Réserve Naturelle Nationale de la Haute Chaine du Jura, Valserhône, France

La réserve naturelle nationale de la chaîne du Haut Jura (RNN112) est une réserve naturelle nationale située en Auvergne-Rhône-Alpes. Véritable montagne emblématique, la Haute Chaîne du Jura a été, pour l’essentiel, classée Réserve Naturelle Nationale (RNN). Classé en 1993, il occupe une superficie de 10 909 hectares, ce qui en fait le quatrième de France métropolitaine en termes de superficie. Il protège le maillon le plus élevé du massif du Jura.

Avec près de 11 000 hectares, il est l’un des plus grands de France métropolitaine (4e en superficie). Il correspond au maillon le plus oriental, le plus étroit mais aussi le plus haut de tout le massif. Allant de 580 m à 1720 m d’altitude, le contraste altitudinal confère à ce territoire une grande diversité de flore et de faune. Les paysages et les environnements qui le composent sont variés et les espèces qui y vivent sont aussi remarquables que fragiles.

La réserve est située sur l’anticlinal du Jura où se trouvent les plus hauts sommets de la chaîne du Jura (Crêt de la Neige, Le Reculet …). Elle est délimitée au nord par la frontière franco-suisse au sud du sommet de la Dôle et au sud par la cluse formée par le Rhône entre le Grand Crêt d’Eau et la montagne de Vuache. A l’ouest de la réserve se trouve la vallée de la Valserine et à l’est le Pays de Gex et la vallée du Léman. La réserve est également située sur le territoire du Parc Naturel Régional du Haut-Jura, dont la confusion entre les deux entités est fréquente.

Accueillant au fil des saisons des marcheurs, des professionnels (alpinistes, forestiers, etc.), des chasseurs et des naturalistes, la Réserve Naturelle est un territoire accessible où coexistent de nombreux usages. La réserve est située dans le département de l’Ain sur le territoire de 18 communes du Pays de Gex, mais aucune d’entre elles n’est entièrement incluse dans la réserve. Il s’agit des communes de: Bellegarde-sur-Valserine, Chézery-Forens, Collonges, Confort, Crozet, Divonne-les-Bains, Échenevex, Farges, Gex, Lancrans, Léaz, Lélex, Mijoux, Péron, Saint-Jean-de- Gonville, Sergy, Thoiry et Vesancy.

Massif du Jura
Le Jura est une chaîne de montagnes située en Europe occidentale, principalement le long de la frontière entre la France et la Suisse, au nord-ouest des Alpes. Il se caractérise par une forme de croissant s’étendant sur 340 km entre Bâle et Voreppe, suivant la courbure de l’arc alpin. Culminant à 1720 m d’altitude au sommet du crêt de la Neige, le massif du Jura se caractérise par un climat semi-continental à montagnard rude, malgré sa modeste altitude et sa position géographique. Son complexe géologique en fait un modèle de référence dans de nombreuses disciplines géologiques et son nom est à l’origine du nom de la période géologique du Jurassique.

La géographie
Le massif du Jura forme une chaîne en forme de croissant de plus de 340 km de long entre Dielsdorf (Zurich, Suisse) et Voreppe (Isère, France). Sa largeur varie de quelques kilomètres à ses extrémités, atteignant un maximum de 65 km entre Besançon et Neuchâtel. Situé en grande partie à la frontière franco-suisse, le massif est traditionnellement séparé en deux entités, appelées le «Jura français» et le «Jura suisse», selon le côté de la frontière où nous nous trouvons. Sa superficie est estimée à environ 14 000 km 2, dont 9 860 km 2 en France, où elle est l’une des six chaînes de montagnes de la métropole, et 4 140 km 2 en Suisse, où elle est l’une des trois grandes régions.

Le massif du Jura est délimité par un ensemble de dépressions: la Bresse à l’ouest; le plateau suisse à l’est, qui le sépare des Alpes; le fossé du Rhin au nord, ainsi que la brèche de Belfort qui le sépare des Vosges. Elle est bordée au nord-ouest par un ensemble de plaines, rattachées au bassin parisien, et par le petit massif de la Serre. Au sud, les reliefs du massif se confondent progressivement avec ceux de la Chartreuse et du Vercors. Sa limite géographique méridionale est considérée comme le saillant du Rhône, à la frontière entre le Bugey et la Savoie. Cependant, les reliefs de l’avant-pays savoyard, ainsi que le Salève, considérés géographiquement comme appartenant aux Préalpes, ont été identifiés par les géologues comme faisant partie intégrante du Jura, au vu de leurs caractéristiques lithologiques et structurales.

D’un point de vue administratif, le massif du Jura traverse, en France, trois régions et neuf départements: Bourgogne-Franche-Comté (Doubs, Jura, Saône-et-Loire et Territoire de Belfort), Auvergne-Rhône-Alpes (Ain, Isère, Haute-Savoie et Savoie) et le Grand Est (Haut-Rhin). Du côté suisse, il traverse huit cantons: Argovie, Bâle-Campagne, Berne, Jura, Neuchâtel, Soleure, Vaud et Zurich.

Géologie
Le Jura a donné son nom à une période célèbre de notre planète, le Jurassique, à l’époque secondaire. C’est à cette époque que les sédiments destinés à former le massif du Jura se sont déposés. Pendant le Jurassique, la région était composée d’îles coralliennes avec des lagunes peu profondes situées au bord de l’océan Téthys (océan alpin), avec une profusion biologique comparable à la Micronésie actuelle.

Au cours du Crétacé, le Jura émergera progressivement. Bien plus tard, à la fin de l’ère Tertiaire (Néogène), la poussée du massif alpin entraînera la déformation de la série sédimentaire, qui se plisse et se faille. Le Jura va alors acquérir sa forme actuelle de « croissant », qui contourne le nord-ouest du massif alpin.

Le Jura, constitué de roches calcaires, donc généralement perméables, peine à retenir l’eau en son sein. Le résultat est un système karstique complexe où l’alternance de bancs calcaires et marneux conditionne la présence ou l’absence d’eau en surface. Les zones d’affleurements calcaires sont en effet caractérisées par une infiltration d’eau météorique vers un important réseau hydrographique souterrain, processus qui se traduit en surface par la présence de formes géomorphologiques caractéristiques des zones karstiques (gouffres, lapiaz, gouffres, etc.) . Au contraire, les zones d’affleurement marneux (substrat argileux imperméable) sont caractérisées par un retour d’eau vers le réseau hydrographique de surface (résurgences, fontaines, sources, etc.) ou par la présence de zones de stagnation des eaux (lacs, tourbières, marais , etc. ) qui ne peuvent pas s’infiltrer dans les aquifères calcaires. Il existe également de nombreux lacs d’origine glaciaire dans le Jura qui se situent au fond des vallées où un substrat morainique datant des grandes glaciations quaternaires (Günz, Mindel, Riss, Würm) garantit l’imperméabilisation du sous-sol.

Un bassin houiller est identifié en deux points du massif: l’un partiellement exploité pour son gaz autour de Lons-le-Saunier et un autre plus grand, partiellement exploité, situé au nord entre les massifs du Jura et des Vosges, qui comprend l’est de la Haute-Saône , le Territoire de Belfort et le sud du Haut-Rhin.

Hydrographie
Le massif du Jura reçoit de très grandes quantités d’eau, entre 1 000 mm et plus de 2 000 mm par an sur les plus hauts sommets. Cela a pour conséquence de créer de nombreuses rivières puissantes telles que l’Ain, le Doubs, la Loue, l’Areuse, l’Orbe ou l’Ill.

Le Jura possède de nombreux lacs d’origine naturelle, ainsi que des réservoirs utilisés pour la production hydroélectrique, comme les réservoirs situés sur le cours de l’Ain. Parmi les lacs naturels, il existe une concentration importante de ces plans d’eau dans la région des lacs du Jura, située en France. Cette région compte plus de dix lacs d’origine glaciaire. En remontant vers le Haut-Jura, la vallée de Joux possède plusieurs lacs naturels, dont le plus grand du massif, le lac de Joux. Dans la haute vallée du Doubs, se trouve également le lac de Saint-Point et d’autres petites étendues d’eau naturelles. Au sud du massif, d’autres lacs sont présents comme le lac Nantua. A l’extrémité sud du massif, dans le département de la Savoie, le Jura possède un autre grand lac: le lac d’Aiguebelette. Le lac du Bourget, le plus grand lac entièrement naturel situé en France, est également considéré comme faisant partie du Jura,

Climat
Fortement marqué par le relief du massif, le Jura dans son ensemble est exposé à un climat montagnard humide typique du continent (Cfb pour la classification de Köppen), car les variations de température sont très importantes entre l’été et l’hiver. Le froid et les précipitations augmentent avec l’altitude.

Les précipitations sont très abondantes sur l’ensemble du massif jurassien, rarement inférieures à 1000 mm par an. Les points les plus humides sont les sommets du Haut-Jura culminant au-dessus de 1400 mètres avec des pics de plus de 2000 mm, non loin des records pluviométriques de la France métropolitaine. La frontière orientale intérieure du massif du Jura est un peu moins arrosée. Le Jura connaît donc beaucoup de précipitations, en hiver elles se présentent principalement sous forme de neige au-dessus de 800 mètres d’altitude. Cependant, pendant les hivers les plus doux, la limite pluie-neige peut être d’environ 1 400 ou 1 600 mètres en moyenne. La neige y est donc plus rare.

Concernant les températures, le Jura est soumis à deux influences majeures compte tenu de l’orientation des vallées du massif: le flux sud-ouest (doux et humide en hiver, chaud et orageux en été) et le flux nord-est (gel en hiver). hiver). Les températures peuvent varier considérablement selon la saison et d’un endroit à l’autre. Certaines vallées sont soumises à un effet de «bassin froid» avec, par exemple, un record absolu de froid à La Brévine, Suisse, de -41,8 ° C (1987); à Mouthe, France, le record approuvé par Météo-France est de -36,7 ° C (13 janvier 1968). Dans cette même ville, le record de chaleur est de 35,7 ° C (31 juillet 1983). Il s’agit d’une amplitude maximale annuelle de 72,4 ° C. L’été est donc relativement chaud, surtout compte tenu de l’altitude moyenne du massif.

Héritage naturel
Vaste de près de 11 000 hectares, le Parc Naturel National de la Haute Chaîne du Jura occupe la majeure partie de la Haute Chaîne du Jura dans l’Ain. Celui-ci s’étend sur 40 kilomètres de la frontière vaudoise au nord aux gorges de Fort-l’Écluse au sud. C’est le maillon le plus oriental, le plus étroit mais aussi le plus haut de tout le massif. Son point culminant, le Crêt de la Neige (1720 m), émerge à peine de la ligne de crête: le Mont Rond (1596 m), Colomby de Gex (1689 m), Reculet (1718 m) et le massif du Grand Crêt d’Eau (1 621 m).

Plié puis faussé, comme contrecoup du soulèvement des Alpes, à l’ère tertiaire (qui comprend 2 périodes: le Paléogène et le Néogène), puis soumis, il y a 20 000 ans encore, à l’érosion glaciaire, son relief est tourmenté. Toutes les formes de relief jurassien y sont bien représentées.

Les « montagnes » qui chevauchent la vallée de la Valserine vers l’ouest, les nombreuses failles, glaciers, gel et même eau ont favorisé la formation de vallées anticlinales (Creux de l’Envers), cirques glaciaires (Creux de Narderans, Creux de Praffion), falaises et «balmes» (voûtes, col du machaon), éboulis, dépôts morainiques. Les nombreuses formes de dissolution des surfaces telles que les lapiazes, les dolines, les creux et les fosses témoignent de l’intense activité du karst.

L’amplitude du dénivelé, à plus de 1 200 mètres entre les sommets et les points les plus bas, sur les basses terres ou à Fort-l’Écluse, favorise la stratification des milieux. La double exposition des deux coteaux, sud-est pour le Pays de Gex et nord-ouest pour la Valserine, accentue les contrastes. Les crêtes balayées par les vents en toutes saisons, offrent des conditions de vie extrêmes. La diversité des facteurs écologiques détermine la très grande diversité des milieux naturels, de sa faune et de sa flore.

Faune
Avec actuellement 205 espèces de vertébrés identifiées, la Haute Chaîne du Jura possède une forte biodiversité animale. Le caractère montagnard de la faune est marqué par la présence de populations de mammifères et d’oiseaux, typiques des forêts et des crêtes montagneuses. Certaines espèces sont emblématiques, comme le grand tétras, le tétras des bois, le lynx eurasien, l’aigle royal, le pic à trois doigts ou la chouette d’Europe.

Sur les 143 espèces d’oiseaux recensées, 91 se reproduisent et 127 espèces sont protégées au niveau national. Paradoxalement, ce n’est pas le cas de l’animal emblématique de la Haute Chaîne, le Capercaillie, ou du deuxième tétras étoilé, le tétras des bois, mais il n’est plus chassé sur le massif du Jura depuis 1974.
La plus grande population de Chamois du massif du Jura (600 individus) sillonne les éboulis, les plateaux herbeux ou les sous-bois à la recherche de sa nourriture et passe, selon le moment et la saison, d’une pente à l’autre. ‘autre.
Concernant les chauves-souris, 23 espèces sont répertoriées sur la Haute Chaîne.
Les reptiles et les amphibiens sont chacun représentés par 7 espèces: lézard vivipare, serpent vert et jaune, sillon à ventre jaune, triton alpin, grenouille rousse…

Flore
C’est l’exceptionnelle diversité de la flore qui a été la première mise en valeur par les cercles naturalistes. La Haute Chaîne du Jura, face aux Alpes et dominant le bassin du Léman, ainsi que la Ville de Genève, offre un panorama incomparable. Sa facilité d’accès en fait un domaine d’étude privilégié.

À partir du XVIe siècle, et plus encore au siècle des Lumières, les botanistes britanniques et suisses ont, avant tout le monde, arpenté les crêtes et décrit certains des joyaux de cette montagne: le chardon bleu, la dryade à huit pétales, le sabot. de Vénus, l’Orobanche de Bartling ou le Lis de Saint-Bruno. Certains, comme l’écossais Thomas Blaikie ou le bernois Albrecht Von Haller, développent même, à partir de leurs observations, une méthode d’analyse et de classification.

C’est le secteur Reculet-Crêt de la Neige qui, dans les années 1960, a servi de base à la première demande de classement de la Haute Chaîne par les botanistes gessiens: Professeur Piquet, Docteurs Moreau et Corcelle. Les associations végétales, décrites en 1972 par Claude Béguin, sont particulièrement riches et diversifiées. Des exemples sont les prairies de Vérâtres et Circé, les pelouses avec Campanule en thyrse, les pelouses de Seslérie et Laser.

Parmi les 1 466 plantes répertoriées dans la réserve naturelle, les experts en botanique ont retenu 150 plantes de fort intérêt local, dont 85 espèces figurent dans les listes de protection et 6 espèces sont protégées au niveau national.

Habitats
Du fait de la mise en scène altitudinale allant de la colline au subalpin, des influences climatiques diverses, de la diversité des orientations et du contexte géologique et géomorphologique, la Haute Chaîne du Jura contient de nombreuses formations végétales.

Trois principaux types d’environnement répartis en fonction de l’altitude:
Les pelouses de basse montagne sont enfermées entre les zones de bocage et la lisière inférieure des forêts sur le versant gessien. Ces pelouses sèches présentent un grand intérêt écologique: elles abritent de nombreuses orchidées, reptiles et passereaux.
Les forêts se développent du sommet de la colline au niveau subalpin. Ils forment un massif forestier de premier ordre, sur les deux versants, qui couvre 70% de la surface. Tous les types forestiers du Jura sont représentés, avec des associations dominées par les charmes, les hêtres, les érables, les sapins, les épicéas, les pins. Les forêts d’altitude et les pré-bois de montagne constituent les habitats du Capercaillie.
De vastes zones de pelouses de haute altitude se développent au-dessus de 1400 m, au sud du col de la Faucille, où l’arbre peine à pousser. Répandues par les hommes depuis les pelouses du haut, elles sont plus ou moins entretenues par le pâturage extensif du bétail (ou des moutons). Au nord du col, la forêt est largement dominante et révèle une mosaïque de prairies et de prairies.

D’autres domaines de portée plus limitée jouent également un rôle important dans cette diversité:
Les falaises, les éboulis et les éboulis abritent une flore et une faune très adaptées à des conditions de vie particulièrement exigeantes. Les zones humides sont rares et dispersées, en raison de l’importance du karst sur la chaîne. Les étangs, les sources, les tuffeaux, certaines micro-tourbières en pente, les coulées temporaires et les berges de la Valserine sont tous des micro-environnements du plus grand intérêt. Le milieu souterrain est largement développé, avec plusieurs gouffres et d’innombrables peaux qui absorbent les abondantes précipitations que reçoit cette montagne, mais il reste encore largement méconnu.

Histoire de la réserve
La réserve est née de l’idée d’un projet de création d’un parc national du Jura au milieu des années 1960 qui a échoué en raison de l’hostilité des communes face à ce projet trop contraignant pour elles. En 1977, l’Association Gessienne pour la Défense de la Nature (AGENA) et 26 autres associations ont demandé la création d’une réserve naturelle de 14 000 ha. Cette proposition est étudiée par des élus locaux qui proposent l’année suivante l’étude de la création d’un parc naturel régional en complément de l’étude de la création d’une réserve naturelle.

Dans les années 80, l’augmentation de la population et du tourisme a permis au projet de réserve naturelle d’apparaître comme un bon outil de protection. La procédure de création est donc lancée. Les différentes enquêtes et avis favorables du début des années 1990, notamment du Conseil national pour la protection de la nature en 1991, ont conduit à la signature d’un arrêté ministériel en février 1993 relatif à la création de la réserve. En mai 2003, la gestion de la réserve a été confiée à la communauté de communes du Pays de Gex en association avec le Parc Naturel Régional du Haut-Jura.

Activités humaines
Le pastoralisme est l’une des activités principales de la réserve où les agriculteurs de montagne exploitent les pelouses d’altitude des pâturages du Jura-Monts pour faire paître leurs troupeaux. La surface pâturée est d’environ 3447 ha dans la réserve sur 53 territoires pastoraux. La chasse reste autorisée dans la réserve, mais sur un territoire représentant environ 10% du territoire de la réserve. La régulation de la population de sangliers permet la conservation du grand tétras et des pelouses alpines. Les forêts sont gérées par l’Office National des Forêts (ONF) et les propriétaires de parcelles privées les gèrent eux-mêmes, parfois en collaboration avec des techniciens du Centre Régional de la Propriété Forestière (CRPF)

Activités traditionnelles
La création d’alpages sur la Haute Chaîne du Jura remonte au Moyen Âge. Des traces apparaissent çà et là sous la forme de nombreux murs en pierres sèches et de ruines de chalets alpins. La superficie forestière est estimée à 7 989 ha. Il représente plus de 73% de la surface de la Réserve Naturelle et les forêts font partie d’un massif forestier de 17 000 ha d’un seul tenant. L’ONF assure la gestion des forêts publiques. Cet outil de planification intègre l’évolution des connaissances, des techniques et des exigences de la société. Les propriétaires forestiers privés gèrent leurs propres forêts, parfois en collaboration avec des techniciens du CRPF (Centre Régional de la Propriété Forestière).

Économie

Agriculture et pastoralisme
Hormis quelques enclaves d’élevage mixte, c’est l’élevage bovin laitier qui prédomine dans le Jura: le lait est en effet la première ressource agricole du massif. C’est pourquoi il existe un grand nombre de fromages labellisés: AOC Morbier, AOP Comté, IGP Gruyère français, AOP Mont-d’Or et AOC Bleu de Gex en France, Gruyère AOP, Tête de Moine AOP et Vacherin Mont-d’Or AOP en Suisse. Ce modèle économique influe également sur l’habitat humain: les exploitations jurassiennes sont grandes, ce qui correspond à une nécessité économique, à savoir abriter les troupeaux et le foin pendant la période hivernale.

Pastoralisme
Depuis le Moyen Âge, les prairies de haute altitude sont convoitées par les communautés villageoises des contreforts gessiens autant pour le pâturage d’été que pour les possibilités de récolte du foin.

Dès le XVIIe siècle et grâce à la mise en place de la «grande montagne», c’est-à-dire l’organisation des pâturages nécessaires à la production de la Gruyère, les pâturages couvrent tous les sommets de la Haute Chaîne du Jura. Traditionnellement, chaque alpage était exploité par une équipe composée d’un fromager, de deux à trois bergers et d’enfants qui, en plus de faire du fromage et de s’occuper du bétail, contribuaient à l’entretien de la prairie. La gestion du troupeau sur les pâturages, l’entretien des goyas, l’épandage de fumier, l’éradication des espèces végétales indésirables (buissons, verâtre, gentiane jaune, chardons) et la coupe du bois nécessaire au chauffage et à la fabrication du fromage ont été les principaux emplois des bergers. On retrouve cette organisation jusqu’en 1960.

Depuis le début des années 80, les vaches laitières ne vont plus aux pâturages et la production de «Comté» et «Bleu de Gex» a cessé. Les pâturages sont utilisés pour l’élevage et l’engraissement des génisses d’engraissement. Aujourd’hui, 3 500 ha de pâturages sont disponibles pour les pâturages d’été d’environ 4 000 têtes de bétail (principalement des bovins avec ici et là quelques troupeaux de moutons, de chevaux ou de chèvres).

L’absence de bergers transforme le comportement des troupeaux. La pression de pâturage est modifiée, certains secteurs alpins sont abandonnés et d’autres sont mal pâturés. Les conséquences de cet abandon pastoral conduisent à la fermeture des milieux autrefois pâturés, à l’avancée des lisières forestières, à la colonisation des pelouses et des prairies par des espèces pionnières, ou envahissantes ou dénuées de valeur fourragère (verâtre, chardon, etc.).

Sylviculture
La superficie forestière représente plus de 73% de la réserve naturelle et est estimée à 8 000 ha. Ce vaste manteau boisé couvre la majeure partie des deux versants de la Haute Chaîne du Jura, dont l’importance est à la fois écologique et économique.

Du côté gessien, l’essentiel du boisé appartient aux communes et relève donc du régime forestier. Sur le versant de la Valserine, la propriété forestière est partagée entre de nombreux propriétaires privés. La production de bois dans les forêts aménagées de la Réserve Naturelle n’est pas incompatible avec la protection de la faune et de la flore. Presque tous adoptent un type de sylviculture irrégulier (jardin de haute forêt, traitement sylvicole en haute forêt irrégulière). Les arbres d’une parcelle forestière ont des âges et des diamètres différents. Cette structure de peuplement permet d’accueillir, de protéger et de promouvoir la présence d’espèces remarquables dans la Réserve Naturelle.

Chasser
Le décret créant la réserve naturelle permet la poursuite de la chasse sur son territoire. Cependant, un minimum de 10% de son territoire est classé comme réserve de chasse. Les sociétés de chasse ont essayé de joindre leurs parcelles autant que possible pour former des pièces uniques. Plusieurs sont situés dans des zones où le Capercaillie est présent. De plus, la chasse est interdite dans les zones de tranquillité faunique en cas d’enneigement supérieur à 15 cm ou au plus tard, à partir du 15 décembre de chaque année.

La chasse est une «activité» traditionnelle qui permet, en prélevant des échantillons sur des populations d’animaux classés «gibier», d’assurer la régulation de la faune. Sur la Haute Chaîne, la gestion de la chasse concerne principalement le contrôle des populations de sangliers et le contrôle de l’augmentation des populations de chamois et de cerfs. La gestion des populations de sangliers reste, par exemple, nécessaire pour la conservation de l’avifaune nichant au sol (comme le tétras) et pour la conservation des pâturages de montagne.

les industries
En France, avec les industries horlogères, la fabrication de pipes à Saint-Claude, la lunetterie, l’artisanat du bois et notamment la fabrication de jouets en bois à Moirans-en-Montagne, le massif du Jura tente avec un certain succès en se spécialisant depuis plusieurs années dans des niches haut de gamme. En Suisse, l’industrie horlogère de luxe est très dominante, en particulier dans la Vallée de Joux et La Chaux-de-Fonds. L’industrie mécanique est très présente dans le Jura bernois et le canton du Jura. La prospérité de ces industries attire de nombreux frontaliers français vers les entreprises suisses.

Une AOC Bois du Jura reconnaît depuis le 15 mars 2019 les qualités particulières des conifères du Jura, notamment leur résistance mécanique, leur mode de production, d’exploitation et de transformation, correspondant à un cahier des charges précis.

Tourisme

Activités extérieures
Le massif du Jura, composé de montagnes et de vallées variées, est propice au développement d’activités de randonnée estivale et de sports d’hiver, notamment le ski de fond pour lequel le massif est internationalement reconnu grâce aux grandes courses qui s’y déroulent. comme la Transjurassienne qui fait partie du Worldloppet (courses du monde) et à son Centre National du Ski Nordique et Mid-Mountain à Prémanon.

En plus de ces différentes courses sportives, il est possible pour tous de traverser le massif du Jura à pied, en VTT et à vélo ou, quand il fait neige, à skis ou en raquettes grâce aux sentiers de la traversée du Grand Jura (GTJ) qui offre, depuis 2006, la possibilité de découvrir le massif du Jura en raquettes sur une centaine de kilomètres entre Mouthe, dans le Doubs, et Giron, dans l’Ain. Le Chemin des Crêtes entre Dielsdorf et Nyon est un classique de la randonnée. Le GR 9 traverse la moitié sud du Jura et le GR 5 traverse la moitié nord du massif, son tracé se confondant souvent avec le GTJ. Depuis juin 2013, une nouvelle GTJ de randonnée équestre a été mise en place. Long de près de 500 km, il s’étend de Crosey-le-Petit dans le Doubs à Arbignieu dans l’Ain, avec un passage à travers le vignoble jurassien.

La spéléologie avec ses nombreux clubs est largement représentée. Il existe près de 12 000 cavités dans le Jura dont l’Ain et la Suisse. Le massif est particulièrement connu pour ses zones reculées. Les deux réseaux les plus importants sont le métro Verneau avec une longueur de 33 kilomètres dans le département du Doubs et la Borne aux Cassots à 15 kilomètres dans le département du Jura. La cavité la plus profonde est le Gouffre de la Rasse.

Sites naturels
Le massif du Jura contient plusieurs sites naturels tels que le Saut du Doubs, la reculée du Lison, la reculée de la Loue, les cascades du Hérisson, la grotte du Cotencher ou encore le Creux-du-Van.

Patrimoine historique et industriel
Le massif présente des sites historiques tels que l’abbaye de Saint-Claude, la villa palladienne, le château de Joux et l’abbaye de Romainmôtier. Un important patrimoine industriel est également présent à travers de nombreux musées tels que le musée du jouet de Moirans-en-Montagne, le musée des automates et boîtes à musique de Sainte-Croix ou le musée international de l’horlogerie de La Chaux-de-Fonds.

Éducation environnementale
Depuis l’éclosion de l’œuf «d’animation» en 2007, le poussin d’éducation à l’environnement a grandi. Nourri d’abord par les techniciens qui ont pris à cœur cette mission de sensibilisation, le programme pédagogique est devenu si populaire que l’équipe de la Réserve Naturelle a dû faire appel à d’autres prestataires pour assurer l’ensemble des activités.

Aujourd’hui, le gestionnaire de la Réserve Naturelle, la Communauté d’Agglomération du Pays de Gex, a créé un service d’éducation au développement durable (EDD) pour prendre en charge ces activités scolaires. Animé par une petite équipe de nature passionnée et aux compétences variées, le contenu pédagogique continue de s’élargir, pour s’adapter au mieux aux attentes des écoliers et du grand public tout en gardant à l’esprit le message de la Réserve Naturelle nationale: que chacun se sente concerné et un acteur de ce territoire protégé aux richesses incroyables mais fragiles.