Art mérovingien

L’art mérovingien est l’art de la dynastie mérovingienne des Francs, qui a duré du Ve siècle au VIIIe siècle dans la France actuelle, au Benelux et dans une partie de l’Allemagne. L’avènement de la dynastie mérovingienne en Gaule au Ve siècle a conduit à d’importants changements dans le domaine des arts. La sculpture a régressé pour n’être plus qu’une simple technique d’ornementation des sarcophages, des autels et des meubles ecclésiastiques. D’autre part, l’orfèvrerie et le nouveau moyen d’enluminure manuscrite intègrent une décoration animalière «barbare», avec des motifs de l’Antiquité tardive, et d’autres contributions venues d’aussi loin que la Syrie ou l’Irlande pour constituer l’art mérovingien.

Architecture
Aucun monument mérovingien vraiment important n’a survécu à ce jour, les grandes églises, les monastères et les bâtiments civils ont tous été remplacés par de plus grands monuments et des styles plus romanes et gothiques plus récents. Seules les cryptes souterraines (difficiles à reconstruire) et quelques baptistères (peu utilisés en France par la suite), en mauvais état et souvent retravaillés, sont les derniers et précieux témoignages pour nous donner quelques idées de style d’architecture mérovingienne, bien que l’original les décorations ont disparu ou ont été refaites. Quelques très rares églises ont survécu, comme l’église Saint-Pierre à Vienne, mais c’est une exception.

À l’époque mérovingienne, l’architecture ne reflète plus le désir de construire de grands bâtiments robustes, ce qui contraste avec l’Antiquité romaine. La sculpture régresse au point de n’être plus qu’une simple technique d’ornementation des sarcophages, des tables d’autel ou des meubles ecclésiastiques.

D’autre part, la montée de l’orfèvrerie et de la peinture manuscrite a conduit à une résurgence d’éléments décoratifs celtiques, qui, malgré les contributions chrétiennes et barbares, constituent la véritable base de la création artistique mérovingienne.

À l’unité du royaume franque réalisée par Clovis (465-511) et ses successeurs correspond la nécessité de construire des églises, dont le plan a été pris de celui des basiliques romaines.

Le besoin de nouveaux lieux de culte a souvent conduit le clergé à réutiliser les bâtiments civils existants en les modifiant, tels que le temple d’Auguste et de Livie à Vienne ou des basiliques comme l’église Saint-Pierre-aux-Nonnains à Metz. Les fouilles permettent de refaire les plans des églises construites à cette époque, comme le groupe de cathédrale de Genève, ou celui de Lyon avec l’église de l’évêque, l’église paroissiale et le baptistère.

Les grandes églises basiliques, qui avaient un cadre en bois, n’ont malheureusement pas résisté aux feux, accidentels ou allumés par les pirates normands, les Sarrasins ou les cavaliers hongrois lors de leurs incursions ainsi que lors des luttes entre les différentes lignées mérovingiennes. Mais la plupart d’entre eux ont disparu principalement à cause du désir du clergé de construire des bâtiments plus « modernes ». La description laissée par Mgr Grégoire de Tours dans son «Histoire ecclésiastique des Francs» de la basilique Saint-Martin, construite à Tours vers 472, fait regretter la disparition de ce bâtiment qui fut l’une des plus belles églises mérovingiennes. L’église Saint-Pierre de Vienne est un bon exemple de la typologie architecturale d’une basilique construite au VIe siècle.

A Aix-en-Provence, à Riez et à Fréjus, trois baptistères, édifiés sur un plan octogonal et recouverts d’une coupole sur piliers, restent les principaux témoignages d’une architecture en rotonde à plan centré. Le plan centré est une continuation de l’architecture paléochrétienne paléochrétienne sous l’empereur Constantin: le baptistère de Latran et l’église de Santa Costanza à Rome, l’ancien Saint-Sépulcre de Jérusalem et la cathédrale monumentale. La basilique de Saint-Laurent à Milan en sont les premiers exemples. Cette architecture paléochrétienne s’est répandue dans tout le bassin méditerranéen pendant le Bas-Empire, puis dans l’architecture byzantine, et nous retrouvons des typologies architecturales très proches et des liens étroits entre Orient et Occident entre la fin de l’Antiquité et la première moitié du Moyen Âge. , le baptistère de Riez, dans les Alpes-de-Haute-Provence, rappelle celui de Saint-Georges d’Esrah en Syrie). Le baptistère de Venasque fut probablement construit à l’époque où les évêques de Carpentras se réfugièrent à Venasque.

Très différent des baptistères provençaux, le baptistère Saint-Jean (vi siècle), à ​​Poitiers, a la forme d’un carré flanqué de trois absidioles. C’est probablement un ancien bâtiment retravaillé, ayant subi un grand nombre de transformations, mais qui conserve dans sa décoration (chapiteaux de marbre) un caractère mérovingien.

Parmi les cryptes, très nombreuses en raison de l’importance du culte des saints à cette époque, il n’en reste que quelques unes comme celles de la basilique Saint-Seurin de Bordeaux, de la crypte Saint-Oyand de l’église Saint-Laurent de Grenoble et du Abbaye de Jouarre (VIIème siècle).

L’architecture mérovingienne a également développé les basiliques funéraires, aujourd’hui disparues, comme l’église Saint-Martin d’Autun construite vers 590 par la reine Brunehaut ou l’église des Saints-Apôtres à Paris (aujourd’hui l’église Sainte-Marie). Geneviève) construite par Clovis pour recevoir les reliques de Sainte-Geneviève et où il a été enterré. Certaines de ces basiliques funéraires avaient été rattachées à des mausolées, à Saint-Martin d’Autun pour la reine Brunehaut, à Jouarre pour la famille d’Agilbert. L’hypogée des Dunes de Poitiers est une survivance de l’Antiquité.

Après les premières fondations abbatiales de Saint Martin – Abbaye de Ligugé et Abbaye de Marmoutier – c’est à l’époque mérovingienne que nous assistons au développement précoce des monastères. Dans le nord de la France, c’est le moine irlandais Colomban, avec ses disciples, qui a joué un rôle important après la fondation de l’abbaye de Luxeuil. On peut également citer l’abbaye de Condat créée vers 425 par Saint Romain. Au sud se trouvent de fortes personnalités comme Jean Cassien à l’origine de l’abbaye de Saint-Victor de Marseille et Saint Honorat à l’abbaye de Lérins où se retira Saint Césaire vers 490. En Italie, c’est saint Benoît qui va fonder le monastère de Subiaco et celle de Monte Cassino et fixer les premières règles de l’ordre bénédictin. Ces abbayes vont progressivement étendre en France de nombreux monastères. Peu à peu, la culture classique tardive que Sidoine Apollinaire a apprise, Venance Fortunat, la famille de Grégoire de Tours, sera remplacée par la culture chrétienne enseignée dans les monastères et avec les évêques.

Goldsmithery
L’orfèvrerie est un art symbolisant le pouvoir mérovingien. Chilpéric I, Eloi, les personnages-clés de cette période dynastique pratiquaient eux-mêmes le métier d’orfèvre. Sous le règne mérovingien, la profession d’orfèvre est pour eux un vrai travail et pas seulement un passe-temps. Les bijoux sont généralement fabriqués à partir de métaux précieux. Plus un prince accumule et plus il montre un réel signe de puissance en termes économiques, car ce sont des métaux précieux mais aussi en termes de savoir-faire. L’orfèvrerie est un domaine qui démontre un certain savoir-faire. Cette richesse matérielle et le pouvoir qu’elle dégage peuvent faire écho aux anciennes croyances: les Allemands, comme les Grecs et les Romains, croyaient en de nombreuses divinités comme les forgerons. Eloi est aussi gérant du trésor de Clotaire II montrant qu’avec une quantité d’or prévue pour un objet, il réussit à en faire deux. Cet art barbare est un témoignage d’un génie mérovingien.

Les orfèvres jouent un rôle important dans la société mérovingienne. Comme tout guerrier, ils ont la possibilité d’être enterrés avec leurs boîtes à outils. Avec la raréfaction de l’or en Gaule, les artisans sont obligés de combiner d’autres matériaux. Les techniques évoluent comme «damassage» qui combine des motifs damassés (chevrons, sinusoïdes), l’utilisation du filigrane ou le «partitionnement» (assemblage de pierres colorées entourées de fines parois d’or.) Ces objets sont de véritables témoignages de l’histoire mérovingienne. On peut deviner grâce à eux que les grandes invasions n’ont pas isolé la Gaule dans une économie proche-morte relancée par les Carolingiens. L’origine de ces matériaux, le style utilisé, montre que les Mérovingiens vivaient dans un monde où les échanges étaient intenses.

Littérature historique
On sait peu de choses sur cette dynastie mérovingienne, car peu de leurs contemporains sont devenus historiens. Grâce à Grégoire des Tours, on a plusieurs informations jusqu’en 591. Il est à la fois acteur puisque c’est dans l’action des événements qu’il raconte, mais il est aussi écrivain en comptant dans ces œuvres les événements de son temps. . De plus, il reste très rigoureux, il ne fait avancer les faits qu’après avoir pu vérifier l’authenticité de ses sources. En conséquence, les informations qu’il laisse sont précieuses, en particulier pour la période de 575 à 591.

Les frédégaires retracent aussi une partie de cette période historique mérovingienne en plus de Grégoire de Tours. Les « frédégaires » se réfèrent à tous les auteurs d’une courte chronique retracant les événements entre le règne de Dagobert et la fin de la dynastie mérovingienne. Selon certains historiens actuels, l’auteur de la première partie de la chronique (591 à 660) serait d’origine bourguignonne mais aurait vécu en Austrasie vers 658-660. D’un autre côté, nous ne connaissons pas le nom de cet auteur. L’identité de l’auteur qui a écrit le reste de la colonne est encore plus incertaine. Il est appelé « moine de Laon » mais nous n’avons aucune information précise à son sujet.

Le second continuateur est lui en revanche plus connu. Il vécut en Austrasie et rapporte les faits de 736 à 751. C’est le comte Childebrand, frère de Charles Martel. Le dernier auteur de cette série de chroniques est le fils de Childebrand: Nibelung qui relatera les événements jusqu’en 768, sous le règne de Pépin le Bref. Nous avons très peu d’histoires sur la fin des Mérovingiens quand Charles Martel, puis son fils Pépin le Bref, évincent les derniers Mérovingiens. Le seul que nous avons sur cette période est attribué au frère de Martel. Il y a donc un problème de subjectivité. C’est un spécialiste de ce livre qui soutient cette thèse en disant que Childebrand a « effacé » une partie de l’histoire des personnages dont la mémoire aurait été gênante pour la nouvelle dynastie dirigeante.

Autres arts
Arrivés au VIIe siècle, les capacités des artisans mérovingiens devaient être bien connues car ils étaient importés en Angleterre pour réintroduire la connaissance de la création de vitraux, et les maçons mérovingiens étaient utilisés pour construire des églises anglaises. Les maçons mérovingiens utilisaient aussi fréquemment le gallicum opus et sont responsables de son importation en Angleterre et de sa transmission aux Normands qui, à leur tour, l’amenèrent en Sicile.

Des manuscrits enluminés mérovingiens très rares ont survécu, parmi eux l’un des plus beaux du VIIIe siècle, le Sacramentaire gélasien conservé à la Bibliothèque du Vatican, qui présente des décorations géométriques et animales, moins complexes que celles de l’art insulaire des îles britanniques, mais ceux-ci dérivent de la métallurgie avec des influences de l’Antiquité tardive et de la proximité de l’Est. Les principaux centres étaient l’abbaye de Luxeuil, une fondation irlandaise, et sa maison-fille à l’abbaye de Corbie.

Au 7ème siècle, les compétences des artisans mérovingiens ont dû être bien considérées, car ils ont été amenés en Angleterre pour réintroduire des compétences de fabrication de verre, et les tailleurs de pierre mérovingiens ont été utilisés pour construire des églises anglaises. Les maçons mérovingiens ont également largement employé l’opus gallicum et sont chargés de l’apporter en Angleterre et de le léguer aux Normands, qui l’ont apporté en Italie.

Très peu de manuscrits enluminés mérovingiens subsistent, dont le plus richement décoré est le Sacramentaire gélasien du VIIIe siècle de la Bibliothèque du Vatican, à la décoration géométrique et animale, moins complexe que celle de l’art insulaire des îles britanniques, mais semblable à celle de l’orfèvrerie motifs, avec une certaine influence de l’Antiquité tardive et du Proche-Orient. Les principaux centres étaient l’abbaye de Luxeuil, une fondation irlandaise, et plus tard sa maison-fille à l’abbaye de Corbie.

Une grande collection d’art mérovingien à Berlin a été prise par les occupants soviétiques en Russie, où elle reste à ce jour.