Peinture bretonne du XIXe siècle, Musée des Beaux-Arts de Quimper

La peinture d’inspiration bretonne, célèbre depuis leur création au XIXe siècle, compose cette collection. Unique en son genre et parfaitement représentatif des derniers feux du réalisme et de ses prolongements via le naturalisme, il a été patiemment formé par les premiers conservateurs après l’ouverture du musée en 1872. Il offre aujourd’hui un univers extrêmement varié et souvent juste d’un monde qui a disparu ou a fortement évolué.

Parmi les œuvres les plus spectaculaires, on retiendra, sans chercher à l’exhaustivité, L e Pardon de Kergoat de Jules Breton, une Veuve de l’île d’Emile Renouf, la Visite à la Vierge de Bénodet d’Eugène Buland, plusieurs grandes et belles toiles de Théophile Deyrolle ou Alfred Guillou, ou plus récemment acquis: les superbes Moissonneuses, Île de Bréhat par Pierre Dupuis.

Sans oublier la salle Lemordant qui constitue en quelque sorte le cœur du musée. Ses boiseries servent de cadre au grand décor créé en 1906-1909 par Jean-Julien Lemordant (1878 – 1968) pour le Café de l’Epée à Quimper.

Du romantisme au symbolisme
Parmi les chefs-d’œuvre du XIXe siècle en France, l’éblouissant portrait de Marie-Thérèse de Cabarrus peint par Théodore Chassériau mérite d’être mentionné; pour le paysage, la très subtile Vue du Château de Pierrefonds de Camille Corot ou pour le grand genre les deux Wilhelm List, artiste majeur de la Sécession viennoise.

Scènes d’histoire, scènes de genre
Pendant les premières décennies du XIXe siècle, le musée présente de nombreux petits formats oscillant entre scènes d’histoire et scènes de genre et souvent représentatifs de ce qu’on appelle l’art du troubadour. L’ensemble forme un tout cohérent à partir des études de Léopold Boilly en passant par les toiles plus développées de Georges Rouget ou l’esquisse vibrante d’Eugène Devéria, La Naissance d’Henri IV +, qui nous permet d’aborder le mouvement romantique. Remarquablement, le musée conserve pendant cette période un ensemble décoratif de première importance (non exposé actuellement faute de place) conçu en 1825 pour l’une des salles du Conseil d’État alors hébergée au Louvre. L’ensemble est parfaitement représentatif d’un art officiel où l’allégorie sert les intérêts de l’Etat.

Le paysage
La section développant l’art du paysage est essentielle dans la mesure où elle prolonge la section néoclassique et assure la transition avec les nouvelles formules développées à Pont-Aven. De nombreuses et séduisantes œuvres permettent de suivre l’attractivité des côtes bretonnes sur nombre d’artistes depuis Théodore Gudin, Emmanuel Lansyer, Paul Huet, jusqu’à la Vue du port de Quimper par Eugène Boudin. Une mention spéciale doit être réservée au peintre Jules Noël dont le musée conserve un ensemble important d’œuvres.

Symbolisme
La présentation du XIXe siècle trouve sa conclusion (en dehors de l’école de Pont-Aven et de la section dédiée à la «bande noire») avec un petit ensemble qui procède du mouvement symboliste. Les deux œuvres essentielles de Wilhelm List sont essentielles mais on peut facilement les compléter avec des créations de Lucien Lévy-Dhurmer, Henry Lerolle, Maurice Chabas, Eugène Carrière… Le tout s’enrichit de plusieurs tableaux importants d’un artiste au tempérament fort, Yan ‘ Dargent, dont l’œuvre démontre son attachement au Finistère.

Musée des Beaux-Arts de Quimper
Le Musée des Beaux-Arts de Quimper est un musée d’art situé à Quimper. Il est né en 1864, grâce au comte Jean-Marie de Silguy qui a légué toute sa collection à sa ville natale, à la seule condition qu’un musée y soit construit pour y accueillir ses peintures et dessins. Il est aujourd’hui l’un des plus grands musées d’art de l’ouest de la France, avec de riches collections de peinture française (notamment du 19e siècle), italienne, flamande et hollandaise du xiv e siècle à nos jours.

Au milieu du XIXe siècle, Quimper, préfecture du Finistère et capitale des Cornouailles, est une ville modeste de 12 000 habitants. Il peut être comparé aux capitales régionales comme Rennes et Nantes, où sont créées à la fin du XVIIIe ou au début du XIXe siècle les premières collections muséales issues des saisies parmi les émigrés des biens de l’Église et des dépôts du Musée Central des Arts.

A Quimper, considérée par Jacques Cambry comme une « ville sans fortune et sans enthousiasme pour les arts », le peintre François Valentin (1738-1805) tente, au cours du parcours, de créer un musée à partir d’œuvres anciennes récupérées dans la région. Mais sans moyens et sans assez de travaux, son projet a échoué. Au milieu du XIXe siècle, les yeux sont plus enclins à l’archéologie et à l’histoire locale. En 1862, le Conseil général du Finistère vota le principe de la création à Quimper d’un musée départemental, consacré essentiellement à l’archéologie finistérienne, qui recevrait les collections réunies depuis 1845 par une savante société archéologique du Finistère, et conservées dans une salle le collège des filles.

A l’exception des villes de Saint-Malo qui se sont engagées, en 1861, à collecter quelques portraits et souvenirs historiques, et de Vannes où sont stockés depuis 1826 des objets archéologiques recueillis par des polymathes du Morbihan, aucun musée n’existe en Bretagne à l’ouest de la ligne Rennes-Nantes lorsque Quimper décide de créer un musée des beaux-arts en 1864.

Cette création est exceptionnelle. Il ne s’agit pas de regrouper quelques œuvres locales et quelques dépôts de l’État, mais de recevoir l’importante collection de Jean-Marie de Silguy qui vient de disparaître: 1200 peintures, 2000 dessins, 12000 gravures et plusieurs dizaines d’objets d’art.