Style Louis XV

Le style Louis XV ou Louis Quinze est un style d’architecture et d’arts décoratifs qui est apparu sous le règne de Louis XV de France. De 1710 à environ 1730, période connue sous le nom de Régence, elle était en grande partie une extension du style de son arrière-grand-père et prédécesseur, Louis XIV de France. De 1730 environ à 1750, il devient plus original, décoratif et exubérant, dans ce qu’on appelle le style rocaille, sous l’influence de la maîtresse du roi, Madame de Pompadour. Il a marqué le début du mouvement Rococo européen. De 1750 jusqu’à la mort du roi en 1774, il devint plus sobre, ordonné et commença à montrer les influences du néoclassicisme.

Période
Le style Louis XV s’est développé principalement dans le deuxième quart du XVIIIe siècle (1723-1750). Il est déjà annoncé dans le style régence et s’étend dans les périodes suivantes, surtout dans les provinces. Il ne coïncide que très grossièrement avec le long règne du monarque: 1715-1774. Très audacieux à son époque, il a connu une résurgence de succès dans les meubles fabriqués à la fin du XIXe siècle.

L’ondulation du style Louis XV cède peu à peu la place à la majesté rigide du style Louis XVI pendant la période suivante où l’on parle de style Transition.

Styles précédents ou préexistants
Le style Louis XV succède au style Régence, esquissé par l’abandon progressif de l’inspiration classique qui a prévalu depuis la Renaissance et qui est tentée par le baroque.
Situation politique et culturelle
Louis XV, qui a été élu au trône à l’âge de cinq ans en 1715 après la mort de son arrière-grand-père Louis XIV, a été déclaré majeur sur le seuil de sa quatorzième année en 1723, mettant fin à la régence de son grand – le duc Philippe d’Orléans. Le roi et surtout son épouse Marie Leszczyńska doivent entretenir une cour meublée et s’entourer d’artistes et d’artisans. Cette splendeur durera jusqu’aux années 1760, date qui marque la fin du style avant les nombreux deuils qui assombrissent les dernières années du monarque (1752 et 1759, ses filles aînées, Henriette-Anne et Louise-Elisabeth, duchesse de Parme, 1761 le duc de Bourgogne, son petit-fils et héritier du second Louis âgé de 10 ans, 1763, sa petite-fille, épouse du futur empereur Marie-Isabelle de Bourbon-Parme, 1764, la marquise de Pompadour, son favori, 1765 son fils Philippe 1er, duc de Parme et son fils le Dauphin Louis, 1766, son beau-père Stanislas Leszczynski, duc de Lorraine et Bar, 1767, la dauphine Marie-Josephus de Saxe, 1768, la reine Marie Lesczynska).

Esthétique
Caractéristiques principales
Le style Louis XV est un style qui pourrait être décrit comme dionysiaque:

En réponse au style Louis XIV où le mobilier devait émaner du pouvoir et imposer le respect au point de devenir concasseur, il se caractérise par sa légèreté: le mobilier Louis XV est charmant, élégant, léger et invite à plus de détente et aux distractions de la la cour qu’à la solennité.
Comme en témoigne l’abondance des courbes et des motifs tels que la coquille, le feuillage ou les guirlandes, ce style s’inspire de la nature.
C’est un style qui se caractérise par une recherche d’intimité et de confort. Les pièces sont plus petites et plus chaudes, les plafonds sont plus bas, les boiseries sont peintes dans des tons doux (couleurs pastel, rose, crème).

C’est un style d’invention:

On voit ainsi apparaître le pied courbé (dit « pied Louis XV ») qui est une évolution des pieds en forme de pattes d’animal, mais ici ce sont les pattes de biche, et non plus de lion, qui sont prises comme modèle.
Pour la première fois depuis le Moyen Age, l’asymétrie réapparaît. Les petites commodes, souvent asymétriques, sont néanmoins toujours équilibrées. Sans pouvoir dire pourquoi à première vue, il en résulte une impression de fantaisie élégante et espiègle.
La priorité est donnée à la décoration plutôt qu’à la forme utile, par exemple sur les commodes, les décorations en bronze s’étendent d’un tiroir à l’autre, jusqu’à ce que l’intersection entre elles disparaisse.
Le mobilier est repensé pour occuper tout l’espace des chambres, et pas seulement la périphérie comme on peut encore le voir aujourd’hui au château de Versailles. C’est le verso des fichiers qui est plus travaillé.
La ceinture de sécurité s’incurve en plan, mais aussi pour la première fois en élévation.
C’est l’aspect du dos du violon et du dos cabriolet (courbe en plan), pour les sièges qui sont au milieu de la pièce, bien que l’on utilise toujours le dossier avec la reine (droit en plan), violiné ou non, pour des sièges destinés à rester le long des murs.

Ornementation
C’est le règne des Ornemanistes, nouvelle profession ancêtre des décorateurs: ils s’intéressent à un projet de décoration intérieure dans son intégralité, depuis les lambris, les stucs et les peintures jusqu’aux meubles et aux lustres.

Les meubles Louis XV sont souvent décorés de motifs en bronze de style rococo.

La marqueterie est d’abord abandonnée au profit de la frise où domine la beauté de l’essence (amarante, satin, palissandre et violette …); puis il revient à la mode à partir de 1745 avec des représentations de bouquets de fleurs et / ou d’instruments de musique (sur les meubles de cour), très fournis et colorés.

Des éléments de bronzes souvent finement ciselés et dorés au mercure rappelant les décors de boiseries (présents au tablier, aux chutes, aux poignées ou aux bâtons d’encadrement) révèlent tout le répertoire du monde aquatique (rocailles, feuillages, feuilles d’acanthes, joncs) tandis que les les coquilles de la régence deviennent en retrait, gaudronnés …

Les sièges sont remplis de soies fleuries et sont souvent entièrement dorés.

Les meubles sont souvent garnis de panneaux de laque d’Extrême-Orient. La recherche pour imiter ces laques stimule le développement des laques européennes (vernis Martin).

Architecture
L’architecte en chef du roi fut Jacques Gabriel de 1734 à 1742, puis son fils plus célèbre, Ange-Jacques Gabriel jusqu’à la fin du règne. Ses œuvres majeures comprennent l’Ecole Militaire, l’ensemble des bâtiments qui dominent la Place Louis XV (aujourd’hui Place de la Concorde (1761-1770)) et le Petit Trianon à Versailles (1764). les façades sont richement décorées, les façades deviennent plus simples, moins ornementées et plus classiques, les façades dessinées par Gabriel sont soigneusement rimées et équilibrées par des rangées de fenêtres et de colonnes, et sur de grands bâtiments comme la place de la Concorde. au niveau de la rue, et des frontons classiques ou des balustrades sur la ligne de toit.Les caractéristiques ornementales incluaient parfois des balcons en fer forgé incurvés avec des motifs de rocailles ondulants, semblables à la décoration rocaille des intérieurs.

L’architecture religieuse de l’époque était aussi sobre et monumentale et tendait, à la fin du règne, vers le néo-classique; L’église de Sainte-Geneviève (aujourd’hui le Panthéon), construite de 1758 à 1790 selon un projet de Jacques-Germain Soufflot, et l’église Saint-Philippe-du-Roule (1765-1777) de Jean Chalgrin, dont une nef voûtée en berceau.

Décoration d’intérieur
La décoration intérieure pendant le règne de Louis XV est tombée en deux périodes; le premier ornement en rocaille, caractérisé par des courbes sinueuses sculptées et des contre-courbes, souvent en motifs floraux et végétaux, appliqués sur les panneaux des murs, souvent avec des médaillons au centre. Les panneaux grands miroirs ont été encadrés dans souvent encadrés de feuilles de palmier sculptées ou autre décoration florale. Contrairement au style rococo, l’ornement était généralement sobre, symétrique et équilibré. Au début du style, les dessins étaient souvent inspirés des versions françaises de l’art chinse, des animaux, en particulier des singes et des arabesques, ou des thèmes tirés des œuvres des artistes de l’époque, dont Jean Bérain le Jeune, Watteau et Jean Audran.

Après 1750, en réaction aux excès du style antérieur, les motifs et les moulures des murs intérieurs étaient blancs ou pâles, plus géométriques, ornés de guirlandes sculptées, de roses et de couronnes, et ornés de motifs inspirés de la Grèce antique et de Rome. . Ce style a été trouvé dans le Salon de Compagnie au Petit Trianon, et était le prédécesseur du style de Louis XVI.

Meubles
Les fauteuils de style Louis XV, comparés à ceux de Louis XIV, se caractérisent par la légèreté, le confort et l’harmonie des lignes. Le support transversal des jambes a disparu, et les chaises ont été conçues pour que l’on puisse s’asseoir confortablement. Les jambes avaient une forme de courbe. Le décor sculpté présente des fleurettes sculptées, des palmettes, des coquillages et des feuillages. Le dossier, ou dos de la chaise, était violone, légèrement courbé comme un violon. Plusieurs nouvelles variantes de chaises sont apparues, y compris la bergère, avec des bras rembourrés rembourrés, un confessionnal, avec des bras rembourrés et rembourrés; la marquise, une bergère à deux places, au dossier bas et aux bras courts.

La table de console était une table conçue pour être placée contre un mur, habituellement utilisée pour montrer des objets d’art; c’était presque toujours dans le style rocaille, avec des courbes ondulantes, calquées sur les coquillages et les feuillages. rocaille torsadée très sinueuse modelée sur coquillages et feuillages.

La Commode était un nouveau type de mobilier apparu à la fin du règne de Louis XIV. C’était un coffre à tiroirs reposant sur quatre jambes en forme de S. Il comportait généralement des ornements en bronze doré, mais sous le règne de Louis XV, il était également recouvert de plaques de bois exotiques de différentes couleurs en motifs géométriques ou en formes florales. Une variante particulière, appelée la façon de Chine ou «mode chinoise» a émergé, qui a contrasté le bronze doré contre le bois laqué noir. Un grand nombre d’ébénistes qualifiés de toute l’Europe étaient employés à la fabrication de commodes en bois et d’autres meubles pour le roi. Parmi eux, Jean-François Oeben, Roger Vandercruse Lacroix, Gilles Joubert, Antoine Gaudreau et Martin Carlin.

Une variété d’autres nouveaux types de meubles sont apparus, y compris le chiffonnier, une armoire à cinq tiroirs, et la table de toilette, une sorte de table de bureau avec trois volets, la centrale ayant un miroir.

Plus tard dans le règne de Louis XV, entre 1755 et 1760, les goûts dans les meubles ont commencé à changer. Les dessins de rocaille ont commencé plus discret et restreint, et l’influence de l’antiquité et du néo-classicisme a commencé à apparaître dans de nouveaux modèles de meubles. Les Commodes sont devenues avoir plus de formes géométriques; la décoration passe de la rocaille aux formes géométriques, aux guirlandes de feuilles de chêne, aux fleurs et aux motifs classiques. Un nouveau type de grande armoire, le Cartonnier, fait son apparition entre 1760 et 1765. Il s’inspire de la mythologie et de l’architecture grecques, avec des frises, des voûtes, des trophées sculptés, des têtes de lion en bronze et d’autres éléments classiques.

Meubles de style Louis XV
Le mobilier se compose principalement de petits meubles.

Les meubles les plus manufacturés sont:

petites commodes avec deux tiroirs et traverses cachées;
petites tables ou services;
toutes sortes de sièges;
les tables de jeu.

Nouveaux meubles
Dans le champ du siège apparaît le bon dossier dit « à la reine » et le dossier concave dit « en cabriolet » avec différentes encoches
Le canapé (Ottoman, Sultana, Paphosis).
La bergère, chaise de dame large et basse pour accueillir les robes au panier, garnie d’un coussin et de soies riches à motif de fleurs et de chinoiseries
Le bureau de la pente, qui cède bientôt la place à la secrétaire de rouleau
La bibliothèque
Le coiffeur
Les lits: alcôve: le lit polonais: deux dos dont quatre rideaux relevés aux angles. Et le lit turc: trois fichiers dont un appliqué au mur.

Matériaux
En ce qui concerne la construction du mobilier, le chêne commence à généraliser et à supplanter le sapin très utilisé sous Louis XIV.

Les facettes se diversifient pour étendre la gamme de couleurs. Nous laissons l’ébène au profit d’essences plus chatoyantes: palissandre et violette (les meubles plaqués avec ces essences semblent ternes aujourd’hui, à cause des effets du temps, mais leur couleur d’origine était très prononcée), palissandre, buis, poirier (teinté ou naturel ), Prunier .

Quant aux sièges, ils sont souvent en bois massif, notamment en hêtre, noyer, cerisier et acajou (bien qu’il se prête assez mal au siège, car il est cassant). Ils sont souvent peints ou entièrement dorés.

Techniques et outils
Les nouvelles formes ont nécessité un nouvel outil: l’invention a été inventée notamment pour les pieds et les panneaux courbes (cet outil est le dernier outil d’ébénisterie à avoir été inventé).

De nouvelles techniques sont conçues pour appuyer sur les panneaux incurvés qui, rappelons-le, ont une courbure dans deux plans qui empêche la préparation de la marqueterie plate.

Dans le domaine de l’assise, la canne reste la technique qui apporte le plus de confort, mais pour des raisons esthétiques on préfère souvent un siège de crin de cheval et de brocart tendu de laine (le ressort apparaîtra dans les coussinets du début du XIXe siècle) .

La peinture
Les sujets dominants de la peinture dans les premiers temps de Louis XV étaient la mythologie et l’histoire, les mêmes que ceux de Louis XV. Plus tard dans le règne, quand Louis a commencé à construire de nouveaux appartements dans les palais de Versailles et de Fontanebleau, ses goûts se sont tournés davantage vers les scènes pastorales et la peinture de genre. Madame de Pompadour, la maîtresse du roi, était aussi l’un des principaux mécènes des artistes de l’époque.

L’artiste le plus favorisé du roi était François Boucher, il produisit pour le roi l’art de toute sorte; peintures religieuses, scènes de genre, paysages, pastorales et scènes exotiques, présentant souvent des rassemblements de nus gais et séduisants. Comme l’autre grand passion du roi était la chasse, il peint la chasse au léopard (1765) et la chasse au crocodile (1767) pour les nouveaux appartements du roi à Versailles. En 1767, vers la fin de la carrière, il fut nommé Premier peintre du roi.

D’autres peintres notables comprenaient Jean Baptiste Oudry, dont les scènes de chasse décoraient les appartements royaux de Versailles, et étaient transformés en tapisseries et gravures populaires; les portraitistes Maurice Quentin de la Tour et Jean-Marc Nattier, qui ont fait des portraits pour la famille royale et l’aristocratie; et le peintre de genre Jean-Baptiste-Siméon Chardin.

Sculpture
Les styles sculpturaux du Grand Siécle de Louis XIV ont continué à dominer pendant la majeure partie du règne de Louis XV. Madame de Pompadour était une patronne de sculpture particulièrement enthousiaste, et beaucoup de bustes et de statues étaient faits d’elle ou commandés par elle. Les sculpteurs les plus en vue de la première période étaient Guillaume Coustou le Jeune et son frère, Guillaume Coustou l’Ancien, Robert Le Lorrain et Edmé Bouchardon. Bouchardon a créé la statue équestre de Louis XV pour le centre de la nouvelle Place Louis XV (maintenant Place de la Concorde) qui a été modelée sur celle de Louis XIV dans la Place Louis le Grand (maintenant Place Vendôme) par François Girardon. Après la mort de Bouchardon, la statue fut achevée par un autre monumentaliste majeur de l’époque, Jean-Baptiste Pigalle. Dans la dernière partie du règne de Louis XV, les sculpteurs ont commencé à accorder plus d’attention aux visages; les chefs de ce nouveau style furent Jean-Antoine Houdon, connu pour ses bustes d’écrivains et d’hommes d’État célèbres, et Augustin Pajou, qui fit des portraits remarquables du naturaliste Georges-Louis Leclerc, du comte de Buffon et de madame du Barry. Pendant cette période, la sculpture a commencé à toucher un public plus large grâce à des reproductions en terre cuite et en porcelaine non émaillée.

Urbanisme: places monumentales et fontaines
Dans les dernières années de son règne, Louis construisit une nouvelle place majeure au centre de la ville, Place Louis XV (maintenant Place de la Concorde, avec une rangée harmonieuse de nouveaux bâtiments, conçu par Ange-Jacques Gabriel. Il construisit également une fontaine monumentale à Paris, la Fontaine des Quatre-Saisons, avec une statuaire d’Edmé Bouchardon, mais mal située sur une rue étroite, et alors qu’elle avait une abondance de sculptures, en raison de l’approvisionnement en eau archaïque de Paris, il a produit très peu d’eau.La fontaine a été critiquée par Voltaire dans une lettre au comte de Caylus en 1739, alors qu’il était encore en construction:

Je ne doute pas que Bouchardon fera de cette fontaine une belle pièce d’architecture; mais quel genre de fontaine n’a que deux robinets où les porteurs d’eau viendront remplir leurs seaux? Ce n’est pas la façon dont les fontaines sont construites à Rome pour embellir la ville. Nous devons nous sortir du goût qui est grossier et minable. Les fontaines doivent être construites dans des lieux publics et vues depuis toutes les portes. Il n’y a pas un seul lieu public dans le vaste faubourg Saint-Germain; ça fait bouillir mon sang. Paris est comme la statue de Nabuchodonosor, en partie en or et en partie en terre noire.