L’hôtel de la Marine est un bâtiment historique situé place de la Concorde à Paris, à l’est de la rue Royale. L’Hôtel de la Marine est un monument emblématique de la place de la Concorde et un bel ensemble architectural réalisé par Ange-Jacques Gabriel, architecte en chef du roi, au XVIIIe siècle. Jusqu’en 1798, il abrita le Garde-Meuble de la Couronne, avant de devenir le siège du ministère de la Marine pendant plus de 200 ans.

Un site emblématique du patrimoine français et une vue imprenable sur la place de la Concorde. Le monument unique au cœur de Paris et découvrez ses appartements XVIIIe rénovés, ses salons de réception cossus et son restaurant dans un bâtiment que le Centre des monuments nationaux a entièrement restauré. Il constitue le bâtiment est d’un ensemble de deux bâtiments jumeaux flanquant la rue Royale. La loggia attenante aux salons VIP de l’hôtel de la Marine offre une vue imprenable sur la Place de la Concorde, le Jardin des Tuileries, le Musée d’Orsay, le Grand Palais et la Tour Eiffel.

L’Hôtel de la Marine était à l’origine la résidence de la Garde-Mobile royale, l’office gérant l’ameublement de toutes les propriétés royales. L’origine de l’Hôtel de la Marine remonte à 1755, lorsque Ange-Jacques Gabriel, architecte en chef de Louis XV, conçoit le plan de la vaste place royale aujourd’hui appelée place de la Concorde. Flanquée d’un côté de palais monumentaux, ouverte sur la Seine de l’autre, la plus grande place de la ville sera un hommage au roi après la fin de la guerre de Succession d’Autriche, sa statue équestre présidant l’ensemble.

Le Garde-Meuble de la Couronne, dépositaire des collections de mobilier royal, joyaux de la couronne, tapisseries et objets d’art précieux, était installé derrière l’une des imposantes façades de la place. Lorsqu’il fut ouvert librement à la visite en 1772, l’édifice devint musée avant même le Louvre.

L’Hôtel de la Marine témoigne des changements qui ont marqué l’histoire de France, de l’âge de la royauté à nos jours. A la suite de la Révolution française, il est devenu le ministère de la Marine française, qui l’a occupé jusqu’en 2015. Il a été entièrement rénové entre 2015 et 2021. Après plus de quatre ans de travaux de restauration, un nouveau monument vient d’être dévoilé au centre de Paris ce mois ajoutant encore une autre merveille à son paysage culturel déjà riche.

A partir de 2020, il a ouvert ses portes au public 7 jours sur 7 avec une programmation culturelle exceptionnelle. Accompagnés de leur Confidant – un casque pour effets sonores 3D – les visiteurs sont emmenés dans une visite immersive des somptueux appartements meublés et des pièces d’apparat qui donnaient accès à la loggia donnant sur la place de la Concorde. Différentes options de visite sont proposées – dont une spécialement conçue pour les familles – pour créer une expérience sur mesure d’une durée de 30 à 90 minutes.

Il présente aujourd’hui les appartements restaurés du XVIIIe siècle de Marc-Antoine Thierry de Ville-d’Avray, l’intendant du Roi au Garde-Meuble, ainsi que les salons et chambres utilisés plus tard par la Marine française. Une partie séparée présente la collection Al Thani présentant des œuvres d’art internationales et interculturelles de la collection du cheikh Hamad bin Abdullah Al Thani.

Histoire
La décision de créer l’actuelle place de la Concorde a été prise à l’origine en 1748, comme site d’une statue équestre de Louis XV. La statue célébrait le rétablissement du roi d’une grave maladie. Le site était sur un terrain marécageux au bord de la rivière à la périphérie de Paris, entre les portes du jardin du palais des Tuileries et des Champs Elysées. Cette construction a eu lieu bien avant la construction de la rue de Rivoli, de la rue Royale ou du pont sur la Seine à cet endroit.

Le roi possédait la majeure partie du terrain et en fit don à la ville pour la nouvelle place. Un concours a été organisé pour la conception, qui a attiré dix-neuf plans différents, mais aucun d’entre eux n’a été acceptable. Le roi. confia à son architecte royal, Ange-Jacques Gabriel, qui avait hérité du titre de Premier Architecte du Roi de son père, Jacques V Gabriel, la fusion des meilleures idées. Gabriel a emprunté des traits aux propositions de Germain Boffrand, Pierre Contant d’Ivry et autres.

La statue du roi était placée au milieu d’un carré composé de jardins en fossés secs bordés de balustrades. La sculpture représentant le monarque le représentait dans un style romain, à cheval sans selle ni étriers. L’extrémité sud de la place longeait la Seine, tandis que l’extrémité nord était bordée de deux palais jumeaux se tenant de chaque côté de la rue Royale et présentant des façades monumentales classiques. A l’ouest, la place s’ouvrait sur les Champs-Elysées et la promenade du Cours-la-Reine.

L’élément le plus distinctif, la façade à colonnes tournée vers la place, s’inspire largement de la colonnade du Louvre conçue par Claude Perrault en 1667-1674. Le nouveau plan est approuvé par le Roi en décembre 1755 et la construction débute en 1758. A cette époque, les plans d’utilisation des bâtiments spécifiques n’ont pas été finalisés. En 1768, le Roi décida que le bâtiment nord-ouest deviendrait la demeure du Garde-Meuble de la Couronne, surveillant du mobilier royal.

Le nouveau bâtiment était l’une des deux structures aux façades néoclassiques identiques du côté nord de la place. A l’ouest de la rue Royale se trouvent quatre bâtiments distincts derrière une même façade, qui étaient à l’origine des résidences de la noblesse. Le numéro dix abrite désormais l’hôtel Crillon, l’Automobile Club de France occupe le numéro six et le numéro huit. L’autre bâtiment, à l’est de la rue Royale, a été désigné le Garde-Meuble royal, ou dépôt pour le mobilier royal, l’art et d’autres possessions de la couronne.

L’Hôtel du Garde-Meuble
Le Garde-Meuble de la Couronne avait été créé par Henri IV de France au XVIIe siècle, et son chef s’est vu confier des fonctions plus spécifiques par Louis XIV sous son premier ministre Jean-Baptiste Colbert. Ancêtre de l’actuel Mobilier national, cet établissement était chargé de fournir et d’entretenir le mobilier des résidences royales : Versailles, mais aussi Compiègne, Fontainebleau, Marly, Choisy, Trianon, Rambouillet, Saint-Germain-en-Laye et Montreuil. . L’institution était responsable du choix, de l’achat et de l’entretien du mobilier du roi, des lits aux chaises de tous les jours. Il était également chargé de conserver les collections royales d’armes, d’armures, de tissus, de tentures murales, de vases en pierre dure, de bronzes et de diamants de la Couronne.

L’Intendant de la Garde-Mueuble était un haut fonctionnaire relevant directement du Roi. Sous Colbert, il est chargé de surveiller et d’entretenir tous les meubles et objets de décoration des résidences royales, y compris les tapisseries, et de protéger et entretenir des meubles particulièrement beaux, labellisés « Meubles de la Couronne ». Ces pièces étaient considérées comme des biens nationaux et non personnels ; en 1772, le Garde-Meuble devient le premier musée des arts décoratifs de Paris. Ses galeries étaient ouvertes au public le premier mardi de chaque mois entre Pâques et la Toussaint.

Le Garde-Meuble contenait une chapelle, une bibliothèque, des ateliers, des écuries et des appartements, dont ceux de l’intendant du Garde-Meuble – d’abord Pierre-Élisabeth de Fontanieu (1767-1784), puis Marc-Antoine Thierry de Ville-d ‘Avray (1784-1792) dont l’appartement a été restauré et est exposé. Marie-Antoinette y avait également un appartement qu’elle utilisait lors de sa visite à Paris depuis le château de Versailles.

Révolution française
La Révolution française, qui éclate en 1789, bouleverse à jamais l’histoire de ce palais de la place Louis XV. En 1789, l’hôtel possédait une grande collection d’armes, principalement d’apparat, comprenant des épées, des lances médiévales et deux canons ornés, que Louis XIV avait reçus en cadeau du roi de Siam. Le 13 juillet 1789, une foule nombreuse en colère contre la décision du roi de limoger son ministre des Finances Jacques Necker marche vers l’édifice, encouragée par l’orateur radical Camille Desmoulins.

L’intendant du Garde-Meuble, Thierry de Ville-d’Array, était absent ce jour-là. L’intendant par intérim a été effrayé par la foule en colère. Il a invité la foule à l’intérieur du bâtiment à emporter les armes et deux canons, mais les a exhortés à épargner les œuvres d’art, les tapisseries et les meubles les plus précieux. Le lendemain matin, 14 juillet 1789, les deux canons de l’Hôtel de la Marine tirent les premiers coups de feu sur la Bastille, déclenchant la Révolution française.

Peu de temps après, en octobre 1789, alors que la Révolution grandit, le roi est contraint de déménager avec sa famille de Versailles à Paris, au palais des Tuileries. Certains de ses biens de valeur ont été transférés à la Conciergerie. Il a rapidement assumé d’autres fonctions. Le secrétaire d’État à la Marine, César Henri de la Luzerne, déménage ses bureaux au Garde-Meuble. et à partir de 1789, il abrita le ministère de la marine. Sous l’amiral Decrès, la marine agrandit progressivement ses bureaux et, en 1798, la marine occupa l’ensemble du bâtiment.

En 1792, un crime remarquable a eu lieu dans le bâtiment. Un ensemble de diamants utilisés dans les couronnes de sacre de Louis XV et XVI, dont le célèbre Regent Diamond, avait été déplacé pour être stocké en toute sécurité dans le bâtiment. Dans la nuit du 16 au 17 septembre 1792, les diamants disparaissent, une quarantaine de personnes pénètrent dans la salle de réception où sont exposés les bijoux et volent des marchandises d’une valeur d’environ 30 millions de francs français. Les voleurs, Cambon et Douligny, furent ensuite arrêtés et guillotinés devant l’immeuble (Les premières exécutions par la guillotine sur la place de la Concorde), et les diamants récupérés.

En 1793, sous le règne de la Terreur, la portion de la place de la Concorde moderne devant l’immeuble voisin, le Palais de Gabriel (aujourd’hui l’Hôtel Crillon, fut le site de la guillotine, et le lieu d’exécution de Louis XVI et Marie-Antoinette, puis en 1794, des chefs de la révolution Danton et Robespierre.

Le siège du ministère de la marine
Le ministère de la marine, avec à sa tête le comte de la Luzerne et Jean-Baptiste Berthier, obtient de l’intendant du Garde-Meuble de la Couronne, Marc-Antoine Thierry de Ville d’Avray, l’autorisation de s’installer dans le palais abritant la Garde -Meuble en 1789. C’est le début de deux siècles de ministère de la Marine dans ce palais qui porte désormais le nom d’Hôtel de la Marine. Ce n’est qu’en 2015 que le ministère de la Marine a quitté le bâtiment.

Dans un premier temps, le ministère de la marine occupe les pièces du deuxième étage et de la partie ouest du premier étage. Moins de dix ans plus tard, il occupait tout le bâtiment. Tout au long du XIXe siècle, le bâtiment a été modifié pour les divers besoins de la Marine. De nouvelles ailes sont construites derrière le bâtiment d’origine, et un bâtiment voisin au 5 rue Sain-Florentin est acheté en 1855 et ajouté à l’Hôtel. Les intérieurs ont également été transformés; les salons faisant face à la place de la Concorde sont restés en place, mais la grande salle d’exposition des grands meubles royaux a été remplacée en 1843 par deux nouveaux salons honorant les grands moments de l’histoire navale française. Une grande partie ou la décoration originale des chambres a été enlevée, ou couverte par de nouveaux travaux.

Le décor intérieur de Jacques Gondouin, inspiré de Piranèse, marque une avancée importante dans le goût du XVIIIe siècle, mais il est profondément déformé par les changements sous le Second Empire, même si les grands salons d’apparat et la Galerie Dorée conservent encore quelques-uns des les éléments d’origine. Le bâtiment a été le théâtre de plusieurs événements historiques, d’un bal en l’honneur du sacre de Napoléon Ier en 1804, la célébration de la dédicace de l’Obélisque sur la place de la Concorde par le roi Louis Philippe en 1836, et la rédaction du décret de le président français abolissant l’esclavage en avril 1848.

Après la chute de la France en juin 1940, la Kriegsmarine, les forces navales de l’Allemagne nazie y ont installé leur quartier général. Ils sont restés en place jusqu’à ce que la Kriegsmarine doive évacuer sa présence en raison de l’approche des forces américaines et françaises libres en août 1944. En 1989, le président François Mitterrand a invité les dirigeants étrangers à la loggia de l’hôtel pour voir le défilé célébrant le 200e anniversaire de la révolution française.

Monument national
En 2015, le gouvernement français a décidé de regrouper tous les états-majors militaires français sur un seul site, l’Hexagone à Ballard dans le 15e arrondissement. Lorsque le ministère français de la Marine a quitté le bâtiment en 2015, la responsabilité de l’Hôtel de la Marine a été confiée au Centre des monuments nationaux. Le CMN était chargé de promouvoir ce patrimoine culturel exceptionnel, il a donc supervisé la restauration à grande échelle de l’ensemble du monument de 2017 à 2020.

Depuis 2017, des campagnes de restauration ont mis en lumière de véritables merveilles, avec la redécouverte du décor d’origine des appartements de l’Intendant tels qu’ils étaient à la fin du XVIIIe siècle. Son architecture, ses décors peints, son mobilier et ses objets d’art des XVIIIe et XIXe siècles présentent au public l’étroite relation entre les arts décoratifs, l’art de recevoir, l’artisanat, l’excellence française et l’expression du pouvoir.

Architecture
Le bâtiment a une surface totale de 12 000 m2, dont 4 000 m2 de bâti, et compte pas moins de 553 pièces dont le célèbre « Salon des Amiraux ». L’hôtel lui-même a été construit sur les plans de Gabriel sous la direction de Jacques-Germain Soufflot. Les décorations intérieures, d’une grande magnificence, sont l’œuvre de l’architecte Jacques Gondouin, inspiré de Piranèse, et constituent une étape importante dans l’évolution du goût au XVIIIe siècle.

La façade a été conçue par Ange-Jacques Gabriel, premier architecte du Roi, auteur des plans de la place Louis-XV (devenue place de la Concorde). Ses deux frontons sont ornés de reliefs représentant des allégories de la Magnificence et de la Félicité publiques, oeuvres de Guillaume II Coustou et Michelangelo Slodtz.

En 1976, le tympan de Michel-Ange Slodtz est enlevé et remplacé par une copie du sculpteur André Lavaysse ; à la suite d’une mauvaise coordination des services de l’État, l’œuvre de Slodtz, en mauvais état, est démantelée et envoyée à la décharge publique.

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L’hôtel dispose de quatre cours intérieures : la Cour des Ateliers, la basse-cour, la Cour d’Honneur et la Cour de l’Intendant, cette dernière couverte par une spectaculaire verrière de 300 m2, conçue par l’architecte britannique Hugh Duton. Bien que remaniés sous le Second Empire, les grands salons d’apparat et surtout la galerie dorée conservent encore certains éléments du décor d’origine ».

La loggia attenante au Salon des Amiraux, surnommé le « Balcon de l’Etat », offre une vue imprenable sur la Place de la Concorde. C’est depuis cette loggia que le roi Louis-Philippe Ier assista à l’érection de l’obélisque de Louxor sur la place, en 1836, ou, plus récemment, que les invités du président de la République François Mitterrand peuvent suivre le défilé, le mémorial conçu par Jean-Paul Goude en juillet 1989.

Extérieur
Au XVIIIe siècle, l’architecture européenne tend avant tout vers le style baroque. Celle-ci était caractérisée par l’opulence, la multiplicité des formes, les jeux d’ombre et de lumière et la couleur. En revanche, la façade du monument se distingue largement par sa symétrie saisissante conforme aux normes classiques définies par l’Académie royale d’architecture.

La façade donnant sur la place s’inspire du grand style classique de Louis XIV, notamment de la façade est du palais du Louvre, commencée en 1667 par Louis Le Vau, architecte de Louis XIV, Charles Le Brun et Charles Perrault. La façade est ornée de médaillons sculptés et de guirlandes, autre élément emprunté au Louvre. Le long front est équilibré de part et d’autre par deux corps à frontons triangulaires et colonnes corinthiennes.

La particularité de la façade, différente du Louvre, est la loggia, ou coursive. La façade centrale, légèrement en retrait, présente un étroit chemin de ronde bordé de douze colonnes corinthiennes. Le retrait de la loggia et des colonnes crée des jeux d’ombres et de lumières, élément essentiel de la conception.

Au rez-de-chaussée, un soubassement d’arcades pour que les Parisiens puissent se déplacer facilement. De chaque côté : deux ailes d’angle aux dimensions symboliques, parfaits exemples d’architecture académique en référence à l’Antiquité. Toutes deux sont coiffées de frontons sculptés représentant la magnificence et la félicité publique. Celles-ci ont été réalisées par Guillaume Coustou et Michel-Ange Slodtz.

Le plafond de la loggia est décoré de médaillons octogonaux sculptés, représentant les bienfaits que le Roi était censé apporter à la nation ; il y a des symboles allégoriques de la musique, des arts, de l’industrie, de l’agriculture, de la défense et du commerce. À l’origine, ils affichaient également le monogramme du roi, mais les monogrammes ont été brisés pendant la Révolution.

L’Hôtel de la Marine et son jumeau à l’ouest, qui abritent aujourd’hui l’Hôtel de Crillon, l’Automobile Club de France et l’Hôtel de Coislin, soulignent tous deux la tendance française à la rigueur et aux lignes géométriques, et le goût du XVIIIe siècle pour antiquité.

Cour de l’intendant
L’un des éléments les plus originaux de la rénovation de l’édifice est la nouvelle lucarne vitrée sur la Cour de l’Intendant, porte d’entrée des visiteurs. Il a été créé par l’architecte Hugh Dutton et est soutenu par une charpente d’acier pesant trente-cinq tonnes. Ses nervures en forme de V, en acier inoxydable poli, agissent comme des miroirs, qui captent et redirigent la lumière dans la direction optimale. Bien que toute l’ouverture soit recouverte de nervures, celles-ci projettent un minimum d’ombres, grâce à leur couverture en miroir, et donnent à la toiture très lourde une apparence de légèreté. L’effet est renforcé par l’utilisation de verre à base d’oxyde de fer purifié, qui ne change pas de couleur à la lumière. La diffusion de la lumière est similaire à celle créée par les facettes des pièces de cristal des lustres du XVIIIe siècle.

Appartements de l’intendant
Les appartements de l’intendant sont situés à l’est du premier étage, « l’étage noble », aujourd’hui avec vue sur la place de la Concorde et la rue Saint-Florentin. A la tête du Garde-Meuble de la Couronne se trouvait un Intendant. Officier de la cour du roi, il est logé sur place dans de somptueux appartements qui reflètent le prestige de son métier.

Aménagés en 1765 par Pierre-Elisabeth de Fontanieu, les appartements de l’Intendant sont remaniés à partir de 1786 par Marc-Antoine Thierry de Ville d’Avray. Ils illustrent ce qui était perçu comme l’appartement idéal à la fin du siècle des Lumières, comprenant au moins une antichambre, une chambre et une petite pièce privée. Les travaux de restauration ont enlevé dix-huit couches de peinture de deux siècles avant de retrouver le décor d’origine.

Après une simple antichambre, la première pièce des appartements est le bureau d’apparat de l’Intendant, richement meublé et décoré de peintures et d’un sol en marqueterie multicolore. Son véritable bureau de travail, beaucoup plus simple, est à côté. Près de sa chambre, il avait également un petit bureau équipé d’appareils pour travailler les pierres précieuses et fabriquer des bijoux, passe-temps des Ville-d’Avray.

Alors que l’intendant Thierry De Ville d’Avray était très religieux, comme en témoigne l’architecture sobre de sa chambre à coucher, son prédécesseur, Pierre-Élisabeth de Fontanieu, servant entre 1770 et 74, avait des goûts très différents. Il était libertin et recevait une grande variété de femmes dans sa résidence. Son goût s’illustre dans la décoration de sa propre chambre à coucher, et dans le Cabinet des Glaces, avec ses images d’Angelots peintes sur les miroirs. De Ville d’Avray a fait repeindre certains des Chérubins pour leur donner un ton plus édifiant.

Lors de la restauration du bâtiment entamée en 2015, le bureau d’origine de l’intendant Fontanieu a été découvert caché derrière les murs des plus récents bureaux de la marine. Il a conservé ses deux cheminées d’origine, et deux pièces notables de son mobilier d’origine, une table et un secrétaire à abattant réalisés par le célèbre ébéniste Jean-Henri Riesener (1771), qui avaient été précédemment prêtés au musée du Louvre et au Château de Versailles, ont été retournés à leur domicile d’origine dans le bureau.

Une autre curiosité subsiste du bureau de l’intendant Fontanieu ; son cabinet de physique, où il a pratiqué sa passion de la géologie. Il a créé de fausses pierres précieuses, en utilisant du cristal artificiellement coloré, et a utilisé l’équipement exposé dans la salle pour tracer des lignes, des courbes et des dessins sur les bijoux qu’il fabriquait.

Les appartements comprennent également la baignoire de l’intendant Fontanieu, de style classique Louis XVI, avec des motifs floraux sur les meubles popularisés par Marie-Antoinette. La baignoire avait de l’eau chaude courante, fournie par un grand réservoir suspendu caché au-dessus du plafond.

Les salles de réception
La vie au XVIIIe siècle dans la société aristocratique reposait en grande partie sur des réceptions organisées quotidiennement dans toutes les maisons réputées. La maîtresse de maison animera le rassemblement, accueillant des personnalités parisiennes et des intellectuels. La grande galerie était divisée en deux parties et a accueilli de nombreuses réceptions somptueuses tout au long des XIXe et XXe siècles. Les bals des sacres de Napoléon et du roi Charles X y ont eu lieu.

Une ligne verticale servait de base pour circuler dans les différents appartements d’un hôtel particulier du XVIIIe siècle. Cela a donné un rôle central à l’escalier monumental desservant l’ensemble du bâtiment. L’hébergement était une forme d’art. Cela se voit dans la disposition des pièces de l’appartement et dans la splendeur des pièces de réception.

Outre les appartements, l’escalier desservait également les galeries d’exposition du premier étage de la façade donnant sur la place de la Concorde : la salle d’armes, la galerie des gros meubles (tissus et tentures), les bijoux salle et la galerie des bronzes.

Ces salles servaient à l’origine à présenter les collections royales aux visiteurs français et étrangers. Ils étaient destinés à montrer l’excellence des arts décoratifs français et la puissance de la monarchie. Au 19ème siècle, la marine transforma ces espaces en salles de réception majestueuses.

Salons de la Marine
En 1793, à la Révolution, le Garde-Meuble royal est supprimé et la marine française occupe entièrement le bâtiment. A partir de 1843 et surtout pendant la Monarchie de Juillet. certaines des pièces qui avaient servi à exposer le mobilier royal sont transformées en bureaux, tandis que les pièces de la façade du bâtiment, face à la place de la Concorde, sont transformées en salons pour les fonctions navales. Le Salon des diplomates a été utilisé pour des réunions diplomatiques plus intimes jusqu’en 2015.

Les deux pièces principales étaient le Salon d’Honneur et le Salon des Amiraux, ou Salon des Amiraux. Les murs, les plafonds et les portes étaient richement dorés et décorés de sculptures, de miroirs et de sculptures sur des thèmes nautiques, notamment des proues de navires, des ancres, des poissons et des sirènes. Sous le règne du roi Louis-Philippe, une série de grands médaillons ont été ajoutés, représentant des personnages illustres de l’histoire navale française, dont Pierre André de Suffren, Jean Bart et Louis-Antoine de Bougainville. Ces salles étaient aussi parfois utilisées au XIXe siècle pour des événements non navals. Napoléon Bonaparte y donna un bal en 1804 pour célébrer son sacre comme Empereur et en 1836 Louis-Philippe célébra la dédicace de la colonne de Louxor sur la place de la Concorde.

Restauration
La fonction d’origine du bâtiment était un dépôt d’objets décoratifs, et l’Hôtel reflète cet héritage, et conserve une très riche collection de peintures, sculptures, tapisseries, lustres, meubles et autres objets d’art décoratif, principalement des XVIIIe et XIXe siècles. Par chance, les pièces de l’édifice ont subi moins de pillages et de destructions pendant la Révolution que bien d’autres monuments parisiens. Les conservateurs ont pu retrouver de nombreux meubles et décorations originaux à d’autres endroits, dont le château de Versailles et le palais de l’Élysée.

Après plus de 200 ans d’occupation de l’Hôtel de la Marine par le ministère de la Marine, l’organisation intérieure et le décor du bâtiment ont beaucoup changé. Le Centre des monuments nationaux, chargé de la gestion du monument et de son ouverture au public, a choisi de restituer le décor d’origine : celui du Garde-Meuble de la Couronne au XVIIIe siècle, remarquable gage d’excellence de la langue française. architecture et décoration. La restauration du bâtiment a finalement coûté 135 millions d’euros. Ces pièces, autrefois appartements et débarras de l’ancien bâtiment, ont été restaurées dans leur aspect d’origine.

La restauration remettant le monument dans son état d’origine, celui de l’époque où les édifices ont été construits au XVIIIe siècle. Le CMN et les équipes de conservateurs et restaurateurs ont eu l’agréable surprise de découvrir des décors muraux, des plafonds et des sols d’origine sous les ajouts successifs des XIXe et XXe siècles. C’est aussi une formidable opportunité pour les visiteurs qui peuvent désormais admirer l’atmosphère unique et exceptionnelle d’un appartement du siècle des Lumières. Les pièces de réception majestueuses qui longent la loggia ont été conservées dans le décor recherché par le ministère de la Marine au milieu du XIXe siècle.

Grâce aux inventaires mobiliers du Garde-Meuble de la Couronne, il a été possible d’identifier la plupart des meubles et tissus de l’Hôtel de la Marine au XVIIIe siècle. La restauration des décors recherchée par le Centre des monuments nationaux et ses experts met également en valeur les rideaux, les tissus d’ameublement et les papiers peints pour restituer l’atmosphère originelle des appartements de l’Intendant et des pièces de réception.

L’objectif de la restauration est de remettre en lumière le décor d’origine grâce au travail des restaurateurs du patrimoine culturel. Pour cela, les tissus de l’époque sont achetés auprès de marchands ou de ventes publiques : damas pourpres, brocarts… Ces tissus ont permis de restaurer le mobilier, notamment les chaises. Les restaurateurs ont également trouvé suffisamment de damas pourpre pour réaménager entièrement la chambre dorée de Pierre-Elisabeth de Fontanieu.

Le Centre des monuments nationaux vient d’acquérir auprès de l’ébéniste Jean-Henri Riesener deux pièces uniques de mobilier : une commode et un secrétaire-armoire. Le premier est représentatif du style caractéristique de l’ébéniste du roi, tandis que le second, classé trésor national, est issu d’une commande passée par l’intendant Pierre-Elisabeth de Fontanieu pour meubler ses appartements privés.

La collection Al Thani
Depuis fin 2021, l’Hôtel de la Marine accueille la Collection Al Thani, un ensemble d’objets d’art du monde entier réuni par Hamad bin Khalifa Al Thani de la famille royale du Qatar. Dans le cadre d’un accord avec le ministère français de la Culture, la galerie présentera une rotation d’éléments de l’énorme collection de la famille Al Thani pendant une période de vingt ans. L’exposition contient cent vingt œuvres à la fois, sur un total de plus de cinq mille œuvres dans la collection. Il présente des objets précieux des civilisations antiques d’Europe, d’Asie, d’Afrique, des Amériques et du Moyen-Orient, liés par leur usage ou leur thème. Un objet notable est un buste en marbre de l’empereur romain Hadrien, réalisé pour Frédéric II, empereur romain germanique vers 1240, puis déplacé des siècles plus tard à Venise,

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Tags: France