Appartements d’État, Villa Ephrussi de Rothschild

Edmond Rostand voulait à l’origine concevoir les façades du bâtiment uniquement en blanc, comme la Villa Arnaga à Cambo-les-Bains (Département Pyrénées-Atlantiques), mais finalement la villa a été peinte en rose, qui était aussi sa couleur préférée.

Béatrice Ephrussi de Rothschild a développé des idées et des plans pour la conception et l’utilisation de sa villa selon ses spécifications. Selon leurs idées, le mobilier a été principalement conservé en ocre, les armoires individuelles, les chambres et les boudoirs ont été conçus et des possibilités d’expositions et de galeries ont été créées.

Le patio
Le patio était le lieu où Béatrice accueillait ses visiteurs et organisait ses réceptions. Son architecture est inspirée de celle des villas de la Renaissance italienne. La plupart des colonnes roses supportant les arcades sont en marbre de Vérone; les autres sont des colonnes métalliques supportant la structure. Béatrice a choisi de dissimuler ce dernier avec une technique astucieuse de trompe-l’œil, imitant les veines caractéristiques du marbre rose.

Des éléments d’églises ou de couvents rythment le décor de cette pièce dont le style contraste fortement avec les pièces qui l’entourent.

La décoration des arcades de la galerie entourant le patio est copiée d’un palais vénitien. Le plafond suspendu était à l’origine décoré d’un ciel en trompe-l’œil.

Le patio où Beatrice donne ses soirées Valence accueille un retable d’école (XVe siècle) représentant sainte Brigitte d’Irlande, accompagné de saint Antoine ermite et de saint Roch.
Les colonnades en marbre rose de Vérone soutiennent des arcades de style Renaissance italienne.
Au-dessus, on peut voir des galeries à voûtes hispano-maures bordées de balcons où se tenaient les musiciens.
Le patio a conservé sa vocation de galerie et présente un ensemble d’œuvres d’art médiévales et Renaissance, dont une peinture attribuée au carpaccio vénitien (vers 1460-1525) représentant une condottière.

Le Grand Salon
Les murs du grand salon sont décorés de boiseries peintes du XVIIIe siècle, dont certaines proviennent encore de l’Hôtel de Crillon à Paris. Le salon a été achevé au début du XXe siècle et présente aujourd’hui un grand nombre de pièces originales ayant appartenu au roi de France ou à d’autres nobles. Il s’agit notamment des sculptures en bronze doré, comme la faune et bacchante de Pierre Gouthière et un lustre de son élève et successeur Pierre-Philippe Thomire. La première partie du salon montre un certain nombre de chaises Louis à saisir, qui ont été estampillées par Parmentier de Lyon. De plus, une table de jeu Trictrac attribuée à l’ébéniste François Hache de Grenoble. Il y a un tapis d’époque Louis XV au sol. réalisé à la Savonnerie et destiné à la chapelle royale de Versailles.

Le parquet de la deuxième partie est recouvert d’un autre tapis, qui provient également de la manufacture Savonnerie. Le tapis est le 87ème d’une série de 104 tapis commandés par Louis XIV pour la Grande Galerie du Palais du Louvre. Le plafond de la pièce est recouvert d’un tissu de Giovanni Battista Tiepolo (1696-1770) peint, il montre un motif qui « le réservoir d’amour qui est dessiné par des pigeons ». Tout autour, il y a d’autres meubles qui appartenaient autrefois à Marie-Antoinette, comme la table de jeu Whist, peinte au putti comme peinture monochrome par René Dubois, premier menuisier de la Reine. Le mobilier est recouvert de tissus des usines de tapisserie d’Aubusson et des fables de Jean de La Fontaine.

Le grand salon, le plus somptueux de la Villa, donne sur la Baie des Fourmis à Beaulieu-sur-Mer. Il illustre parfaitement la sophistication et le goût prononcé de Béatrice pour le XVIIIe siècle.

Les boiseries qui ornent les murs proviennent de l’Hôtel de Crillon à Paris. En 1907, ce manoir a été entièrement rénové pour en faire le palais qu’il est aujourd’hui. L’ancien décor a été supprimé et Béatrice a obtenu ces panneaux muraux de l’architecte responsable des travaux. Le mobilier est dans le plus pur style Louis XVI. Les pieds des tables et fauteuils sont droits ou effilés, contrairement aux pieds courbes des meubles de style Louis XV.

Le plafond de la deuxième partie du grand salon est décoré d’une toile de marouflage du peintre vénitien Giandomenico Tiepolo représentant le char de Vénus dessiné par des colombes. Sa provenance exacte est inconnue, mais nous savons que Béatrice s’est rendue régulièrement en Italie et l’a certainement ramenée de là. La récente restauration de cette toile a été financée par les Amis de la Villa Ephrussi de Rothschild.

Deux grands tapis au sol. Le premier tapis a été réalisé à l’époque de Louis XV: deux grands «L» entrelacés en or sont visibles au centre de la composition. Ce tapis provenait de la chapelle du château de Versailles, où il y en avait cinq, tous réalisés par la Manufacture royale de Savonnerie. Les quatre autres ont été brûlés pendant la Révolution.

Le deuxième tapis a été commandé par Louis XIV. Il faisait partie d’une gamme de 104 tapis également fabriqués à la Manufacture de la Savonnerie et destinés à décorer la Grande Galerie du Palais du Louvre.

Les tables de jeu. Béatrice aimait jouer à toutes sortes de jeux. Elle invitait régulièrement ses amis à des soirées pour jouer aux échecs, au bridge, au poker ou au tric-trac. Ici, nous pouvons voir une petite table tric-trac (un jeu d’Extrême-Orient qui tire son nom du son des compteurs et était probablement un précurseur du backgammon moderne) et une table de whist. Cette dernière a été créée au XVIIIe siècle par l’ébéniste René Dubois et était un cadeau de Marie-Antoinette à l’un de ses amis.

Le grand salon dont les murs sont décorés de boiseries peintes du XVIIIe siècle – en partie de l’hôtel Crillon à Paris et complétait le début du XXe siècle – abrite de nombreuses pièces d’origine royale ou aristocratique ainsi que de nombreux bronzes d’or de haute qualité, dont une horloge Faune et bacchanale de Gouthière et une paire de candélabres son disciple et successeur Thomire.
Les portes du salon ainsi que la porte du boudoir proviennent du château d’Aunay, qui appartenait à Madame de Pompadour, puis au duc de Penthièvre; au XIXe siècle, ils sont acquis par Honoré de Balzac pour orner sa maison parisienne, l’ancienne Folie Beaujon, qu’il achète en 1846 et qui est détruite en 1882.
La première partie du salon présente un ensemble de sièges Louis XVI à dos médaillon estampillé de Parmentier à Lyon ainsi qu’une table de backgammon attribuée à l’ébéniste grenoblois François Hache et rappelle le goût de la baronne pour le jeu. est recouvert d’un tapis de la Manufacture de la Savonnerie avec une figure de Louis XV et réalisé pour la chapelle royale de Versailles.
Le sol de la deuxième portion est recouvert d’un autre tapis de savons, le 87e de la série de ceinture 104 contrôlée par Louis XIV pour la haute galerie du Louvre. Au plafond, une toile montée avec le Tiepolo (1696-1770) représente le char de l’Amour tiré par des colombes. Autour, ayant appartenu à la reine Marie-Antoinette, le tableau de whist peint de puttis en monochrome et signé par René Dubois, premier fabricant de tablettes de la reine. Le canapé et les fauteuils sont recouverts de tapisserie d’Aubusson illustrant les Fables de La Fontaine.

Le petit salon
Le petit salon est accessible par une porte décorée par le peintre français Étienne de La Vallée Poussin et réalisée à l’origine à partir du film Baujon, qui a appartenu à Nicolas Beaujon puis Salomon Rothschild. Il existe une paire de fauteuils de style Louis XV recouverts de tapisseries dessinés par François Boucher. Dans la salle, il y a aussi une petite table ovale avec une miniature peinte par Thomas Compigné, tabletier privilégié du roi, représentant le Palais-Royal. On y trouve également des statues de la fin du XVIIIe siècle et des vases de la manufacture de porcelaine de Sèvres. Deux tapisseries de l’Histoire de Don Quichotte d’après des dessins de Charles-Antoine Coypel sont accrochées dans les niches.

Avec ses deux alcôves, cette salle a été conçue pour une conversation après le dîner. Il est décoré de tapisseries de la fin du XVIIIe siècle tissées à la Manufacture royale des Gobelins à Paris et représentant des scènes des aventures de Don Quichotte.

Les peintures. Il y a ici trois tableaux de l’atelier de François Boucher: L’Amour aux colombes, Sommeil de Vénus et Diane sur les nuées. Cet ensemble de tableaux est complété par de charmants danseurs peints par Jean-Frédéric Schall, qui en a fait une spécialité à la fin du XVIIIe siècle.

La toile de marouflage au plafond. Il s’agit de l’oeuvre de Giovanni Antonio Pellegrini, artiste vénitien du XVIIIe siècle. S’inspirant de la mythologie grecque, il représente Phaeton en train de perdre le contrôle du char appartenant à son père, le dieu-soleil Hélios, et d’être abattu pour empêcher le monde de brûler.

L’écran coupe-feu. Celui-ci porte le monogramme AM de Marie-Antoinette et, selon toute vraisemblance, lui appartenait.

Le guéridon. Le haut en étain est signé Compigné. Il est doré et peint avec une vue en perspective du Palais Royal à Paris. Premier tablier du roi Louis XV, Compigné était célèbre pour ses scènes estampées en étain, puis dorées à la feuille d’or et peintes.

Le petit salon auquel on accède par une porte décorée par La Vallée-Poussin et provenant de la folie de Beaujon, propriété de la baronne Salomon de Rothschild, est largement ouvert au sud sur une terrasse en marbre qui précède l’esplanade du jardin à la française. Une paire de fauteuils de style Louis XV ornés de tapisseries exécutées d’après des dessins de François Boucher entourent une petite table ovale avec un tableau Compigné représentant le Palais-Royal. Des fusées de style Louis XVI et une paire de paires remarquables de vases en porcelaine de Sèvres complètent le décor. De part et d’autre de la salle, suspendues dans des alcôves, deux tapisseries Gobelins, tissées à partir de cartons Coypel, sont dédiées aux aventures de Don Quichotte. Aux murs, les danseurs de Jean-Frédéric Schall font le tour de L’Amour aux Colombes. Autour, deux toiles Phaéton et Le Char du Soleil.

Sur les murs, il y a des peintures de Jean-Frédéric Schall, comme L’Amour aux Colombes, ainsi que Phaéton et Le Char du Soleil.

Villa Ephrussi de Rothschild
La villa Ephrussi de Rothschild, également appelée villa Île-de-France, est une villa balnéaire française située à Saint-Jean-Cap-Ferrat sur la Côte d’Azur.

La villa a été conçue par l’architecte français Aaron Messiah et construite entre 1905 et 1912 par la baronne Béatrice de Rothschild (1864-1934). Membre de la famille bancaire Rothschild et épouse du banquier Baron Maurice de Ephrussi, Béatrice de Rothschild a construit sa villa rose sur un promontoire sur l’isthme du Cap Ferrat dominant la mer Méditerranée.

La Villa Ephrussi de Rothschild, une somptueuse demeure entourée de neuf jardins idylliques à Saint-Jean-Cap Ferrat sur la Côte d’Azur, a été construite pendant la Belle Epoque par la baronne Béatrice Ephrussi de Rothschild, une femme extraordinaire, dont la vie et le goût au quotidien car l’art s’incarne à jamais dans la villa.

La baronne a rempli le manoir de meubles anciens, de peintures de vieux maîtres, de sculptures, d’objets d’art et a assemblé une vaste collection de porcelaine rare. Les jardins sont classés par le ministère français de la Culture comme l’un des jardins remarquables de France.

La Villa est une résidence de collectionneur, où la porcelaine fabriquée par la Manufacture royale de Sèvres côtoie les tapisseries des Gobelins, les tableaux des maîtres et les rares meubles. Les neuf jardins sont décorés de colonnes, de cascades, d’étangs ornementaux, de parterres de fleurs et d’espèces rares d’arbres.

À sa mort en 1934, la baronne a fait don de la propriété et de ses collections à la division Académie des Beaux Arts de l’Institut de France et il est maintenant ouvert au public. Le rôle de l’Académie des Beaux-Arts est de défendre et mettre en valeur le patrimoine artistique de la France et de favoriser sa croissance sous toutes ses formes d’expression.