L’appartement du grand roi, château de Versailles

La prestigieuse enfilade de sept salons du King’s State Apartment devait servir de défilé, c’est-à-dire de cadre aux actes officiels du souverain. C’est pourquoi il a reçu une décoration d’une richesse remarquable, selon le modèle italien alors très populaire auprès du roi: lambris de marbre et plafonds peints. Pendant la journée, le grand appartement était ouvert à tous et chacun pouvait voir chaque jour le roi et la famille royale se rendre à la chapelle. Sous Louis XIV, il participe aux soirées d’appartement plusieurs fois par semaine.

La construction en 1668-1671 de l’enveloppe de Le Vau autour de l’extérieur du château de briques rouges et de pierres blanches de Louis XIII ajouta des appartements d’État au roi et à la reine. L’addition était connue à l’époque sous le nom de château neuf. Les grands appartements (appelés aussi appartements d’État) comprennent le grand appartement du roi et le grand appartement de la reine. Ils occupaient l’étage principal ou principal du château neuf, avec trois chambres dans chaque appartement donnant sur le jardin à l’ouest et quatre chambres donnant respectivement sur les parterres du jardin au nord et au sud. Les appartements privés du roi (l’appartement du roi et le petit appartement du roi) et ceux de la reine (petit appartement de la reine) restaient au château vieux. La conception de Le Vau pour les appartements de l’État suit de près les modèles italiens de l’époque, notamment la disposition des appartements à l’étage principal (le piano nobile, l’étage supérieur), convention que l’architecte a empruntée au design des palais italiens.

Le King’s State Apartment se composait d’une enfilade de sept salles, chacune dédiée à l’une des planètes connues et à la divinité romaine associée. L’appartement de la reine formait une enfilade parallèle à celle du grand appartement du roi. Après l’ajout de la galerie des Glaces (1678-1684), l’appartement du roi fut réduit à cinq pièces (jusqu’au règne de Louis XV, où deux salles supplémentaires furent ajoutées) et la reine à quatre.

Les appartements de la reine servaient de résidence à trois reines de France: Marie-Thérèse d’Autriche, épouse de Louis XIV, Marie Leczinska, épouse de Louis XV et Marie-Antoinette, épouse de Louis XVI. De plus, la petite-fille de Louis XIV, la princesse Marie-Adélaïde de Savoie, duchesse de Bourgogne, épouse du Petit Dauphin, a occupé ces chambres de 1697 (année de son mariage) à sa mort en 1712.

Les appartements d’État du roi
La construction de la galerie des glaces entre 1678 et 1686 a coïncidé avec une modification majeure des appartements d’État. Ils étaient à l’origine destinés à sa résidence, mais le roi les a transformés en galeries pour ses plus belles peintures et lieux pour ses nombreuses réceptions pour les courtisans. Pendant la saison de la Toussaint en novembre jusqu’à Pâques, ils se déroulaient généralement trois fois par semaine, de six heures à dix heures du soir, avec divers divertissements.

Le salon d’Hercules
Le salon d’Hercule est la dernière pièce créée à la fin du règne de Louis XIV. En effet, depuis 1682, la chapelle du château occupait son emplacement sur deux étages et servit jusqu’en 1710, date à laquelle elle fut remplacée par l’actuelle chapelle royale. Un plancher a ensuite été posé pour créer un nouveau salon dont la décoration n’a été achevée que sous Louis XV. En 1730, celui-ci fait venir de Gobelin, à Paris, l’immense tableau de Véronese, Le Repas de Simon que la République de Venise avait offert à Louis XIV en 1664 et qui y était conservé depuis son arrivée en France. Les travaux du Salon d’Hercule ont duré jusqu’en 1736, date à laquelle François Lemoyne a achevé la peinture du plafond représentant L’Apothéose d’Hercule. Par son effet, cette vaste composition allégorique, comptant pas moins de cent quarante-deux personnages, a voulu concurrencer les chefs-d’œuvre des fresques italiennes, mais elle était faite sur des toiles colorées, c’est-à-dire collées sur le support. Malgré sa nomination en tant que premier peintre du roi que Louis XV lui a accordée en récompense de son travail, Lemoyne, épuisé par ce chantier gigantesque qui lui a pris quatre ans, se suicide un an plus tard, en 1737.

La foire d’abondance
Le soir, le Abundance Salon était le lieu de rafraîchissement. un buffet offert café, vins et liqueurs. C’était aussi l’antichambre du cabinet de curiosités ou de raretés de Louis XIV (aujourd’hui occupé par le Salon des jeux de Louis XVI) auquel on accédait par la porte de derrière. Le roi aimait montrer à ses invités les vases d’orfèvrerie, les gemmes et les médailles qui y étaient conservés et qui inspiraient la décoration de la voûte, où l’on peut notamment voir la grande nef royale, représentée au-dessus de la porte. La nef du roi, objet précieux en forme de navire démoli, a été placée sur la table du souverain pour des occasions spéciales ou sur le buffet. Symbole du pouvoir, que tout le monde devait saluer en passant, il contenait la serviette du souverain.

Le salon de Vénus
Ce salon, ainsi que le Salon de Diane, constituaient l’accès principal au Grand Appartement, car le grand escalier du Château, connu sous le nom de «l’escalier des ambassadeurs» s’est terminé là avant sa destruction en 1752. Comme toutes les salles suivantes, Ce salon tire son nom d’une planète, thème lié au mythe solaire qui a inspiré tout le décor de Versailles dans les années 1670. Ici, Vénus est représentée au plafond sous les traits de la déesse de l’amour, qui dans l’antiquité grecque était associée à cette planète. Les autres compositions peintes, qui décorent les voussures, représentent des grands hommes ou des héros anciens dont les actions, inspirées par la divinité du lieu, offrent souvent des allusions plus ou moins transparentes aux actions de Louis XIVhim. Ainsi, l’arc représentant Alexandre épousant Roxane évoque le mariage du roi, tandis que celui représentant l’empereur Auguste présidant les jeux de cirque fait allusion au carrousel de 1662 donné en l’honneur de la reine Marie-Thérèse.

De toute l’enfilade, le salon de Vénus présente le décor le plus baroque. C’est le seul endroit où Le Brun a dialogué entre architectures, sculptures et peintures, parfois réelles et parfois simulées: les pilastres et les colonnes de marbre sont repris dans les perspectives peintes par Jacques Rousseau, et deux statues en trompe-l’œil de côté des fenêtres répondent à la figure de Louis XIV par Jean Warin.

Le soir, il y avait des tables dans le salon recouvertes de paniers de fleurs, de pyramides de fruits frais et rares tels que des oranges et des citrons, ainsi que des fruits confits et du massepain.

Le salon de Diane
Dans l’antiquité grecque, la déesse de la chasse, Diane, soeur d’Apollon, le dieu du soleil, était associée à la lune. La partie centrale du plafond exécutée par Gabriel Blanchard représente Diane présidant à la navigation et à la chasse. Les arches reprennent ces deux thèmes, célébrant les goûts de chasse de Louis XIV (sanglier de chasse Cyrus par Audran, Alexandre chassant le lion, par La Fosse) et faisant allusion à la Royal Navy dont Colbert assurait en même temps le développement considérable (Jules César envoi d’une colonie romaine à Carthage par Audran, Jason et les Argonauts, par La Fosse). Sur le manteau, le tableau de Charles de La Fosse représente Le Sacrifice d’Iphigénie (montrant l’intervention in extremis de Diane) et, au-dessus de la console, Diane et Endymion Gabriel Blanchard. Les bustes antiques proviennent des collections du cardinal Mazarin léguées à Louis XIV.

Comme Salon de Vénus, le salon de Diane servait de vestibule au grand appartement et, à l’époque de Louis XIV, de soirées d’appartements et de salles de billard. Deux étapes qui ont été placées là ont permis au public de suivre les jeux où souvent brillait le roi, très habile à ce jeu.

Le salon de mars
Suivant les deux salons précédents, conçus comme des vestibules, le Salon de mars marque le début de l’appartement du Roi proprement dit par sa fonction de salle de garde. Sa consécration au dieu de la guerre est donc tout à fait adéquate. Au centre du plafond, Claude Audran peint Mars sur un char tiré par des loups. Le travail est encadré par deux compositions; l’un, à l’est, par Jouvenet: victoire soutenue par Hercule, suivie de l’abondance et du bonheur; l’autre, à l’ouest, par Houasse: Terreur, Fureur et Terreur, saisissant les pouvoirs de la terre. Les arcs, traités en monochrome, célèbrent les triomphes guerriers des souverains de l’Antiquité auxquels répondent naturellement les hauts faits militaires du roi évoqués par les quartiers de stuc de gingembre des frères Marsy. Enfin, la corniche accentue la vocation militaire en se parant de casques et de différentes coiffures de guerriers.

A gauche de la cheminée, on peut voir La famille de Darius aux pieds d’Alexandre, par Charles Le Brun et à droite Les pèlerins d’Emmaüs, d’après Véronèse: mis en pendentif, selon la volonté du roi, ils révèlent le désir de montrer que les peintres français pouvaient rivaliser avec les plus grands maîtres italiens. Des deux côtés de la cheminée, où se trouvent aujourd’hui les tableaux, deux stands, enlevés en 1750, étaient destinés aux musiciens lorsque, le soir dans l’appartement, le salon était réservé à la musique et à la musique. à la danse

Sur les murs latéraux se trouvent deux portraits cérémoniels: Louis XV et Marie Leszczinska, tous deux peints par Carle Van Loo. Quatre tableaux de Simon Vouet, du château de Saint-Germain-en-Laye, illustrant les vertus royales, sont placés au-dessus de la porte: la tempérance, la prudence, la justice et la force.

Le salon de mercure
A l’origine, le salon de Mercure était la salle de parade du Grand Appartement, d’où son nom « chambre », bien que bientôt ce lit ait été enlevé en hiver pour libérer de l’espace et y jouer aux tables. Des tables, des miroirs, des chenets et des lustres en argent massif sculptés par les orfèvres Gobelins décoraient les murs, les plafonds et la cheminée, jusqu’en 1689, date à laquelle Louis XIV dut se résoudre à les fondre pour financer la guerre de la ligue d’Augsbourg. Une balustrade également en argent séparait l’alcôve du reste de la pièce. Des brocarts – des tissus tissés de fils d’or et d’argent – étiraient les murs et le lit, mais ils étaient à leur tour envoyés à la Monnaie pour soutenir cette fois la guerre de succession d’Espagne. Un des rares moments où le salon de Mercure servit vraiment de salle fut celui de la proclamation du duc d’Anjou, petit-fils de Louis XIV, roi d’Espagne: le nouveau souverain y dormit trois semaines avant de gagner son royaume. C’est également dans cette salle que, du 2 au 10 septembre 1715, a été exposé le cercueil contenant la dépouille mortelle de Louis XIV.

Le plafond peint par Jean-Baptiste de Champaigne représente Mercure sur son char tiré par deux queues. Le dieu préside aux échanges commerciaux, aux arts et aux sciences et, en tant que messager des dieux, des ambassades, thèmes que l’on retrouve dans les crêtes du plafond: Alexandre le Grand amène à Aristote divers animaux étrangers pour qu’il écrive son histoire naturelle, Augustus recevant une ambassade de l’Inde, Alexander recevant une ambassade d’Éthiopiens et Ptolemy Philadelphus discutant avec des érudits de la bibliothèque d’Alexandrie. Ces scènes font écho aux événements du règne de Louis XIV tels que la réception des ambassades éloignées, le développement de la bibliothèque royale ou la publication, dans la collection du cabinet du roi en 1671, l’histoire naturelle de Claude Perrault.

Le lit que nous pouvons voir maintenant est celui que Louis-Philippe avait installé à la Chambre du Roi dans le musée de Versailles e. Des deux côtés, deux tableaux que Louis XIV louait particulièrement et avaient exposés dans sa chambre: David jouant de la harpe par Dominiquin et Saint-Jean-Patmos, puis attribué à Raphaël.

Le salon apollo
Conçu pour être la chambre d’Etat du souverain, le Salon Apollo fut finalement utilisé comme salle du trône à partir de 1682. Le plafond est dédié au dieu du soleil, aux arts et à la paix. Le symbole solaire, choisi très tôt par Louis XIV, est représenté par Apollon se précipitant sur son char, entouré de figures allégoriques. Les arches illustrent la magnificence et la magnanimité du roi, à travers des exemples tirés de l’Antiquité: Vespasien construisant le Colisée, Auguste édifiant le port de Misène, Porus avant Alexandre et Coriolan prié par sa mère et sa femme d’épargner Rome.

Jusqu’en 1689, une plate-forme sous un auvent abritait le célèbre trône d’argent de Louis XIV (en réalité une immense chaise en bois de deux mètres soixante de haut, recouverte de plaques d’argent et de sculptures). Ce mobilier extraordinaire envoyé à la distribution a été remplacé par une succession de fauteuils en or, dont le style a évolué avec le temps.

Au-dessus de la cheminée se trouve le portrait le plus célèbre de Louis XIV, peint par Hyacinthe Rigaud. Le peintre a réalisé le portrait original en 1701, à la demande du roi lui-même, qui souhaitait l’offrir à son petit-fils devenu roi d’Espagne. Conquis par le résultat, Louis XIV souhaitait garder l’original pour lui et commandait des exemplaires à l’artiste. La copie de Versailles est la copie réalisée en 1702. L’original du tableau est au musée du Louvre.

château de Versailles
Classé 30 ans sur le site du patrimoine mondial, le château de Versailles est l’une des plus belles réalisations de l’art français au XVII e siècle. L’ancien pavillon de chasse de Louis XIII fut transformé et agrandi par son fils Louis XIV qui installa sa cour et son gouvernement en 1682. Jusqu’à la Révolution française, les rois se succédèrent, embellissant chacun à leur tour le château.

Le château compte maintenant 2 300 chambres réparties sur 63 154 m 2.

En 1789, la Révolution française oblige Louis XVI à quitter Versailles pour Paris. Le château ne sera jamais une résidence royale et connaît un nouveau destin au XIX e siècle: en 1837, il devint musée de l’histoire de France, par la volonté du roi Louis-Philippe, qui accéda au trône en 1830. Les chambres du Château accueillent de nouvelles collections de peintures et de sculptures représentant à la fois les grands personnages qui illustrent l’histoire de la France et les grands événements qui la marquent. Ces collections sont enrichies jusqu’au début du 20ème siècle. C’est alors que, sous l’influence de son curateur le plus éminent, Pierre de Nolhac, le château renoue avec sa propre histoire en retrouvant, dans l’ensemble du corps central, son aspect de résidence royale de l’Ancien Régime.

Le château de Versailles n’a jamais eu de fonction de protection au sens du château médiéval. À partir de la Renaissance, le terme « château » désigne la situation rurale d’une résidence somptueuse, par opposition au palais urbain. On parle donc du « Palais du Louvre », au coeur de Paris, et du « Château de Versailles », à la campagne. Versailles était alors un village, détruit en 1673 pour faire place à la nouvelle ville voulue par Louis XIV. Aujourd’hui, pièce maîtresse de l’urbanisme de Versailles, le château semble désormais loin de la campagne qui le distinguerait d’un palais. Pourtant, du côté jardin, à l’ouest, le domaine de Versailles jouxte encore les bois et les champs agricoles.