Dessin automatique et peinture

Le dessin automatique (distingué de l’expression dessinée des médiums) a été développé par les surréalistes, comme un moyen d’exprimer le subconscient. En dessin automatique, la main est autorisée à se déplacer «au hasard» sur le papier. En appliquant le hasard et l’accident à la fabrication des marques, le dessin est dans une large mesure libéré du contrôle rationnel. D’où le dessin produit peut être attribué en partie au subconscient et peut révéler quelque chose de la psyché, qui serait autrement réprimée. Des exemples de dessin automatique ont été produits par des médiums et des praticiens des arts psychiques. Certains Spiritualistes pensaient que c’était un contrôle spirituel qui produisait le dessin tout en prenant physiquement le contrôle du corps du médium.

Le dessin automatique a été mis au point par André Masson mais les artistes qui ont également pratiqué le dessin automatique à la même époque incluent l’artiste anglais Austin Osman Spare et en France Joan Miró, Salvador Dalí, Jean Arp et André Breton.

La technique du dessin automatique a été transférée à la peinture (comme on le voit dans les peintures de Miró, qui ont souvent commencé comme des dessins automatiques), et a été adaptée à d’autres médias; il y a même eu des «dessins» automatiques en infographie. Pablo Picasso aurait également exprimé un type de dessin automatique dans son travail ultérieur, et particulièrement dans ses gravures et ses suites lithographiques des années 1960.

L’écriture automatique est un mode d’écriture dans lequel ni la conscience ni la volonté n’interviennent. Ce processus a au moins cinq champs d’application différents: littérature, psychologie, peinture, parapsychologie ou autohypnose.

L’écriture automatique a été utilisée par les surréalistes comme un mode de création littéraire, permettant de s’émanciper de l’étroitesse de la pensée régie par la raison. Ce point est caractéristique du mouvement surréaliste. C’est à la fin d’une quête sur la nature de l’inspiration poétique qu’André Breton a formalisé cette technique appliquée à la création littéraire. Elle consiste à écrire le plus rapidement possible, sans contrôle de la raison, sans souci esthétique ou moral, ou sans souci de cohérence grammaticale ou de respect du vocabulaire. L’état nécessaire à la bonne réalisation est un état de lâcher prise, entre le sommeil et le réveil (proche d’un état hypnotique).

La plupart des dessins automatiques des surréalistes étaient illusionnistes, ou plus précisément, ils se développaient en de tels dessins lorsque les formes représentationnelles semblaient se suggérer. Dans les années 1940 et 1950, le groupe franco-canadien appelé Les Automatistes poursuit un travail créatif (principalement la peinture) basé sur des principes surréalistes. Ils ont abandonné toute trace de représentation dans leur utilisation du dessin automatique. C’est peut-être une forme plus pure du dessin automatique puisqu’il peut être presque entièrement involontaire – développer une forme représentationnelle exige que l’esprit conscient prenne en charge le processus de dessin, à moins qu’il ne soit entièrement accidentel et donc accessoire. Ces artistes, dirigés par Paul-Emile Borduas, ont cherché à proclamer une entité de valeurs universelles et d’éthique proclamée dans leur manifeste Refus Global.

Comme mentionné ci-dessus, les artistes surréalistes ont souvent trouvé que leur utilisation du «dessin automatique» n’était pas entièrement automatique, mais plutôt une forme d’intervention consciente pour rendre l’image ou la peinture visuellement acceptable ou compréhensible »[…] L’imagerie automatique impliquait un double processus d’activité inconsciente et consciente …

Le premier travail écrit avec cette méthode fut Les Champs Magnétiques d’André Breton et Philippe Soupault, publié en 1919. Il fut le point de départ du mouvement surréaliste. L’une des premières présentations d’écriture automatique est le jeu S’il vous plaît.

L’invention du «cadavre exquis» par les surréalistes s’inscrit dans la même veine d’une création littéraire libérée des entraves de la raison.

Définition de l’écriture automatique par André Breton dans le Manifeste du surréalisme (1924): «Placez-vous dans l’état le plus passif ou le plus réceptif que vous puissiez … écrire rapidement sans sujet préconçu, assez vite pour ne pas vous retenir et ne sois pas tenté de te relire.

L’écriture automatique a une place fondamentale dans le surréalisme, mais elle ne s’y réduit pas. Faisant le point sur les activités surréalistes en 1933, Breton regrette que cette découverte ne soit pas mieux exploitée en ces termes: «l’histoire de l’écriture automatique dans le surréalisme est celle d’un malheur continu».

L’écriture automatique trouve un équivalent graphique dans la technique dite de frottement, inventée par Max Ernst en 1925: elle consiste à faire passer une mine de crayon sur une feuille placée sur n’importe quelle surface (parquet ou autre texture) qui révèle des figures plus ou moins imaginaires .

Les membres de la tribu de Korwa Hill dans l’Inde profonde du Chhattisgarh, appris dans les villages que le respect et le pouvoir sont liés à la capacité d’écrire. Pour la colline de Korwa, l’écriture n’est pas un outil de communication, mais une magie pure qui donne du pouvoir. Mais Hill Korwa parle un dialecte sans écrire!

C’est ce que Jagdish Swaminathan dit dans son catalogue pour l’exposition des œuvres de Hill Korwa « The Magical Script » du Musée Bharat Bhavan (Bhopal, Madhya Pradesh) en 1985: « La première chose que nous voyons dans ces dessins est leur caractère calligraphique, comme s’il ne s’agissait pas d’un dessin mais d’une écriture, mais les Hill Korwa n’ont pas de documents écrits, ils sont analphabètes […] Quand on regarde ces dessins on pense immédiatement aux œuvres de Paul Klee « . Ils écrivent rapidement, très rapidement, note Swaminathan dans son catalogue. Comme ils marchent. La colline Korwa marche facilement 40 km par jour, avec une vitesse infernale.

Mark Tobey (peintre américain) peint en Angleterre, en novembre ou décembre 1935, plusieurs tableaux (« Broadway », « Welcome Hero », « Broadway Norm ») dans une « écriture blanche » (« écriture blanche ») qui sera l’essentiel caractéristique de son travail et qui, selon les critiques, aura une influence décisive sur l’itinéraire de Jackson Pollock.

Sur Cy Twombly (peintre américain, dessinateur, sculpteur et photographe), Pierre Restany, critique d’art contemporain, écrit: «Son graphisme est la poésie, le reportage, le geste furtif, la libération sexuelle, l’écriture automatique, l’affirmation et le refus. .. il n’y a ni syntaxe ni logique, mais un frisson d’être, un murmure qui va au fond des choses.  »

Les parapsychologues envisagent avec cette technique l’intervention du paranormal comme l’effet de la dissociation psychique du sujet introduit dans une nouvelle dimension. Certains auteurs prétendent pouvoir écrire en se connectant aux archives Akashic.

Les hypnotiseurs détaillent avec précision le même phénomène induit par l’auto-hypnose.

L’écriture automatique ou le flux de la conscience est le processus ou le résultat de l’écriture qui ne vient pas des pensées conscientes de l’écrivain. C’est un moyen de rendre la surface subconsciente. Il consiste à placer le crayon sur le papier et à commencer à écrire, laissant les pensées couler sans aucune contrainte morale, sociale ou aucune forme de coercition. Parfois, il est fait dans un état de transe, bien qu’il ne soit pas nécessaire de le faire.

Son but est de surmonter la censure qui s’exerce sur l’inconscient, grâce à des actes créatifs imprévus et sans sens immédiat de la conscience, qui échappent à la volonté de l’auteur. Ensuite, il compose directement l’inconscient, libéré de la censure.