Grottes Saint-Gervais, Genève, Suisse

Les Grottes est un quartier de la ville de Genève (Suisse). Il fait partie du secteur administratif Genève-Cité. Quartier historique à la pointe de la nouveauté, les Grottes Saint-Gervais est un secteur unique et dynamique. Les Grottes Saint-Gervais sont l’un des huit quartiers de la Ville de Genève. Bordé par le Rhône au sud, il couvre la rive droite du lac entre Saint-Jean Charmilles et Pâquis Sécheron. Il précède le quartier Servette Petit-Saconnex, en remontant du lac. Bâtiments à l’ancienne et constructions originales font le charme de ce quartier chargé d’histoire. Les ruelles grouillantes de petits commerces lui donnent un air de village, malgré la proximité de la gare et l’axe très fréquenté de la rue de la Servette.

Le cœur des Caves est un quartier dynamique et vivant, un lieu d’expérimentation. Autrefois peuplé d’artisans, les artistes sont désormais majoritaires et le quartier est l’un des centres de l’environnement alternatif genevois. Longtemps menacé de destruction, c’est à ses habitants que le quartier des Caves doit sa survie et sa réhabilitation. Rénové en concertation avec les habitants, il reste populaire et convivial. C’est le premier arrondissement de Genève à avoir fait l’objet de contrats de quartier, sorte d’engagement de confiance entre la Ville, les habitants et les autres acteurs locaux du quartier.

Saint-Gervais est un quartier populaire chargé d’histoire. Avec la ville qui lui fait face, il forme la vieille ville de Genève, réunie en un seul rempart jusqu’aux années 1850. Après la démolition des fortifications au milieu du XIXe siècle, le quartier a été transformé. Les seules traces de son passé médiéval sont le temple de Saint-Gervais et les bâtiments entre les rues d’Etuves, Coutance, Rousseau et De-Grenus. La vieille ville se confond progressivement avec les quartiers voisins créés au XIXe siècle.

Aujourd’hui, c’est un quartier densément peuplé et vivant avec des bistrots, le Théâtre de Saint-Gervais et le Centre pour l’image contemporaine. Les Halles de l’Île, reconverties en brasserie et lieu culturel depuis 2009, font également partie du secteur. Près du Rhône, les Bergues et ses hôtels de luxe contrastent avec l’histoire ouvrière de la ville et l’image populaire des autres secteurs du quartier. La gare de Cornavin est située au centre géographique du quartier. Les rues du Mont-Blanc et des Alpes délimitent la zone commerçante et touristique du Mont-Blanc, piétonne vers la gare.

Au nord du quartier, la verdure domine. Le quartier est aussi le point de départ de la «verdure pénétrante», formée par la succession de grands parcs reliant la gare au Grand-Saconnex. Le Parc des Cropettes, à la frontière des Pâquis Sécheron, est très prisé des habitants qui s’y retrouvent pour une partie de pétanque, un pique-nique ou le festival de musique AMR. Face à la rue Baulacre, le parc Beaulieu prend le relais, entouré de groupes de bâtiments. Il offre aux habitants de la région la possibilité de jardiner dans des potagers urbains conviviaux.

L’histoire
Le village de Saint-Gervais fait partie de la ville depuis le Moyen Âge. Une gravure de 1548 la désigne sous le nom de « Petite Genève ». Mais au-delà de la porte de Cornavin, l’actuel quartier des Grottes / Saint-Gervais est resté rural jusqu’à la fin du XIXe siècle. Champs, bois, vignes et quelques propriétés bourgeoises se partageaient le domaine au XVIIIe siècle.

Au XVIIIe siècle, au-delà de la porte Cornavin, il y a des bois et des champs, ainsi que des quartiers de quelques riches bourgeois. Il y avait aussi des vignobles là-bas. Plus tard, des hangars en bois ont été construits. Le quartier prendrait son nom d’un ruisseau appelé Nant de Pissevache ou Nant des Crottes selon les sources, plus tard nommé Nant des Grottes. Il a été canalisé en 1937 car il débordait souvent de son lit. Une trace reste visible aujourd’hui grâce aux pièces de céramique posées au sol à l’initiative d’associations et de personnes habitant le quartier.

Ces grandes propriétés cèdent la place, au début du XIXe siècle, aux hangars, aux petites industries et aux maisons ouvrières. Le nant de Pissevache, souvent débordé, est canalisé vers 1837. Après 1850, la construction se multiplie. Hétéroclites et incroyablement entrelacées, ce sont des maisons pauvres avec parfois de petits jardins où quelques poules picorent. Cette période est riche en anecdotes. Sur les deux rives du fleuve se trouvaient deux grands domaines, l’un au sud appartenait aux Oltramares, protestants d’origine italienne, et au nord était la propriété des bergers. Une pépinière au pied de ces propriétés a disparu avec la construction de la station Cornavin en 1856.

La présence de la gare et le rattachement à la ville de Genève en 1850 provoquent un boom industriel dans le quartier (d’où le nom de l’actuelle rue de l’Industrie). Deux usines sont construites, ainsi que de petites maisons ouvrières rue du Cercle. La construction de l’actuel quartier des Grottes débuta à l’initiative d’un entrepreneur nommé Jean-Pierre Berger entre 1872 et 1880. Le quartier devait, selon les plans de Pierre Berger, être destiné à la classe des artisans et fonctionnaires, avec le actuelle rue des Grottes constituant l’artère commerciale. C’était différent: situé à l’arrière de la gare, il a rapidement accueilli une population active et parfois même saisonnière. Le journal anarchiste Le Révolté y avait son siège avant de s’installer à Paris.

En 1909, la gare de Cornavin prend feu et est entièrement reconstruite après la décision de la Société des Nations de s’installer à Genève en 1919. La nouvelle gare est entièrement achevée en 1931.

Dès la construction de la gare en 1928, tous les projets de construction ou de mise à niveau ont été arrêtés. Le quartier est considéré comme délabré et insalubre. Les autorités prévoient de le raser d’abord, puis de le laisser pourrir.

Dès le début des années 30, les autorités interdisent toute rénovation domiciliaire dans ce quartier qui avait mauvaise réputation en raison de sa pauvreté et parce qu’il y avait de nombreux réfugiés politiques. La ville rachète pratiquement tout le quartier pour le raser et construire un centre-ville à l’américaine.

Dès la fin des années 60, la ville de Genève prévoit de raser le quartier pour y construire un centre commercial et des logements. Une fondation a été créée pour mener à bien ces projets: la Fondation pour le développement des grottes. Ces initiatives se heurtent à une forte résistance des habitants du quartier, résistance qui deviendra plus tard un fait historique. Une brochure publiée en 1971 annonce la mort imminente du quartier « car demain il sera livré à la pioche des démolisseurs ».

En 1971, un projet de développement voulait reconstruire les grottes en une ville satellite entourée de routes principales. Les habitants s’opposent au projet en créant l’Action Populaire dans les Grottes (APAG). Face à la pression populaire, l’Etat a abandonné son projet de démolition au profit de la rénovation. Saint-Gervais est complètement rasé. À partir de 1933, il ne restait presque plus rien et certains parlaient d’un «bombardement en temps de paix».

La tradition squat du quartier remonte à l’occupation du café Papillon par les féministes du MLF en 1976. L’association Lestime, issue du mouvement lesbien du MLF à Genève, y a été créée en 2002.

La crise économique, consécutive à la crise pétrolière, a provoqué l’abandon de plusieurs projets successifs, d’autant plus qu’en 1977, le mouvement de quartier Action Populaire aux Grottes (APAG) a appelé les squatteurs à s’opposer au projet de démolition complète des bâtiments. Depuis plusieurs années, occupations et évacuations se succèdent. Une initiative populaire est refusée par la population genevoise par une petite marge. Le quartier est alors à moitié squatté, comprenant plusieurs bars squattés, ateliers ou crèches. Enfin, les autorités municipales et cantonales ont décidé une légère rénovation de la plupart des bâtiments.

Les bâtiments squattés sont désormais presque tous évacués. Si la plupart ont été remodelés et rénovés, les bâtiments en pire état ont été démolis et entièrement reconstruits. Les loyers des immeubles de la ville étant proportionnels aux revenus, le quartier ne s’est gentrifié qu’à moitié.

Parallèlement à celui de l’interdiction des rénovations, le quartier a été subdivisé en blocs, d’où le nom de «bloc 13» qui sert encore à définir le plus grand de ces blocs d’habitations, situé directement derrière la gare Cornavin. (bordé par la rue des Gares et la rue Montbrillant). Dans cette partie du quartier, les squatteurs ont réussi à obtenir quatre immeubles et un centre de quartier autogéré (la Buvette des Cropettes) et l’autorisation de les rénover eux-mêmes.

L’histoire montre que le quartier des Grottes Saint-Gervais doit sa survie au soutien de ses habitants. Aujourd’hui encore, il est pionnier des projets urbains participatifs et fait l’objet de plusieurs Contrats de Quartier. Ses habitants sont ainsi activement associés à la ville pour améliorer leur cadre de vie.

Attractions
Le quartier des Grottes Saint-Gervais regorge de curiosités. Des mondes imaginaires de la bande dessinée aux références historiques, voici une sélection.

L’univers des Schtroumpfs sous forme d’habitations
Le secteur des grottes abrite un étrange complexe d’habitations aux murs courbes et aux couleurs surprenantes. Construits entre 1982 et 1984 par les architectes Frei, Hunziker et Berthoud, ces bâtiments rappellent le travail de l’artiste espagnol Gaudi ou celui du Viennois Hundertwasser: volumes asymétriques, murs courbes, balcons en relief, halls en spirale, façades aux couleurs inattendues. La ressemblance entre ces habitations et les champignons dans lesquels vivent les petits personnages bleus des bandes dessinées de Peyo leur a valu le nom de «Schtroumpfs».

Chambre du professeur Tournesol
Les « Tintinophiles » peuvent admirer la salle n ° 122 de l’hôtel Cornavin, dans laquelle le professeur Tournesol a séjourné dans la bande dessinée « L’Affaire Tournesol » d’Hergé. Bien que l’auteur ait passé plusieurs nuits dans cet établissement lors de la sortie de l’album en 1956, cette pièce n’existait pas à l’origine. Elle n’a été ajoutée qu’en 1998, lors de la rénovation de l’hôtel, sur l’insistance de clients passionnés par cette bande dessinée.

Le faux lieu de naissance de Rousseau
En 1793, une grande cérémonie avec la pose d’une plaque commémorative a lieu dans l’actuel 27 rue Jean-Jacques Rousseau. A l’époque, on pense que le célèbre philosophe des Lumières est né ici, dans le quartier de Saint-Gervais. On sait aujourd’hui que l’écrivain est né le 28 juin 1712 dans la vieille ville, à Grand-Rue 40, mais qu’il a ensuite fait son apprentissage d’horloger dans le quartier Saint-Gervais. Ce n’est qu’en 1904 que l’erreur a été officiellement reconnue. La plaque est alors remplacée par l’inscription suivante: « En 1793, les autorités genevoises donnèrent à la rue Chevelu le nom de Jean-Jacques Rousseau ».

Les passages secrets de Saint-Gervais
Un réseau de passages secrets relie les cours et les bâtiments de Saint-Gervais, là où se trouvaient les ateliers d’horlogers.
Entre la rue de Coutance 18 et la place De-Grenus 9: il y a une cour intérieure et une tour du XVe siècle;
Entre la Place De-Grenus 6 et la rue Rousseau 9;
Entre la rue Rousseau 14 et la rue Lissignol: le passage possède une cour intérieure du XIXe siècle;
Entre la rue Lissignol 10 rue Lissignol, un endroit calme aux logements modestes, et la rue commerçante de Chantepoulet, au numéro 9.
Si ces traversées sont désormais interdites au public, espérons qu’elles pourront un jour être visitées, lors des Journées du Patrimoine par exemple.

Anecdotes connexes
À la fois horloger, montagnard et homme politique, les Grottes Saint-Gervais est un quartier aux multiples facettes.

Le cœur de l’horlogerie genevoise
Jusqu’en 1859 environ, la population des Grottes et de Saint-Gervais était essentiellement composée d’artisans horlogers. Les ateliers «cabinotiers» fleurissent dans le quartier et contribuent au rayonnement international de la ville. Ces ouvriers travaillent pour l’industrie horlogère dans une armoire. Ils peuvent être spécialisés dans la joaillerie, la gravure, l’horlogerie …

Mais le quartier des Grottes Saint-Gervais abrite également d’autres types d’artisanat et d’industrie. En particulier, du savon et des bougies y sont fabriqués. La rue de l’Industrie témoigne de ce passé laborieux.

Chalets au coeur de la ville
Dans la seconde moitié du XIXe siècle, la mode «chalet suisse» fait fureur dans le quartier. Jusqu’en 1914, les façades en bois taillé et les portes ornées de petits coeurs se multiplient dans le quartier. La Maison Verte de la place des Grottes est aujourd’hui le dernier témoin de cette période. Il abrite l’Association des Amis des Grottes.

Un quartier politiquement engagé
Tout au long de leur histoire, les habitants des Grottes et de Saint-Gervais se sont volontiers opposés à l’aristocratie de la ville. Après la réunion de la Première Internationale à Genève en 1867, ils créent des coopératives de production et de consommation. Une des premières épiceries coopératives voit le jour. Le journal communiste-anarchiste « Le Révolté » a été fondé en 1879 dans le quartier. Il a été publié au 24, rue des Grottes jusqu’à son déménagement à Paris en 1885.

Ce passé rebelle est ressuscité cent ans plus tard, en 1975. Menacé de démolition, le quartier est mobilisé. Nous occupons les nombreux appartements abandonnés. La vie communautaire s’organise: crèche, ateliers mixtes, centre de musique, cantine populaire, marchés… Habitants, occupants et sympathisants se battent pour sauver les Grottes. En 1978, les projets de destruction sont abandonnés au profit de rénovations.

Station Cornavin initialement privée
La gare de Cornavin fut inaugurée en mars 1858. Les festivités durent trois jours: drapeaux, défilés, musique, feux d’artifice, carrousels, discours… Initialement privée, la gare fut détruite par un incendie en 1909, restaurée et achetée en 1912 par les CFF. Reconstruit entre 1927 et 1933, il prend l’aspect que l’on connaît aujourd’hui.