strasbourg, peut-être la cathédrale Saint-Pierre et Saint-Georges de Bamberg, l’église Saint-Martin à Worms dans son voisinage -millet état, les ruines de l’église St. Michael à Heiligenberg

Basilicas avec transept bas
Les bâtiments à transept bas contribuent au renouvellement des formes préromanes. La nef continue indivise jusqu’à l’entrée de l’abside, les deux accolades sont séparées d’elle par des murs d’ouvertures plus ou moins larges. Les deux bras du transept sont plus bas et souvent plus étroits que la nef principale. Il n’y a pas de croisement du transept par l’absence d’arcs d’encadrement est et ouest.

Un exemple de ce type d’église carolingienne peut être vu dans la basilique de Saint-Pierre et Saint-Marcellin de Steinbach à Michelstadt, dont le plan carolingien peut être reconstruit et fréquemment trouvé en Italie. Le type de Steinbach appartient à la grande série méridionale et pré-carolingienne, ce qui confirme que l’art occidental est uni dans ces sources primaires.

Sous les Ottoniens, l’église Saint-Pantaléon de Cologne avec le massif de l’ouest, des portions des murs Est existants et la traverse Nord permettent une restitution. Dans le même esprit, nous pouvons ajouter la collégiale Saint-Patrocle à Soest.

L’évolution du type Steinbach et Saint-Pantaleon est réalisée par l’ajout d’arcs diaphragmes sous le cadre entre la nef et le transept et entre le transept et le choeur. Ces arcs permettent de séparer la partie liturgique et de participer à la stabilité du bâtiment. Le croisement complet est né mais ce n’est que vers l’an 1000 que l’on trouve des églises à transept bas reliées par une croix. Mais ce type de construction est abandonné dans la zone de l’architecture solide car sans tourner sur la croix, l’expression des volumes est pauvre.

Les bâtiments conservés de ce type peuvent être classés en plusieurs groupes:

La région la plus riche est celle de la Belgique et des pays de la Meuse avec l’abbaye de Celles-les-Dinant, le prieuré d’Hastière-par-Delà de 1033-1035, la collégiale Saint-Denis de Liège dont elle reste entourée de murs l’an mille, Wessem près de Roermond aussi de l’année du millet et Aubechies.

Le chef-d’œuvre de cette architecture est la collégiale Sainte-Gertrude de Nivelles dont le massif occidental du XIIe siècle remplace un autre choeur carolingien ou ottonien. Nous pouvons dater les débuts de la construction vers l’an 1000 avec une consécration en 1046, le transept vers 1050 et le chœur oriental peu après. L’abbaye de Morienval dans son état du XIe siècle peut également être rattachée au même courant architectural.

Entre la Meuse et le Rhin, les bâtiments à faible transept sont moins uniformes. L’exemple le plus étonnant de l’union des modèles carolingiens et ottoniens est la cathédrale d’Essen. Les deux chœurs Est et Ouest sont unis à la nef par un transept et nous sommes ici à la fin de l’évolution du modèle de Steinbach.

Les régions Alsace et Lorraine sont proches de Jurane Bourgogne et de la Suisse, une zone de contact avec le premier art roman méditerranéen, qui a gardé l’extrême réduction du transept contre le transept très développé de l’architecture nordique. En Alsace, un petit groupe d’églises se forme autour d’Eschau à Altenstadt, Feldbach, Hohatzenheim et en Lorraine, il y a les églises de Bouzemont et d’Olley.

Les basiliques avec croix régulière
Dans les basiliques à croix régulières, aux caractères connus: l’opposition des deux chœurs et la présence de deux transepts s’ajoutent la liaison régulière du transept et du vaisseau longitudinal surmonté de tours et redoublées. Les proportions du bâtiment deviennent intelligentes grâce à la clarté des divisions et de ses articulations, la symétrie intérieure et extérieure créée par les tours et la décoration des arcs en pierre polychrome.

L’église Saint Michel à Hildesheim avec une première pierre de 1010 et la dernière consécration de 1033 en est l’exemple le plus parfait. La partie générale de la nef, le transept occidental, le plan du choeur érigé sur une crypte et entouré d’un déambulatoire semi-enterré restent inchangés. Cette forme de croix de l’an 1000 prolonge les constructions carolingiennes et celles du Xe siècle. C’est le premier exemple de croix carrée qui définit clairement les volumes. L’accent donné par les tours à lanterne est la contribution capitale de Saint-Michel d’Hildesheim à la formation de la basilique romane.

Vers l’an 1000, le développement des Eglises croisées régulières est le résultat de recherches similaires et parallèles menées par des groupes de différentes régions.

Le premier de ces groupes est les églises du Rhin supérieur, de Souabe et de Suisse. Dans les églises de St. Mary et St. George à Reichenau nous pouvons probablement atteindre l’abbaye de Saint-Gall et la cathédrale de Cologne d’où le groupe d’Einsiedeln avec Muri et Schaffhausen-sur-Zorn.

En Basse-Saxe, Walbeck Church est complètement different de Heidelsheim. La cathédrale de Mersebourg a commencé en 1015 et consacrée en 1021 est le type habituel de l’église saxonne qui se poursuit tout au long du 11ème siècle sans renouvellement, puis au 12ème siècle comme une survie anachronique. Cette région est la plus passive d’Allemagne et prolonge l’art ottonien à l’époque romane.

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Entre le Moyen-Rhin et la Haute-Meuse, un troisième ensemble de monuments apparaît autour des années près de l’an 1000 avec peu d’unité peut-être à cause de l’esprit de recherche qui semble animer les bâtisseurs de ces régions et où apparaissent des formes le moyen Âge. La cathédrale de Metz et Verdun qui dépendait de la province ecclésiastique de Trèves ont la même partie avec les piles de la nef uniformément quadrangulaire, les hautes arcades de charpente dans le transept occidental sont probablement inspirées de celles de l’abbaye de Limbourg-sur-le- -Hardt. Le Limbourg a été fondé en 1025 par Conrad II et consacré en 1042 et abandonné en 1504 suite à un incendie. Elle imagine l’époque romane et l’on peut voir des influences du chantier de la cathédrale de Strasbourg et de Merseburg. Il est lié à la cathédrale de Speyer, également fondée par Conrad II. Ces églises appartiennent à la fin de l’ère ottonienne sous la dynastie de Franconie.

Certains bâtiments en Alsace et en Lorraine peuvent être rattachés à ce type d’architecture car Surbourg reste presque intact mais il date de la fin du XIe siècle.

Dans le diocèse d’Utrecht apparaît vers 1030 un petit groupe d’églises liées à l’évêque Bernulf avec celle de Saint Pierre d’Utrecht encore préservée, l’abbaye de Saint-Liébuin de Deventer et l’église d’Emmerich am Rhein dont le choeur subsiste jusqu’en 1944-45 . La caractéristique qui unit ces bâtiments est la forme du chœur qui s’ouvre sur le transept en forme de croix carrée avec un long sanctuaire en forme de polygone, à dôme ouvert, construit sur une crypte presque à niveau. Cette composition ressemble au chœur occidental de Heidelsheim.

Les églises de la région de Cologne sont toutes en retard comme Saint-Georges de Cologne consacrées en 1075 et ils semblent avoir cristallisé les nouveautés. Dans ce groupe, l’abbaye Saint-Sauveur Susteren est bien conservée et on peut voir l’influence de l’Essen, les mêmes dispositions que l’on retrouve également à l’église de Zyfflich.

La mode des plans affrontés de l’église Sainte-Marie-du-Capitole à moitié détruite en 1944-1945 et son imitation de Sainte-Marie de Brauviller se poursuivront tout au long du XIIIe siècle. L’église Saint-Georges et Sainte-Marie-du-Capitole définit le style de l’art roman romane.

Les basiliques sans transept
Si dans l’art nordique, l’évolution depuis l’époque carolingienne semble s’ordonner autour du type de la basilique cruciforme, il existe dans l’art ottonien un certain nombre d’églises sans transept.

Dans les régions alpines de la Suisse et dans le sud de l’Allemagne, les constructions dépendent du premier art roman sud et ont des influences lombardes. Le contact de l’architecture ottonienne apporte quelques modifications mais certains bâtiments ne dépendent en rien de l’art du sud.

L’église Saint-Maurice d’Amsoldingen est la plus complète et la mieux conservée. Son affiliation lombarde est manifeste. L’église Saint-Maurice d’Aime en Savoie est datée vers 1020. La petite église de Spiez est une réduction d’Amsoldingen et celle de Saint-Martin de Wimmis a exactement le même plan que Spiez. Ces églises appartiennent entièrement au premier art roman.

Dans la période ottonienne, deux bâtiments sans transept sont très importants, l’église St. Lucius à Essen-Werden et l’abbaye Helmstedt plus récente, inspirée par Werden. Werden joue un rôle de premier plan dans la définition du style décoratif ottonien.

La forme basilique sans transept est une forme secondaire typique en Allemagne ottonienne.

Parties non-Basilical
Dans l’architecture ottonienne, les fêtes non basiliques sont communes. Sur un plan central ils sont cruciformes, ronds, ovales ou polygonaux, avec des rotondes avec des niches, collatéraux, octogonaux avec des déambulatoires et des tribunes … La forme la plus simple est l’église-boîte avec une seule pièce avec des variantes, choeur rectangulaire peu profonde ou abside simple et différentes positions de la tour. Certaines églises offrent à la réunion de quatre bras un espace plus haut, dôme ou structure de tour qui leur donne un caractère d’édifice centré.

La tour ouest de la cathédrale d’Essen est une adaptation ottonienne de la chapelle palatine d’Aix-la-Chapelle, révolutionnaire, car l’action de cette œuvre fut grande sur le sort de l’architecture germanique. Les imitations et le développement de ce symbole impérial contribuent puissamment à l’évolution de l’architecture ottonienne, mais la variété des types d’églises non basiliques montre que l’architecture ottonienne ne vient pas seulement de Charlemagne mais bénéficie de contributions orientales ou méridionales.

La diminution et l’élimination de ce type de construction est liée aux évolutions liturgiques, à la rencontre des groupes épiscopaux et abbatiaux dans un même édifice, à la fusion du martyre et à son installation dans les cryptes, à l’augmentation du nombre d’autels radiants ou des chapelles orientées et le développement des circulations intérieures pour les processions.

Analyse de composants

La nef
Dans la composition spatiale de la nef, l’architecture ottonienne ignore la portée. Les murs des églises autour de l’an 1000 sont inarticulés et les grandes arcades coupent au poinçon dans les murs pleins. Ils peuvent être groupés avec une certaine variété grâce à des supports alternatifs mais souvent les tribunes au-dessus des arcades ne prennent pas le rythme.

Ce refus de la baie conduit à une grande variété de médias. Les supports cruciformes n’apparaissent qu’à la jonction des arcs de la croix du transept ou de la chute des arcs diaphragmes qui se partagent en deux la longueur de la nef comme à la collégiale Sainte-Gertrude de Nivelles.

Dans les formes habituelles des élévations ottoniennes, la partie avec des rangées de colonnes est historiquement d’importance incontestable, mais il y a aussi des files d’empilement quadrangulaires.

L’alternance des supports de la nef peut être décrite par l’exemple de l’église Saint-Michel Hildesheim où subsiste une série de l’époque de Mgr Bernward. Entre deux piles carrées sont installées deux colonnes à chapiteaux cubiques lisses. L’église Saint-Cyriaque de Gernrode offre autour de 965 cette même succession de supports. Les tribunes et les travées répètent souvent cette même alternance. Nous pouvons voir une influence byzantine.

La tribune
La tribune ottonienne n’est qu’un espace intérieur nécessaire à l’assistance mais elle ne participe pas à la stabilité du bâtiment qui est assurée par la base de ses murs. C’est un élément formel traité de différentes manières avec toute une série d’ouvertures vers la nef.

La tribune de la nef fréquente en France est rare dans l’Empire Ottonien. Le seul groupe saxon est soumis à son influence avec l’église St Cyriac de Gernrode Gernrod où tous les éléments d’origine existent, Sainte Marie de Münzenberg, Quedlinburg et St. Croix d’Hildesheim.

Les tribunes extraordinaires des accolades de Saint-Michel de Hildesheim ont certainement bénéficié des récentes influences byzantines. Ils servaient les choeurs mais incluaient aussi des autels comme pour les grandes chapelles.

Le Massif de l’Ouest
Le massif Ottonien occidental est originaire du westwerk carolingien central, qui est une plate-forme surélevée sur une crypte à un étage avec le sol de l’église et qui sert de porte d’entrée à l’ouest. La plate-forme contient un autel et sert de chapelle voir de l’église paroissiale. Il est entouré sur trois côtés par des tribunes pour l’assistance et est servi par des escaliers incorporés dans la masse du bâtiment.

Des massifs ottomans occidentaux ont été trouvés sans la crypte vers l’an 1000 à l’église St. Pantaleon à Cologne et à Münsteresfel dans la même région. Le massif de Saint-Pantaléon bien que fortement restauré reste un chef-d’œuvre d’architecture de l’an 1000. Le sol des stands est conservé dans l’ensemble de ses maçonneries en pierre anciennes alternativement blanches et roses.

L’évolution passe par des massifs sans montants latéraux, occupant toute la largeur du bâtiment ou réduite à une simple plate-forme. Le Westwerk à la cathédrale d’Essen est une grande adaptation qui combine les stands, la tour, l’idée d’une chapelle palatine et le contre-choeur.

Le choeur
Dans l’architecture ottonienne, le choeur et la crypte qui lui sont liés sont caractérisés par une simplicité de plan ou l’absence de nouveaux plans et par une variété remarquable d’élévation et de mise en scène. Les concepteurs de l’Empire jouent sur les niveaux stupéfiants et les communications ingénieuses entre les parties. Les cryptes off-work montrent le désir de donner une valeur monumentale à ce qui pourrait être une annexe.

Dans l’importante basilique du transept de type paléochrétien, le sanctuaire est équipé d’une seule abside avec une extension par rapport à la période carolingienne. Un grand nombre ont des chapelles orientées qui restent séparées de l’axe du bâtiment qui est une caractéristique du chevet saxon.

Dans le diocèse d’Utrecht, les chœurs triples sont surmontés de chapelles ou de salles, ce qui crée un système complexe avec la crypte dont le niveau du sol n’est que légèrement inférieur au chœur. Cela génère une élévation considérable du sanctuaire où quatre niveaux communiquent par des paliers et des escaliers.

Une autre forme de choeur à plusieurs niveaux offre un sanctuaire flanqué à sa jonction avec le transept de deux tours portant des chapelles à étages communiquant par des baies avec l’intérieur de l’église.

La crypte
Dans l’art ottonien, les cryptes s’intéressent beaucoup à la conformation des chœurs supérieurs, mais aussi à des créations comme l’église souterraine de Speyer ou la vaste et belle série de cryptes en fer à cheval construites au chevet du lit. Dans le couloir, les cryptes sont des cryptes annulaires destinées à servir une confession avec des reliques et celles avec des couloirs courbés. Les cryptes ambulatoires sont peu nombreuses dans l’architecture ottonienne et la plus célèbre est celle d’Hildesheim qui est à peine enterrée avec le déambulatoire autour d’une grande crypte.
Les cryptes impériales de Nivelles, Limburg et Speyer sont des œuvres grandioses. Celui de Spire occupe toute la place sous l’immense transept de la cathédrale et sous son chœur. Deux escaliers ouvrant sur la nef forment les accès.

Le décor
Dans les bâtiments ottoniens, la décoration sculptée est peu développée et ceci est dû à la rigueur et à la pureté de la pensée architecturale et à une sorte d’abstraction géométrique. On peut voir l’abandon de la capitale corinthienne et de la capitale carolingienne et la création d’un capital géométrique adapté à sa fonction. La forme cubique simplifiée est la plus commune, bien qu’à Gernrode et Saint-Martin de Zyfflich il y ait des chapiteaux avec des masques et des atlantes et des chapiteaux à l’antique à Essen et dans la crypte de Werden.

La décoration polychrome des murs est accompagnée de fresques dont il existe quelques exemples à l’église Saint-Georges d’Oberzell à Reichenau. Malgré les multiples dégradations, les grands panneaux conservés donnent encore une idée précise de ces compositions monumentales aux nombreux personnages. Des deux côtés de la nef se trouvent des scènes de la vie du Christ retrouvées dans les enluminures de Richenau avec les mêmes formules picturales, les mêmes types iconographiques et la qualité artistique remarquable.

A l’église Saint-Michel d’Hildesheim, Mgr Bernward a une porte de bronze faite pour confronter la Création et le péché originel avec l’histoire de l’Incarnation et de la Rédemption, et une colonne de bronze, sorte de monument triomphal au Christ.

L’organisation des volumes
La composition des masses extérieures dans l’architecture ottonienne massive est conçue avec une liberté d’expression, une échelle de dimensions seulement limitée par les moyens matériels du chantier et la portée maximale des poutres disponibles.

C’est dans la composition des volumes extérieurs que se révèle l’invention monumentale la plus complète, la plus variée et la plus riche autour de l’an 1000. La tour d’axe de la construction ottonienne peut être construite sur la croisée du transept ou sur le massif ouest mais aussi sur le chœur principal à l’extrémité est de l’église. Le type de massif occidental à la tour centrale est peu utilisé à l’époque ottonienne et l’on peut mettre dans cette catégorie le massif de l’église Saint-Pantaléon de Cologne.

Tout se passe dans l’architecture ottonienne comme si l’on essayait d’accentuer les masses de bâtiments non au milieu avec une tour sur la croix mais par les extrémités. La façade de Trêves Cathédrales est l’une des compositions les plus typiques des masses. Les deux énormes tours carrées, plantées sur un immense sous-sol, sont accompagnées à l’extérieur de la façade de deux tourelles rondes. C’est la démonstration de l’organisation de l’espace qui n’est pas une juxtaposition des éléments mais le désir que chaque partie soit perçue indépendamment dans un complexe qui unit de manière distincte les tours, les tourelles, l’abside et les portes d’entrée sans sacrifier aucune des fonctions liturgiques ou des nouveautés telles que la façade harmonique, les circulations faciles à l’église et aux parties supérieures du bâtiment.

Cet art ottonien joua un rôle considérable dans la composition des masses au moyen de tours. Les compositions à deux têtes Speyer et Mainz ont persisté en Allemagne jusqu’au milieu du xiii e siècle comme à Naumburg ou dans la cathédrale gothique de Magdebourg.

Les inventions ottoniennes ont eu un impact beaucoup plus large que l’Empire et surtout dans toute l’Europe du Nord pendant la période romane et la fondation de l’art gothique. La façade de l’église Notre-Dame de l’Abbaye de Jumièges en Normandie est si proche des façades ottoniennes et les aménagements de la tribune commandés par de vastes escaliers témoignent de l’importance historique de l’architecture impériale autour de l’an mil.

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