La Maison de Victor Hugo est une maison-musée d’écrivain située où Victor Hugo a vécu pendant 16 ans entre 1832 et 1848. Le musée se compose d’une antichambre traversant le salon chinois et la salle à manger de style médiéval jusqu’à la chambre de Victor Hugo. La Maison Victor Hugo gère également Hauteville House, Guernesey (Îles Anglo-Normandes). Il fait partie des 14 musées de la Ville de Paris intégrés depuis le 1er janvier 2013 à l’établissement public Paris Musées.

Entrez dans l’intimité de Victor Hugo, monument de la littérature, visionnaire du monde, combattant de la liberté… Faites connaissance avec l’homme, l’artiste visionnaire, le penseur engagé et bien sûr l’écrivain de génie. Victor Hugo a vécu une vie digne de ses romans. Il a composé ses écrits dans une pluralité de lieux. Découvrez les lieux où il a vécu et qu’il a lui-même façonnés. Ses dessins, ses décorations, ses œuvres littéraires.

Le musée Victor Hugo, qui gérait deux maisons, l’œuvre universelle de cet « homme de la mer » a jeté l’ancre à Paris et à Guernesey. De nos jours, les visiteurs de Guernesey peuvent découvrir ce sanctuaire préservé dans son intégrité. A Paris, le musée se partage entre l’appartement de Victor Hugo au deuxième étage et un espace au premier étage consacré aux expositions temporaires. Le musée en organise deux par an proposant à la fois la découverte des collections et les résonances que garde aujourd’hui l’œuvre prodigieusement riche et moderne de Victor Hugo.

La Maison de Victor Hugo à Paris est une Maison de Victor Hugo à l’image de celles de Dante, Shakespeare ou Goethe. Le musée se trouve place des Vosges (3ème et 4ème arrondissement de Paris) et date de 1605 lorsqu’un lot fut concédé à Isaac Arnauld dans l’angle sud-est de la place. Il fut substantiellement amélioré par la famille de Rohans, qui donna au bâtiment son nom actuel d’Hôtel de Rohan-Guéménée.

Biographie
Victor-Marie Hugo en tant que poète, romancier, essayiste, dramaturge et dramaturge français du mouvement romantique. Hugo est considéré comme l’un des écrivains français les plus grands et les plus connus. Au cours d’une carrière littéraire qui s’étend sur plus de soixante ans, il écrit abondamment dans une exceptionnelle variété de genres : paroles, satires, épopées, poèmes philosophiques, épigrammes, romans, histoire, essais critiques, discours politiques, oraisons funèbres, journaux intimes et lettres publiques. et privé, ainsi que des drames en vers et en prose.

Ses œuvres les plus célèbres sont les romans Les Misérables, 1862, et Le Bossu de Notre-Dame, 1831. En France, Hugo est réputé pour ses recueils de poésie, tels que Les Contemplations (The Contemplations) et La Légende des siècles (The Legend of les âges). Hugo était à l’avant-garde du mouvement littéraire romantique avec sa pièce Cromwell et le drame Hernani. Plusieurs de ses œuvres ont inspiré la musique, tant de son vivant qu’après sa mort, notamment les comédies musicales Les Misérables et Notre-Dame de Paris. Il a réalisé plus de 4 000 dessins au cours de sa vie et a milité pour des causes sociales telles que l’abolition de la peine capitale.

Bien qu’il ait été un royaliste engagé dans sa jeunesse, les opinions d’Hugo ont changé au fil des décennies et il est devenu un partisan passionné du républicanisme en tant que député et sénateur. Son travail touche à la plupart des questions politiques et sociales et aux courants artistiques de son temps. Son opposition à l’absolutisme et ses réalisations littéraires colossales l’ont établi comme un héros national. Il a été honoré par une inhumation au Panthéon.

Le musée
Victor Hugo a 30 ans lorsqu’il s’installe dans la maison en octobre 1832 avec sa femme Adèle. Ils ont loué un appartement de 280 mètres carrés au deuxième étage. Il y connaîtra seize années de vie sociale, politique et familiale. Lors de son séjour en ces lieux, il reçoit ses amis Lamartine, Alfred de Vigny, Alexandre Dumas, Honoré de Balzac, Prosper Mérimée ou encore Sainte-Beuve., et y vit le mariage de sa fille Léopoldine, puis le drame de Villequier en 1843 .

Dans l’étude, il a écrit plusieurs de ses œuvres majeures : Lucrèce Borgia, Les Burgraves, Ruy Blas, Marie Tudor, Les Chants du Crépuscule, Les Voix Intérieurs, Les Rayons et les Ombres, une grande partie des Misérables, le début des Légende des siècles et des contemplations. Durant son séjour, il est élu à l’Académie française, nommé Paire de France, puis député de Paris.

C’est en 1902, pour le centenaire de Victor Hugo, que Paul Meurice, qui fut proche du poète dès les années 1830, fit don de biens à la Ville de Paris. Le manoir a été transformé en musée.

Inauguré le 30 juin 1903, le musée est l’expression de la passion et de la générosité de Paul Meurice. Prodigue, il fit don de son immense collection et acquit celle de Juliette Drouet, dont son neveu Louis Koch avait hérité, pour l’offrir au musée. Il achète ou récolte des dons pour combler les manques. Il commande des artistes vivants pour célébrer Hugo ou son œuvre et finance des travaux de développement. Surtout, il se fait le véritable concepteur du musée.

En 1927, deux ans après la mort de Georges Hugo, sa sœur et ses enfants, Marguerite, François et Jean, font don à la Ville de Paris de la maison qu’Hugo avait acquise et aménagée à Guernesey, Hauteville House. Ce lieu symbolique à la fois de l’exil et de l’écriture de tant de grandes oeuvres est aussi l’expression, à travers ses décors saisissants, de l’univers poétique et philosophique de Victor Hugo.

L’appartement subit diverses transformations après 1848 qui ne permettaient plus de reconstituer précisément le cadre d’origine, comme la disparition des couloirs et du balcon sur la place, alors qu’il avait toujours conservé sa surface d’origine. De plus, la vente aux enchères et la dispersion des biens de la famille Hugo en 1852 ne permettent pas de reconstituer fidèlement le mobilier.

Le musée est fermé du 15 avril 2019 au 5 novembre 2020 pour des travaux de réaménagement du circuit de visite et de création d’un atelier pédagogique et d’un salon de thé donnant sur la cour intérieure qui sera végétalisée.

Disposition
Une visite du musée permet de découvrir l’appartement occupé par la famille Hugo au deuxième étage, et plusieurs salles d’exposition au premier étage. L’appartement se présente sous la forme de sept pièces en enfilade, qui évoquent chronologiquement le parcours de l’écrivain : avant l’exil, pendant l’exil, depuis l’exil.

L’antichambre présente sa jeunesse, les premières années de son mariage avec Adèle Foucher ; la chambre rouge évoque son séjour place Royale (ancien nom de la place des Vosges) à l’aide de divers tableaux et documents ou encore grâce au buste de Victor Hugo par David d’Angers. Cette pièce a donc vu le passage de nombreux autres artistes romantiques comme Théophile Gaultier, ou encore Sainte-Beuve.

Le salon chinois et les deux salles qui suivent évoquent l’exil de 1852 à 1870. Une salle présente le séjour à Hauteville House, à Guernesey, ainsi que de nombreuses photographies de l’écrivain et de sa famille prises par Charles Hugo et Auguste Vacquerie lors de leur exil à Jersey, de 1852 à 1855. La chambre chinoise est composée de meubles trouvés à l’origine dans la maison de Juliette Drouet à Guernesey (Hauteville Fairy).

L’avant-dernière chambre, appelée Cabinet de travail, évoque le retour de la famille dans la capitale en 1870, et les dernières années de l’écrivain dans son appartement de l’avenue d’Eylau, qu’il occupe à partir de 1878, avec le mobilier d’origine. Vous pourrez contempler son très célèbre portrait de Léon Bonnat. La dernière salle reconstitue la chambre mortuaire en 1885, avenue d’Eylau.

L’appartement du premier étage présente régulièrement des expositions temporaires, et, à tour de rôle, les six cents dessins que possède le musée, sur les trois mille exécutés par l’écrivain. Celles-ci évoquent des éléments architecturaux ou maritimes. La salle des estampes et la bibliothèque, qui abrite onze mille ouvrages sur la vie et l’œuvre de Victor Hugo, sont ouvertes, sur rendez-vous, aux chercheurs.

En écrivant
Avec un peu plus de 18 000 lettres autographes, la correspondance est un élément fort des collections de manuscrits du musée. Pour affirmer cette image, le musée s’est lancé dans un ambitieux projet de numérisation pour rendre ce patrimoine plus facilement accessible au public, qui nous plonge dans l’intimité du grand homme, avec les lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo ou les lettres du poète à sa famille ou à des tiers.

Les Manuscrits. La collection de manuscrits s’est naturellement orientée vers la production familiale, Victor Hugo ayant légué ses manuscrits à la Bibliothèque nationale de France. Elle témoigne de ce virus de l’écriture gagnant chacun des membres du « goum » et faisant de la littérature une seconde maison familiale. Le musée conserve ainsi les écrits du général Hugo (père de Victor Hugo), de Madame Hugo, une grande partie du journal d’exil d’Adèle (seconde fille d’Hugo) ainsi que ses partitions autographes, les manuscrits des romans de son fils Charles, les traductions de Shakespeare par François-Victor, et un important fonds dédié à Paul Meurice.

Les archives. Le musée conserve également de nombreuses archives et documents. Baux, factures, relevés de droits d’auteur, etc. nous plongent dans le quotidien de l’écrivain. Les témoignages recueillis lors des anniversaires du poète ou à l’occasion de ses obsèques : vers, pièces de théâtre, partitions musicales qui lui ont été dédiés et adressés permettent de prendre la mesure de sa renommée et de l’affection populaire qui l’entourait.

Décorations
Le 3ème art de Victor Hugo est celui du décor. Cet aspect souvent méconnu de son génie créateur, le musée est le seul à pouvoir le présenter. Chargés de symboles, de références à son travail et à sa philosophie, les décors d’Hauteville House sont aussi l’expression de son inventivité créative, pleine de poésie, d’humour et d’inattendu.

Hauteville House, entièrement aménagée par ses soins, reste l’œuvre ménagère dont Charles Hugo disait qu’elle visait à « éduquer l’esprit par la vie ». Des éléments décoratifs réalisés pour Juliette Drouet pour sa maison à Hauteville Fée : un salon chinois et une salle à manger gothique ont été ramenés et installés sur la place des Vosges.

La connaissance que nous avons de l’appartement de la place Royale (place des Vosges) atteste de l’intérêt porté à la décoration et de la part qu’y a prise Victor Hugo. On sait aussi qu’il aimait participer à la décoration de ses chambres. Lorsqu’il acquit Hauteville House à Guernesey, il put se consacrer à cette passion pour meubler toute la maison ainsi que celle qu’il acheta ensuite un peu plus loin dans la même rue, pour Juliette Drouet : Hauteville Fairy.

Non sans faire écho à son écriture, le style décoratif de Victor travaille souvent sur l’oxymore, ou l’antithèse : « la vieille Hollande chinoise ». Il aime combiner les éléments chinois et gothiques, les tapisseries flamandes et les tapis turcs, les carreaux de Delft et la porcelaine japonaise. Il compose ses plafonds en encadrant des tentures d’Aubusson aux bordures en chêne sculpté. Il construit les cheminées – emblèmes de la maison par excellence – comme de véritables cathédrales.

Il intègre des objets – tapisseries perlées, porte-flambeaux, meubles anciens – à ses créations et utilise des services entiers en porcelaine comme matériau de décoration. Il invente son propre mobilier en remontant pour celui-ci les éléments démembrés de vieux coffres.

Lorsque Juliette Drouet doit quitter La Fallue, une maison qu’elle habite à proximité, elle acquiert avec Victor Hugo qui lui laisse l’usufruit, Hauteville Fairy, la première maison que le poète et sa famille avaient habitée à Guernesey, au 20 rue de la Hauteville. Il conçoit ensuite la décoration en 1863-1864, mêlant à nouveau chinoiserie et mobilier gothique reconstitué.

Ce sont avant tout les panneaux, dessinés, gravés et peints qui caractérisent ce décor. Ils ornaient notamment le mobilier et les boiseries de la salle à manger. Si la formule avait déjà été expérimentée à Hauteville House, elle prend ici toute son ampleur, ce qui permet d’apprécier leur relocalisation place des Vosges. Paul Meurice, qui les avait achetés à Louis Koch, neveu et héritier de Juliette Drouet, les fit monter pour l’ouverture du musée.

Objets
La gloire de Victor Hugo s’est reflétée dans une quantité incroyable d’objets en tous genres réalisés à son effigie, des années 1870 aux années 1890. Mais cette gloire s’est aussi inscrite dans l’intimité du foyer, via les souvenirs ou les reliques liées à la vie du poète et de ses proches – notamment Léopoldine.

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Entrés au musée d’emblée, ils constituaient un « musée intime » auquel correspondait un « musée populaire ». A l’ouverture du musée, deux salles mettaient en scène un Hugo « intime » et un Hugo « populaire ». Les instigateurs de cette présentation, Paul Meurice et Paul Beuve ont voulu « élever un temple » à la gloire de Victor Hugo. De l’un à l’autre, nous avons fait le tour de l’Homme et de son mythe.

Le musée intime réunissait d’une part des objets illustrant la vie sociale et professionnelle du poète, d’autre part des reliques. Ils étaient censés retracer sa vie et raconter son histoire. Gardé par Victor Hugo lui-même, puis pieusement recueilli par ses proches, on y retrouvait, pêle-mêle, ses vêtements d’académicien et de pair de France, les écharpes de ses députés et sénateurs, ou encore un morceau de pain du siège de Paris, le l’encrier qu’il utilisait lorsqu’il écrivait La Légende des siècles ou les plumes des Misérables… Ils étaient accompagnés d’objets de commémoration ou d’honneur : décorations, médailles, breloques, cadeaux ou couronnes de laurier.

Il y avait aussi des reliques – mèches de cheveux, chemises, chaussures de Jeanne, collier du chien du Sénat et un ensemble conséquent d’objets liés à Léopoldine, décédée tragiquement en 1843 – couronne et robe de mariée, robe portée lors de sa noyade… Ces des objets relayaient le culte familial auquel était dédiée une sorte d’autel – une armoire d’angle dans la chambre de Madame Hugo – à Hauteville House à Guernesey.

Au Hugo privé a succédé le Hugo public à travers cet étonnant « musée populaire ». C’est en rentrant chez lui, le soir des obsèques du poète, le 1er juin 1885, que Paul Beuve achète un plat en terre cuite portant le portrait en relief de Victor Hugo. Dès lors, ce modeste employé passera son temps à arpenter brocantes et marchés pour dénicher assiettes, encriers, photos, cartes, almanachs, publicités, bustes, masques, têtes de pipe, tabatières, médailles, breloques, recueils de chansons et autres. des bouteilles d’encre… à l’effigie du poète.

Commencée en 1885, la collection comprend 4 000 pièces en 1895 et 8 000 en 1902. A cette date, en accord avec Paul Meurice, il est convenu qu’une partie de la collection entrera dans celle du futur musée Victor Hugo – dont Paul Beuve deviendra le premier bibliothécaire.

Objets banals, industriels, produits en série, reflets de la cupidité de quelques commerçants en quête de publicité, ils valent mieux par ce qu’ils nous disent à la fois sur l’époque et la popularité d’Hugo dans les années 1870-1902, que par leur esthétique qualités. C’est leur masse, leur multiplication qui nous révèle l’incroyable impact de l’œuvre d’Hugo et la place, à la fois symbolique et réelle, que le poète avait prise dans l’esprit des Français.

Dessins
Le deuxième génie de Victor Hugo est d’être l’un des plus grands créateurs de son temps. Son travail graphique, d’abord intimiste, a maintenant pris place au panthéon de l’art. Le musée propose la collection la plus importante pour découvrir cette œuvre, l’une des plus singulières et des plus modernes produites en son temps.

Fondée autour du noyau initial de Paul Meurice et Juliette Drouet – dont il avait acquis les dessins de son neveu Louis Koch – et sans cesse enrichie depuis, la collection conservée par le musée compte plus de 700 feuilles. Il permet d’appréhender pratiquement toutes les facettes de l’œuvre graphique de Victor Hugo. Elle est particulièrement riche en dessins à véritable vocation de « travail », destinés à être accrochés au mur, parfois dans des cadres peints par Hugo lui-même. Il y a quelques-uns des dessins de maîtres les plus grands et les plus célèbres : Le Bourg à la Croix, Le Phare des Casques, Le Phare d’Eddystone, La Tour des Rats….

Le dessin fait partie de l’éducation de Victor Hugo, mais ce n’est qu’au début des années 1830 qu’il semble produire des caricatures avec une plume acérée et pleine d’esprit pour son plaisir et celui de ses proches. Il prend également l’habitude de remplir ses carnets de voyage de dessins, le plus souvent au crayon, pour conserver la mémoire de lieux ou de détails architecturaux. C’est à partir de ses voyages sur les bords du Rhin, entre 1838 et 1840, que, stimulé par le spectacle poétique des bourgs qui se dressent sur ses rives montagneuses, Hugo devient plus visionnaire dans ses dessins.

Sa pratique prend souvent le relais de l’écriture, surtout lorsque l’action politique, qui l’accapare depuis 1848, l’en détourne. C’est ainsi que, profitant des vacances parlementaires, il installe un véritable atelier dans la salle à manger de Juliette Drouet à l’été 1850. Sa fièvre créatrice s’exprime dans une production intense marquée par les compositions les plus importantes et les plus étranges. Que sont Le Burg à la Croix, Le Champignon ou Gallia, La Ville Morte, Vue de Paris, Paysage aux trois arbres, etc.

Le dessin de Victor Hugo révèle alors une incroyable richesse technique, fruit d’une expérience où savoir et imagination s’entremêlent de façon très sophistiquée : utilisation de trame soluble pour effets de craquelures, mélanges d’encres, gouache, matières diverses, grattages… Cette technique riche qui il travaille souvent à partir de la tache d’encre, ou d’un geste quasi automatique, donne à ses dessins une modernité qui fascinera les surréalistes. Ceux-ci seront à l’origine du look moderne que nous leur donnons.

A cette vague appartiennent également les premiers « souvenirs » – Souvenir de la Forêt Noire, d’Espagne – dont le projet de série sera repris et poursuivi. Munies de cadres peints, elles décoreront le billard de Hauteville House. Le musée en conserve l’essentiel avec le Souvenir du Neckar, la Normandie, la Bretagne et la Suisse.

Les années d’exil verront une intense créativité graphique avec des dessins fantastiques empreints de l’expérience des tables Jersey, et de nombreuses marines. L’utilisation de pochoirs ou de paravents en papier découpé, d’impressions de dentelles ou de feuillages est particulièrement caractéristique de cette période.

Le grand combat de Victor Hugo contre la peine de mort s’exprime par quelques chefs-d’œuvre comme le « pendu » Ecce et Ecce Lex ou Justitia. La distance sera aussi à l’origine de la coutume d’envoyer des « cartes de voeux » (dessins où Hugo joue avec l’orthographe de son nom) dont le musée conserve plusieurs exemplaires. L’aménagement d’Hauteville House sera l’occasion de nombreuses esquisses de projets de mobilier et de décoration. Hugo donne parfois une expression graphique à sa création littéraire – notamment pour Les Travailleurs de la mer –, avec Le Phare d’Eddystone et Le Phare des Casquets décrits dans L’Homme qui rit ou le « frontispice » de La Légende des siècles ou Plus tard La Tourgue.

Parmi les œuvres tardives, commencées à la fin de l’exil, se distinguent dans le recueil, la série du Poème de la sorcière, un ensemble de visages grotesques dans lequel Hugo semble réveiller la mémoire de Goya, dans un nouveau plaidoyer contre l’aveuglement Justice. et cruelle.

Hugo a également laissé un certain nombre de taches d’encre dont le statut peut paraître incertain aujourd’hui, sont-elles de simples étapes de création, en attente d’une interprétation qui les « prolonge » (selon la formule d’André Masson) ou, comme leur qualité et leur richesse invitent à penser les oeuvres en elles-mêmes , véritables paysages abstraits ?

Illustré
De nombreux personnages de Victor Hugo ont pris forme dans notre imaginaire à travers les images qu’en ont données les dessinateurs qui, au XIXe siècle, ont accompagné l’essor des éditions illustrées. Mais les écrits du poète ont aussi très tôt inspiré peintres et sculpteurs. Rassemblé en grande partie par Paul Meurice qui y ajouta des commandes pour le musée, ce fonds comprend aujourd’hui pas moins de 600 oeuvres, peintures, dessins, sculptures…

Les premiers illustrateurs de l’œuvre de Victor Hugo furent avant tout ses amis : Achille et Eugène Devéria, Louis Boulanger, Alfred et Tony Johannot, Célestin Nanteuil, membres du Cénacle Romantique, vers 1830. Ils travaillèrent non seulement pour les premières éditions illustrées dont le romantisme marque un renouveau uniquement pour le théâtre de Victor Hugo à travers des modèles de costumes ou des représentations scéniques comme c’est le cas avec la scène monumentale de l’affront de Lucrèce Borgia de Louis Boulanger. C dernier, très proche du maître, travaille aussi bien l’aquarelle préparatoire à la gravure pour Notre-Dame de Paris, que la lithographie (Les Fantômes, La Ronde Sabbat) ou encore la peinture (Le Feu du ciel, la seconde version de La Ronde Sabbat) initiant ainsi cette diversité que l’on retrouve à travers les collections du musée.

Victor Hugo s’est toujours opposé à ce que les éditions originales de ses œuvres soient illustrées, mais il l’a volontiers autorisée dès la seconde. L’un des phénomènes les plus marquants est le coup de génie de Gustave Brion qui, dès la parution des Misérables, eut l’idée de diffuser ses dessins par la photographie. Le succès de ses albums impose les représentations typiques des gens du roman telles que le cinéma les popularisera encore plus tard.

Chaque grand roman de Victor Hugo donnera lieu à plusieurs éditions illustrées. On notera les succès de FN Chifflart pour Les Travailleurs de la mer – il réalise aussi des dessins spectaculaires pour Les Légendes des siècles – ou de Georges Rochegrosse pour L’Homme qui rit. Les éditions successives additionnent les collaborations, avec Daniel Vierge notamment, avant que les multiples éditions des oeuvres complètes ne deviennent de véritables entreprises réutilisant d’anciennes illustrations ou en créant de nouvelles. La collection du musée est à cet égard très intéressante par sa richesse, rassemblant des dessins ou peintures originaux, parfois les photos des dessins reportés sur les gravures sur bois, les fumés ou épreuves d’essai, dans différents états et les éditions elles-mêmes.

Paul Meurice, régulièrement mandaté par Victor Hugo pour superviser ces éditions et contrôler leur illustration, y est donc particulièrement sensible. Aussi, pour la constitution du musée, il a cherché à réunir l’ensemble le plus vaste et le plus représentatif, avec des exemples, notamment, des peintures, souvent en grisaille ou en monochrome, réalisées par des artistes dont la renommée était alors appelée à servir la gloire de Victor (Le Satyre de Cormon ou Fantin-Latour, Le Titan de Cabanel, Le Sacre de la Femme de Baudry, etc.).

Il aura également à coeur de compléter cet ouvrage en passant commande pour l’ouverture du musée de tableaux illustrant des personnages célèbres ou des scènes de l’oeuvre et de la vie de Victor Hugo (La Première d’Hernani d’Albert Besnard, Une larme pour une goutte d’eau d’Olivier Merson, Les Burgraves de Rochegrosse…).

La photographie
Dans les premières années de l’exil, la photographie devient une affaire de famille. Hugo est très attentif à cet art très jeune. Il en perçoit l’usage politique pour diffuser son image d’exil en France. L’intérêt du poète pour la photographie se manifeste également dans les nombreuses estampes qu’il a conservées pour leur valeur documentaire ou artistique.

Portraits
Du jeune écrivain romantique aux cheveux longs au glorieux vieillard à barbe blanche, photographié sur le rocher de l’exil, peint le coude appuyé sur des livres, caricaturé en couverture d’un journal, coulé en bronze le front penché sur le l’infini, à tous les âges, dans toutes les matières, Victor Hugo fut incontestablement l’un des hommes les plus représentés de son temps.

Né de la passion de Paul Meurice, ami de Victor Hugo, le musée se veut, dès l’origine, le conservatoire de son image, celle de l’homme autant que celle de l’écrivain. Parmi les centaines de portraits des collections, très peu sont de simples portraits souvenirs ou même des portraits de famille.

Maison Hauteville à Guernesey
Le 7 avril 2019, Hauteville House, la maison de Victor Hugo à Guernesey, ouvrait ses portes au public après dix-huit mois de travaux nécessaires à la sauvegarde de ce lieu empreint de la mémoire d’une vie littéraire, artistique et politique hors du commun. Le visiteur en fait l’expérience à travers le parcours qui le mène de l’ombre du rez-de-chaussée à la lumière du dernier étage.

Seule demeure ayant appartenu à Victor Hugo (son logement parisien était loué par l’écrivain), Hauteville House fut donnée en 1927 à la Ville de Paris par ses descendants. Avec l’Hôtel de Rohan-Guéménée situé place des Vosges à Paris, c’est le seul musée qui propose une collection exceptionnelle du patrimoine littéraire et artistique.

Située sur les hauteurs de Saint-Pierre-Port, la Maison d’Hauteville a abrité Victor Hugo et sa famille en exil pendant près de 15 ans, de 1856 à 1870. Ces années déterminantes ont largement contribué à forger la figure politique de Victor Hugo et à renforcer l’image de la écrivain républicain et engagé, farouche opposant au Second Empire.

Hauteville House offre ainsi un rare témoignage de l’engagement et de l’œuvre du poète qui, en plus d’y écrire les grands chefs-d’œuvre de la deuxième partie de sa carrière, a lui-même mis en scène l’espace et repensé l’architecture de la maison. Hugo exprime ainsi une esthétique extrêmement moderne, faite de contrastes et d’inventions, témoignant de sa grande liberté artistique.

La demeure, construite sur 5 niveaux surmontés d’un belvédère, domine la vieille ville de Saint Pierre Port et la baie du Havelet. Entièrement meublé et décoré par le poète, tout témoigne du génie créateur de l’exilé. « Autographe sur trois étages, un poème en plusieurs salles », selon Charles Hugo, œuvre à part entière, la maison plonge le visiteur dans une atmosphère unique. Victor Hugo a donné une dimension symbolique à sa maison où les références à ses écrits, sa philosophie et sa vision du monde sont omniprésentes.

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Tags: France