Banna’i

Dans l’architecture iranienne, banna’i (persan: بنائی, «technique de construction» en persan) est un art décoratif architectural dans lequel les carreaux vitrés sont alternés avec des briques simples pour créer des motifs géométriques sur la surface d’un mur ou épeler des noms sacrés ou des phrases pieuses. Cette technique a vu le jour en Syrie et en Irak au 8ème siècle, et a mûri à l’époque Seljuq et Timouride, alors qu’elle s’étendait à l’Iran, à l’Anatolie et à l’Asie centrale.

Si la conception de la brique est en relief, alors il est appelé hazarbaf (persan: هزارباف, composé de hazar « mille » et baf « tissages », se référant à l’aspect tissé des briques).

Histoire
Le premier exemple survivant de briques décoratives avec des briques colorées se trouve à la porte de la ville de Raqqa (vers 772). Le plus ancien exemple connu de hazārbāf se trouve dans le palais Ukhaydir près de Bagdad, construit vers 762. La technique est apparue en Iran et en Asie centrale plus d’un siècle plus tard mais avec des motifs plus sophistiqués. La tombe du souverain samanide Ismā’īl (à Boukhara, Ouzbékistan), avait des murs avec des briques en saillie et en retrait qui créaient un motif de tissage.

La maçonnerie islamique a grandi dans la sophistication de ses techniques au cours des siècles. Au XIe siècle, l’utilisation de plusieurs tailles de briques et la variation de la profondeur du joint entre les briques formaient une ombre qui contrastait fortement avec les lignes horizontales des rangées de brique (par exemple le mausolée Arslan Jadhib dans le complexe Sang-Bast). Des rangées de briques ont été placées profondément à l’intérieur de la façade du bâtiment et soulevées au-dessus pour créer des espaces positifs et négatifs (par exemple dans le minaret Damghan et la tour Pir-e Alamdar). Le minaret Chihil-Dukhtaran à Ispahan (construit 1107-1108) est l’un des premiers exemples de briques avec des triangles, des carrés, des octogones, des motifs cruciformes (un autre exemple, le minaret de Saveh, a élevé des briques en écriture Kufic et Nashki). Le monument Gunbad-i Sorkh en Azerbaïdjan (construit en 1147) était composé de dix types différents de briques sculptées dans ses colonnes d’angle.

Au XIIe siècle en Azerbaïdjan, les briques ont été combinées avec des tuiles vernissées. De telles briques étaient typiquement de couleur bleu cobalt et turquoise.

Le plus ancien exemple de script mis en œuvre en briques est vu sur un minaret à Ghazni vers 1100, épelant le nom de la règle, le dirigeant Ghaznavid Massoud III et ses titres. Ces morceaux de terre cuite ont été insérés entre les briques pour créer l’inscription. Les bâtiments ultérieurs utilisaient les ombres des briques surélevées et d’autres utilisaient des briques de différentes couleurs pour épeler les mots. Cette pratique a finalement conduit à la couverture de bâtiments en briques entières dans l’écriture sacrée épelant les noms d’Allah, Ali et Muhammad.

Le kufic carré, la version de la calligraphie coufique arabe composée uniquement d’angles carrés, aurait été une adaptation architecturale de ce script. L’écriture coufique était habituellement réalisée en utilisant des briques carrées.