Musée Matisse à Nice, Provence-Alpes-Côte d’Azur, France

Le musée Matisse de Nice est dédié à l’œuvre du peintre français Henri Matisse. Il rassemble l’une des plus grandes collections au monde de ses œuvres, ce qui nous permet de retracer son parcours artistique et ses développements depuis ses débuts jusqu’à ses dernières œuvres. Installé dans la Villa des Arènes, une villa génoise du XVIIème siècle dans le quartier de Cimiez, le musée a ouvert ses portes en 1963.

Classé «Musée de France», le musée Matisse couvre une surface totale de 2 800 m2, dont 1 200 m2 d’espaces d’exposition répartis sur la villa et l’agrandissement. En 2013, la céramique La Piscine, don de Claude et Barbara Duthuit, était installé dans une salle dédiée, au niveau de l’entrée. En 2017, une campagne de rénovation a débuté, elle a commencé par une refonte de l’itinéraire des visiteurs, la rénovation de l’espace d’entrée et l’installation de dispositifs pédagogiques.

Le musée Matisse fait partie d’un vaste ensemble patrimonial du site de Cimiez qui comprend les arènes et ruines romaines, un jardin aux oliviers centenaires, ainsi que le monastère de Cimiez.

Henri Matisse
Henri Matisse était un artiste, peintre, dessinateur et sculpteur français, connu avant tout comme peintre, tant pour son utilisation de la couleur que pour son dessin fluide et original. Matisse est généralement considéré, avec Pablo Picasso, comme l’un des artistes qui ont le mieux contribué à définir les développements révolutionnaires des arts visuels au cours des premières décennies du XXe siècle, responsable de développements importants dans la peinture et la sculpture.

Figure majeure du XXe siècle, son influence sur l’art de la seconde moitié de ce siècle est considérable par l’usage de la simplification, de la stylisation, de la synthèse et de la couleur comme seul sujet de la peinture, tant pour les nombreux peintres figuratifs ou abstraits qui réclamera à lui et à ses découvertes. Il était le chef du fauvisme. Beaucoup de ses plus belles œuvres ont été créées dans la décennie environ après 1906, quand il a développé un style rigoureux mettant l’accent sur les formes aplaties et les motifs décoratifs. En 1917, il a déménagé dans une banlieue de Nice sur la Côte d’Azur, et le style plus détendu de son travail dans les années 1920 lui a valu d’être acclamé par la critique en tant que défenseur de la tradition classique de la peinture française. Après 1930, il adopte une simplification plus audacieuse de la forme. Quand une mauvaise santé dans ses dernières années l’a empêché de peindre,

Sa maîtrise du langage expressif de la couleur et du dessin, exposée dans un ensemble d’œuvres couvrant plus d’un demi-siècle, lui a valu d’être reconnu comme une figure de proue de l’art moderne. Pablo Picasso, qui était son ami et le considérait comme son rival, à Andy Warhol qui « voulait être Matisse » tous les peintres du XX e siècle ont été confrontés à la gloire et au génie de Matisse.

Fauvisme
Le fauvisme en tant que style a commencé vers 1900 et s’est poursuivi au-delà de 1910. Le mouvement en tant que tel n’a duré que quelques années, 1904-1908, et a eu trois expositions. Les leaders du mouvement étaient Matisse et André Derain. La première exposition personnelle de Matisse eut lieu à la galerie Ambroise Vollard en 1904, sans grand succès. Son goût pour les couleurs vives et expressives est devenu plus prononcé après avoir passé l’été 1904 à peindre à Saint-Tropez avec les néo-impressionnistes Signac et Henri-Edmond Cross. Cette année-là, il peint la plus importante de ses œuvres dans le style néo-impressionniste, Luxe, Calme et Volupté. En 1905, il repart vers le sud pour travailler avec André Derain à Collioure. Ses peintures de cette période se caractérisent par des formes plates et des lignes contrôlées, utilisant le pointillisme de manière moins rigoureuse qu’auparavant.

Matisse et un groupe d’artistes désormais connus sous le nom de «Fauves» exposés ensemble dans une salle du Salon d’Automne en 1905. Les peintures expriment l’émotion avec des couleurs sauvages, souvent dissonantes, sans égard pour les couleurs naturelles du sujet. Matisse a montré Open Window et Woman with the Hat au Salon. Le critique Louis Vauxcelles a commenté une sculpture solitaire entourée d’une « orgie de tons purs » comme « Donatello chez les fauves » (Donatello parmi les bêtes sauvages), faisant référence à une sculpture de type Renaissance qui partageait la pièce avec eux. Son commentaire fut imprimé le 17 octobre 1905 dans Gil Blas, un quotidien, et passa dans l’usage populaire. L’exposition a suscité de vives critiques – «Un pot de peinture a été jeté au visage du public», a déclaré le critique Camille Mauclair – mais aussi une attention favorable.

Matisse était reconnu comme un chef des Fauves, avec André Derain; les deux étaient des rivaux amicaux, chacun avec ses propres partisans. Les autres membres étaient Georges Braque, Raoul Dufy et Maurice de Vlaminck. Le peintre symboliste Gustave Moreau (1826–1898) fut le professeur inspirant du mouvement. En tant que professeur à l’École des Beaux-Arts de Paris, il a poussé ses élèves à sortir des sentiers battus et à suivre leurs visions.

Au début de 1905, Matisse participe au Salon des Indépendants. À l’été 1905, il séjourne au bord de la Méditerranée, à Collioure, en compagnie de Derain. Il rencontre le sculpteur Maillol. Au Salon d’Automne de 1905, l’accrochage d’œuvres de Matisse, Albert Marquet, Vlaminck, Derain et Kees van Dongen fait scandale par les couleurs pures et violentes posées à plat sur leurs toiles. Voyant ces tableaux regroupés dans la même salle, le critique Louis Vauxcelles, dans un article intitulé « Le Salon d’automne », paru dans Gil Blas, le 17 octobre 1905, décrit le salon pièce par pièce. Il écrit notamment « Salle no VII. MM. Henri Matisse, Marquet, Manguin, Camoin, Girieud, Derain, Ramon Pichot. Salle archi-claire, audacieuse, scandaleuse, dont les intentions doivent être déchiffrées, laissant aux intelligents et aux imbéciles le droit de rire, la critique trop facile. Au centre de la pièce, un torse d’enfant et un petit buste en marbre, d’Albert Marque, qui modèle avec une science délicate. La candeur de ces bustes surprend au milieu de l’orgie de tons purs: Donatello chez les fauves… ».

Le nom de «fauve» est immédiatement adopté et revendiqué par les peintres eux-mêmes. Cette période marque également la reconnaissance du travail de Matisse, lui permettant enfin une relative aisance matérielle; il devient le chef du fauvisme.

Matisse l’explique ainsi:
la couleur était proportionnée à la forme. La forme a changé, au gré des réactions des quartiers colorés. Parce que l’expression vient de la surface colorée que le spectateur saisit dans son intégralité.  »

André Gide écrit dans Promenade au salon d’Automne:
« Je veux avouer que M. Henri Matisse a les plus beaux dons naturels. Les toiles qu’il présente aujourd’hui ont l’apparence de présentations de théorèmes. Tout peut être déduit, expliqué, l’intuition n’a rien à voir. »

.. Tandis que sur les murs de Montparnasse, on pouvait lire: « Matisse affolant, Matisse est plus dangereux que l’absinthe. » La même année, il rencontre Edmond-Marie Poullain et Signac achète Luxe, Calme et Volupté. En 1907, Guillaume Apollinaire écrivait dans ses critiques:
«Chaque tableau, chaque dessin d’Henri Matisse a une vertu qu’on ne peut pas toujours identifier, mais qui est une vraie force. Et c’est la force de l’artiste de ne pas la bouleverser, de la laisser agir. S’il fallait comparer l’oeuvre d’Henri Matisse à quelque chose, il faudrait choisir l’orange. Comme elle, l’œuvre d’Henri Matisse est un fruit d’une lumière éblouissante. Avec une bonne foi totale et un pur désir de se connaître et de se réaliser, ce peintre n’a jamais cessé de suivre son instinct. Il lui laisse le choix entre les émotions, de juger et de limiter le fantasme et celui de scruter la lumière en profondeur, rien que la lumière. D’un coup d’œil, son art a été dépouillé et malgré sa simplicité toujours plus grande il n’a pas manqué de devenir Ce n’est pas la compétence qui rend cet art plus simple et le travail plus lisible. Mais,la beauté de la lumière se mêlant de plus en plus chaque jour à la vertu de l’instinct sur lequel s’appuie entièrement l’artiste, tout ce qui s’opposait à cette union disparaît au fur et à mesure que les souvenirs se fondent parfois dans les brumes du passé.  »

En 1907, Guillaume Apollinaire, commentant Matisse dans un article publié dans La Phalange, écrivait: «Nous ne sommes pas ici en présence d’une entreprise extravagante ou extrémiste: l’art de Matisse est éminemment raisonnable». Mais le travail de Matisse de l’époque a également été critiqué avec véhémence et il lui était difficile de subvenir aux besoins de sa famille. Son tableau Nu bleu (1907) a été brûlé en effigie à l’Armory Show de Chicago en 1913.

Le 18 septembre 1909, Matisse signe son contrat avec la galerie Josse et Gaston Bernheim qui l’expose. Ce contrat prévoit que Matisse reçoit 25% du prix de vente des peintures. Le contrat de trois ans a été renouvelé pour dix-sept ans. Matisse se trouve, selon ses propres mots: «condamné à ne faire que des chefs-d’œuvre».

Le déclin du mouvement fauve après 1906 n’affecta pas la carrière de Matisse; beaucoup de ses plus belles œuvres ont été créées entre 1906 et 1917, alors qu’il participait activement au grand rassemblement de talents artistiques à Montparnasse, même s’il ne s’intégrait pas tout à fait, avec son apparence conservatrice et ses habitudes de travail bourgeoises strictes. Il a continué à absorber de nouvelles influences. Il voyage en Algérie en 1906 pour étudier l’art africain et le primitivisme. Après avoir vu une grande exposition d’art islamique à Munich en 1910, il a passé deux mois en Espagne à étudier l’art mauresque. Il a visité le Maroc en 1912 et à nouveau en 1913 et tout en peignant à Tanger, il a apporté plusieurs modifications à son travail, y compris son utilisation du noir comme couleur. L’effet sur l’art de Matisse est une nouvelle audace dans l’utilisation de couleurs intenses et non modulées, comme dans L’Atelier Rouge (1911).

Matisse avait une longue relation avec le collectionneur d’art russe Sergei Chtchoukine. Il a créé l’une de ses œuvres majeures La Danse spécialement pour Chtchoukine dans le cadre d’une commande de deux peintures, l’autre peinture étant Music, 1910. Une version antérieure de La Danse (1909) est dans la collection du Museum of Modern Art de New York Ville.

Gertrude Stein
Matisse rencontre Leo et Gertrude Stein, collectionneurs américains, résidant à Paris, qui lui achètent Femme au chapeau (San Francisco Museum of Modern Art), un portrait de Madame Matisse qui est exposé dans la « cage aux fauves ». En 1907, chez lui, il rencontre Picasso. Gertrude Stein a défini les deux artistes comme le « Pôle Nord » (Matisse) et le « Pôle Sud » (Picasso) de l’Art Moderne. Fernande Olivier se souvient que lors des dîners en ville, Matisse semblait savant et professant, ne répondant que oui ou non, ou s’enlisant soudain dans des théories sans fin. « Matisse, beaucoup plus âgé, sérieux, n’a jamais eu les idées de Picasso. » Puis Matisse retrouve le critique Louis Vauxcelles, à qui il dit avoir vu au jury du Salon un tableau de Georges Braque « réalisé en petits cubes », qui Matisse baptise sous le nom de « cubisme ».

Vers avril 1906, il rencontre Pablo Picasso, 11 ans plus jeune que Matisse. Les deux sont devenus des amis de longue date ainsi que des rivaux et sont souvent comparés. Une différence clé entre eux est que Matisse a dessiné et peint à partir de la nature, tandis que Picasso était plus enclin à travailler par imagination. Les sujets les plus fréquemment peints par les deux artistes étaient des femmes et des natures mortes, Matisse étant plus susceptible de placer ses personnages dans des intérieurs entièrement réalisés. Matisse et Picasso ont d’abord été réunis au salon parisien de Gertrude Stein avec sa compagne Alice B. Toklas. Au cours de la première décennie du XXe siècle, les Américains à Paris – Gertrude Stein, ses frères Leo Stein, Michael Stein et l’épouse de Michael Sarah – étaient d’importants collectionneurs et partisans des peintures de Matisse. De plus, Gertrude Stein ‘ s deux amies américaines de Baltimore, les sœurs Cone Claribel et Etta, sont devenues les principaux mécènes de Matisse et Picasso, collectionnant des centaines de leurs peintures et dessins. La collection Cone est maintenant exposée au Baltimore Museum of Art.

En 1908, Matisse publie Note d’un peintre. La même année, avec l’aide financière de Sarah et Michael Stein, entre autres, Matisse ouvre une académie gratuite au Couvent des Oiseaux, puis à l’Hôtel de Biron (où Rodin a eu son atelier de présentation). Le succès fut immédiat: sur 120 étudiants inscrits au total, il y avait des étudiants majoritairement étrangers, puisqu’il n’y avait pas de peintres français et majoritairement de jeunes scandinaves, ainsi que des Allemands, issus du cercle du café du Dôme. Le peintre Hans Purrmann appelé « grand massier ». L’Académie Matisse a fermé ses portes en 1911.

Si de nombreux artistes ont visité le salon Stein, nombre de ces artistes n’étaient pas représentés parmi les peintures sur les murs du 27 rue de Fleurus. Là où les œuvres de Renoir, Cézanne, Matisse et Picasso dominaient la collection de Léo et Gertrude Stein, la collection de Sarah Stein mettait particulièrement l’accent sur Matisse.

Les contemporains de Léo et Gertrude Stein, Matisse et Picasso s’intègrent dans leur cercle social et se joignent régulièrement aux rassemblements qui se déroulent le samedi soir au 27 rue de Fleurus. Gertrude a attribué les débuts des salons du samedi soir à Matisse, en faisant remarquer:
«De plus en plus fréquemment, les gens ont commencé à visiter pour voir les tableaux de Matisse – et les Cézannes: Matisse a amené des gens, tout le monde a amené quelqu’un, et ils sont venus à tout moment et ça a commencé à être une nuisance, et c’est ainsi que les samedis soir a commencé. »

Matisse se souvient de son activité d’enseignant en 1951: «J’avais l’habitude de passer de temps en temps, le soir, pour voir ce qu’ils faisaient. J’ai vite compris que je devais d’abord me consacrer à mon propre travail, que je risquais de dépenser aussi beaucoup d’énergie sur cette activité. Après chaque critique, je me suis retrouvé devant des agneaux, qu’il me fallait sans cesse remettre sur pied, semaine après semaine, pour en faire des lions. Je me suis alors demandé si j’étais en fait un peintre ou un enseignant; je suis arrivé à la conclusion que j’étais peintre et j’ai rapidement quitté l’école.  »

En 1909, le collectionneur russe Sergei Chtchoukine lui commande deux tableaux: La Danse et La Musique. Ces deux toiles, considérées comme deux chefs-d’œuvre du peintre, ont été présentées au Salon d’Automne en 1910, et installées à Moscou en 1911.

La Danse est décrite par Marcel Sembat: « Un cercle frénétique transforme les mouvements roses sur fond bleu. A gauche une grande figure entraîne toute la chaîne. Quelle ivresse. Quelle bacchante. Cette arabesque souveraine, cette courbe agrippante qui va du tourné la tête à la hanche saillante descend le long de la jambe tendue.  »

Entre 1908 et 1912, ses œuvres sont exposées à Moscou, Berlin, Munich et Londres. Matisse et Amélie retournent à Ajaccio, décembre 1912. En 1913, Matisse est exposé à l’Armory Show de New York, aux côtés d’œuvres de Marcel Duchamp et Francis Picabia, comme autant de représentants de l’art le plus moderne.

Après Paris
En 1917, Matisse déménage à Cimiez sur la Côte d’Azur, une banlieue de la ville de Nice. Son travail de la dizaine d’années suivant cette délocalisation montre une détente et un adoucissement de sa démarche. Ce «retour à l’ordre» est caractéristique d’une grande partie de l’art de l’après-guerre, et peut être comparé au néoclassicisme de Picasso et Stravinsky ainsi qu’au retour au traditionalisme de Derain. Les peintures odalisques orientalistes de Matisse sont caractéristiques de l’époque; alors que ce travail était populaire, certains critiques contemporains l’ont trouvé peu profond et décoratif.

À la fin des années 1920, Matisse s’engage à nouveau dans des collaborations actives avec d’autres artistes. Il a travaillé non seulement avec des Français, des Néerlandais, des Allemands et des Espagnols, mais aussi avec quelques Américains et des immigrants américains récents.

Après 1930, une nouvelle vigueur et une simplification plus audacieuse apparaissent dans son œuvre. Le collectionneur d’art américain Albert C. Barnes a convaincu Matisse de produire une grande fresque pour la Fondation Barnes, The Dance II, qui a été achevée en 1932; la Fondation possède plusieurs dizaines d’autres tableaux de Matisse. Ce mouvement de simplification et de préfiguration de la technique de découpe est également évident dans sa peinture Large Reclining Nude (1935). Matisse a travaillé sur ce tableau pendant plusieurs mois et a documenté les progrès avec une série de 22 photographies, qu’il a envoyées à Etta Cone.

La sculpture
En 1924, Matisse se consacre à la sculpture et réalise Grand nu assis, exemplaire de son style – à la fois en arabesques et en angles – en rond. Matisse pratique la sculpture depuis qu’il est l’élève d’Antoine Bourdelle, dont Matisse garde le goût des grandes stylisations, comme en témoigne la grande série de Nu de dos, série de plâtres monumentaux qu’il crée. entre 1909 et 1930. Matisse affronte les problèmes picturaux qu’il rencontre en bas-relief: le contour des figures monumentales (la production de Nu de dos I, à partir de 1909, est contemporaine de celle des grandes compositions La Musique et La Danse), la relation entre la forme et la substance (les fresques destinées à la Fondation Barnes ont été réalisées en 1930, comme Nu de dos IV). cependant,

Les découpes
Diagnostiqué d’un cancer de l’abdomen en 1941, Matisse subit une intervention chirurgicale qui le laissa au fauteuil et au lit. La peinture et la sculpture étant devenues des défis physiques, il s’est tourné vers un nouveau type de médium. Avec l’aide de ses assistants, il a commencé à créer des collages de papier découpé, ou découpage. Il découpait des feuilles de papier, pré-peintes à la gouache par ses assistants, en formes de couleurs et de tailles variées, et les disposait pour former des compositions vivantes. Au départ, ces pièces étaient de taille modeste, mais ont finalement été transformées en peintures murales ou en œuvres de la taille d’une pièce. Le résultat était une complexité distincte et dimensionnelle – une forme d’art qui n’était pas tout à fait la peinture, mais pas tout à fait la sculpture.

Bien que le papier découpé ait été le médium majeur de Matisse dans la dernière décennie de sa vie, sa première utilisation enregistrée de la technique remonte à 1919 lors de la conception du décor du Le chant du rossignol, un opéra composé par Igor Stravinsky. Albert C. Barnes a fait réaliser des gabarits en carton à partir des dimensions inhabituelles des murs sur lesquels Matisse, dans son atelier niçois, fixait la composition de formes en papier peint. Un autre groupe de découpes a été réalisé entre 1937 et 1938, tandis que Matisse travaillait sur les décors et les costumes des Ballets russes de Sergei Diaghilev. Cependant, ce n’est qu’après son opération que, cloué au lit, Matisse a commencé à développer la technique de découpe comme sa propre forme, plutôt que son origine utilitaire antérieure.

Il a déménagé au sommet de la colline de Vence, en France en 1943, où il a produit son premier grand projet de découpe pour son livre d’artiste intitulé Jazz. Cependant, ces découpes ont été conçues comme des dessins pour des impressions au pochoir à regarder dans le livre, plutôt que comme des œuvres picturales indépendantes. À ce stade, Matisse considérait toujours les découpes comme distinctes de sa principale forme d’art. Sa nouvelle compréhension de ce médium se déploie avec l’introduction de Jazz en 1946. Après avoir résumé son parcours, Matisse évoque les possibilités qu’offre la technique du découpage en insistant: «Un artiste ne doit jamais être prisonnier de lui-même, prisonnier d’un style, prisonnier d’une réputation, prisonnier du succès…»

Le nombre de découpes conçues indépendamment a augmenté régulièrement après Jazz, et a finalement conduit à la création d’œuvres de taille murale, telles que Oceania the Sky et Oceania the Sea de 1946. Sous la direction de Matisse, Lydia Delectorskaya, son assistante de studio, a épinglé vaguement les silhouettes d’oiseaux, de poissons et de végétation marine directement sur les murs de la pièce. Les deux pièces d’Océanie, ses premières découpes de cette ampleur, évoquaient un voyage à Tahiti qu’il avait effectué des années auparavant.

Chapelle et musée
En 1948, Matisse commence à préparer des dessins pour la Chapelle du Rosaire de Vence, ce qui lui permet d’étendre cette technique dans un contexte véritablement décoratif. L’expérience de la conception des fenêtres de la chapelle, des chasubles et de la porte du tabernacle – toutes planifiées selon la méthode du découpage – a eu pour effet de consolider le médium comme son objectif principal. Finissant sa dernière peinture en 1951 (et la sculpture finale l’année précédente), Matisse a utilisé le papier découpé comme seul moyen d’expression jusqu’à sa mort.

En 1952, il crée un musée dédié à son œuvre, le musée Matisse au Cateau, et ce musée est aujourd’hui la troisième plus grande collection d’œuvres de Matisse en France.

En 1963, le musée Matisse de Nice ouvre également ses portes et, en 1970, la première rétrospective de l’œuvre de Matisse en France est organisée au Grand Palais à Paris. L’année suivante, Aragon publie Henri Matisse, un roman, un recueil d’une vingtaine d’articles, textes et préfaces de catalogues, conférences d’Aragon, consacrés au peintre. L’œuvre de Matisse rencontre le public français.

Depuis, expositions et rétrospectives se sont succédées dans le monde entier. Lors de l’exposition à la Tate Modern de Londres, en 2014, consacrée aux découpes de papier, la critique Laura Cumming de The Guardian écrit: «L’art de Matisse est une leçon de vie, et une source d’inspiration pour le spectateur. nous devrions tous pouvoir, être prêts à profiter de la beauté de la vie alors même que nous affrontons la fin.  »

Influence
Célèbre et célébré de son vivant, Matisse aura une influence prépondérante sur la peinture américaine, et notamment sur la New York School, Mark Rothko, Barnett Newman, Motherwell, mais aussi en Allemagne, à travers les étudiants de son académie, Marg Moll, Oskar Moll, Hans Purrmann …

À la New York First School, dirigée par les deux critiques Harold Rosenberg et Clement Greenberg, il convient d’ajouter la New York Second School avec des personnages comme Frank Stella et le mouvement que Greenberg définit comme Post-Painterly-Abstraction., Colorfield Painting (Morris Louis, Helen Frankenthaler, Sam Francis, Jules Olitskix), voire hard edge (Kenneth Noland Mary Pinchot Meyer…).

Mais aussi les peintres du Pop Art, dont Warhol qui déclarait en 1956: «Je veux être Matisse», ou encore Tom Wesselmann, Roy Lichtenstein, qui citera abondamment le peintre français.

En France, l’influence de Matisse se retrouve dans les peintres de Supports / Surfaces, et dans les textes théoriques du critique Marcelin Pleynet, comme Système de peinture.

Autre particularité, de nombreux descendants d’Henri Matisse sont des peintres ou des sculpteurs, comme son fils Jean, sculpteur, son fils Pierre, galeriste, ses petits-enfants, Paul Matisse, sculpteur, Jacqueline, artiste et son arrière-petite-fille, Sophie, peintre.

En 2015, une étude menée à l’installation européenne de rayonnement synchrotron de Grenoble a révélé au monde de l’art que le sulfure de cadmium, également connu sous le nom de pigment jaune de cadmium utilisé par Matisse, est soumis à un processus d’oxydation lors de l’exposition à la lumière, se transformant ainsi en cadmium. sulfate très soluble dans l’eau et surtout incolore.

Histoire du musée
La Villa des Arènes, dont les travaux de construction débutent en 1670, s’achève en 1685 et s’appelle alors Palais Gubernatis, du nom de son propriétaire et parrain, Jean-Baptiste Gubernatis, consul de Nice. La villa prend son nom actuel en 1950, lorsque la Ville de Nice, soucieuse de la préserver, l’achète à une société immobilière.

Inauguré en 1963 au deuxième étage de la Villa des Arènes, située dans le site archéologique de Cimiez, le musée Matisse détient les cadeaux de l’artiste et de ses héritiers à la Ville de Nice.

En 1989, le musée archéologique, qui partageait le même bâtiment, a déménagé dans son propre bâtiment dédié pour lancer une rénovation du musée. Le musée Matisse pourrait alors s’agrandir: il a fait l’objet d’une vaste rénovation ainsi que d’un projet d’extension qui le contraint à rester fermé pendant quatre ans.

L’architecte Jean-François Bodin a repensé les espaces intérieurs de l’ancienne villa génoise et a conçu l’agrandissement qui accueillait un vaste hall, un auditorium et une librairie. Le nouveau bâtiment a été inauguré en 1993, avec une nouvelle aile moderne à sa disposition ainsi que des espaces rénovés, ce qui lui permet d’exposer dans son intégralité la collection permanente, qui n’a cessé de croître depuis 1963 au fil des dons et des dépôts. successif. Un atelier pédagogique a été ajouté en 2002, un Cabinet des dessin en 2003.

Les collections
La collection permanente du musée s’est constituée grâce à diverses donations, d’abord celle de Matisse en personne, qui a vécu et travaillé à Nice de 1917 à 1954, puis celles de ses héritiers ainsi que par des dépôts d’oeuvres réalisés par l’Etat. Le musée rassemble ainsi 68 peintures et gouaches découpées, 236 dessins, 218 gravures, 57 sculptures et 14 livres illustrés de Matisse auxquels s’ajoutent 95 photographies, 187 objets ayant appartenu au peintre ainsi que des sérigraphies, tapisseries, céramiques, vitraux. et d’autres types de documents.